2 heures de tension. A ne pas manquer
Pour son 41e long-métrage (présenté comme son supposé dernier), Clint Eastwood se tourne vers le film de procès avec Juré N°2. Nicholas Hoult y incarne un mari idéal, embarqué dans la tourmente d’un procès autour d’un crime qu’il comprend avoir lui-même commis.
Bande-annonce :
En ligne VO sous titrée français
Synopsis :
Justin Kemp est sélectionné comme juré aux côtés d’autres citoyens dans un procès pour meurtre très médiatisé. Le jeune mari et futur père de famille va rapidement se retrouver aux prises avec un grave dilemme moral lorsqu’il découvre qu’il est peut-être à l’origine de la mort de la victime. Doit-il se protéger ou se livrer ?
Clint Eastwood avait tourné plusieurs fins :
« Clint n’aime pas trop expliquer. L’une des qualités en faisant un réalisateur hors pair, c’est qu’il laisse au public l’espace nécessaire pour réfléchir et travailler un peu par lui-même. Il évite de trop prendre par la main. […]
Nous avons fait plusieurs fins différentes. L’une était uniquement avec [Toni Colette], une autre avec des policiers de chaque côté d’elle, une autre avec des voitures de police derrière elle. Il y avait différents éléments, donc on pouvait potentiellement en tirer des conclusions différentes. Mais ce sont les plus mystérieuses qui fonctionnent le mieux, celles où on se dit : « Ok, que va-t-il se passer ensuite ? Quelle est la bonne chose à faire désormais ? ».
Le génie de Clint Eastwood a toujours été d’embrasser le point de vue de ses protagonistes, plutôt que de nous mâcher le travail. Tout comme Justin est mis face à sa culpabilité, le spectateur est obligé de se mettre dans la peau de cet homme pris dans la tourmente.
Toni Colette (procureur), Nicholas Hoult (Justin)
Toni Colette : « Cette femme a consacré toute sa vie à la justice, à faire ce qui est juste, pour découvrir la vérité. Et il y a tellement d’éléments en jeu pour elle. En fait, beaucoup de choses seront compromises, et elle risque de perdre beaucoup, mais elle doit quand même faire ce qui est juste. C’est une partie innée d’elle-même. »
Nicholas Hoult (Justin) : on lit à livre ouvert dans la conscience du héros du film de Clint Eastwood
Nicholas Hoult : « Justin voit son monde s’écrouler. Il se raccroche à n’importe quoi et panique. Il se dit : « Bon, attends, qu’est-ce que je vais faire ici ? Est-ce que je peux éteindre cet incendie ? Quelle est la prochaine étape ? Ou comment faire tourner tout ça ? » Son cerveau s’emballe et panique. »
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A voir en effet, c’est magistral.
A noter qu’en Amérique les douze jurés sont livrés à eux-mêmes pour délibérer jusqu’à pouvoir se prononcer à l’unanimité sur l’affaire criminelle qui est soumise.
Sauf erreur, il me semble qu’en France les magistrats « encadrent » les membres du jury dans la phase des délibérations. Je relève et m’interroge sur cette différence.
Ils font beaucoup plus qu’encadrer, ils orientent carrément les votes ou ils veulent. C’est d’autant plus facile (j’ai été juré d’assises) que le QI moyen du juré est effrayant !
Il me semblait bien pour l’avoir lu ou entendu il y a longtemps. Merci d’apporter votre témoignage.
Autre difference : j’ai vécu 4 ans aux usa et choisi 2 fois pour être juré ce qui n’a pas été finalement possible n’ayant pas la nationalité américaine. En France ,en 55 ans, jamais et personne de la connaissance ne l’a été.
Merci pour ce bel article.
Je ne peux m’empêcher de penser que tous ces tourments, cette conscience, ce désir profond de justice rendent aussi compte d’une civilisation.
Un mal nécessaire ?!
Aujourd’hui, alors qu’une autre civilisation dont les tourments n’ont absolument rien à voir avec les notes, s’installe durablement, se pose la question brûlante de la survie.
L’age avancé de Clint Eastwood en est le symbole terrible.
Clint Eastwood, un acteur et un réalisateur talentueux. Anecdote, John Wayne, dans un western, devait tirer dans le dos d’un truand en train de boire son whisky au comptoir. Il avait refusé. Je ne tire jamais dans le dos de mes adversaires, aurait-il dit. Le réalisateur lui a déclaré alors : Clint Eastwood l’aurait fait sans hésiter, lui. Merci, Jules pour cet article.