Plus de dessins sur le New York Times ; en France aussi, alerte rouge pour la liberté d’expression !

Il y a déjà quelques années que l’humour est sous surveillance.

Attention à ne pas rire de tout,

certains pourraient le vivre comme une offense !

Mais on n’arrête pas le progrès…

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Comme… l’annonce de 200 livres retirés dans une école de Barcelone, de propositions d’interdiction de critique du sionisme, de la mise en cause d’une exposition sur Toutankhamon, de la tentative de censure d’une représentation des Suppliantes d’Eschyle… Au sein de beaucoup de groupes religieux ou ethniques la tentation existe de contrôler les discours ou les œuvres qu’ils estiment les concerner : la concurrence des mémoires, notamment pour obtenir le vote de lois mémorielles, en est un des aspects les plus marquants.

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Le dessinateur historique du Monde, Plantu, s’est indigné, mardi, d’une décision du New York Times : un mois près une polémique sur un dessin, le quotidien américain supprime les dessins politiques dans son édition internationale.

« Les images dérangeantes font partie de nos démocraties ». Plantu, célèbre dessinateur du quotidien Le Monde, a critiqué, mardi 11 juin, la décision du New York Times de bannir les caricatures politiques de ses éditions internationales. Le caricaturiste s’est dit persuadé que le prestigieux quotidien renoncerait à ce choix.

Plantu estime que le journal, qui s’est « aplati devant les réseaux sociaux en s’excusant plusieurs fois d’avoir publié un dessin », va « se ressaisir » et dire qu’il a eu « tort de se séparer des dessinateurs, car on ne peut pas imaginer des journaux sans les images d’opinion », a-t-il réagi, interrogé par l’AFP.

Le développement d’Internet réduit à néant la quasi-totalité des tentatives de censure. Nous avons à assumer ce fait. Contre les discours de haine ou les fausses nouvelles, seuls le débat rationnel et l’éducation à l’exercice d’une pensée libre sont réellement efficaces sur la durée.

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ETAT DES LIEUX : deux ouvrages et une tribune qui voient juste ! 

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Le grand livre de la censure

 

« Le grand livre de la censure » Emmanuel Pierrat (Editions Plon).

On estime à 400 les textes de Loi sur la liberté d’expression.

Ils sont en général inspirés par de bons sentiments

-protection des bonnes mœurs, puis protection de l’enfance, lutte contre les racismes, contre la provocation à la haine, au suicide, aux incitations à fumer, à boire…

Mais aujourd’hui encore une à deux lois sont votées chaque année dans un sens restrictif.

Le Code de la liberté d’expression contient près de 300 pages consacrées aux textes qui la limitent !

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L’auteur rappelle les mésaventures de Baudelaire ou de Boris Vian. Ainsi que celles d’Anastasie, célébrissime figure de la censure dessinée par le caricaturiste André Gill en  1874 qui a une très longue histoire.

Il y a aussi celles de Gustave Courbet, Henry Miller, Salman Rushdie, Marjane Satrapi, Ernest Pignon-Ernest, Andy Warhol, Stéphane Guillon, Pierre Desproges, Jean Genet, Siné, Peter Handke, lady Gaga, Zep, Olivier Letellier…

Ces censures étant le fait de l’Etat, mais aussi, de plus en plus, le fait de groupes de pression.

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L’ignoble assassinat des caricaturistes de Charlie hebdo fut le plus violent mais pas le dernier épisode. Contrairement à ce qu’on croit parfois, la liberté d’expression est de plus en plus limitée.

 

Nouvelles morales, nouvelles censures

« Nouvelles morales, nouvelles censures » Emmanuel Pierrat (Editions Gallimard)

Emmanuel Pierrat a mené une enquête sur les nouvelles censures qui prolifèrent aujourd’hui. Elles se réclament de nouvelles morales.

Son livre en offre un panorama en quinze chapitres parfois hilarants, parfois inquiétants.

En référence au Tartuffe de l’immortel Molière (Cachez ce sein que je ne saurais voir…), chaque chapitre débute par « Cachez… ».

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Il faut cacher :

Les personnages immoraux comme… les fumeurs ! Sartre, Lucky Luke, Jacques Tati…

Les seins, prohibés sur Facebook où pullulent pourtant les images de violence…

La couleur même de certains auteurs, tout comme le fait de se grimer en Noir, le « blackface »…

Certaines statues relevant du « passé colonial » sont censées être détruites…

 Certains noms ou œuvres, de Colbert à Céline, même pour les soumettre à la critique 

Les classiques, de Voltaire à Hergé 

Des livres pour enfants tels que « Petits contes nègres pour les enfants blancs » de Blaise Cendrars, un auteur admirateur des contes africains…

Même des mots sont déclarés tabous par ceux qui n’ont pas lu « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer » de l’excellent Dany Laferrière.

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Nouvelle preuve de l’absurdité de la censure,  « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » de Harper Lee dont la publication en 1960 avait suscité un bel élan antiraciste… est aujourd’hui retiré de certaines bibliothèques des USA pour son vocabulaire trop cru.

