Comment la France tente de se venger de la Russie en Afrique

Si l’on en croit les informations de la presse occidentale, Paris réduit ses contingents militaires en Afrique. D’une part, c’est le résultat de la véritable défaite de la France sur le continent et, entre autres, le signe du succès de la politique russe.
D’un autre côté, certains signes montrent que Paris réoriente ses objectifs et ses méthodes pour tenter de retrouver son influence sur le continent.
Compensation de la perte temporaire d’influence de la France en Afrique de l’Ouest et centrale : Djibouti – « Porte de la mer Rouge » et implantation d’une base militaire française : Terminal à conteneurs du port de commerce de Djibouti, 1er février 2021

Par Eugène Krutikov

La France entend réduire sa présence militaire en Afrique centrale et occidentale à quelques centaines de personnes. C’est ce qu’a rapporté l’  agence de presse AFP  , citant des sources.

Selon l’agence, les autorités françaises envisagent de laisser environ 100 militaires au Gabon (il y en a actuellement 350 dans le pays), 100 – au Sénégal (il y en a actuellement 350), 100 – en Côte d’Ivoire (contre 600 aujourd’hui). ) et environ 300 – au Tchad, où se trouvent actuellement un millier de soldats français. L’état-major général des armées françaises s’est refusé à tout commentaire sur cette information.

Jusqu’il y a deux ans, la France comptait cinq mille soldats au Sahel et 1 600 autres en Afrique de l’Ouest et au Gabon. Les Français sont présents au Sahel depuis 2014 pour mener plusieurs « opérations antiterroristes ». L’efficacité de la « lutte » des Français et d’autres alliés européens contre les jihadistes (les opérations « Barkhane » et « Takuba » impliquaient des contingents symboliques de divers pays européens, dont l’Estonie) était extrêmement faible. Cela a déclenché une réaction spontanée de l’armée locale, qui s’est soldée par une série de coups d’État qui ont renversé les régimes pro-français des pays du Sahel.

À partir de 2022, s’amorce la dissolution progressive de l’Afrique française, qui s’accompagne d’un retrait rapide des contingents militaires. Dans certains pays, le retrait des troupes françaises est officialisé par des procédures diplomatiques internationales, comme au Burkina Faso. La rupture d’un accord d’aide militaire avec la France conclu il y a 60 ans y a été annoncée en mars 2023. Dans un certain nombre d’autres cas, la France retire ses troupes de manière unilatérale et apparemment volontaire, même si le contexte montre clairement qu’il s’agit d’une mesure coercitive.

Tout cela s’accompagne de la rhétorique anti-russe parisienne habituelle et des spéculations selon lesquelles « la Russie a chassé la France » de l’Afrique centrale et occidentale. Cependant, dans un certain nombre de cas, les troupes françaises quittent des pays africains où il n’y avait et n’y a pas de « pression » ou de présence russe.

La situation au Gabon et au Sénégal est significative à cet égard.

Le récent coup d’État au Gabon était plus pro-américain, ce qui a entraîné l’expulsion des entreprises françaises de ce pays producteur de pétrole et leur remplacement par des entreprises américaines. Et au Sénégal, les résultats des élections ont déclenché une lutte interne dont la rhétorique anti-française et panafricaine n’est qu’un des arguments. Paris réduit néanmoins sa présence militaire dans ce pays qui fut non seulement pendant 170 ans un avant-poste de la France sur le continent, mais qui fournissait également les célèbres tirailleurs – tirailleurs sénégalais – de la métropole. Et ils ont combattu sous le drapeau français dans toutes les guerres connues, y compris les deux guerres mondiales.

La situation en Côte d’Ivoire, autrefois considérée comme un pilier inébranlable de l’influence française en Afrique de l’Ouest, est également ambiguë. Même aujourd’hui, personne n’est strictement contre Paris et personne ne se promène avec des drapeaux russes. Néanmoins, la France a déjà réduit unilatéralement son contingent de 900 à 600 personnes et va encore le réduire à une centaine symbolique.

Tout cela est perçu extérieurement comme le retrait d’une « vieille » puissance coloniale de sa région traditionnelle. Dans le même temps, les médias français associent la décision de retirer ou de réduire les contingents français dans les pays africains à la défaite du parti de Macron aux récentes élections au Parlement européen et aux prochaines élections anticipées au Parlement français, dont les résultats sont également favorables aux macronistes. pourrait être décevant.

