Quid des rapports entre Saint-Saëns et ses contemporains, Wagner, Gounod, Liszt… ?

L’année musicale de l’année 2021 fut marquée, entre autres, par le centenaire de la disparition de Camille Saint-Saëns, même si les médias mainstream, euh… grand public ont eu une fâcheuse tendance à éclipser l’évènement. Au cours de sa longue vie, le compositeur a croisé la route de beaucoup de ses confrères, beaucoup ont été des amis…d’autres non ! En guise d’ouverture, voici celle de Rienzi, (en français, Rienzi, le dernier des tribuns), opéra de jeunesse créé en 1842. Dans un premier temps, Saint-Saëns fut un admirateur de Wagner jusqu’à qu’il soit excédé par la renommée de sa musique ; cela n’empêcha pas Saint-Saëns d’assister au festival de Bayreuth en 1876.

 

Passons à Charles Gounod à présent ! Gounod → Faust → l’air des bijoux → Hergé → Tintin → Bianca Castafiore, ça va de soi ! (Ici, Montserrat Caballé) :

 

 

Liszt fut un ami indéfectible de Saint-Saëns, c’est son poème symphonique le plus connu, Les Préludes, composé entre 1845 et 1853 (visiblement Liszt a pris son temps), d’après Les nouvelles méditations poétiques de Lamartine. La musique fut souvent utilisée à des fins de propagande, comme les thèmes de fanfare exploités par les nazis comme générique des communiqués spéciaux des fronts, durant la Seconde Guerre mondiale :

Et voici le poème dans son intégralité :

Tchaïkovski était un amoureux de la France et de sa langue. Il a séjourné plusieurs fois dans notre pays et a eu l’occasion de se lier d’amitié avec Saint-Saëns, lequel a certainement dû rendre visite au compositeur russe lors de ses voyages à Saint-Pétersbourg entre autres.  Voici la première symphonie du maître russe, Rêves d’hiver, composée durant l’année 1866 et révisée en 1874 :

 

On reproche à Saint-Saëns d’être resté tout au long de sa vie un musicien classique ; c’était un choix assumé et il ne supportait pas l’impressionnisme de Debussy ou les dissonances de Ravel. Donc je vais vous proposer une composition du premier, Prélude à l’après-midi d’un faune, à ne pas confondre avec Postlude au matin d’un aphone, œuvre tout autant posthume que disparue. J’ai choisi une interprétation due à mon Lenny :

 

Je ne sais pas ce que Saint-Saëns aurait pensé du Boléro de Maurice Ravel, pièce musicale somme toute assez classique à l’oreille. Mais celui-ci fut composé en 1828, sept ans après la disparition de Camille. Ce dernier aurait pu (il l’a peut-être fait !) connaître La Valse, puisqu’elle fut créée le 12 décembre 1920.

Dès 1906, Ravel avait dans l’idée d’écrire une Apothéose de la Valse, un ballet pour Diaghilev. Mais la guerre de 14-18 l’obligea à remettre son projet. Le résultat, influencé par la boucherie de cette guerre, est aux antipodes des ambitions initiales : selon le compositeur, il s’agit « d’une espèce d’apothéose de la valse viennoise à laquelle se mêle dans mon esprit l’impression d’un tourbillon fantastique et fatal ». Et en voici le descriptif en tête de la partition :

« Des nuées tourbillonnantes laissent entrevoir, par éclaircies, des couples de valseurs. Elles se dissipent peu à peu : on distingue une immense salle peuplée d’une foule tournoyante. La scène s’éclaire progressivement. La lumière des lustres éclate au fortissimo. Une Cour impériale, vers 1855… »

L’œuvre avait été créée en première audition en avril 1920 devant Diaghilev qui la rejeta, estimant « que ce n’était pas un ballet ». Ce refus entraîna une brouille définitive entre Ravel et le directeur des Ballets russes. On va retrouver le sublime Leonard Bernstein à la tête de l’Orchestre National de France…un concert auquel j’ai eu la chance d’assister en 1975, j’étais encore bien jeune !

 

De La Valse, il existe une version pour piano seul, mais sérieusement, je me demande comment Yuja Wang peut utiliser correctement les pédales avec des talons hauts :

 

De fait, cette version pour piano seul a servi de base à Ravel pour la transcription pour deux pianos et pour l’orchestration par la suite. Cela nous permet de retrouver deux monstres sacrés du clavier : Martha Argerich et Nelson Freire qui nous a quittés en 2021 :

 

SI VOUS VOULEZ EN SAVOIR PLUS :

Voici un documentaire exceptionnel diffusé par Arte en décembre dernier, « Saint-Saëns l’insaisissable ». Au plus fort de sa gloire, le compositeur a décidé de jouer les filles de l’air et a disparu de la scène pendant plusieurs semaines :

 

Et pour terminer, rions un peu en espérant voir le bout…du tunnel !

 

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2 Commentaires

  1. Toute oeuvre de Saint-Saëns est une découverte.

    Ce musicien écrit de la musique comme un pommier produit des pommes….

    Son métier est phénoménal. Son inspiration, constante.

  2. Grand merci à vous, Filoxe pour cette rubrique que j’attends avec impatience toute la semaine ! J’ai ai retrouvé des passions mais j’ai ai découvert tant de morceaux extraordinaires, j’y ai appris tant de choses que je peux dire que le père Noël, pour moi, c’est vous.

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