Crise des écoles d’ingénieurs face au tsunami de la médiocrité

À trop vouloir s’ouvrir aux cancres, au nom de l’égalité des chances et de la discrimination positive, la plupart des universités sont devenues des dépotoirs qui distribuent des diplômes sans plus de valeur que les papiers de bonbons au soir de Halloween.

Par contre, des écoles d’ingénieurs qui avaient maintenu une triple sélection à l’entrée, en cours d’études et à la sortie, perpétuaient un niveau élevé. Même si un certain flou artistique était entretenu par des établissements privés hors de prix qui délivrent des diplômes non reconnus par la CTI, mais qui en jettent aux yeux des employeurs.

Depuis 2020, le nombre des candidats aux écoles d’ingénieur diminue, selon le ministère de l’enseignement supérieur

Une crise des vocations comme chez les curés ? Plutôt un certain découragement, un désarroi qui transparaît dans les blogs de jeunes gens désabusés. L’excellence est un handicap dans un monde de tarés.

La première explication qui vient à l’esprit est la baisse du niveau des maths et sciences dans le secondaire. Difficile de devenir chef d’orchestre quand on n’a pas fait ses gammes.

La deuxième est la perte d’attractivité pour des études difficiles qui mènent parfois à des emplois moins bien rémunérés que les formations de branleurs à Sciences Po ou en école de journalisme.

La troisième est la dépréciation de leurs diplômes à l’étranger. Où l’on préfère la formation américaine plus pragmatique. Et où la détestation aveugle de Trump depuis 2016 irrite. Des barrages pour les cadres souhaitant s’expatrier. Toujours plus nombreux depuis que la France est devenue invivable.

Dans un festival d’amertume et de récriminations, j’ai relevé des critiques récurrentes chez pas mal d’élèves-ingénieurs

Certes, avec une forme d’humour désabusé, ils reconnaissent qu’ils ont plus de chance de s’en sortir dans la vie qu’avec un CAP de garçon boucher, même pas halal. Mais ils expriment une grande déception résumée par la formule « tout ça pour si peu ».

Les uns disent qu’ils n’ont pas appris grand-chose au cours de leurs années d’études à l’école d’ingé. Les plus remontés contre le système parlent de « cours de merde ». Conséquences des décisions irréalistes de l’État. Ainsi, pour pouvoir attribuer un titre d’ingénieur reconnu par la CTI, Commission des Titres, toute école doit dispenser un nombre sans cesse croissant d’heures de cours en « disciplines de glandeurs » qui ne devraient pas y avoir leur place.

Pour répondre aux élucubrations des ministres et sous-ministres qui se succèdent, et veulent marquer chacun son territoire comme un chien pisse contre un arbre, on a vu apparaître des matières inattendues comme la communication, les relations humaines, la programmation neurolinguistique, le genrisme, le partage humanitaire… Associés à des leçons très orientées sur le tiers-monde, le colonialisme, l’antiracisme et le réchauffement climatique. Et s’il n’y avait que ça…

Certains enseignants seraient des sous-doués en pédagogie et d’autres en sauraient moins que leurs étudiants !

Connaître les rouages de la société mériterait un aperçu dans des matières à option. Pour la culture générale. En complément des formations scientifiques et technologiques. Mais l’orientation consulting rabote tout. Privilégiant le faire-valoir sur le savoir. « Les imbéciles travaillent. Les malins les font travailler. Et les très futés expliquent aux uns et aux autres comment s’y prendre. »

Dans cette optique, des caciques casent leurs copains «intervenants extérieurs » sur des postes juteux d’où ils pourront renvoyer l’ascenseur. Une connaissance, administrateur dans un ministère régalien, me disait que cette pratique du copinage interactif est une lèpre qui ronge depuis des décennies toutes les sphères de pouvoir.

Ces nullités d’énarques se croient compétents en tout, entre la direction d’un complexe cybernétique et celle d’une usine de tracteurs, avec un passage à la SNCF ou aux chantiers navals, après un séjour au ministère des réclamations. Ils arrondissent leurs fins de mois en allant jospiner dans l’enseignement supérieur dans des domaines où ils improvisent.

Ils professent les formules magiques du bien parler, celles qu’on appelle éléments de langage, permettant aux gens du même monde de se reconnaître entre eux comme des clébards se flairent le trou de balle.

D’après des étudiants très déçus, la moitié des cours scientifiques sont confiés à des intervenants plutôt nuls dans leur spécialité. Quand on n’en veut plus dans un arsenal, une centrale nucléaire ou un complexe aérospatial, on les envoie enseigner ce qu’ils ignorent en vertu du principe cher à Courteline : « Moins tu en sais, mieux tu en parles ».

D’autres n’étaient pas mauvais dans leur métier d’origine, mais ils n’ont pas évolué depuis vingt ou trente ans et sont obsolètes. Et les rares qui se sont maintenus à niveau ne savent pas susciter l’intérêt de leur auditoire. D’un ton monocorde, ils rabâchent un savoir sec sans rien expliquer ni donner d’exemples concrets. Et ils ne supportent pas les questions des étudiants.

Ces perroquets sont repérés par les jeunes gens dès leur premier cours. Leur auditoire s’amenuise rapidement et ceux qui restent, plus ou moins obligés, somnolent. Ou, avec des boules Quies dans les oreilles, révisent les autres cours. Les vrais. Faits par des profs intéressants.

