(Illustrations : la cascade Langevin (ou de Grand Galet et sa position sur la carte), île de la Réunion.
Le titre de l’article ne doit pas être confondu avec salade du chef, non on n’est pas au restaurant ! Mais j’avais évoqué récemment les chefs d’orchestre que j’avais pu applaudir lors d’une jeunesse de plus en plus lointaine !
On va commencer avec un maestro d’origine indienne :
C’est peu de temps après l’inauguration du Palais des Congrès situé Porte Maillot à Paris que j’ai assisté à la symphonie Résurrection de Gustav Mahler. Le souvenir que j’en ai est l’acoustique plus que médiocre de la salle, un son beaucoup trop sec. Comme à mon habitude, je commence par une ouverture, Les Vêpres Siciliennes de Verdi.
Daniel Barenboim est l’ingrédient suivant de ma salade :
Barenboim est sans doute le seul interprète ayant réussi à mener de front une carrière de pianiste et une carrière de chef d’orchestre, comme on va le constater dans le morceau suivant. Atteint d’une maladie neurologique, Barenboim a dû cesser ses fonctions le 31 janvier 2023.
Une petite pause ?
Nous allons terminer avec « Lenny » Bernstein et l’orchestre philharmonique de Vienne qu’il a beaucoup dirigé après avoir quitté le New York Philharmonic. J’ai pu assister à un concert avec cet orchestre au théâtre des Champs-Élysées, naturellement sous la direction du chef américain. Au programme les symphonies 2 et 3 de Beethoven. Un superbe concert en perspective et cependant c’est un des pires que j’aie vu : dès l’introduction de la deuxième symphonie, les cuivres, en particulier les cors, ont accumulé les fausses notes (on appelle cela des « cuirs ») que l’on n’accepterait pas d’élèves du conservatoire ! Je pense que Bernstein a dû régler les comptes avec son orchestre !
C’est la quatrième symphonie de Schumann que je vous propose à présent. Cette œuvre conserve les quatre mouvements traditionnels à la différence qu’ils s’enchaînent sans interruption. Bernstein avait déjà enregistré l’intégrale des symphonies de Schumann qui étaient parues chez CBS. Si les critiques avaient été bonnes en ce qui concerne l’interprétation, elles ont été (et avec raison) très sévères sur la gravure. En effet, pour écouter la quatrième entièrement, il vous faut retourner le disque ! Une véritable hérésie, heureusement réparée avec la version CD :
EN BONUS :
Je vais revenir brièvement sur Herbert von Karajan. Tout en reconnaissant ses indéniables qualités de chef, je serais tenté de dire que le personnage était à la musique ce que Vuitton est aux sacs à main, un être inaccessible au commun des mortels. Et parmi les spectateurs qui ont eu le privilège d’assister à ces concerts se trouvaient fatalement des bobos et des snobs dont le seul but était de pouvoir dire aux autres « j’y étais ». Même chose pour le concert du Nouvel An à Vienne dont les meilleures places sont proposées à 1 200 € ! Comme l’a souligné le commentateur Benoît Duteurtre, ces tarifs monstrueux sont réservés à des personnes qui veulent avoir la meilleure vue…mais surtout être vues dans 90 pays ! C’est ainsi qu’une année j’avais aperçu Roger Moore.
