Pierre-Edouard Stérin, le milliardaire français qui veut mettre l’extrême droite au pouvoir

A travers le Fonds du Bien Commun, Pierre-Edouard Stérin compte investir 150 millions d’euros dans les 10 prochaines années dans la formation des candidats, la création de Think Tank conservateurs et lobbies réactionnaires contre l’assistanat, la théorie du genre, la préférence nationale, la place du christianisme ou la famille comme base de notre société. 

Tentative de rachat de médias, formation d’une nouvelle élite politique d’extrême droite, le milliardaire Pierre-Edouard Stérin avance ses pions pour mener sa « bataille culturelle » et remporter l’élection présidentielle de 2027.

Pierre-Edouard Stérin

L’échiquier se dessine !  Pour « sauver la France » des problèmes existentiels que sont le « socialisme, le wokisme, l’islamisme, et l’immigration », Pierre Edouard Stérin a érigé un plan d’attaque tripartite. Infuser les idées conservatrices dans la société pour « redresser la France » sur le long terme, en rachetant des médias par exemple ; former une nouvelle élite politique d’extrême droite ; et « unir les droites » pour gagner l’élection présidentielle de 2027.

Ce fervent catholique qui se définit comme libertarien conservateur, pierre angulaire de l’illibéralisme, entend remettre les valeurs d’enracinement, d’identité, ainsi que l’anthropologie chrétienne au centre du destin politico-culturel français.

Pour ce faire, il s’appuie sur sa fortune, la 104ème française avec 1,4 milliards d’euros acquis grâce aux Smartbox dont il est le fondateur, et à ses autres investissements comme le site de réservation de restaurants La Fourchette, l’e-shop de beauté Oh My Cream, ou encore Carmat, l’entreprise biomédicale. Libertarisme oblige, Pierre-Edouard Stérin est exilé fiscal en Belgique et a délocalisé Smartbox en Irlande.

Bolloré comme exemple 

Sympathisant de Vincent Bolloré et de son emprise médiatique, il est conscient que sa bataille culturelle passe par le 4ème pouvoir ainsi que les maisons d’édition. En 2023, il se positionne pour reprendre Editis qui héberge plus de cinquante maisons : Nathan, Robert Laffont ou Pocket pour les plus connues. Mais c’est finalement le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky qui raffle la mise.

Ce nom revient comme trouble fête lorsque Pierre-Edouard Stérin tente de racheter Marianne, propriété du tchèque. Les négociations s’avèrent compliquées. Après la parution d’articles sur la proximité de l’entrepreneur français avec le Rassemblement National, la rédaction se met en grève. La vente ne conclut pas.

Plus récemment, le 15 novembre 2024, Pierre-Edouard Stérin rachète l’école de journalisme de l’ESJ Paris aux côtés de Bernard Arnault (propriétaire du Parisien, des Echos et de Paris Match), de Rodolph Saadé (détenteur de BFMTV et de La Provence) et de Vincent Bolloré (Canal+, Europe 1, Prisma, ou encore JDD). Mais, à l’opposé des oligarques précédemment cités, Pierre-Edouard Stérin esquisse un projet politique qui va bien au-delà des médias.

Les salariés du groupe Bayard Presse et Édition se sont mis en grève à Paris le 28 novembre 2024 pour protester contre la nomination d’Alban du Rostu au poste de directeur de la stratégie et du développement du groupe. – Crédit : Adnan Farzat / NurPhoto via AFP

Pour le « bien commun »

Son influence dans le monde politique prend racine en 2015, lorsqu’il crée les Apéros du Bien Commun, organisés une fois par mois autour d’invités triés sur le volet : entrepreneurs, responsables d’association catholiques, politiques de droite et d’extrême droite, intellectuels… Nadine Morano ou Marion Maréchal y ont leurs habitudes.

Puis, en 2017, il lance la Nuit du Bien Commun. Un événement annuel rassemblant de multiples acteurs économiques pour lever des fonds en faveur d’associations qui œuvrent, comme son nom l’indique, pour le bien commun. Au total, 4 510 projets ont été aidés et 23 millions d’euros ont été récoltés depuis sa création.

Handicap, soutien aux femmes enceintes, accompagnement à la sortie de prison, beaucoup d’associations financées sont louables. Mais d’autres, comme IVG.net, un site internet anti ivg, posent question. Il crée, 4 ans plus tard, en 2021, le Fonds du Bien Commun. Une organisation philanthropique dont l’objectif est de financer les entreprises et associations s’employant à transmettre le « meilleur de la civilisation européenne ».

