Comment Fillon a été évincé de la bataille pour la présidence au bénéfice de Macron

François Fillon et son épouse Penelope. 

Vous allez me dire, « pas un sujet pour RR »…
Et pourtant un article très élaboré à lire même si long et compliqué. Un exposé très instructif de Régis de Castelnau sur les manœuvres juridico-politiques qui illustrent notre « démocrature », notre démocratie ayant été doublement assassinée pour le moins depuis 2008 avec Sarko le traître et plus des 3/5 des parlementaires !

 

AFFAIRE FILLON : UN MOIS POUR LE DÉTRUIRE, DIX ANS POUR LE JUGER

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En novembre 2016, François Fillon fut, à la surprise générale, choisi pour représenter la « droite républicaine » à la primaire ouverte organisée par les LR. Tout le monde s’attendait au retour de Nicolas Sarkozy et les dispositifs politico-médiatico-judiciaires étaient fin prêts pour barrer la route à celui qui avait réussi à provoquer dans les couches moyennes une détestation finalement assez voisine de celle qui frappe Donald Trump outre-Atlantique. C’est la bourgeoisie qui se déplaça à la primaire, et portant son choix sur un profil de notaire de province guère enthousiasmant. Lequel était donné quasiment élu d’avance.

 Les socialistes réunis autour de François Hollande le président sortant, incapable de se représenter, « comme vomi par le pays » (Emmanuel Todd), durent en urgence changer leur fusil d’épaule. L’opération fut organisée par Jean-Pierre Jouyet secrétaire général de l’Élysée, le Canard enchaîné et Éliane Houlette patronne du Parquet National financier. L’objectif était clair, disqualifier François Fillon et favoriser l’élection d’Emmanuel Macron alors ministre de l’Économie après avoir été secrétaire général adjoint de l’Élysée. On connaît la suite…

Il paraît que le diable se niche dans les détails, mais l’adage se révèle d’autant plus vrai que ceux qui sont chargés d’informer l’opinion transforment les faits importants en détails. Le Conseil constitutionnel vient de rendre une décision importante à double titre. D’abord, il a déclaré inconstitutionnel un article du Code de procédure pénale qui interdisait de soulever des nullités de procédure dans les instances pénales. Ensuite, avec cette décision, la procédure commencée en 2017 contre François Fillon va devoir reprendre au niveau de la Cour d’appel et les nullités soulevées par l’ancien candidat à la présidence de la République vont devoir être examinées. Ce n’est pas rien d’apprendre que notre cour suprême met fin à une violation de l’article 16 de la Déclaration des droits de l’Homme et que la procédure pénale qui a permis de disqualifier François Fillon, assurant ainsi l’arrivée du parfait inconnu, Emmanuel Macron au pouvoir, va devoir en partie être recommencée*. Mais cela n’a guère intéressé le système médiatique français. Tout le monde s’est contenté de reprendre mot pour mot la dépêche de l’AFP qui ne disait pas grand-chose, et de revenir à ce qui est important, à savoir l’invasion en France des punaises de lit.
* : dommage que ce ne soit l’élection de 2017 !

Petit retour en arrière : le cauchemar de François Fillon a donc commencé le 25 janvier 2017 lorsque le Canard enchaîné, qu’on imagine dûment informé par les amis d’Emmanuel Macron, publie un article selon lequel l’ancien premier ministre aurait salarié son épouse comme attachée parlementaire. Le même jour, dans la matinée, PNF, organisme créé par François Hollande pour garantir la protection de ses amis, ouvrait une enquête préliminaire pour poursuivre l’horrible crime. Dont il faut rappeler qu’il a été perpétré par une part importante des parlementaires français depuis 40 ans, mais dont le reproche pénal ne fut fait qu’à François Fillon. Bruno Le Roux, ministre socialiste, et Bruno Le Maire, ministre macroniste, également pratiquants assidus de ces facilités*, n’ont jamais été véritablement importunés.
* : NDA a aussi employé sa femme comme assistante parlementaire, un emploi qui n’était pas fictif, certains collègues députés disaient qu’ils ne voyaient qu’elle !
* : Un article du Monde de 2017 – au moins 103 députés ont embauché un membre de leur famille ou plus comme assistant parlementaire…

Sans culture judiciaire, François Fillon ne vit pas arriver le missile lancé contre lui et commit toutes les erreurs possibles avant de se retrouver mis en examen 47 jours plus tard, à trois semaines de l’élection présidentielle. Le tout après la procédure la plus rapide de l’histoire judiciaire française, et dont toutes les péripéties furent évidemment étalées dans la presse, en violation de la loi. L’opération, dont c’était l’objectif évident, a abouti à ce que François Fillon finisse troisième au premier tour, permettant ainsi à Emmanuel Macron d’être opposé à Marine Le Pen au second tour et d’être assuré d’entrer à l’Élysée. L’auteur de ces lignes a écrit un ouvrage qui détaille dans quelles conditions ce raid s’est effectué et comment la magistrature a accepté de mettre la main à la pâte à la dernière étape d’une opération concoctée par la haute fonction publique d’État et soutenue par l’oligarchie.

