Les Horaces (1) : Stupeur et tremblements dans la défense de l’Europe

Un Rafale B armé d’un missile nucléaire ASMPA, en 2015. La dissuasion nucléaire française peut être étendue à nos voisins, mais la décision d’emploi doit rester purement nationale. Photo © Richard Nicolas-Nelson/SIPA/1506121045
Après le lâchage trumpiste, le groupe défense des Horaces souligne les lacunes actuelles en France et en Europe et fait des propositions.
Il est urgent de rappeler quelle est la politique la mieux à même de défendre la souveraineté de la France en préservant ses intérêts.
La dimension européenne de notre dissuasion et notre souveraineté nationale ne sont pas incompatibles, mais doivent rester françaises de la conception des armes jusqu’à la décision de leur mise en œuvre … à condition que Macron (il y a un fort doute !) ne cherche pas à en  tirer parti pour jouer un personnage pour lequel il n’a aucune envergure ni le costume du Général, ni la vision stratégique éclairée,
hormis ses inconséquentes ambitions personnelles !
Juvénal
La conjoncture politique internationale et le basculement des intérêts américains vers l’océan Pacifique contraignent les États européens, la France au premier chef, à repenser leur politique de défense, afin d’être en mesure d’assurer seuls leur sécurité, y compris en matière nucléaire. Le groupe Défense des Horaces souligne les lacunes européennes actuelles et propose des ébauches de solutions.  

Il est peu de dire que l’agression russe contre l’Ukraine et les élections américaines ont provoqué à travers l’Europe stupeur et tremblements… Pourtant, l’injonction des États-Unis pour que leurs alliés augmentent leur effort de défense n’est pas nouvelle, pas plus que le rééquilibrage américain vers l’Asie-Pacifique annoncé par le président Obama dès 2011 n’est une surprise stratégique. Mais rien n’y a fait.

Dans l’affolement des dernières semaines, il devient urgent de rappeler quelle doit être la politique de défense la mieux à même de défendre les intérêts et la souveraineté de la France. La précipitation de Mme von der Leyen, outrepassant ses prérogatives, à vouloir mobiliser 800 milliards d’euros pour la défense européenne, les appels du président Macron pour une « souveraineté européenne » confirment l’actualité de la politique d’indépendance nationale du général de Gaulle, socle d’une France souveraine dans une Europe des nations.

Tout d’abord, l’extension de notre parapluie nucléaire à l’Europe n’est aucunement révolutionnaire. Le livre blanc de 1972, le concept de dissuasion élargie du président Giscard d’Estaing et le discours du président Chirac à l’île Longue, en 2006, ont graduellement confirmé cette extension aux alliés. Dimension potentiellement européenne de notre dissuasion et souveraineté nationale ne sont donc pas incompatibles, mais notre dissuasion doit rester française de la conception de la doctrine à la décision de mise en œuvre des armes. Cette double dimension contribue pleinement à justifier notre siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et il serait donc suicidaire pour notre position diplomatique d’ouvrir la porte à un partage nucléaire européen.

Incertitudes à l’Otan

Les incertitudes sur le maintien des États-Unis dans l’Otan ont relancé la chimère d’une Communauté européenne de défense. Cette chimère est particulièrement dangereuse, car la défense est au cœur du régalien de l’État-nation. Elle pose aussi la question fondamentale du pour qui meurt un soldat ? Pour son pays d’abord, pour ses camarades, mais certainement pas pour une structure technocratique souffrant d’un profond déficit démocratique .

Le tsunami provoqué par le président Trump révèle également les grandes lacunes des armées européennes, trop heureuses de voir les États-Unis assurer 70 % des dépenses de l’Otan. Ce cruel état de fait exige un vrai sursaut en matière d’indépendance stratégique.

Cela passe d’abord par une révision de notre niveau d’ambition militaire. Alors que le contrat opérationnel des forces de 1994 fixait une hypothèse d’engagement à 50 000 militaires, il est aujourd’hui d’environ 15 000 hommes. Les structures de commandement sont juste adaptées à cette ambition, mais la France n’a aucune capacité à être nation cadre pour une force supérieure à 20 000 hommes. Sans le soutien américain, l’Otan n’a pas non plus cette capacité à commander une armée. Quant au déploiement de la Politique de sécurité et de défense commune européenne (PSDC), elle fait pâle figure avec 5 000 hommes ! La France doit donc retrouver la capacité à commander une armée en propre ou dans une coalition… qu’elle avait lors de la guerre froide.

Dans les domaines émergents du cyber et de l’espace, l’effort doit être soutenu. À titre d’exemple, pour le spatial, nous devons augmenter drastiquement le nombre de nos satellites de renseignement optique et d’écoute, mais aussi notre capacité d’analyse de la donnée. S’agissant de l’armement conventionnel, nous devons nous maintenir sur tout le spectre capacitaire, mais aussi trouver un équilibre entre technologie coûteuse et nombre de plates-formes et développer tout type de drones, quitte à remettre en question, si nécessaire, les vecteurs habités.

Un effort financier considérable

Sur le plan financier, l’effort à consentir est considérable après les coupes budgétaires passées de nos gouvernants. La voie est étroite, mais un fonds souverain permettra de consolider notre indépendance. N’attendons pas grand-chose du 1,5 milliard d’euros du fonds européen Edip (European Defence Industry Programme, Programme de l’industrie européenne de la défense) mais veillons à ce que pas un centime ne finance une industrie non européenne et à ce qu’il contribue à une industrie de défense libre de tout droit de veto américain sur ses exportations.

Préservons, enfin, notre capacité à intervenir dans une coalition ad hoc, car l’Europe n’épuise pas l’étendue de nos intérêts, notamment en outre-mer. Un centre d’excellence international d’interopérabilité, sans aucune dimension politique pour éviter qu’il ne serve des velléités fédérales, répondra à ce besoin. L’interopérabilité induit bien sûr des procédures communes, mais aussi des équipements compatibles et notre remarquable industrie de défense est un atout considérable pour restaurer notre indépendance et bâtir des partenariats européens.

La France a les atouts pour rebâtir enfin une défense nationale après des années d’abandon. L’échéance politique de 2027, avec l’alternance qui se dessine, donnera à Marine Le Pen la profondeur et le temps pour conduire cette reconstruction, notre réarmement moral et redonner à la France sa place dans le concert des nations. 

https://www.valeursactuelles.com/monde/les-horaces-stupeur-et-tremblements-dans-la-defense-de-leurope       

NB Les Horaces sont un cercle de hauts fonctionnaires, hommes politiques, universitaires, entrepreneurs et intellectuels apportant leur expertise à Marine Le Pen, fondé et présidé par André Rougé, député français au Parlement européen

      Juvénal de Lyon

o

 203 total views,  203 views today

image_pdf

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


4 Commentaires

  1. Marine n’est pas ma tasse de thé, mais je trouve toujours intéressant de connaître les conseils de son entourage chargé de lui fournir des idées (le prêt à penser pré-pensé) qu’elle va ensuite débiter à son public. Il faut toujours avoir un temps d’avance dans ce monde sans pitié (impitoyable) de la politique. C’est Sarah Kilnoufo, qu’il nous faudrait et qui pense par elle-même !

  2. Il y a 300 000 ans, les homos sapiens s’exterminaient joyeusement. 300 000 après idem. L’humanité n’a fait aucun progrès. Le seul progrès est d’être passé du gourdin au missile.