D’autres scientifiques et matheux sont des experts tellement spécialisés qu’ils en deviennent inaudibles

Ces cuistres s’expriment de façon absconse, restent encroûtés dans une spécialité devenue une prison pour l’esprit, et sont incapables de « jeter des pont sur des abîmes » pour reprendre la formule de Bergson.

Les travaux pratiques, les exercices et les sujets d’épreuves seraient encore plus confus. On trouve parmi les enseignants des officiers supérieurs et des hauts fonctionnaires promus pour leur allégeance politique, ainsi que des étrangers qui parlent mal le français, recrutés au nom de l’Europe et des échanges mondialisés. Des rats dans un fromage.

Certains n’ont pas préparé leurs cours, se perdent dans des digressions, et finalement renvoient les étudiants vers des logiciels et des traités qu’eux-mêmes n’ont fait qu’effleurer. Des décadents. Formation indigente. Réflexion atrophiée. Inutile d’en attendre une approche transdisciplinaire. 

J’avais eu la chance d’échanger quelques idées avec Jean Faucounau, polytechnicien et docteur en grec ancien. Un savant comme il en existait à la Renaissance. Une rareté à notre époque. Nous avions alors le même éditeur, l’Harmattan. Il planchait sur le décryptage du disque de Phaïstos en mixant ses compétences avec une pincée de génie, et subissait l’hostilité des hellénistes patentés, petits profs hargneux de gauche, niveau BEPC en maths, allergiques au décloisonnement des savoirs.

Des étudiants bien formatés sont des proies faciles pour la propagande islamo-gauchiste

Après avoir pourri l’Université et ses divers Instituts, la propaganda staffel s’est attaquée à un plus gros morceau au plan qualitatif. Ils y ont mis le temps, mais ils ont fini par injecter leurs poisons.

Auto-masochisme, repentance, rejet du sexe de naissance, honte d’être les héritiers d’une brillante civilisation. Valorisation de la mondialisation heureuse et obligation d’accueillir toute la misère du monde. Exigence de nous laisser dépouiller pour entretenir des quidams qui nous détestent. Afin de nous faire pardonner l’esclavage et le colonialisme.

Lors de mon incursion sur les forums du web, et parmi les blogs et RS, j’ai été atterré de découvrir que près de la moitié de ces présumés « cerveaux » futurs ingénieurs, s’ils sont brillants en maths (tout est relatif, c’est eux qui le disent !), sont des incultes, des barbares à peine dégrossis qui ânonnent le prêt-à-penser des télés. Sans réfléchir. Ni remettre en cause la doxa. Imbéciles instruits ou larves sans personnalité ?

Avec cette énoncé d’une platitude glaçante : « Les études supérieures ne sont pas là pour nous instruire ». Elles ne servent à rien d’autre qu’à diviser ceux qui y arrivent de ceux qui n’y arrivent pas. Comme Bourdieu l’a démontré, elles reproduisent en circuit fermé les instruments de domination de la bourgeoisie capitaliste.

« Le poisson pourrit toujours par la tête » disent les Chinois.

Christian Navis

https://climatorealist.blogspot.com/

Riposte laïque.com

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7 Commentaires

  1. Je viens de réinventer le fil à couper le beurre. Multitâche. Il coupe le beurre et l’étale en même temps sur la tartine.

  2. Il faut bien se rappeler que la majorité des inventions qui ont révolutionné le monde n’ont pas été créées par des ingénieurs, qui sont à l’industrie, ce que science po est à la politique! Ce qui manque dans le pays c’est l’imagination constructive, l’amour du pays, du courage et des mains capables de créer. C’est ce qui nous manque actuellement, le peu d’ingénieurs qui sortent de nos écoles quittent la France!

    • Il doit être difficile de prouver que des autodidactes sous-doués aient tout inventé. Les grandes inventions sont toutes dues à des personnes ayant une bonne culture scientifique. Denis Papin n’était pas une nullité (même si on lui a attribué un peu trop de nouveautés). Le premier inventeur d’une machine utilisant la pression atmosphérique comme moteur (1713) n’était pas un inculte. Et plus tard l’invention de l’électricité, du gaz d’éclairage, de la locomotive (chemin de fer), du premier réfrigérateur (1834), du premier moteur à combustion interne (1876), de l’automobile et de l’aéroplane, etc. tout est l’œuvre de personnes cultivées. Il se peut que le hasard est favorisé certaines découvertes (la vaccination de Pasteur) mais le hasard ne frappe que les esprits avertis et préparés.

        • Le fardier de Cugnot, c’est plus tard (1769).

          https://www.arts-et-metiers.net/musee/fardier-vapeur

          L’invention de la soupape de sureté a rendu énormément de services, en particulier pour les pompes utilisant la pression de la vapeur d’eau pour repousser l’eau à l’étage supérieur des mines de charbon. Des accidents mortels ont eu lieu à cause de l’éclatement (explosion) de la chaudière sous pression qui était faite de lames d’acier soudées entre elles par de l’étain !! L’ouvrier fermant l’arrivée de la vapeur, la condensation provoquait un vide aspirant l’eau située plus bas. Puis la pression de vapeur rétablie évacuait l’eau à l’étage supérieur.

  3. Les ingénieurs résident en Algérie, si si, ils viennent d’inventer un processeur.
    Ce qui explique notre pompe aspirante depuis si longtemps des ‘chances pour la France’ tant espérées… Bon pour l’instant ont construit des mosquées et des prisons, mais bientôt, ça portera ses fruits…