Par la suite, il a fallu justifier cette procédure et faire oublier cette intervention directement politique. Les juridictions saisies sur le fond déclarèrent François Fillon coupable et prononcèrent des peines inhabituellement sévères, assortissant leurs décisions de cours de morale publique, sentencieux et intempestifs. Leçons qui sont devenus d’ailleurs une habitude dès lors que ce sont des membres de la classe politique qui sont poursuivis. Comme pour les affaires Sarkozy, la Cour de cassation valida tranquillement toutes les acrobaties procédurales.

La Cour d’appel de Paris confirma la condamnation de François Fillon et celui-ci se pourvut alors en cassation. Et c’est à ce stade qu’il formula sa Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) pour faire constater par le Conseil le caractère inconstitutionnel de l’article 385 du code de procédure pénale. Celui-ci interdit que l’on puisse soulever des nullités de procédure postérieurement à l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction devant le tribunal. C’est une violation légale grossière des droits de la défense due au fait qu’en France, on préfère l’ordre à la justice et que l’on déteste le formalisme procédural*. En oubliant ce que disait le philosophe fonctionnaliste Rudolf von Jhering : « Ennemi juré de l’arbitraire, la forme est la sœur jumelle de la liberté », François Fillon avait soulevé des nullités qu’il venait seulement d’apprendre, devant la Cour de Paris. Elles furent écartées sans même être débattues. Le Conseil constitutionnel nous a enfin débarrassés de cette atteinte aux droits des justiciables.
* : et pourtant, les problèmes de procédures sont souvent de mise dans bien des cas pour empêcher la justice de s’exprimer !

La lecture du considérant N°16 de la décision ne laisse pas de place pour le doute : l’arrêt de la Cour d’appel de Paris condamnant François Fillon devrait être annulé par la Cour de cassation et l’affaire rejugée devant une autre cour d’appel. Donc si l’on évalue les délais au doigt mouillé, nous aurons probablement l’arrêt d’annulation en mars 2024 avec un probable renvoi devant la Cour d’appel de Versailles pour fin 2025. On imagine que le corporatisme jouera à nouveau à plein et que Fillon sera condamné. Ce qui donnerait lieu à un nouveau pourvoi en cassation avec arrêt fin 2026. Si je peux me permettre une facétie, je conseillerais aux hauts magistrats de rendre leur décision le 25 janvier 2027, jour anniversaire de l’article téléguidé du Canard enchaîné. Ce serait assez savoureux, 10 ans tout juste après le début du raid judiciaire organisé par la bande de François Hollande — Jean-Pierre Jouyet, Éliane Houlette, Isabelle Champrenault (procureur général de Paris), Serge Tournaire (juge d’instruction au tribunal de grande instance de Nanterre) — pour disqualifier la candidature de François Fillon, favorisant ainsi l’élection d’Emmanuel Macron. 10 ans : cela fera les deux mandats de celui-ci. 10 ans qui lui auront permis d’abîmer la France au-delà de ce que l’on pouvait imaginer.

Je me rappelle une discussion avec le politologue Jérôme Sainte-Marie au printemps 2017, lors de laquelle il m’avait dit : « Tu ne reconnaîtras pas la France après les mandats de Macron. » Il avait malheureusement raison.

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CERISE SUR LE GATEAU,NOTRE JUSTICE EST EXTRAODINAIRE, COMME NOTRE GOUVERNEMENT : Une lanceuse d’alerte fait récupérer 1,8 milliards d’€ à l’Etat, elle se retrouve au RSA !
https://www.epochtimes.fr/affaire-ubs-la-demande-dindemnisation-de-stephanie-gibaud-rejetee-par-la-justice-une-decision-lunaire-pour-la-lanceuse-dalerte-2434790.html  

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18 Commentaires

  1. Magnifique mise en scène même si ce n’est pas une oie blanche et vêtu pour l’hiver, une belle veste. On plaint son épouse qui a pris très cher. Un remake de l’histoire de Strauss Khan qui n’était peut être le plus mauvais mais qui faisait de l’ombre.Dommage pour ses pandora’s demain au dénouement d’autres paradis se se feront jour, ainsi va la vie..

