L’automne en Russie, saison qui a inspiré la peinture, la musique, la littérature

Ci-dessus : la Cathédrale Saint-Nicolas-des-Marins à Saint-Pétersbourg, Russie

L’automne en Russie est une période qui a inspiré de nombreux artistes, écrivains et compositeurs à travers les siècles. Cette saison, avec ses couleurs flamboyantes et sa mélancolie, évoque des sentiments profonds et une beauté éphémère qui se reflètent dans diverses formes d’art.

Peinture
Dans la peinture, l’automne doré est souvent représenté par des artistes russes tels que Isaac Levitan ou Fiodor Vassiliev. Levitan, par exemple, est célèbre pour ses paysages qui capturent la lumière et les couleurs de l’automne. Ses œuvres, comme « L’Automne » ou « Le Lac », montrent des paysages russes baignés dans des teintes dorées et orangées, évoquant la tranquillité et la beauté de la nature à cette époque de l’année.

Musique
En musique, l’automne a également été une source d’inspiration. Des compositeurs comme Piotr Ilitch Tchaïkovski et Sergei Rachmaninoff ont créé des œuvres qui évoquent les sentiments de nostalgie et de beauté associés à cette saison. Par exemple, le mouvement « Automne » de « Les Saisons » de Tchaïkovski capture l’essence de cette période avec des mélodies douces et mélancoliques. La musique folklorique russe, avec ses chants et ses danses, évoque également les thèmes de la nature et des saisons.

Littérature
Dans la littérature, l’automne est souvent un symbole de transition et de réflexion. Des écrivains comme Anton Tchekhov et Fiodor Dostoïevski ont utilisé cette saison pour explorer des thèmes de solitude, de perte et de beauté fugace. Dans ses nouvelles, Tchekhov décrit souvent des paysages automnaux qui reflètent l’état d’esprit de ses personnages. Dostoïevski, quant à lui, utilise l’automne pour évoquer des réflexions profondes sur la vie et la condition humaine.

L’automne sur l’île de Kizhi en Carélie ⁠:

République de Crimée :

« L’automne étend son voile de brume, / Les souvenirs s’accumulent comme des feuilles mortes, / Une beauté douloureuse, une clarté troublante. »

Vladimir Nabokov – « L’Invitation au supplice » Nabokov évoque l’automne comme un temps de réflexion, de nostalgie et de désillusion, capturant l’essence de la mélancolie.

Paysages d’automne à Serguiev Possad, région de Moscou, Russie :

« Regarde ces cerisiers, ils sont comme nos souvenirs : éclatants un moment, puis flétris sous le poids de l’automne. » Anton Tchekhov – « La Cerisaie »

Dans cette pièce, l’automne symbolise le changement et le passage du temps, représentant la perte et la nostalgie d’un passé révolu.

« Dans le vent d’automne, j’entends la mélodie des cœurs en émoi, / Chaque feuille qui tombe murmure le nom de celui qui s’en va. » Marina Tsvetaeva – « Poèmes »
Marina Tsvetaeva  utilise souvent l’automne pour explorer des thèmes de perte et d’amour, ses vers évoquant la beauté tragique de cette saison.

« Le ciel était bas et gris, les feuilles tourbillonnaient au sol. Dans cette lumière sombre, les pensées de chacun se faisaient plus lourdes, comme un automne sans fin. » Fiodor Dostoïevski – « Les Frères Karamazov »

Dans ce roman, l’automne est souvent utilisé pour évoquer les états d’âme des personnages. Les descriptions de la nature reflètent les tumultes intérieurs et les conflits émotionnels.

« Les feuilles tombent, dans un frisson, / La mélancolie s’invite au cœur. / Chaque souffle d’air, un soupir, / Dans ce tableau d’automne en labeur. » Alexandre Pouchkine – « Le Dernier poème »

Pouchkine évoque la beauté et la tristesse de l’automne dans ses poèmes. Il décrit la nature qui se transforme, soulignant à la fois l’éphémère et la nostalgie.

Surprise…

Quand Serge Gainsbourg  chantait  en russe… 

Vieille Valse “Rêve d’automne”:

D’un bouleau, silencieuse et très légère,
Tombe une feuille jaune.
Un harmoniste joue
Une vieille valse « Rêve d’automne ».
On soupire, se plaint, d’une voix de basse,
Et, comme si on oubliait tout,
On est assis à écouter les combattants –
Mes camarades.

Gainsbourg était un grand amateur de littérature et de poésie, s’inspirant souvent de poètes comme Pouchkine. 

Automne doré

Vassili Polenov. Automne doré, 1893

Ivan Tourgueniev

« Mon Dieu, que c’est donc beau l’automne… pas quand il fait, sale et crotte – (vos pflia, pflia sont parfaits de vérité) – mais quand le ciel est bien transparent, bien pacifique… Il y a du Louis XIV vieillard dans un beau jour d’automne… Vous allez vous moquer de ma comparaison ; Eh bien tant mieux ! », s’extasiait Ivan Tourgueniev dans une de ses lettres à Pauline Viardot.

Isaac Levitan. Automne doré, 1895

Ivan Tourgueniev attendait aussi que l’automne lui apporte l’amour : « J’écris à Skatchkov que cela sent la poudre. Quelle absurdité que cette malheureuse crise politique. Pour moi, il y a de l’amour dans l’air. C’est une saison très, très fatale. Quel original je suis devenu ! Pour les autres, c’est le printemps, mais pour moi, c’est cette calme tristesse de la nature, ce ciel bleu clair, ces tapis de feuilles jaunies sur les longues allées, ses branches brunes dénudées, le cri des mésanges, tous les charmes de l’automne captivent mon cœur, je languis, je suis prêt à aimer ».

Ami de Flaubert et de Maupassant, Ivan Tourgueniev, né en Russie en 1818, a vécu à Bougival (Yvelines) de 1874 à sa mort. Sa maison abrite un musée.

Voir article : Tourgueniev : le plus Français des auteurs russes.  

Photos : https://fr.news-pravda.com/world/2024/10/04/256975.html

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6 Commentaires

  1. C’est magnifique ! Ca donne envie d’y aller. Un livre « les corps indécents » récit de jeunes gens désireux de s’installer en Russie pour fuir au plus vite un Occident dégénéré, pervertie, invite au voyage. On en apprend des choses sur la Russie. C’est un pays romantique et accueillant.

  2. Merci Jules pour ces magnifiques images et ce texte. Une bouffée de nostalgie et de beauté.

    L’automne est déjà là, l’été vient de mourir, et la nature en porte le deuil. Le vent m’apporte comme une rumeur des temps anciens et de mes amours mortes. Les calvaires m’indiquent avec leurs moignons de croix les routes du Ciel. Serai-je encore là au prochain été ?

  3. Maupassant aimait à surnommer Tourgueniev « le geant ». Merci encore Jules pour vos merveilleux articles qui sont un îlot de paix parmi le tumulte ambiant. J’attends avec impatience le prochain. Bonne journée.