Le délirant discours du général Ben Hodges, dangereux va-t-en-guerre

Le délirant discours du général Ben Hodges, dangereux va-t-en-guerre

Le général Ben Hodges est l’ancien commandant en chef des forces terrestres de l’Otan en Europe. Pour lui, l’aide actuelle ne suffit pas. Il faut faire comprendre à Poutine qu’il va perdre la guerre, pour le persuader de restituer la Crimée et le Donbass. Je crois rêver !

Je n’ai pas fait l’Ecole de guerre aérienne, mais je m’en voudrais d’être aussi irresponsable.

Ce ne sont pas les illuminés qui manquent au sein de l’Otan, pépinière de Rambo toujours prêts à terrasser l’Ours russe comme dans les productions hollywoodiennes. Ils s’expriment, sur le plan militaire, comme Bruno Le Maire sur le plan économique, lui qui croyait mettre l’économie russe à genoux en trois mois.

Résultat, c’est la France qui s’effondre, avec sa dette incontrôlable, l’inflation, le chômage et les faillites en cascade, tandis que la Russie ne s’est jamais aussi bien portée grâce aux hydrocarbures et à ses facultés d’adaptation au marché international. Pour information, Poutine est titulaire d’un doctorat en économie.

Après 19 mois de guerre totalement désastreux pour le camp otanien, il y a les plus lucides, comme le colonel McGregor ou le colonel Scott Ritter, qui estiment que la Russie ne peut pas perdre cette guerre et qu’il faut négocier, et il y a les fous furieux partisans de l’escalade sans fin, sans mesurer le risque nucléaire.

Ce sont les otaniens intégristes, qui érigent l’Otan en arme fatale, en solution magique, en alliance miraculeuse et en force invincible, oubliant que toutes les expéditions coloniales de l’Occident depuis 1945 se sont soldées par des fiascos. Le dernier en date, l’humiliante débandade de Kaboul devant une poignée de va-nu-pieds talibans, a visiblement été oublié. Oubli fâcheux d’autant plus que l’armée russe n’est pas une bande de traine-savates en babouches.

En lisant la tribune du général Ben Hodges dans le Figaro, j’ai l’impression d’écouter nos propres généraux sur BFM.TV ou LCI. Aucun n’a m’expérience de la guerre de haute intensité, mais tous jugent les officiers russes incompétents, prétextant qu’en 19 mois de guerre le front n’a pas bougé. Voici ce que dit Ben Hodges :

“La moitié de l’armée russe est détruite. Son industrie de défense est en très mauvais état. Poutine a besoin des armes de Kim Jong-un et des drones iraniens. Le secteur de la défense est en haillons…La plupart des généraux les plus efficaces sont soit morts soit en prison…Les Russes ont beaucoup d’avions mais n’ont pas réussi à établir la supériorité aérienne au début de la guerre. C’est un des principaux indicateurs de la faiblesse russe.” Il vaut mieux être assis avant de lire autant de niaiseries.

Avec un tel bilan, on se demande pourquoi les débris de l’armée ukrainienne ne sont pas en train d’encercler le Kremlin. Le général Ben Hodges semble faire l’impasse sur les 400 000 soldats ukrainiens tués en 19 mois de guerre. Il oublie que les derniers chiffres de la contre-offensive donnent 90 000 soldats tués depuis le 4 juin 2023, sans le moindre pouce de terrain gagné.

Chaque mois, près de 40 000 volontaires russes se présentent pour servir leur pays, c’est le double des pertes ukrainiennes mensuelles. Si Poutine a perdu 50% de son armée, par quel miracle tient-il encore tête à 54 nations ( chiffre livré par Ben Hodges ) et occupe-t-il toujours 20% du territoire ukrainien ?

Si l’industrie russe est laminée, comment se fait-il que Moscou produise 2 millions d’obus par an, soit plus que l’Otan ? Comment se fait-il que les Russes tirent 8 à 10 fois plus d’obus que les Ukrainiens ? Ce qui explique d’ailleurs le rapport des pertes de 1 à 8 en faveur des Russes, puisque cette guerre de position est une guerre d’artillerie à 70%.

