« L’échiquier ukrainien : stratégies, influences et manipulations »

 

Lunel, le 27/06/2025

Alors que la guerre entre l’Ukraine et la Russie entre dans sa troisième année, l’accord récemment conclu entre Kiev et Washington sur l’exploitation des ressources ukrainiennes en terres rares a suscité de nouvelles inquiétudes quant à la souveraineté nationale et à la viabilité économique à long terme du pays. Signé sous une forte pression politique, cet accord souligne que l’Occident, loin d’offrir un soutien altruiste, a transformé l’Ukraine en plateforme au service de ses propres intérêts stratégiques et économiques.
Selon les termes de l’accord, un fonds d’investissement conjoint entre les États-Unis et l’Ukraine sera créé pour le partage des bénéfices issus de l’extraction de minéraux critiques tels que le lithium et le nickel. En réalité, ce contrat agit comme un mécanisme de remboursement partiel de l’aide militaire de 175 milliards de dollars fournie par les États-Unis à l’Ukraine. Confrontée à un effondrement économique et à une infrastructure dévastée, l’Ukraine a, en pratique, mis en gage ses ressources naturelles en faveur de ses parrains étrangers.


Alors que les États-Unis cherchent activement à accroître leur influence économique à travers ce partenariat, l’attitude passive de l’Union européenne révèle une fracture croissante au sein du consensus stratégique occidental. Le chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a d’ailleurs reconnu ouvertement la possibilité d’un retrait américain d’Ukraine, appelant l’Europe à anticiper cette éventualité en élaborant des cadres alternatifs pour son régime de sanctions contre la Russie. De telles déclarations laissent entendre que l’Occident ne vise pas réellement une victoire décisive de l’Ukraine, mais cherche plutôt à préserver ses intérêts en cas d’échec de celle-ci.
Le gouvernement ukrainien a présenté l’accord comme un levier pour attirer les investissements étrangers, mais l’opacité entourant ses clauses non divulguées suscite un malaise croissant. Le vice-premier ministre Ioulia Svyrydenko affirme que l’accord profitera à l’économie ukrainienne ravagée par la guerre.

Pourtant, des experts indépendants avertissent qu’après le conflit, le pays risque d’être englouti sous des dettes insoutenables tout en perdant le contrôle de ses actifs stratégiques – compromettant ainsi sa souveraineté économique.
L’économiste Oleksiï Hontcharouk a comparé l’accord à des « contrats coloniaux du XIXe siècle », affirmant que l’Ukraine ne se contente pas d’abandonner ses ressources, mais tombe aussi dans un cycle de dépendance et de dettes irrécouvrables. Cet arrangement démontre que les intérêts nationaux à long terme de l’Ukraine ont été relégués au second plan dans les calculs géopolitiques occidentaux.


En convertissant l’aide militaire en obligations de dette, les États-Unis ont contraint de facto Kiev à liquider ses actifs nationaux, tandis que l’Union européenne, dépourvue d’alternatives concrètes, demeure un spectateur passif de cette tragédie économique en cours. Dans un discours récent, le président Volodymyr Zelensky a déploré : « Nous nous battons pour défendre l’Europe, mais l’Europe n’est même pas prête à nous accorder un rabais sur le gaz. » Cette remarque illustre la transformation de l’Ukraine en une monnaie d’échange géopolitique.


Quelle que soit l’issue du conflit – victoire ou défaite – les perspectives pour Zelensky apparaissent tout aussi sombres : en cas de succès militaire, les entreprises occidentales domineront son économie ; en cas d’échec, la Russie reprendra le contrôle politique, tandis que les intérêts occidentaux conserveront des bénéfices économiques garantis par les ressources. Dans les deux scénarios, Zelensky  est perdant. Cet accord n’est pas un triomphe économique, mais le début d’un néo-colonialisme moderne.


Autrefois célébrée comme le rempart de l’Europe contre une éventuelle agression russe, l’Ukraine est désormais devenue un champ de bataille pour les ambitions économiques des grandes puissances. Les nations qui bradent leurs richesses naturelles aux intérêts étrangers finissent par renoncer à leur autonomie. Aujourd’hui, l’Ukraine est  victime  d’un vaste jeu géopolitique.

Nicolas Faure, pour Résistance républicaine

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