Donald Trump a sommé, ce jeudi, les 3.000 participants du Forum de Davos de choisir leur camp. Invité à s’exprimer, au quatrième jour de sa présidence, devant les grands patrons et dirigeants de la planète, par visioconférence, le président américain leur a offert un choix binaire : « Soit vous venez fabriquer aux Etats Unis et vous bénéficierez de la fiscalité la plus faible de la planète, soit vous voulez produire ailleurs, et alors vous aurez des tarifs douaniers ». Pour Donald Trump, l’Amérique est désormais « le meilleur endroit pour créer de l’emploi, construire des usines et faire des affaires ». « C’est le retour de l’âge d’or grâce à la révolution du sens commun. »

Le « sens commun » de Donald Trump, c’est l’élimination des règlements et de la bureaucratie (avec « l’obligation de supprimer 10 règlements à chaque fois qu’on en édicte un nouveau »), la poursuite des baisses d’impôts (avec notamment un impôt sur les sociétés ramené à 15 % sur les profits réalisés grâce au « made in America »), la fin du Green Deal (rebaptisé « l’arnaque verte ») et la possibilité d’exploiter sans limite « l’or liquide qui est sous nos pieds, le charbon, le gaz et le pétrole ».

L’Europe bureaucratique

Parmi les quatre grands patrons choisis pour lui poser des questions, Stephen Schwarzman, le PDG de Blackstone, lui a tendu la perche et permis d’enfoncer le clou parmi l’assistance. Stephen Schwarzman a constaté à Davos que « la communauté des milieux d’affaires européens exprime une frustration par rapport à la politique réglementaire européenne ».

Donald Trump s’engouffre dans la brèche, confirmant que « de nombreux dirigeants européens sont frustrés, notamment en raison des contraintes écologiques et des procédures bureaucratiques ». « J’avais il y a quelques années un projet en Irlande, raconte Donald Trump. Il m’a fallu une semaine pour obtenir les autorisations irlandaises. Mais on m’a dit qu’ensuite il faudrait cinq à six ans pour les autorisations européennes. J’ai renoncé. Tout le problème est là. » Idem pour les amendes infligées par l’Europe aux Gafam, comme les 15 milliards réclamés à Apple. « C’est injuste, c’est une forme de fiscalité déguisée ».

Preuve d’amour

Après avoir tendu la carotte aux investisseurs, notamment européens, Donald Trump a ensuite manié le bâton. Sous forme d’une amicale pression à ses partenaires. Comme la baisse immédiate des coûts du pétrole : « Je vais demander à l’Arabie saoudite et l’Opep de baisser le coût du pétrole, je suis d’ailleurs franchement surpris qu’ils ne l’aient pas fait avant l’élection. Ne pas le faire n’était pas franchement une preuve d’amour. Si le prix était plus bas, la guerre en Ukraine se serait aussitôt terminée. »

Conséquence immédiate, en légère hausse avant la déclaration du président américain, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, perdait à la fin de l’intervention près de 1 % à 78,31 dollars.

Donald Trump a de la même manière « exigé » que les « taux d’intérêt baissent immédiatement ». Mais alors que la Fed doit se réunir mardi et avait plutôt prévu de laisser ses taux inchangés, il est moins sûr que le pouvoir de conviction du président américain soit le même que sur le pétrole…

Du GNL pour l’Europe

Parmi les patrons qui l’ont interrogé, Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies,a tenté lui d’obtenir des garanties pour l’approvisionnement de l’Europe en GNL. « Oui je veillerai à ce que vous ayez ce que vous attendez. Le GNL est un bel exemple. Plus on va produire, plus les prix vont baisser. Je vais donner les autorisations pour les Américains et pour l’ensemble du monde. »

https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/avec-ou-contre-lamerique-a-davos-le-monde-selon-donald-trump-2144430

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