Pour le général Ben Hodges, “Poutine cessera la guerre quand il comprendra qu’il va la perdre. Et pour cela, il faut que les présidents américain et français, le chancelier allemand et le premier ministre britannique disent ensemble que l’Ukraine doit gagner.”

Mais mon général, la France a trois jours de munitions pour tenir une guerre de haute intensité. En cas de choc frontal, ce serait pire qu’en 1940. Pour l’Allemagne et le Royaume-Uni, c’est du même tonneau.

On n’est pas dans un match de foot en braillant “On va gagner”. Un peu de sérieux. Parler comme ce général, c’est prendre Poutine pour un perdreau de l’année, alors qu’il a construit la meilleure armée du monde à l’heure actuelle. L’Amérique rame toujours pour maitriser les missiles hypersoniques.

En cas de guerre totale, ses 11 porte-avions couleraient comme des fers à repasser après une salve hypersonique. Et nul besoin de charge nucléaire. La seule énergie cinétique à mach 10 suffirait. Qui va arrêter un missile arrivant à 3000 mètres/s ?

L’orgueilleux Gérald Ford, le fleuron de la Navy,  coulerait à pic dix fois plus vite que le Titanic.

Et que dire des drones sous-marins Poséidon, indétectables et pouvant menacer n’importe quelle ville côtière d’un tsunami gigantesque ? Si l’Otan n’est pas prête à faire la guerre, la Russie possède tout ce qu’il faut. Assez de sornettes et d’arrogance occidentale.

Poutine vient d’annoncer le succès des essais du nouveau missile de croisière à propulsion nucléaire Burevestnik. Sa portée est de plusieurs milliers de kilomètres et il emporte une charge nucléaire ou conventionnelle.

Et à la question “Que feriez-vous si la Russie subissait une attaque nucléaire ?”, il a répondu :

“Un tel nombre de nos missiles – des centaines, des centaines – apparaîtraient dans les airs qu’aucun ennemi n’aurait une chance de survivre”.

Le général Ben Hodges poursuit :

“Plus de 500 000 Russes ont quitté leur pays plutôt que de rejoindre le front”, affirme le général.

Je n’en sais rien, mais ce que je sais c’est que Zelensky demande aux Européens de renvoyer en Ukraine les 650 000 hommes en âge de combattre et qui ont fui leur pays. Ce que je sais, c’est que la population en Ukraine est tombée à 23 millions d’habitants contre 44 millions avant la guerre. Tandis qu’avec 140 millions d’habitants, la Fédération de Russie n’est pas encore aux abois.

Quand Poutine garde 300 000 soldats en réserve, parfaitement entrainés, et pourrait en mobiliser des millions d’autres, Zelensky en est à rappeler les hommes jusqu’à 70 ans et envisage la conscription des femmes.

“La contre-offensive ukrainienne n’est pas seulement une opération terrestre. C’est une opération multi-domaines”, nous dit le général Ben Hodges. Elle touche tous les domaines de la guerre moderne, terre, air, mer, cyberguerre, spatial et information.

En effet, on le voit avec les attaques sur la Crimée. Mais ce n’est pas demain que les Ukrainiens reprendront Sébastopol. Il ne faut pas rêver, le contrôle de la mer Noire est vital pour Moscou et c’est plutôt Odessa qui va tomber dans l’escarcelle de Poutine. A mon avis, il n’y aura plus de ports ukrainiens sur la mer Noire. La sécurité de la Crimée russe en dépend.

Isoler la Crimée, la rendre invivable, comme le souhaite Ben Hodges, c’est plus facile à dire qu’à faire.

Il réclame davantage de missiles Scalp français, de Storm Shadow anglais et espère la livraison des Atacms américains et des Taurus allemands, pour frapper la Russie quotidiennement en profondeur.

Mais c’est oublier que si Poutine décide d’anéantir tous les centres de décision à Kiev, tous les ministères et les centres vitaux, cela sera fait en 24 heures. Zelensky n’a aucun intérêt à intensifier la guerre et à pousser l’Ours russe dans ses derniers retranchements. Menacer les intérêts vitaux de la Russie, c’est prendre le risque d’une destruction totale de l’Ukraine, ce que Poutine ne veut pas.

