Ils croient quoi, au RN ?

C’est donc sans surprise que Bayrou vient de signifier avec bien des ambiguïtés, qu’il ne toucherait pas à la réforme des retraites. Il aura tenu en haleine toute la gauche, certaine d’avoir réussi à l’infléchir sur ce dossier brûlant, en laissant penser, jusqu’au dernier moment, qu’il était sur le point d’accorder quelque chose, de faire un geste. La mission flash confiée à Moscovici n’est qu’un leurre, un os à ronger pour donner le change, il n’en ressortira rien si ce n’est un saupoudrage de mesures insignifiantes, tout comme les soi-disant économies dont il ne trace aucun contour, pour ne pas s’engager, rester vague, pour ne pas affoler, ou simplement pour ne pas avouer que la montagne accouchera d’une souris . Il les a tous bernés. On a envie de dire, une fois de plus. Il n’y avait rien à espérer de ce côté-là, ni sur l’essentiel des orientations de réductions des dépenses publiques, parce qu’en réalité, il n’y avait rien à négocier avec Bayrou et son équipe. La seule voie possible, pour eux, nous l’avons déjà dit, c’est de prélever encore plus d’impôts pour pouvoir continuer la gabegie actuelle.

C’est donc naturellement que ce gouvernement fantoche devrait être censuré. Ruffin l’a annoncé, Mélenchon l’avait quant à lui déjà fait savoir bien avant. Il s’était d’ailleurs gardé de chercher à entamer des tractations. Que l’on rejette le personnage pour ses excès, ou certaines prises de position est une chose, mais on doit lui reconnaître cette cohérence qu’il met en pratique. Son but est de faire tomber Macron et il s’emploie à la tâche. Pour cela il est déterminé à censurer tous les Premiers ministres de Macron. Il est le seul à ne pas s’être laissé abuser par d’hypothétiques promesses. Et les Socialistes font savoir qu’ils ne peuvent que s’y résoudre, tant ils voient qu’on se fiche d’eux. On eût aimé voir semblable détermination chez toutes les autres oppositions, et non ce balai hypocrite d’une recherche de consensus. Mais Bayrou à amusé la galerie pour tempérer la future colère, espérant sans doute prendre de court tout le monde.

Les masques viennent de tomber. Nous l’avions annoncé au RPF, il n’y avait rien à attendre de sa déclaration de politique générale, ni sur les retraites, ni sur les réductions des dépenses inutiles. Il ne pouvait en être autrement, il n’allait tout de même pas se parjurer devant son amie Borne, responsable non seulement de la loi qui devrait lui coûter sa place, mais également du déficit qu’il veut combler par une pression fiscale encore plus forte, alors que l’on est déjà le pays le plus imposé du monde ! Il apparaît une fois de plus que la clé est dans les mains du RN qui aurait dû, en toute logique, s’associer à cette censure, puisque aucune des ses attentes n’est au rendez-vous pour lui aussi… il n’a pas l’air de le voir, ou de vouloir le voir. Mais il ne votera pas la censure, Bayrou est donc sauvé par le RN, le gendre idéal dont plus personne ne comprend la stratégie, si ce n’est qu’il se range du côté de la macronie. Il est donc séduit par l’à peu près, le flou et le verbiage d’un premier ministre sans solution. Le RN ne cesse de se chercher un costume présentable, alors qu’il devrait avoir compris qu’il serait toujours floué, cocufié par l’ensemble de la classe dès qu’elle le peut. Les voilà jouant le jeu de la sagesse et de l’attentisme. Piètre spectacle, il ne se positionne pas en futur leader prêt à prendre le pouvoir. Ils ne sont finalement que des seconds couteaux, toujours à la traîne, imitant les uns, copiant les autres, absents quand il faut forcer le destin. On espérait qu’ils évitent de se tirer une balle dans le pied, que nenni, ils vont le faire. Macron est au plus mal, et ce qui arrive d’outre Atlantique pourrait bien le faire définitivement chanceler, au lieu de profiter de cet alignement des planètes, le RN choisit de le sauver, de le préserver, de tenter d’apparaître une fois de plus comme un parti « respectable » aux yeux de la presse. Ils n’ont visiblement pas compris que Trump avait fait campagne contre la presse, que les leaders européens de droite font aussi campagne contre la presse, payée, subventionnée et qui est en fait un organisme de propagande gouvernementale. Ce sont ses électeurs qui vont apprécier. Sortis vainqueur des urnes, toujours écartés du pouvoir, ils se couchent une fois de plus, quand tout le monde attend une opposition.

En interne, quelques militants dépités expliquent le RN ne veut pas apparaître comme à l’unisson des oppositions de gauche qui vont voter cette censure. C’est à peu près aussi intelligent que quand LFI sauve Macron uniquement pour ne pas faire comme le RN…

Il va leur rester la possibilité de voter la prochaine, motion de censure, celle du budget lui-même, mais le mal est déjà fait…

Par Gilles La-Carbona : secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire

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