Jeune garde : anatomie d’une menace d’ultra-gauche

ENQUÊTE – De quoi est faite la Jeune Garde, mouvement antifasciste ultra-violent qui sévit dans plusieurs grandes villes de France ? Nous avons récolté des informations sur leurs méthodes.

Ce 18 décembre 2023, Raphaël Arnault, à l’époque Porte-parole de la Jeune Garde Antifasciste, intervient au côté de Mathieu Mollard, journaliste à StreetPress, dans une salle de l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) prêtée pour l’occasion. Devant une quarantaine de personnes, les deux hommes abordent le risque de voir « l’extrême droite au pouvoir en 2027 ». Un membre du public propose de « viser les leaders », ce à quoi Raphaël Arnault répond avec un sourire : « Je ne vais pas dire ça ici… »

Au fond de la salle, des membres de l’assistance réagissent et traitent Zemmour « d’Arabe du système » (à voix basse), puis Mathieu Mollard reprend la parole. Il aborde une partie plus théorique et présente une typologie de l’extrême droite. Raphaël Arnault a moins de finesse. Il s’emporte, tape du pied. Avec un accent de cité, il s’exclame : « On a du mal avec la violence à gauche parce qu’on rêve d’un monde sans violence. Mais face à des collectifs qui sont ultra-violents, la violence est justifiée ! » Quelques jours plus tôt, le bonhomme avait menacé de mort la fondatrice du collectif Nemesis, Alice Cordier, en lui promettant « une balle dans la tête ».

La conversation dévie alors vers « la théorie du Grand Remplacement », considéré comme un fantasme d’extrême droite. Tout au long de la conférence, le coupable est tout trouvé : l’extrême droite. Le reste est excusé. « Le djihad, c’est quand on se défend d’une attaque, c’est pas faire une attaque terroriste contre des innocents », affirme par exemple un membre du public, sans qu’aucune contradiction lui soit apportée. Après un long silence, Raphaël Arnault tempère : « Daech, c’est l’extrême droite ».  Les morts du Bataclan seront heureux de l’apprendre.

 

Des hooligans d’extrême gauche

 

Si la Jeune Garde s’ancre dans un héritage de gauche en prenant pour nom l’hymne révolutionnaire de la jeunesse de la SFIO en 1912, elle rompt avec l’antifascisme des années 2000.

Au commencement, tout part du constat de la désunion du tissu militant des antifas à Lyon. Les futurs membres de la Jeune Garde font le bilan. Il n’existe plus de structure assez forte et coordonnée pour organiser les attaques ou riposter face à ce qu’ils appellent « l’extrême droite » . « des groupes antifascistes autonomes se constituaient, généralement dans l’urgence à la suite d’agressions par des groupes nationalistes radicaux, mais sporadiquement, et souvent sans contact les uns avec les autres » Raconte un porte-parole de la Jeune Garde dans un entretien Coordonnée par Ugo Palheta et Olivier Roueff.

C’est la dynamique unitaire qui va prédominer dans la création de Jeune Garde qui assume d’aller à contre-courant de ce que les groupes antifascistes autonomes avaient l’habitude de faire sur Lyon. Ce mouvement unitaire sera facilité par le contexte social militant. En 2016, au cours des mouvements sociaux de la Loi Travail, l’union des jeunes manifestants lyonnais avec « des antifascistes lyonnais plus anciens » parmi lesquels figurent « Les Voraces » – collectif duquel le co-fondateur de la Jeune Garde Safak Sagdic est issu – va faire germer les possibilités de monter une structure efficace. Les Voraces « ont une expérience de rue » explique Raphaël Arnault, du fait que ce groupe d’ultra-gauche était actif au sein du collectif de Vigilance 69 ( collectif antifascite des années 2010 ).

La jeune garde est en quelque sorte un pragmatisme antifascite dont l’objectif est de créer une unité et une structure auprès de divers militants lyonnais allant des anarchistes aux réformistes afin de concentrer l’énergie sur des actions de terrain. Dans ce cadre, une partie de la jeunesse d’ultra gauche se regroupera et donnera naissance au collectif « Fermons les Locaux Fascistes », qui en 2018 finira de se structurer pour devenir la Jeune Garde.

