Radicalisation sur TikTok : comment les islamistes influencent les jeunes musulmans

TikTok est également apprécié chez les jeunes musulmans. Les influenceurs islamistes en touchent des millions sur la plate-forme. Ils propagent leurs opinions radicales par l’intermédiaire de sujets du quotidien.

Le service d’information et de conseil sur l’extrémisme « Salam » à Halle observe de quelle manière les influenceurs islamistes accélèrent la radicalisation des jeunes sur des plates-formes comme TikTok. Hans Goldenbaum, spécialiste des sciences sociales et de l’islam, dirige le service de consultation.

Hymnes de l’EI également sur Telegram

Goldenbaum montre sur son smartphone une conversation sur l’application Telegram, par laquelle les hymnes de l’EI sont diffusés en plusieurs langues, dont l’allemand. Elle passe un clip audio : « Camions pleins d’explosifs, adieux pleins d’affection, Maman ne soit pas triste, ton fils part chez Allah. »

Des contenus sont partagés anonymement sur Telegram et repris par d’autres réseaux, si bien qu’on peut difficilement les suivre, explique Goldenbaum.

La radicalisation des jeunes commence souvent de manière rampante. Un exemple en est l’influenceur islamiste Abul Baraa, qui réside en Allemagne et atteint un public d’un million de personnes. Dans ses vidéos, il traite des questions de tous les jours : les musulmans ont-ils le droit d’écouter de la musique ou peuvent-ils travailler dans un supermarché ?

TikTok : contenus non pas musulmans, mais islamistes

Son groupe cible : les utilisateurs de TikTok. Cinquante-trois pour cent des utilisateurs en Allemagne font partie de la génération Z, donc les personnes entre 14 et 27 ans. Sur TikTok, Abul Baraa compte plus de 80 000 abonnés, sur YouTube ses vidéos ont été regardées plus de 28 millions de fois.

Le chercheur en extrémisme, Ahmad Mansour avertit que les jeunes qui s’intéressent à des sujets de ce genre atterrissent dans les structures islamistes et non musulmanes.

Cela commencerait de manière insidieuse et viserait à intégrer les gens dans une certaine compréhension de l’islam puis à les radicaliser. Mansour souligne que, sur TikTok, on trouve presqu’exclusivement des contenus islamistes et non pas musulmans.

La sécurité du territoire surveille plusieurs réseaux

Depuis le 7 octobre 2023 et l’attaque du Hamas contre Israël, les messages de haine se sont multipliés de façon massive sur les réseaux sociaux. Mansour parle d’un « tsunami de propagande ».

La sécurité du territoire surveille les groupements tels « Realität Islam », « Génération Islam » et « Muslim Interaktiv », qui évoluent à proximité idéologique de « Hizb ut-Tagir » – le mouvement qui aspire à un califat et a été interdit en 2023.

Lors d’une manifestation de « Muslim Interaktiv » au printemps 2024, les partisans ont exigé un califat en Allemagne. Le groupement est proche du mouvement interdit « Hizb ut-Tahrir ».

Le syndicat de la police demande plus de pouvoirs

La chercheuse en éducation, Nina Kolleck voit les dangers avant tout dans l’algorithme de TikTok, qui serait promoteur de l’extrémisme. Elle qualifie TikTok d’accélérateur de feu. « De tels groupements renvoient ensuite à d’autre plates-formes comme Telegram. » TikTok serait le commencement en matière de processus de radicalisation.

Les auteurs d’attentats ne seraient pas uniquement des personnes immigrées, il existerait aussi un potentiel de radicalisation « dans le propre pays », selon l’anthropologue sociale, Schröter.

Le Syndicat de la police demande plus de pouvoirs et de moyens financiers pour arriver à contrôler la situation. « Un enregistrement des adresses IP pour les services de sécurité contribuerait à obtenir plus d’informations par la suite », dit Jochen Kopelke, président fédéral du Syndicat de la police.

Projets de jeunes contre la haine et la propagande

Le service de consultation « Salam » a lancé un projet de jeunes à Halle pour combattre la haine et la propagande sur Internet. L’objectif est de créer des offres de loisirs pour les jeunes migrants.

Mostafa Junbaz, qui est au club aujourd’hui pour jouer au billard, déclare : « Si nous nous ennuyons, nous pouvons venir jouer ici et discuter entre nous, cela fait beaucoup plaisir ». Kinana Khalil aimerait bien venir plus souvent ici, mais n’y arrive pas pour une question de temps. Elle souligne toutefois : « Pour moi, c’est très important, parce que nous passons du temps ensemble et avons du plaisir. »

Hassan Rascho

Traduction de Jean Schoving pour Résistance républicaine

https://www.zdf.de/nachrichten/politik/deutschland/islamistisch-influencer-jugendliche-radikalisierung-100.html

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