Acquise en 2011 par la française Arc Internationale…
Pourquoi le cristal russe est si célèbre
Monument à Akim Maltsev
En 1756, l’industriel Akim Maltsev a construit une usine de verre sur la rive de la rivière Gous. Il y avait beaucoup de sable, d’eau et de bois nécessaires à la fabrication, ainsi qu’un bon emplacement près des villes de l’Anneau d’Or. Ses descendants ont perpétué l’entreprise par la suite.
La Cristallerie de GOUS-KHROUSTALNY fondée en 1756 (Russie/France)
Cristallerie de GOUS-KHROUSTALNY fondée en 1756 (Russie)
Fondée en 1756 par le marchand Akim Maltsov, la Cristallerie GOUS-KHROUSTALNY s’est spécialisée dans la production de luxe près de Moscou. Elle a emprunté à l’Europe occidentale les meilleures de ses techniques en les imitant. Ainsi, en faisant l’acquisition d’une importante collection d’Emile GALLE, elle a mis sur le marché des reproductions de bonne qualité au début du XXième siècle.
Ces réalisations se trouvent dans le monde entier : service de verres, vases, bijoux, sculptures, luminaires, articles ménagers… c’est un artisanat russe traditionnel et un savoir-faire unique en son genre. Particulièrement célèbres sont les produits fabriqués à partir de cristal coloré. Les panneaux du vitrail de la station de métro Madeleine à Paris (ligne 14) sont réalisés dans les verreries de Gous-Khroustalny.
L’effondrement de l’URSS a fait vacillé et décliné la manufacture pendant 20 ans et a fini par périclité en 2010.
En 2011, ARC International a acquis à 75 % la manufacture de Gous-Khroustalny. Arc Holdings est une société française créée en 1825, œuvrant dans les arts de la table et de la verrerie, et commercialisant en France et à l’international les marques déposées Luminarc, Arcopal, Cristal d’Arques, Eclat, Arcoroc et Chef & Sommelier.
La fin du conte de fée ? En 2015, ce magnifique groupe français est passé aux mains des Américains grâce à Macron (voir le commentaire de Cachou).
Le cristal de Gous est devenu célèbre dans le monde entier au milieu du XIXe siècle, après un événement tragique. En 1828, le propriétaire de l’usine Ivan Maltsev (petit-fils d’Akim) servait dans la mission diplomatique russe en Perse, dirigée par l’écrivain Alexandre Griboïedov. Et il fut le seul survivant après l’assassinat de l’ensemble de diplomates. Le shah de Perse, en guise d’excuses, a accordé à Maltsev le droit de faire du commerce du cristal sans droits de douane et bientôt, la verrerie de Gous s’est étendue à d’autres pays et a acquis une renommée internationale.
Durant l’ère soviétique
À l’époque soviétique, l’usine de Gous-Khroustalny a été nationalisée, mais est restée la principale entreprise de la ville, produisant du verre et du cristal 24h/24 et 7j/7. N’importe qui peut aujourd’hui venir ici pour visiter les lieux et observer le processus.
Admirer la naissance du cristal
Aujourd’hui, la cristallerie emploie une centaine de personnes, dont des designers, des artisans et des polisseurs. Leur travail est incroyablement dur physiquement.
Tous ces vases et carafes sont soufflés avec un tube métallique à une température de 1 250°C. Imaginez la chaleur dans les poêles ! Et tandis que le cristal reste flexible, les artisans utilisent leurs instruments pour lui donner la forme voulue.
Les pièces individuelles – figurines de chevaux ou de fleurs – sont « cuites » dans des moules spéciaux. Ensuite, l’article est cuit et poli.
D’autres artisans marquent les facettes, réalisent le futur dessin et procèdent au travail final.
« Ici, on forme les maîtres sur le lieu de travail, mais il n’y a pas de turn-over, ils ne veulent même pas prendre leur retraite », explique le guide de l’usine.
Pour obtenir un objet teinté, on ajoute à la pâte de verre différents éléments chimiques, qui agissent comme des colorants. Le bleu est liée au cobalt, le violet au manganèse, le rouge au sélénium et le lilas au néodyme. Les articles les plus chers sont roses, car ils contiennent de l’erbium, un élément de terre rare.
Adorables petits cochons en cristal (chassent les mauvaises ondes islamiques) :
L’usine fabrique des articles en série et sur commande. Les œuvres les plus originales sont exposées dans le musée de l’usine : parmi elles, une truie avec 15 porcelets, une vache en robe sarafan, des coiffes appelées kokochniks et bien d’autres curiosités. Bien sûr, tout cela ne peut pas tenir dans une petite pièce. Ainsi, la plupart des cristaux de différentes époques sont exposés – et c’est vraiment unique – dans une église voisine.
