Nétanyahu et l’Iran : le secret d’un combat pour la survie d’Israël

Opération Rising Lion : Israël nomme l’opération contre l’Iran d’après une ancienne prophétie biblique
L’opération “Lion qui se lève” (Am ka-Lavi), offensive fulgurante menée par Israël pour contrecarrer le programme nucléaire iranien, est le fruit de l’obstination du Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, héritée de son père, l’historien Bentsion Nétanyahou.
Pour comprendre l’attaque fulgurante menée cette nuit par l’aviation israélienne contre l’Iran, il faut tenter de saisir la psychologie du Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou. Celui qui est devenu le dirigeant le plus décrié dans son pays est aussi en effet le seul qui a – depuis près de trente ans et sans relâche – averti le monde entier contre le danger d’un Iran nucléaire. Dès 1996, il déclarait ainsi devant le Congrès américain, alors qu’il venait d’être élu Premier ministre : Si l’Iran devait acquérir l’arme nucléaire, cela pourrait présager des conséquences catastrophiques, non seulement pour mon pays, et non seulement pour le Moyen-Orient, mais pour toute l’humanité”.
Nétanyahou a martelé ce discours depuis lors, souvent contre l’avis des responsables sécuritaires israéliens – y compris les chefs du Mossad – et notamment Yossi Dagan qui a mis en échec plusieurs projets d’attaque précédents, en s’opposant ouvertement à Nétanyahou. Pour comprendre cette constance et cette obstination, parfois moquée par les médias israéliens, il faut se pencher sur l’histoire familiale de Benjamin Nétanyahou. C’est en effet de son père qu’il a hérité la conviction que le rôle primordial de tout dirigeant israélien à notre époque est d’empêcher une nouvelle Shoah.
Bentsion Nétanyahou, né à Varsovie en 1909, avait émigré avec ses parents en Palestine mandataire en 1921. Fils du militant sioniste Nathan Meilikovski, Bentsion étudie à l’université hébraïque de Jérusalem, où son professeur est le fameux Joseph Klauzner, grand-oncle de l’écrivain Amos Oz. Par la suite, il se rend à New-York, où il devient le secrétaire particulier du dirigeant sioniste Zeev Jabotinsky. Nétanyahou-père était avant tout un intellectuel, dont le centre d’intérêt principal pendant plusieurs décennies a été l’histoire du judaïsme espagnol au Moyen-Âge, sujet très éloigné en apparence de la vie politique et des préoccupations actuelles des dirigeants israéliens.
Le livre auquel il a consacré la plus grande partie de sa carrière est sa biographie de Don Isaac Abravanel, célèbre philosophe et homme d’État juif, qui présida au destin de sa communauté à la veille de l’expulsion des Juifs d’Espagne. La première édition de ce livre est parue en 1953 aux Etats-Unis, et il a été réédité plusieurs fois. Dans un entretien publié à l’occasion de la parution de ce livre en Israël, Bentsion Nétanyahou racontait avoir été presque convaincu par les arguments messianiques développés par Abravanel en lisant ses écrits, tellement ce dernier était un écrivain talentueux.
Mais ce qui l’a le plus intéressé chez Abravanel est la manière dont il a su prendre des décisions courageuses, en une période de crise et de danger suprême pour le judaïsme espagnol dont il avait la responsabilité. On raconte ainsi qu’Isaac Abravanel usa de toute son influence pour tenter d’annuler le décret d’expulsion pris par le roi Ferdinand II d’Aragon et la reine Isabelle, leur offrant des sommes considérables. Ceux-ci voulurent même le persuader de rester malgré l’expulsion, mais Abravanel préféra suivre sa communauté en exil. Bentsion Nétanyahou compare l’attitude courageuse d’Abravanel à celle des Juifs américains, avant la Shoah et aujourd’hui, auxquels il reproche leur “manque de conscience historique et de compréhension politique”.
A ses yeux, on le voit, l’historien ne doit pas se retrancher dans sa tour d’ivoire, mais tirer les leçons du passé. Lors d’une interview à la télévision israélienne, Nétanyahou-père expliquait ainsi que la Shoah ne s’était pas arrêtée en 1945, mais qu’elle se poursuivait en fait jusqu’à maintenant, à travers la volonté génocidaire des ennemis d’Israël, et notamment de l’Iran des Ayatollah. Au vu de cette histoire familiale, il ne fait aucun doute que c’est la conviction héritée de son père qui a permis à Benjamin Nétanyahou d’imposer finalement sa décision d’attaquer l’Iran, envers et contre tous.
P. Lurçat
NB Je donnerai une conférence sur le thème « Israël après le 7 octobre : la victoire du sionisme », jeudi 26 juin à 19h30 à Paris, sous l’égide de l’OSM et de l’UPJF.

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4 Commentaires

  1. Étrange…? A 8 jours ou Macron, qui n’est pas ma tasse de thé, s’apprêtait a reconnaitre un état Palestinien aux N U, ces bombardements digne de l’agression Japonaise de 1940 qui avait tant fait jaser, sans déclaration de guerre, vraiment l’histoire est un perpétuel recommencement…
    Enfin, puisque chaque camp a Dieu a ses cotés, tout finira par s’arranger…

  2. Si Netanyahou était de gauche il serait applaudi par les journaleux socialos français, son seul tort est celui d’être classé à l’extrême droite. Dans le cas où Edouard le tocard ou un autre affidé macronneux succédait au débile originel, il faudra demander la protection et l’asile en Israël.

  3. Merci à vous pour cette article qui m’apprend bien des choses que j’ignorais sur Netanyahu et sa famille. Absolument passionnant.