Pour Ben Hodges, l’Occident ne s’engage pas suffisamment par peur de l’escalade nucléaire, mais c’est un tort, car Poutine bluffe. “Toutes les lignes rouges fixées par Poutine ont été franchies et il n’a pas bougé”.

Sur ce dernier point, Ben Hodges dit vrai. Poutine a laissé faire, au grand dam de certains faucons de son entourage. Mais attention, le Tsar est un personnage très réfléchi, très rusé et très patient, pesant chaque situation dans toutes ses dimensions. Tout le contraire d’une tête brûlée et croire qu’il bluffe est éminemment risqué.

Personne ne connait la vraie ligne rouge de Poutine. Mais quand elle sera franchie, ce sera trop tard.

Non seulement, les Russes pourraient utiliser le nucléaire tactique s’ils sont acculés – on en est loin puisque c’est l’armée ukrainienne qui est détruite et pas celle de Poutine – mais les Russes voient bien que l’Occident se divise et que l’Otan n’est pas la terrible machine de guerre que Washington nous vend depuis la fin de la guerre froide. Par conséquent, pas besoin de nucléaire tactique. La destruction de 20 000 soldats ukrainiens chaque mois lui suffit.

La conclusion de tout cela est que le général Ben Hodges a une vue extrêmement simpliste de la situation et s’imagine que les Russes vont revenir aux  frontières de 1991, abandonner les populations russes du Donbass persécutées depuis neuf ans et rendre la Crimée, ce qui leur ferait perdre le contrôle de la mer Noire et leur base de Sébastopol.

A une époque où tout l’Otan veut la peau de l’Ours russe, je crois qu’il ne faut pas rêver. Poutine mène une guerre existentielle pour la sécurité du peuple russe. Il ne bluffe pas et possède le plus gros arsenal nucléaire de la planète. Ne le poussons pas à bout. Personne ne veut l’Apocalypse.

Par conséquent, la paix ne passera pas par les délires belliqueux du général Ben Hodges, mais par des négociations aux conditions de Poutine. Croire que l’escalade est la clé de la victoire est stupide. L’Otan se disloquera bien avant. La planète entière, hors Occident, ne veut pas de cette guerre et ne supporte plus l’arrogance et l’agressivité occidentales. C’est Poutine le leader du monde multipolaire en marche. Il faudra bien s’y résigner.

Il fallait écouter le Tsar, il fallait respecter les accords de Minsk, il fallait donner des garanties de sécurité à toute l’Europe comme le demandait Poutine. Il n’y aurait pas eu de guerre, avec ses centaines de milliers de morts et tant de veuves et d’orphelins. Cette tragédie était évitable, mais Washington voulait la guerre par haine des Russes. Maintenant c’est trop tard.

Les sanctions économiques, les morts dans le camp russe, les humiliations, la russophobie, y compris contre les artistes, les sportifs et les scientifiques russes, Poutine ne les oubliera pas et l’ardoise sera salée pour l’Ukraine et l’Europe. L’Ukraine sera dépecée à l’Est comme à l’Ouest, par la Russie, la Pologne et la Roumanie.

Le confetti qui restera autour de Kiev rejoindra peut-être l’UE mais n’intègrera jamais l’Otan. Poutine l’a encore confirmé. Et si rien ne se termine ainsi, c’est que la troisième guerre mondiale aura commencé.

La conclusion de tout cela est que le général Ben Hodges est comme la plupart des généraux otaniens, arrogant et méprisant envers les Russes. Une fois de plus, malgré toutes les raclées mémorables infligées à l’armée américaine par des petits pays peu armés, il sous-estime encore l’ennemi et surestime ses forces. Il n’a rien retenu du passé.

Et c’est pour cela que l’Otan roule vers sa nouvelle débâcle. 200 milliards de dollars engloutis en pure perte. 400 000 morts, 500 000 blessés, 50 000 mutilés, pour finir avec une Ukraine dépecée.

Le malheureux peuple ukrainien pourra remercier Biden et ses complices européens.

Zelensky et ses oligarques auront sacrifié leur propre peuple pour plaire à Biden, mais aussi en détournant une partie des 200 milliards de dollars de l’aide occidentale.