Financement de l’Institut Libre du Journalisme

Pierre-Edouard Stérin a financé, à travers le Fonds du Bien Commun, l’ILBJ, l’Institut Libre du Journalisme. Une école formant les journalistes de droite et d’extrême droite de demain. Elle est une branche de l’IFP, l’Institut de Formation Politique, créée par Alexandre Pesey. Un homme qui vient d’être nommé directeur du développement de l’ESJ Paris.

L’IFP est membre du réseau Atlas, qui réunit plus de 500 think tank libertariens et ultras-conservateurs à travers le monde. Ce dernier est impliqué dans l’arrivée au pouvoir de Javier Milei en Argentine et de Donal Trump aux Etats-Unis, ainsi que dans une multitude de mouvements anti-avortement, anti-mariage homosexuel, et dans la lutte contre les politiques climatiques.

Le projet Périclès 

Si Vincent Bolloré articule son combat culturel autour des médias, Pierre-Edouard Stérin va plus loin, dépeignant un dessin politique précis. L’Humanité révélait le 18 juillet 2024 le contenu d’un document interne destiné aux équipes du projet « Périclès » (acronyme de Patriotes Enracinés Résistants Identitaires Chrétiens Libéraux Européens Souverainistes) détaillant son caractère existentiel : la diffusion des idées libérales conservatrices et la bataille politique à mener.

A travers le Fonds du bien commun, Pierre-Edouard Stérin compte investir 150 millions d’euros dans les 10 prochaines années dans la formation des candidats, la création de think tank conservateurs et lobbies réactionnaires contre l’assistanat, la théorie du genre, la préférence nationale, la place du christianisme ou la famille comme base de notre société.

En prévention de la parution de l’enquête de L’Humanité, Pierre-Edouard Stérin publie une tribune dans FigaroVox le 17 juillet 2024. Il y annonce le lancement officiel du projet Périclès, et appelle à l’union des droites face à une gauche « minoritaire » mais « habile », car « elle se partage les circonscriptions ». 

« Je ne peux plus me résoudre à voir cette gauche mélenchonisée mener cette bataille culturelle sans rencontrer une résistance des forces de droite, qui, depuis cinquante ans, courbent l’échine sous les injonctions culturelles des déconstructeurs » déclare t-il alors.

Pierre-Edouard Stérin a été actif durant les élections législatives de juin 2024. Le milliardaire a placé ses proches dans l’alliance entre le Rassemblement National et les Républicains dissidents proches d’Eric Ciotti. Impliqué dans le monde politique depuis 2015, le milliardaire fait le tour des personnalités politiques qui pourraient « sauver la France ». François Xavier Bellamy, Bruno Retailleau, Marion Maréchal Le Pen, Eric Zemmour, sans qu’aucun ne le séduise véritablement.

Bien que Périclès ne soit pas « un projet partisan » et que ni Marine Le Pen, ni Jordan Bardella ne soient vus comme « brillants» par l’homme d’affaires, le Rassemblement National en incarne néanmoins la tête de proue.

Extrait du document Périclès – Crédit : l’Humanité

« Projet commun avec le parti à la flamme »

Les liens entre Pierre-Edouard Stérin et le parti d’extrême droite ne datent pas des élections de l’été 2024. En avril 2022, durant l’entre deux tours, Marine Le Pen se met au vert pour préparer le débat qui l’opposera à Emmanuel Macron. Direction un manoir de la commune de Bellengreville (Normandie) appartenant à François Durvye, révèle le Nouvel Obs.

En Novembre 2023, ce même François Durvye rachète la maison familiale des Le Pen à Rueil-Malmaison avec Pierre-Edouard Stérin. Il est de l’équipe rapprochée du Rassemblement National à attendre les résultats des élections européennes aux côtés de Jordan Bardella et Marine Le Pen, le soir du 9 juin 2024.

L’homme de confiance du milliardaire est le directeur du fonds d’investissement Otium Capital, entreprise créée par Pierre-Édouard Stérin, qui accompagne des sociétés aux projets innovants. Il est devenu, dans l’ombre, le financier secret du parti lepéniste.

Le RN effraye les marchés financiers. Il manque de structure économique. François Durvye va lui ouvrir les portes du monde des affaires. L’Humanité signalait dans son article de juillet un « projet commun avec le parti à la flamme » visant à gagner 300 municipalités aux prochaines élections municipales.

François Durvye, cravate bleue, tout à gauche, applaudissant Jordan Bardella le soir des élections européennes. Crédit : Photo postée par Marine Le Pen sur X (anciennement Twitter) le 9 juin 2024.

Obtenir la majorité absolue en 2027 

Le chemin vers 2027 passe par un ancrage territorial plus conséquent. Le Rassemblement National manque de cadres, de professionnels de la politique, de maires et d’élus locaux aguerris. Pour combler ce trou, Pierre-Edouard Stérin crée une école politique : Politicae.

