Campagne de France 1940 : déconstruction belge du mythe d'une Wehrmacht flamboyante

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80 ans déjà… 23 août 1939 : la date-clé pour comprendre les aléas de l’Histoire contemporaine. Deux monstres pactisent et leurs accords secrets scelleront conséquemment le sort de la France quelques mois plus tard. S’il fallait retenir une seule date du siècle dernier, c’est bien celle-là.

 

D’entrée, soulignons le courage de Litvinov, ministre soviétique des Affaires étrangères de 1930 à 1939, qui tenta durant des années via la Société des Nations de stopper Hitler au moyen de la création d’un cordon de sécurité collective anglo-franco-russe. Certains le soutinrent comme Barthou, Churchill et Eden mais cela ne suffira point. « Plutôt Berlin que Moscou » : tel est le mainstream londonien jusqu’en 1938, ensuite il sera trop tard. Notez que ce mot d’ordre est toujours en vigueur chez nous dans un contexte de guerre commerciale : « Plutôt le Bundestag que le Kremlin »

Mai-juin 1940. Je n’ai jamais validé l’image d’Épinal d’une armée française lâche « qui se fit rosser en 6 semaines à peine », tout comme je n’admets pas qu’on véhicule aujourd’hui des messages de haine et de mépris envers les forces de l’ordre et l’armée française, à la tête de la pyramide sociale. Tous ces abrutis archéo-socialistes et donneurs de leçons planétaires seront les premiers à cirer les bottes du soldat français libérant leur village. Classique.

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Le Belge Éric Simon signe en 2006 un article passionnant et abondamment documenté au sujet de la Campagne de France et des mythes l’enveloppant. Comme il l’écrit lui-même, « ce sont les théories simplistes qui triomphent le plus souvent des questions compliquées »

J’ai appris pas mal de choses en dévorant cette investigation historique minutieuse et pas seulement quantitativement. Les patriotes passionnés de la Seconde Guerre mondiale apprécieront.

Extrait chapitre 4 : « Ainsi structurée, l’armée allemande ressemblait à une lance avec une pointe d’acier trempé, dont le manche, en bois, paraissait d’autant plus pourri qu’il était long... » et il ajoute fort justement : « Pourtant cette pointe d’acier porta un coup mortel aux Alliés. Le fait qu’elle se soit détachée du manche caractérise le déroulement des opérations. Les troupes d’élite avaient attaqué avec une telle fougue que – contrairement à toutes les prévisions – elles laissèrent sur place la masse non motorisée de l’armée de terre. Les divisions d’infanterie en furent réduites à un rôle de figurant »

Extrait chapitre 5 : « Il est plus que temps de tordre définitivement le cou à l’un des mythes les plus fortement ancrés dans la mémoire collective : celui de la motorisation de l’armée allemande. De toutes les forces armées engagées dans la campagne de l’Ouest, la Wehrmacht est, de très loin, la moins bien pourvue en matériel roulant automobile »

Que valait véritablement la Wehrmacht en 1940 ?

Éric Simon déconstruit l’une après l’autre les idées reçues suivantes.

-Les Nazis possédaient plus de blindés que les Alliés
-Les blindés allemands meilleurs que les blindés occidentaux
-La Luftwaffe supérieure aux aviations alliées
-L’Allemagne possédait plus de divisions que les Alliés
-Le moral et le matériel allemands étaient supérieurs
-Les Alliés se sont enfermés derrière des fortifications désuètes
-L’industrie de guerre allemande était florissante, l’industrie d’armement française avait été minée par le Front Populaire
-La tactique et la stratégie allemandes supplantaient largement celles des Alliés
-L’état-major allié était sclérosé, tandis que l’état-major allemand regorgeait de stratèges compétents et créatifs
-Le plan allemand était génial et imparable, le plan français était complètement inadapté
-Par leur neutralité, les Belges ont empêché les Alliés d’attaquer l’Allemagne en septembre 1939 pendant la campagne de Pologne

https://www.larevuetoudi.org/fr/story/que-valait-v%C3%A9ritablement-la-wehrmacht-en-1940

Autre publication d’Éric Simon

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6 Comments

  1. Vous pouvez vous adresser à M. Greiner, adresse mail : chris.greiner@free.fr
    Cette personne a écrit six tomes sur le sujet, et c’est plutôt explosif!
    Il serait temps que la vérité éclate !!!

