Le Bal des Hypocrites
Je l’aimais bien, moi, Laurent Wauquiez. J’avais même pris ma carte LR quand il avait pris la direction du parti fin 2017. Ce surdiplômé, au CV plus long que le casier judiciaire de Redoine Faïd, aurait pu être un espoir pour une droite qui, à ce moment-là, était vouée à une mort certaine. Mais le centrisme mou de Christian Jacob a eu raison de lui, le poussant dehors comme on pousse un cambrioleur débutant hors de l’appartement : sans explication, mais fermement.
Je l’aimais bien, moi, mais ça, c’était avant ; avant son discours du 4 décembre 2024, qui ressemble à une création de ChatGPT version aseptisée, macrompatible et immune aux attaques des médias. Bref, le discours du bon vieux centriste prêt à faire du « en même temps » estampillé CCM (Certifié Centre Mou). C’était juste 10 minutes de palabres prémâchées et insipides. On a juste échappé, comme le raconte si bien Michel Onfray, au rappel à la Shoah, à Oradour sur Glane et au pétainisme si cher aux politiques « sans-arguments » pour effrayer ce peuple qui vote mal et qu’on doit changer.
Et pourtant, Laurent Wauquiez avait reçu Éric Zemmour avec bienveillance fin janvier 2019 au siège des Républicains pour un débat fort intéressant. Zemmour est-il maintenant devenu un affreux fasciste à ses yeux ? Est-il devenu infréquentable ?
J’ai bien peur que ce fût la première et la dernière fois que nous aurons pu profiter d’une rencontre qui semblait honnête et sans tabou.
Wauquiez a-t-il donc viré casaque ?
Est-il, finalement comme les autres politiques : capable de retourner sa veste pour aller à la gamelle ?
Au rythme où il change sa place sur l’échiquier politique, la gamelle, tant attendue, sera probablement vide en 2027 et il risque plutôt de s’en prendre une belle… de gamelle.
Lors de son discours à l’assemblée Nationale, il a, aussi bien déclaré son soutien à Michel Barnier ( en précisant : « Monsieur le 1er ministre, cher Michel » … (Il ne manquait plus que le petit geste de la main pour lui envoyer un baiser)) que reconnut le travail indéniable de Bruno Retailleau mais qui semble maintenant être un peu gênant pour son ascension au poste suprême.
Mais revenons quelques instants à son triste discours :
- Il parle de ce droit constitutionnel qu’est la « censure » comme étant un « jeu minable ». Remarquez, M Macron, lui, déclare que c’est un « front antirépublicain » ! Ils sont bons nos énarques ! Ont-ils tous les deux séché les cours de droit constitutionnel ?
- Il parle de chaos, de drame, de danger pour le pays. Il aurait pu nous annoncer une pluie de sauterelles sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, du sang sortant sans interruption du volcan du Tartaret ou des températures permanentes de -50°C à Grenoble. L’effet aurait été le même. On a bien compris comment fonctionne le « pouvoir de la peur » et son utilisation abusive par nos gouvernants.
- Il parle de mariage de la carpe et du lapin entre RN et NFP, tout en oubliant de rappeler que lui, dans la 1ère circonscription de Haute-Loire et Olivier Marleix dans la 2ème Eure-et-Loir ont été élus cette année grâce aux désistements de Celline Gacon et Nadia Faveris du NFP.
Qu’on approuve ou pas la censure du gouvernement, il serait temps que nos politiques commencent déjà par faire trois choses simples :
- Écouter le peuple.
- Arrêter de lui « raconter des bobards » en permanence.
- Arrêter de le sous-estimer.
Nous n’avons pas forcément besoin de BAC + 25. En revanche nous avons besoin d’esprits ouverts, qui respectent le peuple et ses attentes.
Xavier JESU
08/12/2024
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