L’école est dirigée par Philippe de Gestas, un allié de Reconquête. Si elle n’est pas encore prête à former la masse de militants locaux, des formations en ligne ont déjà été données par un ancien candidat LR-RN aux législatives.

Politicae a pour vocation de former une « élite politique qui, du conseil municipal d’un petit village aux grands ministères, en passant par les assemblées parlementaires ou locales, poursuivra le même objectif ». 

Une fois le maillage territorial effectué, objectif 2027 et l’obtention de la majorité absolue grâce à l’union des droites.

Après la prise de contrôle de l’appareil d’Etat, Politicae aura préparé le terrain pour « fournir une réserve d’hommes de pouvoir prêts à servir à tous les postes clés (cabinets, structures parapubliques, haute administration) et développer les réseaux relais nécessaires (médias, finance, organismes internationaux) ».

Volonté de racheter des titres de presse et maisons d’édition ; planification de l’agenda médiatique ; intention d’ériger les nouvelles têtes politiques, Eric Zemmour, Jordan Bardella, et plus récemment Sarah Knafo ; formation des politiques et aide à la structuration des partis pour l’union des droites : le clan identitaire, en ordre de bataille, maîtrise la totalité des canaux de prise du pouvoir.

S’informer avec des médias indépendants et libres est une garantie nécessaire à une société démocratique. Nous vous offrons au quotidien des articles en accès libre car nous estimons que l’information doit être gratuite à tou.te.s. Si vous souhaitez nous soutenir, la vente de nos livres financent notre liberté.

Source : Périclès, le projet secret de Pierre-Édouard Stérin pour installer le RN au pouvoir, L’Humanité, 18/07/2024 / Pierre-Édouard Stérin: «Face aux injonctions des déconstructeurs, ne plus courber l’échine», Figarovox, 17/07/2024 / François Durvye, le financier secret de Bardella et Le Pen, NouvelObs, 23/06/2024 

https://lareleveetlapeste.fr/pierre-edouard-sterin-le-milliardaire-francais-qui-veut-mettre-lextreme-droite-au-pouvoir/

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7 Commentaires

  1. chacun chez soi ; les mineurs strangers chez eux et les majeurs itou ;
    ainsi que les islamos gauchos qu’ils rejoignent leur affinité

  2. L’argent n’achète pas tout ? Preuve que si. Son projet est effectivement d’ED. Comment des milliardaires peuvent défendre le peuple ? Qu’ils soient inquiets du délabrement de la France je veux bien. Mais nos idées ne peuvent pas être défendues par ceux qui nous ont mis dans la mouise. Malheureusement je pense qu’ils vont réussir. Et c’est pas forcément une bonne nouvelle pour le peuple. Moi ce que je veux c’est qu’on défende notre identité, nos valeurs, notre culture mais aussi notre démocratie et notre République. Tout ce que ces gens là se fichent bien. Avec eux on sera cocus c’est cousu de fil blanc.

  3. Extrême droite vous avez dit extrême droite ! C’est quoi ce jargon. Si le fait d’être français, d’être attaché à ses racines, ses lois, son héritage historique et à la grandeur de son pays, la France en l’occurrence, c’est d’être insulté et taxé d’extrémisme mais où va-t-on !

  4. juste un truc pas de frexiteur….parle t on de remigration?du retour a la peine capital?du retour a l amitiè france russie….contre la dictature sanitaire?..et surtout anti europe sur tout les plans (ecolo,zfe,anti argent numerique,….ext…)union des droites en evitant de parler du principale ou est notre TRUMP OU EST NOTRE POUTINE OU NETANIAHOU?????
    ENCORE DU BLABLA …MEME si y a du bon la dedans avec des gens immonde des gamelles!…sauf la ref a la chretientè

  5. Ce n’est pas l’extrême droite,les idées de « l’extrême droite » ne sont que les idées de notre FRANCE éternelle chrétienne qui doit reprendre le pouvoir ..

  6. Extrême droite ?
    Mais je m’en fous de l’extrême droite. Je suis identitaire, Franchouillard, avec des préférences ethniques et communautaires, avec l’Histoire de mon pays, avec ce que je veux pour son avenir… s’il en a encore un.
    Ce monsieur est sur son nuage, moi je suis encore sur le plancher des vaches.

    • Tout à fait d’accord avec toi Mantalo ! Nous sommes plutôt du genre « extrêmement plein le c.. » si on attend après tous ces guignols la France sera « musulmanolgbtq » et nous, nous serons « in pace » et reduit en poussière depuis des plombes! Assez de bla bla, de l’action!