(Illustration : la forteresse de Vyšehrad à Prague avec la basilique Saint-Pierre Saint-Paul (remarquez le nom du bateau). En médaillon : Bedřich Smetana).
Bedřich Smetana est un compositeur tchèque né à Litomyšl le 2 mars 1824 et mort à Prague le 12 mai 1884. Il est surtout connu chez nous pour la Moldau (Vltava), poème symphonique extrait du recueil Má Vlast (Ma Patrie) qui en comprend cinq autres. On lui connaît aussi son opéra La fiancée vendue. Pour le bicentenaire de sa naissance, j’ai décidé de lui rendre hommage avec le cycle complet Má Vlast. Trois poèmes seront abordés ici, les trois autres dans l’article suivant.
Mais ne dérogeons pas à la règle, avec l’ouverture de l’opéra Libuše, que Smetana écrivit entre 1868 et 1872.
Má Vlast est un cycle de six poèmes symphoniques composés entre 1874 et 1879. Smetana ne les entendit jamais, devenu totalement sourd en 1874 à cause de la syphilis.
1. Vyšehrad
Vyšehrad (ou château-fort de la vieille ville de Prague) est une colline qui domine la rivière Vltava à l’entrée de Prague. De la forteresse d’origine ne restent plus que des ruines. Sur la colline se dresse la basilique Saint-Pierre Saint-Paul.
« Le thème principal de ce premier volet est d’abord joué à la harpe. Sa solennité évoque le légendaire barde tchèque Loumir. Ce thème est joué crescendo jusqu’au tutti orchestral. Puis la musique s’anime, c’est l’écho des batailles qui se sont déroulées autour de la forteresse. Puis tout se calme, le beau thème initial revient, avec quelques variations, jusqu’à la conclusion ».
2. Vltava
Ce poème est plus connu sous son nom allemand de Moldau. J’ai déjà eu l’occasion de l’évoquer dans un article paru il y a quelques mois. Vltava est l’œuvre la plus connue de Smetana au point qu’elle a occulté tout le reste du cycle Má Vlast. Comme pour le premier volet, je vous présente le spectre audio avec les différentes parties parfaitement distinctes :
Petites précisions : ce que nous appelons « les Ondines » sont les fées de la rivière, elles sont nommées Rusalka par les tchèques. Leur apparition est symbolisée par des arpèges de harpes. Les rapides de Saint-Jean n’existent plus, un barrage a été construit à la place. À l’époque de Smetana, les rapides représentaient un réel danger et beaucoup y ont laissé leur vie. Ce sont les piccolos qui évoquent les cris des trépassés. À l’entrée de Prague, le thème principal de Vltava passe du mode mineur au mode majeur ; le thème de Vyšehrad s’entend de nouveau avant que la rivière ne s’en aille rejoindre l’Elbe, à une vingtaine de kilomètres.
3. Šárka
Šárka est une figure légendaire de la culture tchèque. C’est une Amazone, qui, avec sa troupe de vierges guerrières, se vengent des hommes qui leur ont manqué de respect. Le poème symphonique de Smetana débute dans la violence, il évoque la colère de Šárka. Puis on entend comme une marche, c’est la troupe de Ctirad qui approche. Šárka, l’ayant repérée, se fait attacher à un arbre et se lamente pour être libérée. Ctirad arrive et tombe amoureux. Plus tard, une grande fête a lieu dans le campement de Šárka avec toute la troupe de Ctirad. Une fois les hommes endormis (enivrés à l’hydromel et certainement drogués), un signal retentit au cor et les femmes massacrent toute la troupe.
Statue de Šárka et Ctirad à Vyšehrad
Ctirad tué par Šárka
On se retrouve bientôt avec les trois autres poèmes !
Filoxe
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Très bel hommage, Filoxe !
Un peu inattendu dans ces pages, mais je ne suis pas contre.
Je connais le nom de Bedrich Smetana depuis mon enfance et j’ai toujours adoré la Moldau, poème symphonique. Mais je dois dire, un peu piteusement, que je ne connaissais même pas les autres.
Cela dit, ils n’étaient pas mis en valeur par les marchands de disques.
Encore merci !
La musique de l’hymne d’Israël est tirée de la Moldau.
Quelle oeuvre magnifique qu’est « ma patrie », smetana est avec Dvorak, un des composteur tchèque les plus connus, il y a en a d’autres, comme Janacek ou Novak, il serait peut-être d’ailleurs intéressant, de faire un article sur les compositeurs tchèques, ils le méritent amplement. Smetana fut surtout un compositeur d’opéra, la fiancée vendue, Libuse, bien sur, mais aussi Dalibor, les deux veuves, le mur du diable, le baiser… ceux ceux-ci sont toutefois moins connus mais merite le detour!
Effectivement j’aurais pu évoquer Janacek et son opéra Sarka. En fait j’y ai pensé mais l’article était déjà parti. Vous avez peut-être remarqué que pour chaque poème de cet article, le chef était Kubelik. Ce sera pareil pour la prochaine fois, plus un lien avec le même chef mais devant son orchestre. Kubelik fut un très grand interprète de Smetana et Dvorak.
Filoxe, oui Kubelik fit beaucoup pour la musique tchèque et si on veut retrouver « l’ authenticité nationale », il y a Carel Ancerl ou Zdenĕk Chalabala. Il existe aussi un beau film en dvd de la Fiancée vendue, il est dispo en DVD, je n’ai trouvé qu’un extrait de mauvaise qualité, je mets le lien en dessous.Bonne journée.
https://youtu.be/mqEOn5C9Gdo?feature=shared