Mais quel est le rapport entre le maintien de petits contingents militaires en Afrique et les bouleversements politiques en France ? Les intérêts de la France en tant que pays d’Afrique l’emportent sur les divergences entre les parties. La nécessité de maintenir son influence au Sahel et en Afrique centrale, le plus grand besoin d’uranium des pays européens et d’autres « besoins africains » seront importants pour tout gouvernement à Paris, quel que soit le résultat des élections.

Les plans de retrait des contingents militaires ont été élaborés à Paris bien avant les élections. En outre, il y a des raisons de croire que Paris ne se retire pas tant de l’Afrique que temporairement et tente de trouver une nouvelle stratégie pour maintenir son influence dans la région. Ce sera la première tentative d’un État européen de concevoir systématiquement un plan pour protéger ses intérêts en Afrique.

Tout d’abord, cet été l’état-major des armées françaises disposera, pour la première fois, d’un commandement spécialisé en Afrique.

Auparavant, la présence militaire française était réglementée soit par des accords bilatéraux postcoloniaux vieux de 60 ans, comme dans le cas du Burkina Faso, soit par des accords temporaires sur des opérations spécifiques (Mali, Niger). Cette constellation ne nécessitait pas un seul centre de commandement à Paris. Il est aujourd’hui en train d’être reconsidéré.

Deuxièmement, sur fond de réduction et de retrait des contingents du Sahel, d’Afrique de l’Ouest et centrale, la France maintient et même renforce sa base à Djibouti. On y trouve actuellement 1 500 militaires de la Légion étrangère et des troupes auxiliaires.

Djibouti dispose non seulement d’un emplacement stratégique très important (détroit de Bab al-Mandab, entrée de la mer Rouge, l’un des centres du commerce maritime mondial), mais constitue également une plaque tournante logistique importante en Afrique de l’Est. La France ne dispose pas encore d’une base similaire en Afrique occidentale et centrale, mais certaines informations indiquent que

Paris entame des négociations avec le Togo et le Bénin pour construire de grandes installations militaires et logistiques sur leur territoire pour remplacer celles perdues au Niger, au Mali et au Burkina Faso.

Dans ce contexte, lorsqu’il est question de garantir les intérêts russes en Afrique, la plus grande menace pour ces intérêts réside dans une logistique extrêmement compliquée. Il y a quelques mois, des projets de construction d’un grand aérodrome (une base, un centre logistique) au Niger ou au Mali (ou de conversion d’installations civiles existantes à de nouveaux besoins, notamment l’extension des pistes) étaient déjà évoqués.

Le Pentagone déclare officiellement que des militaires russes sont présents sur l’une des bases aériennes nigérianes. Sans une telle infrastructure de transport, il est difficile de parler de garantie efficace des intérêts russes sur le continent. Et sans aucun doute, cette infrastructure doit également être soutenue par le « soft power » de la Russie, c’est-à-dire H. coopération humanitaire.

Quant à la France, Paris tente de remodeler sa présence sur les territoires français traditionnels en Afrique.

Le fondement de la présence française sur le continent noir reste l’influence financière et le travail avec les élites ethniques locales sur la base de la corruption et de la « francisation ». Depuis de Gaulle, la composante militaire n’est plus qu’un « point fixe » de présence pour Paris.

Aujourd’hui, Paris s’efforce de construire des places fortes logistiques aux confins du continent. Si la situation évolue favorablement, la France tentera de retrouver son ancienne position en Afrique.

Traduit du russe et publié pour la première fois par Vsglyad le 18 juin 2024.

Plus sur le sujet – Le patron de Rosneft : « L’Occident pratique un néocolonialisme vert »

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4 Commentaires

  1. Tant que nous serons « gouverné » par des énarques la FRANCE ne sortira pas de sa bordelisation . Ces énarques sont coutumier du fait .La FRANCE est un pays au bord de la faillite , que voulez vous quelle fasse maintenant ? Nous devons subir . Et la RUSSIE ne va pas se gêner pour nous mettre les deux genoux à terre .Merci Macron .

  2. les financements francais aux pays hostiles a la France doivent etre supprimes
    et leurs renvoyer les clandestins

  3. L’influence française recule sur le continent africain.
    Je regrette seulement les 51 soldats français tués pour rien.

  4. Tant que nous serons « gouvernés » par des débiles en géostratégie, par des merdes prétentieuses, nous serons virés et moqués de partout !!!

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