« Spécialiste de l’histoire des États-Unis ». Voici comme Radio France présente Thomas Snégaroff, journaliste maison qui officie à la fois dans Le grand face-à-face tous les samedis sur France Inter et C Politique tous les dimanches soir sur France 5. Un statut d’expert qu’il n’est pas inutile de rappeler tant l’homme n’a pas vraiment brillé dernièrement par la qualité de ses analyses. Souvenez-vous, il y a quelques semaines encore, notre grand spécialiste nous assurait que la campagne de Donald Trump était bien mal embarquée, malmenée par une candidate exceptionnelle et portée par un vent populaire sans précédent. « Oui, il y a une bascule dans l’opinion américaine au profit de Kamala Harris », jurait-il alors. « Moi, je pense que c’est la pire des candidates pour Donald Trump !, analysait-il finement. Tout à coup, Donald Trump apparait comme un vieux mâle blanc face à une jeune femme métisse, très dynamique et compétente sur les dossiers, ça c’est très important. » En plein dans le mille.
« Pour la troisième fois de suite, les sondeurs ont sous-estimé Donald Trump », pointe @thomassnegaroff. ➡️ https://t.co/jQ5Uy028h4
Journaliste et historien, spécialiste des États-Unis, il décryptait les derniers résultats de l’élection présidentielle américaine dans #Le710Inter. pic.twitter.com/vhCsOTZZzc
— France Inter (@franceinter) November 6, 2024
Confrontés à ses pronostics pour le moins hasardeux, le « spécialiste » n’en finit plus, depuis la victoire de Donald Trump, de courir les plateaux afin de se justifier et d’affirmer qu’on l’avait mal compris. « Franchement, vous vous attendiez plutôt à une élection de Kamala Harris ? », lui demanda, un peu moqueuse, Léa Salamé dans l’émission Quelle époque ! de samedi dernier. « Ah non ! Non, non non », balaya alors Thomas Snégaroff, avant de concéder qu’il avait peut-être un peu surestimé les capacités de Kamala Harris. Mais il ne faut pas lui en vouloir : cette erreur d’analyse s’explique par un « coup de com’ extraordinaire » de Donald Trump. « Il a empêché les Américains de savoir qui est Kamala Harris. Comment voulez-vous gagner une élection présidentielle comme ça ? » C’est vrai ça, les médias n’en ont pas fait assez sur la candidate démocrate. Ils sont restés absolument muets sur son magnifique profil de femme racisée, son passé de procureur intransigeante, ses innombrables soutiens dans le star-system, son fabuleux mari et jusqu’à ses talents de cuisinière. Si elle n’a pas reçu l’adhésion du peuple américain, c’est de la faute du « coup de com’ » de Trump. Totalement imprévisible, donc.
C’est pas moi, m’sieur !
Si vous cherchez quelqu’un à blâmer, allez voir ailleurs, semble nous dire le spécialiste. « Pour la troisième fois de suite, les sondeurs ont sous-estimé Donald Trump, jurait-il le 6 novembre sur France Inter. Ils ne savent pas comment sonder des gens qui détestent tellement le système qu’ils ne disent pas pour qui ils vont voter, et qui parfois disent Harris rien que pour embêter tout le monde. »
Et puis, il y a cette campagne éclair menée par la candidate démocrate. « 100 jours, on n’a jamais vu ça dans l’histoire américaine », explique le spécialiste, comme s’il avait découvert cette donnée au lendemain de l’élection. Un argument qu’il a encore développé le 10 novembre sur France Culture. Car, en dépit de la piètre qualité de ses analyses, l’homme a été invité par la radio afin d’expliquer aux auditeurs les raisons du succès de Trump. « Kamala Harris, c’est 100 et quelques jours de campagne », répéta-t-il.
Se gardant bien d’évoquer l’overdose de wokisme qui a contribué au fiasco démocrate, l’expert de service public a en revanche dévoilé une autre raison tout à fait surprenante de la victoire des républicains : le « clivage énorme »entre les diplômés et les non-diplômés. « Il y a un raz de marée !, s’exclama-t-il, dressant un parallèle avec le vote RN en France. Là, on a une clé de compréhension du vote et de ce qui l’a justifié ! ». En clair, les bouseux sont de droite, et les intelligents sont de gauche. Ça vole décidément de plus en plus haut sur France Culture.
Critiques interdites
Le 7 novembre encore, Thomas Snégaroff était mis en avant par France Télévisions, visiblement bien décidé à réhabiliter son expert attitré. Au cours de cette séance de questions-réponses, il lui fut demandé si la couverture médiatique de la campagne américaine n’avait pas, à tout hasard, été quelque peu « biaisée ». « Je ne sais pas trop bien quelle est la question, répondit l’expert, faisant mine de ne pas comprendre. Il y a une petite musique qui court dans les milieux trumpistes, y compris français, que les journalistes auraient tous dit que Kamala Harris allait gagner l’élection présidentielle américaine. C’est pas vrai. Personne n’a dit ça. Moi, on me ressort une vidéo de l’été 2024. (…) C’était juste une analyse du moment ! Je ne suis pas sûr qu’on ait intérêt à importer en France l’ambiance du combat médiatique et culturel des États-Unis… » Évidemment, il est plus agréable pour les spécialistes autoproclamés de n’être jamais critiqués, même lorsqu’ils disent des énormités.
Sous cette vidéo YouTube, les commentaires n’ont pas été tendres. « Allez, laissons parler l’expert ! », a ironisé un internaute. « C’est fascinant cette incapacité à prendre un pas de recul sur ce que vous avez dit », a ajouté un autre. Mais, après cette dernière critique, les commentaires ont été sagement bloqués par France Télévisions… Parce qu’ils visaient juste ?
https://www.bvoltaire.fr/thomas-snegaroff-operation-rehabilitation-dun-expert/
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À France Info il y a aussi des experts judiciaires, ceux qui avant les autres avaient annoncé l’arrestation de Xavier Dupont de Ligonès il y a cinq ans en Ecosse.