Jean Renoir, (1894 – 1979), est l’un des réalisateurs français les plus influents et appréciés, dont l’œuvre s’étend surtout des années 1930 aux années 1950. Fils du célèbre peintre impressionniste Auguste Renoir, il s’est rapidement tourné vers le cinéma, devenant un pionnier du réalisme poétique et un maître de la mise en scène, aux côtés des grands noms de la Nouvelle Vague qui lui doivent beaucoup.
Après une brève période militaire durant la Première Guerre mondiale, Renoir débute comme réalisateur dans les années 1920 avec des films encore expérimentaux, tels que La Fille de l’eau (1924) ou Nana (1926), puis il connaît son premier succès avec La Chienne (1931), qui marque ses débuts dans le cinéma parlant.
Dans les années 1930, sa période la plus prolifique, il s’affirme par un cinéma profondément humain et sensible, souvent adapté de romans ou inspiré du théâtre, avec un regard critique sur la société française.
Il réalise alors des œuvres majeures :
Boudu sauvé des eaux (1932), qui mêle comédie et critique sociale, film déjà évoqué sur Résistance républicaine.
Le Crime de monsieur Lange (1935), œuvre militante du Front Populaire.
La Grande Illusion, Jean Gabin et Pierre Fresnay
La Grande Illusion (1937), son premier chef-d’œuvre mondial. Ce film pacifiste raconte l’amitié improbable entre officiers français et allemands pendant la Première Guerre mondiale. Il a marqué l’histoire du cinéma par son humanisme, sa dénonciation des divisions sociales et sa tonalité profondément fraternelle.
Jean Gabin et Simone Simon dans La Bête humaine (1938) de Jean Renoir.
La Règle du jeu (1939), son œuvre la plus célèbre, considérée aujourd’hui comme un des sommets du cinéma mondial. Ce film, un drame social qui dépeint avec ironie et acuité la société française bourgeoise à la veille de la Seconde Guerre mondiale, était à sa sortie un échec commercial et critique. Cependant, sa complexité narrative, sa profondeur psychologique et sa dénonciation de l’hypocrisie sociale en ont fait une référence incontournable, admirée et étudiée par les cinéphiles et critiques, notamment François Truffaut.
Sa vision politique est humaniste, parfois engagée, soulignant la fragilité des relations humaines, le poids des conventions sociales et la nécessité de la solidarité. Ses œuvres oscillent entre drame et comédie, avec une capacité unique à mêler légèreté et gravité.
Exil américain et retour
Avec la Seconde Guerre mondiale, Renoir part s’exiler aux États-Unis, où il réalise des films moins inspirés, comme Vivre libre (1943) ou Le Journal d’une femme de chambre (1946). Ces films, bien que techniquement maîtrisés, rencontrent un succès plus limité.
Aux États-Unis, il réalise des films de propagande en soutien à la Résistance, mais à son retour, il reste éloigné des partis et continue une démarche artistique indépendante.
Il revient en France dans les années 1950 pour tourner plusieurs films notables, tels que Le Carrosse d’or (1952) et French Cancan (1955), qui confirment son goût pour la beauté visuelle et l’art du spectacle.
Gros plan sur le film French Cancan (1955)
Lien de visionnage en ligne : https://m.ok.ru/video/3729839884980
Présentation Télé 7 Jours années 80 ici
“French Cancan”, de Jean Renoir : un film sensuel où Françoise Arnoul fait tourner les têtes
French Cancan est un film franco-italien réalisé par Jean Renoir, sorti en 1955. Il marque le retour de Renoir en France après une quinzaine d’années d’exil aux États-Unis, en Inde et en Italie. Le film est une comédie dramatique qui rend hommage au spectacle populaire parisien, en particulier à la renaissance du French Cancan à Montmartre à la fin du XIXe siècle.
L’histoire suit Henri Danglard, propriétaire du cabaret le Paravent Chinois, qui décide de relancer la danse du cancan pour attirer une clientèle bourgeoise et construit le célèbre Moulin-Rouge. Sa maîtresse, la Belle Abbesse, est vedette du cabaret, mais c’est Nini, une ancienne blanchisseuse, qui devient la nouvelle étoile du French Cancan. Le film met aussi en scène des personnages comme le prince Alexandre, mécène amoureux de Nini, et d’autres figures pittoresques du monde du spectacle.
Visuellement, French Cancan est remarquable par ses couleurs vives, son dynamisme et ses scènes spectaculaires, notamment la scène finale célèbre du quadrille de danseuses sur la musique très rythmée du Galop infernal d’Offenbach. L’esthétique du film s’inspire des peintures impressionnistes – notamment celles du père de Renoir, Auguste Renoir – et rend hommage aussi à Toulouse-Lautrec, célèbre pour ses affiches du Moulin Rouge.
Extrait du film French Cancan (1954) La Complainte de la Butte – Moulin Rouge, par Cora Vaucaire :
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Chose incroyable : la magnifique interprétation est faite par la grande chanteuse marseillaise Cora Vaucaire, mais c’est l’actrice italienne Anna Amendola que l’on voit à l’écran !
Le film se distingue par son évocation nostalgique du Paris de la Belle Époque, de ses salles de spectacle, de ses castes sociales, avec un regard à la fois lyrique et ironique, montrant des personnages qui sacrifient leur bonheur personnel à la réussite du spectacle.
Le rôle principal est tenu par Jean Gabin (Henri Danglard), avec Françoise Arnoul dans le rôle de Nini, et Maria Félix en Belle Abbesse. Le film a été salué pour sa fraîcheur, son charme et son énergie, faisant de lui une œuvre emblématique du cinéma français de l’après-guerre et un vibrant hommage à Montmartre et à l’esprit français.
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