Temple de cristal
Tout d’abord, il est difficile de croire que ce majestueux bâtiment en briques rouges est en fait une église orthodoxe. Où sont les dômes ? Où est le clocher ? Il avait tous ces attributs il y a un siècle. Dans les années 1890, le propriétaire de l’usine, Iouri Netchaïev-Maltsev, a décidé de construire à côté de l’usine une église orthodoxe qui ressemblerait à une basilique européenne par sa forme, mais serait conçue dans le style russe. Le projet a été développé par l’architecte Leon Benois et le peintre Viktor Vasnetsov.
La cathédrale Saint-Georges
La cathédrale Saint-Georges a reçu un intérieur semblable à une basilique, un clocher russe traditionnel et une architecture néo-russe. Au milieu des années 1920, les bolcheviks ont transformé la cathédrale en cinéma, tandis que le clocher, les dômes, l’autel et d’autres attributs religieux ont été retirés. En 1983, il a été décidé d’y aménager un musée, car l’usine ne pouvait pas contenir toutes les pièces. Ainsi, la cathédrale orthodoxe a été transformée en temple de cristal. Néanmoins, une mosaïque dans la zone de l’autel, la peinture de Vasnetsov Le Jugement dernier, et l’un des 12 lustres en cristal fabriqués sur place ont survécu.
Aujourd’hui, on y trouve plus de 2 000 exemples uniques de verre et de cristal. Il y a des vases que Gous-Khroustalny a autrefois envoyés en Perse, du cristal créé à des fins de propagande avec des devises bolcheviques, ainsi que des pièces créatives d’artisanat moderne.
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POST 2 SUR 2
Cette société américaine a d’ailleurs, en 2020, réinjecté à nouveau 20 millions d’euros de fonds propres. Elle possède ainsi environ les trois quarts des parts (2). Elle a réinjecté à nouveau 18,5 millions de fonds propres cette année en 2022 (3).
Je me demande même si les fonds souverain russe, en 2020, n’ont pas récupéré 24 % du capital qu’ils avaient dans l’affaire, mais surtout une licence de production ainsi que l’usine de Gous-Khroustalny à l’est de Moscou, en échange de l’effacement de la dette de Arc envers eux 139 millions (2).
Hélas cette cristallerie d’Arques, nom changé désormais officiellement en Arc, n’a plus grand-chose de français.
=-=-=-=-=-=-=
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Arc_Holdings
(2) https://www.lesechos.fr/industrie-services/industrie-lourde/la-cristallerie-darques-se-donne-de-lair-1227983
(3) https://www.lavoixdunord.fr/1190425/article/2022-06-08/arques-l-etat-et-l-actionnaire-remettent-la-main-la-poche-hauteur-de-36-millions
Merci Cachou, pour ces précisions, même si elles détruisent le conte de fée. « Tout ce que toutche Macron… » avait dit Trump.
J’ai hésité à donner ces précisions comme toi tu ne l’as pas fait volontairement pour que ton article soit pas trop long, contraintes que nous avons, nous, auteurs.
Et puis je me suis dit que ton article nous fait rêver, tes images sont absolument magnifiques et ton texte n’est pas loin de la poésie.
Le fait d’avoir donné ces précisions, pour ma part, ne m’a en rien entamé le rêve et les beautés que tu as montrées dans ton excellent article.
Bien amicalement ami Jules
Je pensais avoir une voix de cristalline. J’ai essayé de péter une coupe à champagne avec quelques vocalises. Rien. J’ai essayé de briser du Duralex par le même biais, rien. Dégoûté. Mon épouse me dit que j’ai une voix de baryton. Ça expliquerait peut-être cela. Plus sérieusement, je conserve des flûtes à champagne qui datent de plus de soixante ans, de la cristallerie de Baccara. Chacune a une couleur différente du bleu au pourpre. J’évite de m’en servir de peur de les casser. La France avait un savoir-faire, dans tous les domaines. Tout fout le camp. Des criminels ont tué notre pays. Des crimes impardonnables.
C’est ça le problème, c’est que le cristal est tellement magnifique et fin, qu’on ose plus s’en servir !!!
POST 1 SUR 2
C’est un article magnifique que tu nous as rédigé là ami Jules. Très bon texte et illustrations absolument magnifiques, qui nous font voir des choses à en rêver. Un vrai régal. Merci. Le cristal, coloré ou non, est une œuvre d’art absolument sublime.
J’ai eu l’occasion de visiter la cristallerie d’Arques, qui a ensuite changé de nom pour s’appeler Arc International, et qui, comme tu le sais, depuis 2019 s’appelle « Arc » tout court.
C’est dommage qu’en 2015 ce magnifique groupe français soit passé aux mains des Américains par le rachat de la société américaine Peaked Hill Partners (PHP), qui a déboursé 58 millions d’euros, et qui en est actuellement le principal actionnaire ce qui avait, d’ailleurs, sauvé le groupe qui était au bord de la faillite (1). À ton avis qui était ministre de l’économie à cette époque ? Macron évidemment, le destructeur permanent.
J’adore, c’est magnifique. Le micron va brader cette entreprise, aussi ?