Du Figaro :Par Guillaume Perrault
INTERVIEW – Le philosophe et romancier Pascal Bruckner réagit à la profanation du cimetière juif de Quatzenheim (Bas-Rhin). Il analyse ensuite, par ailleurs, ce qu’est l’islamo-gauchisme, qui semble manifeste dans les insultes et les menaces proférées contre le penseur Alain Finkielkraut samedi à Paris.
LE FIGARO. – Quelle réaction vous inspire la profanation des tombes du cimetière juif de Quatzenheim?
Pascal BRUCKNER. – Quelle que soit l’identité des coupables, toute transgression d’un tabou, comme les vociférations antisémites lors de certains défilés des «gilets jaunes» samedi dernier, donne lieu à un phénomène d’emballement mimétique.
Les suiveurs désirent faire parler d’eux à leur tour et accaparer l’attention publique pendant un jour ou deux.
Ils se croient en état d’impunité et autorisés à surenchérir.
Ils profanent les tombes avec des croix gammées.
C’est comme les répliques d’un tremblement de terre, une sorte de réveil de l’abjection. La haine antijuive va ainsi jusqu’à s’en prendre aux morts, comme pour les tuer une seconde fois.
Il existe différentes variétés d’antisémitisme. Les insultes et les menaces contre Alain Finkielkraut, samedi, à Paris, ont paru relever de ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme. Qu’entend-on par cette expression?
L’islamo-gauchisme naît avec Michel Foucault en 1979 et son enthousiasme pour la révolution khomeyniste de Téhéran.
Après Louis Massignon (1883-1962) et Jacques Berque (1910-1995), Foucault reconnaît la force politique explosive de l’islam renaissant.
La date de naissance officielle de l’islamo-gauchisme est la publication en 1994 par Chris Harman, leader du SWP (Socialist Workers Party), le minuscule parti trotskyste anglais, d’un long article intitulé Le Prophète et le prolétariat, où il prône l’alliance entre militants de gauche et associations musulmanes radicales.
Il faut selon lui ramener les brebis égarées de l’islamisme et les mobiliser au service de la seule cause qui vaille: la destruction du capitalisme.
D’emblée c’est une duperie réciproque qui s’installe: tandis qu’une frange d’altermondialistes prônent l’accommodement avec l’islam, les intégristes, déguisés en amis de la tolérance, se servent de la gauche pour avancer leurs pions sous le masque d’une rhétorique progressiste.
C’est toute l’histoire de l’alliance tragique de Tariq Ramadan avec la gauche européenne et surtout, en France, avec Mediapart.
Double tromperie: les uns soutiennent le voile, au nom de la lutte contre le racisme et le colonialisme.
Les autres feignent d’attaquer la mondialisation pour imposer leur version de la foi.
Le stupéfiant dans ces palinodies, c’est à quel point une certaine gauche est prête à piétiner ses valeurs pour complaire aux barbus: l’égalité homme-femme, le doute salvateur, l’esprit critique, tout ce qui était associé traditionnellement à une position éclairée.
L’islamo-gauchisme?
La conjonction des ressentiments: une religion en plein désarroi fait alliance avec une gauche en pleine débâcle pour tenter de se sauver l’une par l’autre.
La fascination d’une certaine extrême gauche pour l’islamisme est-elle ancienne? Comment l’expliquer? Cette fascination a-t-elle évolué?
Ce mariage contre-nature est le fruit d’un constat: l’effondrement total de tous les idéaux de la gauche.
L’Union soviétique s’est désintégrée, la classe ouvrière s’est massivement réfugiée chez Marine Le Pen, le tiers-monde embrasse avec enthousiasme l’économie de marché et le consumérisme: pour une fraction du mouvement progressiste, seule la jonction avec le fondamentalisme du Croissant sera l’occasion d’un second souffle.
La bigoterie néo-bolchevique des fidèles égarés du marxisme a ceci de touchant qu’elle contraint les militants aux pires contorsions idéologiques.
L’islam, cette «religion des opprimés» (Emmanuel Todd), devient le dernier grand récit auquel se raccrocher et qui remplace le communisme, la décolonisation, le panarabisme.
La grandeur des musulmans vient de ce qu’ils sont les derniers porteurs de la promesse.
Mais à quel prix?
Au prix du reniement de soi et de la régression totale.
Pour prendre un exemple, on a vu ainsi des féministes pures et dures (Caroline De Haas, Clémentine Autain) et le sociologue Éric Fassin chercher à minimiser le viol, à l’occasion des événements de Cologne le 1er janvier 2016, dès lors qu’il était commis par des immigrés contre des Européennes.
Jamais la schizophrénie entre le féminisme et l’antiracisme n’a été aussi marquée.
Le mâle en rut n’est coupable que s’il est blanc, hétérosexuel ou occidental.
Les autres sont disculpés par avance, par remords postcolonial.
Et haro sur les intellectuels arabo-musulmans tels Kamel Daoud ou Boualem Sansal qui osent remettre en cause leur propre religion!
