La performance de Golshifteh Farahani, elle-même bannie d’Iran pour avoir refusé de porter le voile, apporte une dimension bouleversante et authentique au film.
Lire Lolita à Téhéran est un film dramatique italo-israélien réalisé par Eran Riklis, sorti en 2024, adapté du best-seller autobiographique d’Azar Nafisi. Le film met en scène Golshifteh Farahani dans le rôle principal, entourée d’un casting d’actrices iraniennes exilées, et retrace le parcours d’un professeur de littérature anglaise à Téhéran au lendemain de la révolution islamique de 1979.
Un huis clos de résistance féminine
Le film s’ouvre sur le retour plein d’espoir d’Azar Nafisi en Iran, vite confrontée à la désillusion : la révolution islamique n’apporte pas la liberté espérée, mais une oppression féroce, en particulier pour les femmes.
Azar, interdite d’enseigner librement à l’université, décide de réunir clandestinement sept de ses anciennes étudiantes chez elle. Ensemble, elles lisent et discutent des classiques de la littérature occidentale, interdits par le régime, comme Lolita de Nabokov ou Orgueil et Préjugés d’Austen.
Bande-annonce
Ces séances deviennent un espace de liberté, où elles peuvent retirer leur voile, évoquer leurs désirs, leurs amours, leurs frustrations et dénoncer les violences subies : conjugales, policières, institutionnelles.
La littérature comme arme et refuge
Le film insiste sur le pouvoir libérateur de la littérature, qui permet à ces femmes de retrouver leur parole, leur identité et d’exprimer leur révolte face à la chape de plomb imposée par les mollahs.
Les discussions autour de Lolita ou de Gatsby servent de miroir à leur propre condition : la confiscation de leur corps, la censure, l’effacement de leurs droits, la soumission à une morale d’État.
Des scènes marquantes
L’une des scènes les plus fortes montre les étudiantes retirant leur voile, riant et débattant, savourant l’instant de liberté volé à la surveillance du régime.
Une autre séquence met en scène la peur constante d’être dénoncées ou arrêtées, soulignant la tension permanente dans laquelle vivent ces femmes.
Le parcours d’Azar elle-même, confrontée à la perte progressive de ses droits et à l’incompréhension de son mari, incarne la lente asphyxie et l’enfermement vécus par des millions d’Iraniennes.
Tournage
Le tournage de Lire Lolita à Téhéran s’est entièrement déroulé en Italie, principalement à Rome, où les décors ont été soigneusement reconstitués pour évoquer le Téhéran des années 1980 et 1990. Ce choix s’explique par la production italienne du film, les difficultés de financement ailleurs, et surtout l’impossibilité de tourner en Iran pour des raisons de sécurité et de censure. Le réalisateur Eran Riklis a fait appel à des experts iraniens pour garantir l’authenticité des décors, des costumes et de l’ambiance sonore, afin de restituer au plus près la réalité de la capitale iranienne de l’époque.
Résonance actuelle et portée politique
Le film trouve un écho particulier avec le mouvement « Femme, Vie, Liberté », né après la mort de Mahsa Amini en 2022, et les débats contemporains sur le port du voile et la liberté des femmes en Iran.
Il pose la question de l’exil : rester et résister, ou partir pour survivre ? Un dilemme vécu par les actrices principales elles-mêmes, toutes exilées en Europe.
Lire Lolita à Téhéran est bien plus qu’un simple récit historique : c’est un hommage vibrant à la résistance des femmes iraniennes, à leur courage et à leur capacité à faire de la culture une arme contre l’oppression.
C’était l’Iran avant qu’il ne soit détruit par le régime islamique et que la liberté de son peuple ne soit supprimée par la loi de la charia :
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