Le chef du mois : Andrés Orozco-Estrada

Le mois précédent j’ai évoqué Karl Böhm, né en 1894 et mort en 1981. Cette fois je vais me tourner vers la jeune génération avec Andrés Orozco-Estrada, né à Medellín le 14 décembre 1977. (Hasard du calendrier, exactement une semaine plus tard naissait en la noble cité d’Amiens un individu dont il paraîtrait qu’il soit devenu chef d’État en 2017, puis en 2022. Personnellement je ne vois pas du tout de qui il s’agit, ni dans quel pays il « exerce », merci de me rafraîchir la mémoire dans vos commentaires).

Comme à mon habitude, je ne vais pas m’étaler sur la biographie du chef colombien que vous trouverez facilement sur Wikipédia. J’ai découvert Orozco-Estrada sur la chaîne YouTube dont voici l’adresse :

https://www.youtube.com/results?search_query=hr+sinfonieorchester

Orozco-Estrada a été le chef principal de l’Orchestre symphonique de Francfort de 2014 à 2022. Il nous a laissé une pléthore d’enregistrements dont une intégrale absolument superbe des symphonies de Beethoven, mais aussi des symphonies de Schubert. Pour ce concert nous allons commencer par une…ouverture, natürlich ! Ruslan et Ludmilla de Glinka :

J’ai déjà donné un avis personnel sur les chefs d’aujourd’hui, en affirmant que la relève des maestros du siècle dernier était parfaitement assurée. Je sais que tout le monde n’est pas d’accord, s’appuyant sur le fait qu’en 2024 il n’y a plus de chefs prestigieux, ce qui n’est pas faux, mais il faut remonter dans le temps. Vous souvenez-vous de cet objet ?

 

Eh oui, j’ai connu cela, un poste de radio avec le tourne-disque sur le dessus, une tête de lecture que l’on pouvait faire pivoter pour lire d’un côté des 33 et 45 tours et de l’autre les 78 tours.

Pas de modulation de fréquence, mais des Grandes Ondes, des Petites Ondes et des Ondes Courtes avec des noms très étranges : Beromünster, Stavanger…j’ai appris depuis que Beromünster se trouve en Suisse et Stavanger en Norvège. C’est sur cet appareil que j’ai écouté les premiers disques classiques de mes parents.

Le 14 novembre 1943, les Américains étaient pendus à un appareil du même genre pour écouter un concert dirigé par un illustre inconnu de 25 ans, Leonard Bernstein qui remplaçait au pied levé Bruno Walter, malade. Jusqu’à ce que la télévision prenne place (envahisse ?) dans nos foyers, ces TSF (Télégraphie Sans Fil) étaient notre seul contact avec le monde. Alors oui, des Karajan, Bernstein, Böhm, Solti, etc… étaient régulièrement au programme. Mais à une époque où nos télévisions peuvent recevoir des centaines de chaînes, où la « musique » boum-boum semble devenir la norme, les Dudamel, Orozco-Estrada et consorts sont passés à la trappe, il suffit de se rappeler que le décès de Seiji Ozawa est totalement passé sous silence.

Retour à la musique avec le quatrième concerto pour piano et orchestre de Beethoven, dont la première exécution publique eut lieu le 22 décembre 1808 à Vienne : Beethoven, bien qu’handicapé par sa surdité naissante, tenait la partie de piano. L’œuvre commence de façon inhabituelle, puisque c’est le soliste qui démarre. On remarquera dans le premier mouvement un procédé cher à Beethoven, quatre notes qui se répètent à l’instar de la cinquième symphonie. Le deuxième mouvement a dû certainement étonner le public : les cordes nous donnent un air presque inquiétant, tandis que celui du piano est très doux. Aucun dialogue entre le soliste et l’orchestre, sauf à la toute fin du mouvement :

Nous allons terminer le concert avec une œuvre de Rossini, le Stabat Mater. Commencé en 1831, il fut créé à Paris le 7 janvier 1842, voilà ce qu’en a dit Donizetti :

 » L’enthousiasme était indescriptible. Après la dernière représentation, à laquelle Rossini assistait, il fut même raccompagné chez lui sous les acclamations de plus de 500 personnes. La même chose survint sous sa fenêtre à la suite de la première, à laquelle il n’était pas apparu ».

EN BONUS :

La Danzón Numéro 2 de Márquez, donnée en plein air à Francfort le 17 août 2016.

Une petite surprise pour terminer : en juillet 2010, j’ai eu l’honneur avec le chœur et l’orchestre du conservatoire de la région Réunion de chanter ce Stabat Mater. À l’origine le chef d’origine argentine voulait nous faire chanter par cœur la huitième partie (à cappella !) Quando corpus morietur. Par la suite, puisqu’on était capables de faire ça, pourquoi ne pas chanter entièrement sans partition ? Défi relevé, ce qui impressionna le public (même le MDR Rundfunkchor ne l’a pas fait !). Après une biographie de Pablo Pavon, voici, filmée par mon épouse dans l’église de Saint-Louis de la Réunion (mais dans de mauvaises conditions), la dernière partie du Stabat Mater, In sempiterna sæcula. Le grand type tout à droite est votre serviteur ! Souvenirs, souvenirs…

Voir-la-biographie-de-Pablo-Pavon

Filoxe

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