La Jeune Garde c’est aussi une révolution dans l’esthétique. Terminés les Doc Martens, pantalons militaires et cheveux colorés : la Jeune Garde mise désormais sur une communication viriliste dont les codes vestimentaires et les marques portées (Fred Perry, Lyle and Scott, Lonsdale…) sont directement issus de la culture des hooligans du football.Plusieurs figures de proue du mouvement ont d’ailleurs des racines dans le milieu ultra marseillais, comme Raphaël Arnault, le leader, ou Ama Houseiny, alias Luc Bawah, ancien capo des « Yankees » et ami des « South Winners » (groupes de supporters de foot marseillais).

Cette culture ultra du football, ils l’emportent dans leurs manifestations, au cœur de cortèges rythmés par des chants d’appel à la violence lancés au mégaphone, et dans une ambiance cagoule, fumigène et banderoles. Par exemple, le 6 janvier 2024, lorsque pour célébrer ses 6 ans, la Jeune Garde a publié une vidéo dans laquelle ses militants se sont mis en scène, de nuit avec fumigènes et banderoles dans les escaliers de la Montée du Perron rue Burdeau dans le quartier de la Croix Rousse à Lyon. Ce quartier, ancien bastion des Voraces est aujourd’hui le fief de celui de la Jeune Garde.

Pourtant le message est clair : jamais d’attaque sur la police. Par tradition, on pourrait imaginer que ces militants sont également anticapitalistes, mais non. Ce qui motive ces hooligans d’ultra-gauche, c’est la bagarre et la volonté de frapper ce qu’ils appellent « l’extrême droite », par tous les moyens nécessaires.

 

Violence et agressions gratuites

 

Selon un mode opératoire qui rappelle furieusement les méthodes des vrais fascistes, ces militants identifient, cataloguent, menacent et agressent dans les rues ceux qu’ils jugent appartenir à l’extrême droite. Les témoignages de victimes se multiplient et décrivent toutes le même modus operandi. Thomas, affilié à l’UNI à Lyon, raconte : « Ils se rassemblent en bande de dix à quinze et parcourent l’université Lyon 3 à la recherche d’individus au look considéré comme de droite pour s’y confronter ou les passer à tabac ».

[…]

Et les agressions se multiplient, contre un étudiant parce qu’il porte une veste Barbour  ;  des agressions sexistes violentes contre des militants de Macron ; contre la coordination féministe antifasciste ; contre des étudiants qui veulent aller en cours alors qu’eux ont décidé de faire grève,… avec une violence, une brutalité, une haine inouïes :La vidéo, insoutenable, montre une scène de torture où la Jeune Garde force l’étudiant à sourire tandis qu’ils lui envoient plusieurs coups de pieds au visage.

[…]

Jamais un groupe revendiquant sa violence n’a bénéficié d’une telle impunité et de l’État, depuis le FLN. Ils ont leurs entrées à la préfecture, donnent des renseignements sur les fafs [fascistes], et à la fin, ne prennent pas grand-chose. C’est désespérant…

Pourtant, ses cadres sont connus des services de police. Hamma Alhousseini, un des chefs, a fait l’objet d’une enquête pour apologie du terrorisme après avoir relayé sur les réseaux sociaux un soutien à Boko Haram et une approbation implicite de la décapitation de Samuel Paty, en plus d’avoir été condamné en août 2020 pour une agression dans un bar du vieux Lyon. Même chose pour Raphaël Arnault, aujourd’hui député NFP et chef du groupuscule, qui a lui aussi fait l’objet d’une convocation par les services de police pour apologie du terrorisme.Possédant 3 fiches S, il est connu de la documentation des services de police pour de nombreuses agressions de militants, et continue d’affirmer lors de cette réunion de l’IRIS à Paris « qu’il faut être violent avec les militants du Rassemblement National et de Reconquête ». 

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Compromissions des politiques de gauche avec les ultra-violents

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 La stratégie du groupe est ainsi « davantage tournée vers l’ouverture à l’égard des organisations politiques et syndicales » mais aussi médiatiques. La Jeune Garde se présente comme « lassé-e-s d’une lutte antifasciste isolée politiquement sur Lyon, nous souhaitons lui donner un nouveau souffle». Le groupuscule prône que la « vraie lutte contre l’extrême droite, c’est la recomposition d’un bloc politique de lutte des classes » et se dit s’être « toujours intégrée dans les collectifs et organisations unitaires »

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À ce sujet, de nombreux soupçons pèsent sur le fait qu’une partie du service d’ordre des manifestations de la LFI soit assuré par des membres de la Jeune Garde (C’est probablement un moyen pour le groupe de gagner de l’argent).