Bernstein a toujours voulu partager la musique avec le plus grand nombre, c’est ainsi qu’en 1980, il a organisé deux concerts gratuits au Théâtre des Champs-Élysées à Paris avec au programme le troisième concerto pour piano et orchestre de Rachmaninov (soliste Alexis Weissenberg), les danses symphoniques de West Side Story et la suite orchestrale de On the Waterfront (Sur les quais), la seule musique de film que Bernstein ait composée. (On the Waterfront est un film d’Elia Kazan avec Marlon Brandon). Pour obtenir ses places, il suffisait de les retirer à la billetterie du théâtre. C’est là que les choses se sont compliquées. Quand je suis arrivé, la billetterie n’était pas ouverte et il y avait une queue que j’estimais à 300 personnes, donc pas de problème en principe pour deux concerts dans une salle d’environ 1 500 places. 10 minutes après l’ouverture du guichet, on nous annonce que tout est complet et là, la situation a failli tourner à l’émeute. Les portes du théâtre ont été fermées mais comme j’étais juste devant j’ai pu me faufiler à l’intérieur. Je me suis dirigé vers le guichet avec un air pas tibulaire, mais presque, suffisamment pour impressionner la jeune femme qui a dû penser qu’elle allait subir les pires outrages à sa vertu. « Alors comme ça il n’y a plus de place ? » Mais si me répond la guichetière qui m’en a donné deux, pendant que la police dispersait les manifestants à l’extérieur. Il ne restait plus qu’un groupe de six personnes. Et là quelqu’un a proposé que l’on se rende à la Maison de la Radio pour faire entendre nos revendications. Je ne sais pas si vous connaissez Paris, mais je peux vous dire que de l’avenue Montaigne jusqu’au 116 de l’avenue Kennedy, ça fait une trotte ! Évidemment je n’ai pas dit que j’avais deux billets en poche. Arrivés sur place, nous avons été reçus par un responsable auquel nous avons expliqué nos griefs. Après nous avoir écoutés, il nous a demandé nos noms et adresses. J’ai donné celle de mes beaux-parents et deux jours plus tard ils ont reçu quatre billets ! Comme quoi…lorsque Bernstein a été informé d’un début d’émeute, il a levé les yeux au ciel et s’est exclamé « Ah, Paris, Paris ! »
Je pourrais également citer de cas de Daniel Barenboim, qui le 12 décembre 1989 a dirigé un concert gratuit réservé aux ressortissants de la RDA. Ce rapprochement vers le public aura manqué à Karajan.
Filoxe
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Merci pour tout, le bon goût en plus si je peux me permettre!
Découverte ravie de la musique puissante de Bernstein du film également inconnu de moi « On the waterfront ». Profusion d’images garantie.
Bonjour Filoxe et merci pour vôtre témoignage sur les concert de Lenny, mais savez vous que les « salades » sont un genre musical espagnol? Les ensaladas mélangent différents styles musicaux ainsi que différentes langues où thèmes chantés, je laisse un lien ci-dessous pour exemple :
https://youtu.be/NzWkgrTF8B0?feature=shared
Pour en revenir à Karajan, il a peut-être son importance dans la vulgarisation de la musique chez les néophytes, mais en même temps (je m’excuse pour cette Macron locution), il est en parti responsable de l’image élitiste de la musique dite « classique » qui rebutera certains, donc l’inconvénient annule l’avantage. Bonne fin de semaine.
Merci pour le lien…sauf que la vidéo n’est pas disponible !
Bonjour Filoxe, affirmatif, le lien fonctionne chez moi (France métro). Quand je suis bloqué (vidéos Rumble par ex.), j’utilise le moteur de recherche Brave. Puis le mode « navigation privée ».
Bonjour Filoxe, je viens de contrôler à nouveau le lien que j’ai fourni, il fonctionne parfaitement, pour éviter des confusions, il n’y a que l’audio et pas de video bien sûr. Bon dimanche.
Magnifique photo de la cascade Langevin dans laquelle je me suis baigné il y a moins de 2 mois avant de m’attaquer à la Diagonale des Fous.
Cela dit, encore un merveilleux article ami Filoxe, J’eus aimé que le nom de Furtwängler y soit cité… dommage.
Bonjour Fonzy, vous avez raison de vous intéresser à Fürtwangler, chef d’une notoriété incontestable, mais savez vous qu’il était aussi compositeur, une facette moins connu du personnage ! Je vous met un article en lien qui pourrait vous intéresser. Bonne journée.
https://www.crescendo-magazine.be/furtwangler-compositeur/
Très intéressant. Grand merci.
J’ai cité uniquement des chefs que j’ai vus en chair et en os, c’est pour cette raison que je n’ai pas parlé de Furtwängler!
Merci Filoxe pour tous ces articles. J’adore la musique baroque. Rameau, Couperin, Marin Marais, Lully, etc. J’y retrouve une solennité et la grandeur qui manquent à la France d’aujourd’hui. Merci encore pour le temps que vous nous consacrez.
Vous avez très bon goût cher Argo! Bonne fin de semaine.
Vous m’avez donné une bonne idée, Argo je rédigerai prochainement un article consacré à la musique baroque.