  2. Entre Fillon et Macron, il n’y a pas une grande différence pour la gestion du pays, Fillon est plus antipathique que Macron.Bruno Le Maire, JF Copé, Dupont Aignan ont employé leurs épouses comme assistantes parlementaires, pourquoi n’ont ils pas été inquiétés pour rendre des comptes.Bruno Le Maire, un traître qui a tourné sa veste, s’est bien enrichi avec ses mandats. Il a donné 135 millions au Congo, pourquoi ? alors que la France est considérablement endettée.
    https://www.marchesgagnants.com/buzz/le-patrimoine-de-bruno-le-maire-a-loupe/
    https://www.lejdd.fr/Politique/L-etrange-emploi-a-l-Assemblee-de-l-epouse-de-Bruno-Le-Maire-633023
    https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/cote-divoire-paris-octroie-une-troisieme-conversion-de-dette-en-don-1358992
    https://www.finances.gouv.cg/fr/zone-franc-bzv_130418

  3. Et qui était à Bercy quelques mois avant et avait accès aux comptes fiscaux de Fillon ? Dans l’histoire on va juste regretter que Macron eut été élu. Parce-que Macron ou Fillon finalement quelle différence ? Après, Brigitte Macron a bien aussi un emploi fictif à l’Elysée non? Que cette idée de 1ere dame inspirée des USA est un scandale d’état depuis Chirac et les pièces jaunes de Madame. Mme Mitterrand elle ne faisait pas semblant de travailler elle s’envoyait son prof de gymm entre deux missions pour l’Afwik.

  4. J’ai eu de la sympathie pour fillon….car il a dit : »je suis à la tête d’un gouvernement dont les caisses sont vides ”. C’était donc de bonne augure pour continuer à être honnête ! Ben non.
    A son inculpation, c’était une vraie cou.lle molle…c’aurait été le moment de se défendre, bec et ongles, en gueulant que TOUT LE MONDE emploie un membre de sa famille ! Ben non, rien ….. une chiffe molle !

  5. Cela ne me surprend pas plus que ça. A l’époque, déjà, on pouvait deviner que ça sentait le coup fourré. Soit dit en passant, Hollande est le seul président sortant à n’avoir jamais eu à rendre de comptes une fois son mandat terminé. Les journalistes et la justice lui laissent une paix royale, ce qui ne fut pas le cas de ses 3 prédécesseurs.

    • Demander à Hollande de faire état de son bilan, c’est demander à une limace combien elle a parcouru de kilomètre en une heure. Je ne crois pas qu’il existe des erreurs de la nature, je lui fais totalement confiance, hollande est l’exceptionnelle exception qui confirme la règle.

  6. Dès le départ j’ai bien pensé que c’était une pure manoeuvre politique (un monde de Loups !).

    Mais j’avais vu le programme de F. Fillon et ouf ! Heureusement qu’il n’est pas passé (notamment au niveau de la Sécurité Sociale j’ai eu des sueurs froides…).

  7. Je n’apprécie Fillon pas plus que les autres politiques mais, pour moi, cela sautait aux yeux depuis le début que c’était un coup monté pour évincer un « dangereux » concurrent.
    Je ne sais pas si cela a eu une influence, mais je rappelle que les 3 pieds nickelés (sarko-hollande-macron) font partie du gang des Young Leader et sont potes hors caméra.
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/histoires-politiques/les-reseaux-d-influence-americains-derriere-la-candidature-de-francois-fillon-7460013

  8. Je veux bien, mais François Fillon a bien profité du système et madame ne faisait vraiment rien ou presque. Les attachés parlementaires faisaient tout le travail en étant rémunérés ad minima. Je n’aime pas François Fillon, pas plus que les autres. Et je hais Macron, et François Hollande que je méprise en plus. Si les manoeuvres pour éliminer Fillon sont répugnantes, le personnage Fillon l’est tout autant : un arriviste qui aime le fric, qui préconise l’austérité pour les autres sauf pour lui, et qui n’aurait rien fait de plus comme les autres. Fillon, sa femme, son château, son tracteur et son cheval.

  9. Merci pour ce rappel des faits dont ont connaissait largement le motif. La fulgurance de la justice dans ce cas a été tout simplement digne d’une aventure de la série des MARVEL, lorsque l’on connait comme moi l’inertie de la magistrature, le complot contre Fillon appelle à la révolte. J’avais participé aux primaires pour éliminer les cafards sarko, lemaire et compagnie. Fillon président n’aurait sans doute pas révolutionné le système mais il avait un volonté de trancher dans le vif. La prédiction avérée de Sainte-Marie est doublement sidérante puisqu’il évoque « les mandats ». Possible que nous n’en ayons pas fini avec l’imposteur au regard de sa volonté de révision de la constitution, dont il vient de poser la première pierre. Je reste convaincu qu’il tentera une troisième forfaiture.

  10. C’est confirmé ! C’était bien une cabal monté de toute pièce par la Macronie et les médias d’extrême gauche pour le disqualifié avec l’affaire du Pénélope Gate en référence à une affaire d’emplois fictif. Cette affaire sera rejugé ce qui est que justice pour Mr François Fillon !

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