Mais attention, comme le dit Scott Ritter :

“Je conseille à Zelensky de quitter l’Ukraine tant qu’il le peut…”

Car quand Poutine va présenter l’addition, il faudra bien un coupable pour endosser la responsabilité des centaines de milliers de morts et le coût de la défaite.

Jacques Guillemain

https://ripostelaique.com/le-delirant-discours-du-general-ben-hodges-dangereux-va-t-en-guerre.html

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8 Commentaires

  1. J’adhère totalement à l’analyse de M.Guillemain sur le conflit russo-ukraïnien.

    Quant à l’état pitoyable de nos forces armées, j’ajouterai un commentaire du général Goya fait il y a deux ou trois jours sur LCI, chaîne d’information pourtant totalement inféodée à Kiev: en cas de conflit majeur, l’armée française n’est capable d’équiper que…15000 hommes (soit à peu près l’équivalent d’une division) ! Ce à quoi un autre général présent lors de cette révélation s’est cru obligé de répondre: « oui, mais il ne faut pas oublier que la France n’est pas seule, mais alliée à 32 pays de l’OTAN, ce qui ferait environ 600000 à 700000 soldats au total ». Magnifique incantation qui sert de cache-misère à l’insigne faiblesse des armées occidentales, France en tête !

  2. Merci monsieur Guillemain. J’apprécie énormément vos éditos que je trouve parfaitement réalistes. Beaucoup de nos concitoyens devraient s’inspirer de vos écrits et comprendraient un peu mieux ce qui attend la France: futur pays du tiers-monde.
    Merci Monsieur !

  3. Quand vous entendez le général Ben Hodges dire que les Russes doivent perdre cette guerre c’est que ce type est dans le déni de la réalité car les Ukrainiens se font massacrer pour sauver l’honneur du fils du Sénile Biden Hunter Biden le proxénète et Toxico de haut vol dans une Guerre où les Amerloques et leurs esclaves Occidentaux pro Ukraine se servent de ces Ukrainiens comme de la chair à canon pour détruire la Russie mais la Russie détruit les OTANO Kieviens. Les Amerloques et Hodges n’ont pas compris que leur pays perd des guerres comme la Corée, le Vietnam avec ses 58 650 Marines tués, porter disparus et morts dans les camps de prisonniers Viet Cong, la Somalie, l’Irak, l’Afghanistan et la Syrie avec Bachar Al Assad qui est toujours au pouvoir malgré les tentatives des Amerloques de le renverser. Contrairement à Douglas Mc Gregor et à Scott Ritter qui ont un esprit très critique et réaliste du bordel Ukrainien Ben Hodges est un fou furieux qui n’hésite pas à envoyer des Marines pour aider les Ukrainiens dans une Guerre où l’Occident decadent s’est condamné à mort !

  4. Jusqu’à ce jour,Poutine fait beaucoup d’effort pour ne pas éliminer le peuple ukrainien. Quand la ligne rouge de Poutine sera franchie par les guerriers de l’OTAN… Poutine bombardera les civils, leurs ministères et autres structures. Ce sera une défaite à la Hiroshima.

  5. Excellent article dont notre Colonna ferait bien de s’inspirer… Hé oui, Général d’opérette, l’Ours c’est quand même autre chose que l’Irak, la Serbie ou la Libye… Kiev- manipulé par la CIA- n’a pas cessé de bombarder depuis 2014 les régions autonomistes au lieu d’y organiser des élections libres conformément aux fumeux accords de Minsk. INCAPABLES DE FAIRE REGNER L’ORDRE DANS NOS VILLES, NOUS N’AVIONS PAS A PRENDRE PART DANS CE CONFLIT QUI VA FAIRE S’EFFONDRER L’EUROPE OCCIDENTALE!!…

  6. Il a touché de l’argent pour dire de telles conneries ?
    Une contre-offensive ? Quelle contre-offensive ? Une offensive est destinée à percer les lignes ennemies, à procéder à des manoeuvres d’encerclement, à prendre des cités. L’armée ukrainienne en est loin…

  7. Ce général doit être bourré en permanence. Ou consommer des stupéfiants.

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