Leonard Bernstein, le chef d’orchestre, première partie : ma rencontre avec le maestro

« En cette fin de matinée du 15 août 1975, un jeune homme plutôt séduisant erre dans les méandres du Festpielhaus de Salzbourg. Il a réussi à tromper la vigilance du gardien qui lui en interdisait l’entrée et il vérifie que le cerbère ne lui court pas après. Finalement notre héros se trouve dans un couloir fermé par une porte sur laquelle est écrit MAESTRO. Une dizaine de personnes semble attendre. Au bout de quelques minutes, le chef sort, baguette et partition sous le bras. La petite troupe le suit jusqu’à la grande salle. Sur scène, l’orchestre philharmonique de Londres, au grand complet, attend. Le maestro prend place sur le podium, abaisse sa baguette et répète la cinquième symphonie de Sibelius (que l’on voit ici jouée par les mêmes interprètes quelques années plus tôt) :

 

Une fois l’exécution terminée le chef revient dans sa loge, toujours suivi de ses poissons-pilotes. Il déguste son whisky habituel et sort signer des autographes. Le jeune homme séduisant lui demande s’il compte passer donner des concerts à Paris. Le maestro dit que oui, dans un mois il va donner un récital Ravel au théâtre des Champs-Élysées, avenue Montaigne. Il demande au jeune homme s’il viendra et la réponse est évidemment oui ! Un mois plus tard le jeune homme est présent au rendez-vous et il…bref je peux apprécier ce moment magique qui commence par ceci : »

(Il y a une erreur sur le titre, c’est bien « Alborada » et non « Alborado »).

Je connaissais Leonard Bernstein de réputation avec West Side Story. Au début des années 70, j’ai pu constater que c’était aussi un chef remarquable et j’ai commencé à acheter disque sur disque. Aussi quand je suis arrivé à Salzbourg en 1975 et que j’ai vu dans la ville pléthore de banderoles Willkommen Leonard Bernstein je me suis promis de tout faire pour le voir et je suis encore étonné de l’audace dont j’ai fait preuve !

Leonard Bernstein est né à Lawrence dans le Massachusetts le 25 août 1918. Sa carrière de chef d’orchestre débute avec fracas lorsqu’en 1943, il remplace au pied levé Bruno Walter, malade. Le concert est radiodiffusé dans le tout le pays. Lenny prendra la direction du New-York Philharmonic de 1958 à 1969. Par la suite, il travaillera principalement avec le philharmonique de Vienne mais il ne quittera jamais son orchestre de cœur. Malheureusement, il est très difficile de trouver des vidéos de cette époque, aussi je vous propose la cinquième Bachianas Brasileiras avec une présentation du chef (en 1963), on peut trouver les sous-titres en français dans les paramètres YouTube :

En réalité, de nombreuses vidéos de la période New-yorkaise existent et on se demande bien pourquoi elles sont reléguées dans des fonds de tiroir… Donc faute de pouvoir passer un peu de temps avec le New-York Philharmonic des années 60, on va rester à Londres avec le même orchestre. Nous sommes le 25 février 1970, dans la cathédrale Saint-Paul, et là Bernstein va nous interpréter un Requiem de Verdi prodigieux :

Puisque les British ont l’air accueillants, on va rester chez eux et nous rendre dans la cathédrale d’Ely située dans le Cambridgeshire. Nous sommes en 1973, le chef américain nous livre une symphonie de Mahler, la deuxième, Résurrection en septembre 1973. Je vais vous livrer deux liens : le premier est un extrait, les dernières minutes de l’œuvre et je pense que vous allez vite comprendre (mais je pense que vous l’aviez déjà remarqué avec le Requiem), pourquoi Bernstein exerçait une telle fascination sur le public et sur les interprètes. Chaque fois ça me donne des frissons !

Et maintenant, la symphonie complète :

On va terminer ce premier volet sur Bernstein chef d’orchestre avec le New-York Philharmonic et Haydn, un compositeur que Lenny aimait particulièrement :

On se retrouvera prochainement pour évoquer la seconde période dans la vie de chef de Bernstein, « la période viennoise ». Mais avant de passer au flash mob habituel, un document historique que je viens de dénicher par hasard : la deuxième de Mahler avec le New-York Philharmonic en…1963 (qualité médiocre, mais on ne va pas chipoter…)

Et le flash mob, à présent !

 

 

 

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4 Comments

  1. Merci pour ces pépites et, surtout pour cet hommage à Bernstein, j’ai eu la chance de le voir une fois en concert il y a très longtemps, une espèce de Dieu de la musique… fabuleux !

  2. merveilleux BERNSTEIN qui alliait classique et modernité avec talent, et un charisme sans pareil auquel on ne pouvait résister : de tels génies ne devraient jamais disparaître

  3. Ah Mahler, le Grand parmi les grands, fabuleux musicien.
    Et Bernstein, mon préféré, champion du monde de saut en hauteur pour chef d’orchestre, mais c’est juste un point amusant. Ici, on le voit, il n’est plus là, il est dans les hauteurs pris par la musique. Je comprends le besoin d’un whisky après le concert !
    Autre détail, Bernstein est Juif, et Mahler aussi, et donc aux temps des « heures sombres » il était interdit de jouer Mahler ( et aussi Mendelsohn) et ce fut critiqué, bien que, maintenant, on ne veut plus jouer de la musique russe, autres temps, mais pas toujours autres moeurs.
    Pour moi, personnellement, 1972, c’est l’époque où je tourne en rond pour trouver une âme soeur, rien à l’horizon et quand je vois les orchestres actuels par rapport à 1972, rien que des types, des chanteuses un peu mises sur le côté et un peu des caricatures,(les types aussi ndlr) par rapport aux orchestres actuels composés de nombreuses créatures atrocement belles, je suis venu trop tôt au monde !
    Merci pour l’article !

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