  2. -Les Nazis possédaient plus de blindés que les Alliés
    -> Oui et non. les français en avaient un certain nombre mais dispersés, contrairement aux unités allemandes qui les regroupaient. Les anglais, peu en revanche.
    -Les blindés allemands meilleurs que les blindés occidentaux
    -> Le char Renault était de bonne qualité et, regroupés en unités de blindés, comme le suppliait le Colonel De Gaulle, aurait pu donner le change aux blindés allemands au début de la guerre. Par contre les blindés allemands surclassèrent techniquement les blindés américains, seul le T34 sovietique pouvant donner le change aux Tigres Mark VI. Un Sherman en revanche ne faisait absolument pas le poids contre ces deniers: canon de 88 (TM6) contre de 75 (Sherman), meilleur blindage de l’allemand, plus grande portée de tir enfin.
    -La Luftwaffe supérieure aux aviations alliées
    -> Faux par rapport la RAF qui possédaient le Hurricane et surtout le Supermarine Spitfire, puis d’excellents bombardiers. Exact par rapport aux français, la chasse française (pas les pilotes) était médiocre et qualitativement surclassée. Soviétiques et américains eurent d’excellents appareils. En revanche retard technique certain des alliés, les allemands ayant développé en 1944 et 1945 les Me163 Komet puis 262 à la fin de la guerre, heureusement en nombre insuffisants.
    -L’Allemagne possédait plus de divisions que les Alliés
    -> Pas compté les unités de part et d’autre.
    -Le moral et le matériel allemands étaient supérieurs
    -> Exact. l’américain William L. Shirer, qui a vécu en Allemagne avant et au début de la guerre, confirme d’un esprit nouveau et un excellent moral des allemands. Il a visité des navires et sous marin à Kiel et a suivi l’armée allemande en 1940. Les officiers supérieurs étaient plus jeunes, sur le terrain et des témoignages allemands confirment qu’ils étaient proches de leurs hommes.
    -Les Alliés se sont enfermés derrière des fortifications désuètes
    -> Vrai pour les Français avec des généraux issus de la WWI qui pronaient la défensive au lieu de l’offensive, alors que le front ouest allemand était dégarni durant la campagne de Pologne. Ce fait a été confirmé par Keitel et Ribbentrop a Nurenberg, au Procès. L’Allemagne n’était pas préparée à une guerre sur deux fronts, c’était un coup de poker d’Hitler d’attaquer la Pologne, qui avant cependant bien cerné les dirigeants français et britanniques.
    -L’industrie de guerre allemande était florissante, l’industrie d’armement française avait été minée par le Front Populaire
    -> La France réarmait sous le FP, mais trop lentement.
    -La tactique et la stratégie allemandes supplantaient largement celles des Alliés
    -> Il me semble que les campagnes de Norvège et de France parlent d’elle même. En revanche, Goering et Hitler ont commis une première erreur fatale en cessant les bombardement des stations radars et des terrains d’aviation lors de la bataille d’Angleterre, pour bombarder Londres et les GV anglaises.
    -L’état-major allié était sclérosé, tandis que l’état-major allemand regorgeait de stratèges compétents et créatifs
    -> Idem réponse ci-dessus. C’est surtout l’EM français qui était sclérosé et pas à la hauteur, avec une conception de la guerre dépassée.
    -Le plan allemand était génial et imparable, le plan français était complètement inadapté
    -> Le Plan allemand n’était absolument pas infaillible, à condition de prévoir le coup et de ne pas envoyer quasiment toutes les forces en Belgique. Et d’avoir un SR compétent, ce qui n’était pas le cas. Il n’y a pas de zones infranchissables, le cas de Napoleon Ier qui avait fait franchir le Saint Bernard a sa Grande Armée en hiver aurait du être en mémoire dans les têtes de l’Etat Major français. Pas impossible que les allemands aient eux retenu la leçon, comme celle du couple avions-blindés en 1918.
    -Par leur neutralité, les Belges ont empêché les Alliés d’attaquer l’Allemagne en septembre 1939 pendant la campagne de Pologne
    -> Foutaise ! C’est la mentalité des généraux français (Churchill réclamait qu’on attaque vraiment à l’ouest), doublé de la médiocrité des SR français qui en sont la cause. Il y avait absolument pas besoin de passer par le territoire belge pour attaquer l’Allemagne à l’Ouest. Si on avait pas été aveugle, qu’on avait su que les défenses allemandes étaient dégarnies et faibles, on aurait surement attaqué. Ou bien cela aurait criminel de ne pas attaquer en connaissance de cause !

  3. Certainement pas de lâcheté, mais un défaut d’organisation, de prévisions et de stratégie.
    Une coupable responsabilité des dirigeants de l’époque, De Gaulle excepté,
    comme aujourd’hui, des dirigeants couchés devant le fric et l’islam.

    • Regardez ce cite :
      file:///C:/Users/claud/AppData/Local/Temp/Tome%203%20-%20BAT%20Miracles%20sur%20la%20Meuse.pdf
      Un cinémaste(Christian Greiner) a étudié le sujet !!!

  4. Texte juste, les fameux chars Tigre n’étaient d’ailleurs pas encore opérationnels en 1940 et ceux qui étaient sur le théatre d’opération, plus petits, n’étaient pas aussi performant que leurs équivalents britanniques et français.
    Les chars du colonel de Gaulle(il n’était pas encore général) ont surclassé ces chars allemands à la batailke de Montcornet (17 mai 1940).
    Ni l’armée belge ni l’armée française ne furent inertes, l' »étrange défaite » trouve d’autres explications que celles de la « lâcheté »

    • :
      Christian Greiner <chris.greiner@free.fr Consulter le site de cette personne, il a écrit plusieurs ouvrages sur ce sujet ! étude explosive.

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