Des pierres anciennes indiquent des lieux de sépulture dans la steppe ouverte de Khakasie
L’« hypothèse kourgane » des premiers Indo-Européens
Les traces des peuples anciens de Russie ont longtemps été délaissées par l’Occident. Quel dommage !
Il y a longtemps, on est allé jusqu’ à imaginer que les Indo-Européens venaient du Moyen-Orient.
Jusqu’au jour où Marija Gimbutas, en synthétisant les découvertes archéologiques soviétiques jusqu’alors ignorées par l’Occident, élabore l’« hypothèse kourgane » en 1956.
Cette hypothèse, qui a eu de fortes répercussions sur les études indo-européennes, suppose une expansion progressive de la « culture kourgane » depuis son bassin originel des régions du Dniepr, du Don et de la Volga (première moitié du IVe millénaire avant notre ère), jusqu’à embrasser la totalité de la steppe pontique durant l’âge du bronze (première moitié du IIIe millénaire avant notre ère).
Marija Gimbutas, la principale chercheuse à l’origine de cette hypothèse qui est maintenant majoritaire au sein de la recherche sur les Indo-européens, insiste sur la diffusion de la métallurgie du bronze pour suivre la dispersion des peuples de culture kourgane et elle définit le kourgane comme une évolution culturelle qui « provoque un changement spectaculaire en Europe ».
Définition du « kourgane » : c‘est un tumulus funéraire que l’on trouve principalement dans la steppe russe.
À partir du XIXe siècle, les fouilles ont mis au jour des tombes à tumulus ou à kourgane, dans lesquelles les archéologues ont découvert des ossements de chevaux, des objets de cuivre et des petites maquettes de chariots en argile, appuyant l’origine steppique de la culture des kourganes et montrant son unité culturelle sur un vaste espace géographique.
Carte de l’expansion des populations à kourganes.
Dès le XVIIIe siècle l’Académie des sciences avait envoyé l’historien Miller étudier ces tombes gigantesques; puis le géographe Pallas, Français au service de l’empire russe, vint faire ses magnifiques relevés de flore et de faune (à feuiller sur Gallica).
Pétroglyphe de la Vallée des Rois
Invitation au voyage…
…Depuis Abakan la capitale de la république russe de Khakassie, on atteint la « Vallée des Rois », où se trouvent environ 30 tumulus datant du IVe-IIIe siècle avant J.-C.
Le point culminant du voyage est le Grand Tumulus Salbyk, construit sur la tombe d’une famille noble et fouillé par des archéologues en 1954-56. Il mesurait 0,5 km de périmètre et 11,5 m de haut, le poids des pierres pouvait atteindre 60 tonnes.
C’est l‘un des plus grands tumulus du monde. Le nom « Salbyk » vient de la large vallée, dans laquelle se concentrent de nombreux tumulus plus petits. Littéralement, le nom se traduit par « plaine ». Les archéologues pensent qu’il a été construit il y a environ trois mille ans, comme tombeau d’une famille noble (probablement impériale), d’une des tribus de la culture Tagar, voire d’une union de tribus, car la construction d’un bâtiment aussi grandiose aurait été au-delà des forces d’un petit groupe de nomades. La culture Tagar est l’une des tribus scythes qui habitaient le territoire de la Sibérie à l’âge du bronze et du fer. Le tumulus pouvait contenir une chambre funéraire, dans laquelle ont été retrouvés les restes de sept corps enterrés à des époques différentes. Dans la chambre funéraire, la porte (entrée) suivait un couloir (dromos), dans lequel il était possible d’entrer dans la crypte.
Orthophotographie d’une stèle ornée exposée au musée en plein air du village de Poltakov
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Tous ces peuples euro-sibériens très anciens, ancêtres directs des Scythes et des Sarmates, étaient de sacrés conquérants! Même les femmes Scythes et Sarmates n’hésitaient pas à prendre les armes en cas de besoin, tout comme certains peuples Nordiques… Ces femmes guerrières de l’immense espace Eurasien et Russe sont certainement à l’origine de la légende grecque des « Amazones ». On a même retrouvé des Kourganes où étaient enterrées de telles femmes guerrière, avec leurs armes, et parfois même avec les crânes de leurs victimes!…
Voilà nos véritables racines.
Le mystérieux « Kurgan » de Highlander et Conan le barbare cimmérien prennent une autre tonalité de souffle originel.
Merci, bien nommé monsieur Ferry.
Bonjour,
Merci Jules pour cet article.
Je venais justement de finir de lire, très difficilement à l’hosto, le livre ancien de JP Roux sur les Turcs.
L’auteur, fasciné par son sujet, est extrêmement turcophile.
Je me suis fait ma petite idée personnelle, à sa lecture, d’une poussée européenne vers l’Asie constamment contrecarrée par une poussée turco-mongole vers l’Europe : un balancier permanent sur des millénaires !
Le bassin du Tarim, il y a 3000 ans, était, par exemple, peuplé d’Européens.
Ce qui m’a le plus frappé dans le livre de Roux, c’est le chapitre final : alors qu’encore dans les année 60, les Russes exercent une puissante pression démographique en Asie centrale ; brusquement tout s’effondre dans les années 70.
C’est très mystérieux : partout l’Occident se rétracte …
Année 70, mai 68 interdit d’interdire, jouir sans entraves, après moi le déluge, je veux vivre.
Bonjour,
Oui,mais en partie seulement parce que 68, en URSS, ça n’a pas existé ???
Je pense plutôt à un effondrement psychique européen après les horreurs du 20ème siècle : Léninisme, Stalinisme, Hitlérisme etc etc