 

 

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Tribune d’ Anne-Sophie Chazaud, philosophe 

Face à la polémique sur la une de Charlie et l’émotion suscitée par l’arrêt des caricatures dans le New York Times, la philosophe Anne-Sophie Chazaud, philosophe, insiste sur l’importance fondamentale du second degré et de la dérision.

Tribune du 12 juin 2019 (Figaro)

 

Extraits savoureux… 

L’époque est décidément rude pour la liberté d’expression et en particulier sur son versant satirique. 

Puritanisme :

(…) C’est sans compter sur la pudibonderie qui s’est emparée des esprits bien-pensants dans une société postmoderne où le paradigme de l’offense s’est généralisé, faisant régner sa police de l’humour sur les rares terrains non encore dévastés par les tueries islamistes [à propos de Charlie].

(…) Les plaintifs effarouchés et victimaires, les apeurés du sexisme et autres prisonniers de la cage aux phobes vont finir par achever [Charlie] tout à fait ».

Ayatollahs de tout poil :

(…)L’alliance de fait entre les radicaux religieux et les courants sociétaux les plus virulents, en l’espèce néo féministes. Il n’y a pas de différence structurelle entre l’hystérie islamiste et celle des combattants [du politiquement correct] et tout ce petit monde se retrouve notamment autour de l’interdiction de la représentation si celle-ci ne va pas dans le sens de leurs convictions.

Second degré :

Une caricature de Mahomet sera interprétée comme figurant le prophète lui-même dans toute son essentialité. Une caricature de sexe féminin sera considérée comme une déconsidération de tous les sexes féminins du monde entier.

Aucune distanciation, aucune aptitude au second degré, puisque le second degré est précisément le contraire de la radicalité dogmatique, qu’elle soit religieuse ou idéologique.

C’est, dans le fond, le second degré lui-même qui est suspect, qui est l’ennemi. Toute forme d’humour sera donc inévitablement sanctionnée puis inéluctablement interdite, comme il est représenté dans Le Nom de la Rose.

L’humour, comme l’exégèse, sont les deux indispensables outils, se complétant structurellement car relevant du même mécanisme vital, évitant la folie d’un discours totalisant.

Prendre les choses au pied de la lettre est la définition aussi bien de l’hystérie en psychanalyse que du dogmatisme idéologique et politique et, enfin, du fondamentalisme religieux.

La pathologie du tribunal :

La soif de pénal, la judiciarisation qui entourent ces grandes indignations communautarisées et victimaires ne laissent plus de place à la moindre prise de risque, en particulier d’ailleurs aux États-Unis où le recours au judiciaire pour régler tous les aspects de la vie courante vire à la pathologie collective.

La réaffirmation du principe intangible de la liberté d’expression ne semble pas à l’ordre du jour.

Personne, pourtant, n’est obligé d’acheter et de lire Charlie Hebdo, personne n’est contraint sous la menace d’une arme de lire le New York Times.

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10 Commentaires

  1. aujourd’hui des Artistes comme Egon Schiele , Gustave Climt …….. ne pourraient plus peindre . bref nous sommes dans une société complétement devenue froide , cette froideur inféconde qui stérilise ce qui nous rendez vivants : notre folie créatrice , cette douce musique qui jouez sur les cordes de notre sensibilité , invitant la nuit cette Ophélie a danser a nos bras .
    ont nous a fait un monde triste et fade sans saveur . soyons fous profanons ces pudibondes !

  2. aujourd’hui des Artistes comme Egon Schiele , Gustave Climt …….. ne pourraient plus peindre . bref nous sommes dans une société complétement devenue froide , cette froideur inféconde qui stérilise ce qui nous rendait vivants : notre folie créatrice , cette douce musique qui jouait sur les cordes de notre sensibilité , invitant la nuit cette Ophélie à danser à nos bras .
    on nous a fait un monde triste et fade sans saveur . soyons fous profanons ces pudibondes !

  3. De toute façon, aujourd’hui c’est soit il ne faut rien dire, soit on dit trop. Les E.U sont hypocrites à censurer du nu mais 99% de leurs films comportent des scènes de sexe, même ceux où la thématique ne s’y prête pas.
    On censure des livres qui ont fait grandir des générations, mais on impose la pensée LGBT dans les écoles primaires. C’est quoi la logique ?

  4. Par contre aucune censure ou sanction quand on insulte la France, les français ou les blancs en général !!!!!!…….
    Cette législation est à revoir de fond en comble !

  5. Je crois que le second degré vu l’intelligence en berne est très difficile actuellement, d’où un grand nombre qui n’arrive pas à dépasser le stade de la lettre…

  6. On peut citer Henri Salvador qui chantait « Nos ancêtres les gaulois » avec un bon accent africain ou encore « Juanita Banana ».
    Aujourd’hui il serait en taule.

  7. Ernest Renan, lors de sa conférence inaugurale au Collège de France, en 1862, a eu le malheur de dire de Jésus « cet homme incomparable »..Enfer et damnation !La censure de l’Eglise veillait, et Renan a été mis à la porte illico.

  8. En Angleterre l’histoire des trois petits cochons sont interdits pour ne pas offenser les musulmans.

  9. de nos jours avec tous ces détraqués de la censure un Desproges, un Devos ou un Coluche ne pourraient pas exister, quelle perte a cause des cons de tous poils!

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