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 Mais c’est de manière générale une grande frange de LFI qui soutient les nervis d’extrême gauche. Carlos Bilongo a participé à une session de boxe avec le groupe Jeune Garde de Strasbourg ; Rima Hassan, Antoine Léaument, Éric Coquerel, et Thomas Portes sont des participants habituels des manifestations organisées par la Jeune Garde… Enfin, Manuel Bompard et Sébastien Delogu ont marqué de leur présence le camp d’été du groupuscule en 2023. Enfin, Danièle Obono était présente avec eux lors d’une réunion à Montpellier le 23 mars 2024, le tout avec une affiche réunissant les logos de la Jeune Garde et de LFI

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Raphaël Arnault a aussi bénéficié de la réception en grande pompe de Raphaël Arnault à l’Assemblée nationale par des membres de La France Insoumise, encore, pour parler des violences d’extrême droite. « Une évidence » pour le député écologiste Aurélien Taché, qui a invité le groupuscule ultra-violent en expliquant que ce « groupe mène un travail de veille extrêmement important ». Un comble.

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Des méthodes nouvelles

Avec tout ce soutien politique, la Jeune Garde grandit. Il y a de plus en plus de sections : Lyon, Paris, Strasbourg, Lille Montpellier, et deux en construction à Aix et à Toulouse. Aujourd’hui ils cherchent à s’installer au Puy-en-Velay pour lutter contre une librairie catholique. Cette expansion provient aussi de la rupture avec les méthodes traditionnelles antifas, ce qui déclenche beaucoup d’oppositions au cœur de l’extrême gauche.

[…]  la Jeune Garde brise les codes de l’antifascisme traditionnel en imposant des règles strictes, presque spartiates, qui s’apparentent à celles des groupuscules d’ultra-droite comme l’interdiction de boire de l’alcool durant les actions militantes, l’interdiction d’avoir des relations avec les filles du groupe afin d’éviter les conflits internes, et l’appui permanent sur une dialectique violente et viriliste.

L’ensemble de la stratégie de communication du groupe repose en effet sur une mise en avant de la virilité pour attirer de nouveaux membres.

Entre les photos en équipe pour marquer son territoire, les vidéos d’entraînements sportif et les stages d’auto-défense, leur image pourrait facilement être confondue avec celle d’un groupe identitaire ou nationaliste.

[…]

 

« La lutte antifasciste, c’est un truc de masculinistes virilistes blancs »

[…]

“La lutte antifasciste, c’est un truc de mascus virilistes blancs, vous n’avez pas votre place dans la lutte antifasciste en dehors de notre utilisation de votre image de victimes de l’extrême-droite”. »

[…]

Alliance ratée avec les quartiers

[…]. Néanmoins, la Jeune Garde parisienne est majoritairement dépourvue de membres issus de l’immigration ou des banlieues. D’après les observations de notre journaliste Pauline, qui a réussi à s’immerger au sein de l’association d’extrême gauche Urgence Palestine, ces derniers désignent la Jeune Garde comme étant des « antifas blancs ».

[…]

 

L’attitude passive de Gérald Darmanin envers les agissements et les violences revendiquées par la Jeune Garde questionne

[…]

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7 Commentaires

  1. La gauche violente, raciste anti blanc peut tabasser, elle ne risque rien. Elle est toujours protégée. On est bien en macroni pourri.

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    LE SALAIRE DE LA PEUR
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    ○ FdeSOUCHE.com : https://tinyurl.com/2vxvjrmr

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    ○ FdeSOUCHE.com : https://tinyurl.com/4menh6eb

  4. Bonjour @Jeanne la Pucelle et merci de cet article qui nous en apprend beaucoup sur les pacifistes bien pensant de gauche.

    Ce qui est frappant, au-delà des vilences et actes barbares de saccages à l’actif de ces groupuscules ultra violents qui nous coutent de l’argent ; c’est leur longévité permise par l’inaction des politiciens couplés à la bienveillance de la Justice.

    J’en reviens encore, à ce deux poids, deux mesures : tout est permis à la gauche, même la destruction des biens publics et d’autrui ; les agressions physiques ; les désordres politiques… mais ces groupes, qu’on peut qualifier de terroristes ont la vie longue avec, sinon la bénédiction, du moins le soutien des autorités ; puisqu’ils existent encore et se manifestent en toutes occasions.

    Par contre, Génération Identitaire, groupe, nationaliste pacifique et respectueux es biens, des personnes et de la République, qualifiés d’ultra violents, ; ont été dissous et sévèrement condamnés.