C’est une même culture de l’excuse qui touche les meurtres de masse: ainsi, les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, qui ont fait 130 morts, ont été expliqués par le sociologue Geoffroy de Lagasnerie par le fait que
«les terrasses de café sont un des lieux les plus intimidants pour les jeunes des minorités ethniques […] Un espace où l’on n’ose pas s’asseoir, où l’on n’est pas bien accueilli, où l’on n’est pas servi, où, quand on est servi, c’est cher. Un des lieux les plus traumatisants […] Au fond, vous pouvez dire qu’ils ont plaqué des mots djihadistes sur une violence sociale qu’ils ont ressentie quand ils avaient 16 ans».
Bref, la gauche est malade du déni: les terroristes, loin d’être des meurtriers, sont des archanges dont les forfaits nous incombent.
«Ces monstres sont le produit de notre société. Ce n’est pas l’islam qui a produit ces terroristes. Ces derniers se prétendent de l’islam mais n’ont rien à voir avec l’islam. En revanche, ils sont le produit de toutes les fractures, de toutes les déchirures de notre société»,
a écrit le journaliste Edwy Plenel (Bondy Blog, 14 janvier 2015).
Le discours assimilant Israël à un État raciste pratiquant l’apartheid comme l’Afrique du Sud d’antan est très présent à l’extrême gauche. Pourquoi ces propos sont-ils aussi fréquents dans cette famille de pensée?
«La haine d’Israël est le principal aphrodisiaque du monde arabe»,
disait feu le roi Hassan II.
Il est aussi le seul fédérateur de toutes ces familles politiques souvent en désaccord.
Selon cette vulgate, les Juifs ont perdu tout droit au titre de parias, lequel est désormais l’apanage des Palestiniens.
Les musulmans sont devenus les nouveaux Juifs de l’humanité, alors que les Israéliens sont les nouveaux nazis.
«Sionisme ADN criminel de l’humanité», criait-on dans les rues de Paris en 2006, «Hitler était sioniste», déclare en 2016 l’ancien maire travailliste de Londres Ken Livingstone.
C’est au nom de l’antiracisme et de l’anticolonialisme que l’on condamne l’État hébreu.
Pour citer un historien italien, Enzo Traverso, depuis la création d’Israël, il est arrivé aux Juifs une malédiction pigmentaire: ils ont «blanchi», ont franchi «la ligne de couleur» et sont devenus «Blancs» c’est-à-dire oppresseurs.
Avec la fin de l’antisémitisme, le Juif est entré dans la race supérieure, avec la création d’Israël, il est entré dans la maladie européenne du nationalisme et c’est ce qui l’a perdu.
Et tout Juif est comptable de l’existence d’Israël, sauf s’il rompt publiquement avec lui.
À ces torrents de sottises, il n’est qu’une réponse: aujourd’hui, l’État d’Israël est la seule zone de paix, de prospérité et de respect des libertés individuelles dans un Moyen-Orient en proie au chaos.
* Auteur de près d’une trentaine d’ouvrages, Pascal Bruckner a notamment publié un essai remarqué, «Un racisme imaginaire. La querelle de l’islamophobie» (Grasset, 2017, 272 p., 19 €).
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Que peut on rajouter à cela ?
Cet analyse de pascal Bruckner est beaucoup plus efficace pour comprendre les mécanismes qui ont permis la résurgence de ce fléaux que n’importe quel rassemblements place de la République de moutons bêlants voulant s’insurger contre un antisémitisme sans jamais citer les principaux responsables ainsi que ceux qui ont créé les conditions pour que cet antisémitisme réapparaisse a que l’on le pensait dans les années 70 et 80 circonscrit définitivement.
Normal puisque ceux qui en sont les protagonistes étaient rassemblés pour se rassurer tout en écartant le RN que l’on ne peut faire comptable d’un bilan quelconque puisque jamais au affaire et même pas représenté convenablement à l’assemblée nationale, sinon de lui faire des procès d’intention .
Paradoxalement on a jamais autant parler d’antiracisme qu’aujourd’hui depuis la réapparition de cris antisémites dans des manifestations.
Pascal Bruckner explique bien que la gauche avait besoin de l’Islam qui est le « dernier récit » auquel se raccrocher puisque toutes les expériences de gauche avaient échoué et ne convenaient même plus au tiers monde très consumériste.
Il est bon de rappeler que seul Israël dans la région du moyen Orient a une vraie démocratie et y associe d’ailleurs les députés Arabes de son pays .
Est-ce que la réciprocité existerait dans un pays qui se revendique de l’islam comme l’Algérie ou le Maroc ? Non il n’y a pas de cas similaire.
Est-ce que les arabes donneurs de leçon pratiquent la pluralité de représentation. Non ! c’est presque un blasphème d’aborder même le sujet!
Cette façon de gérer démocratiquement comme Israël n’est permis que dans le cadre d’un pays avec une sérieuse constitution, défendue par des gens concernés pas comme en France ou on hésite entre système communautariste et pseudo 5ème République adaptée à l’UE .
Un système républicain tel que le notre ne peut être défendu par des gens faiblards prêts à se vendre au plus offrant financièrement et électoralement ou ayant le « cul entre deux chaises » .
Les principes Républicains doivent être affirmés avec force !
Il nous faut quelqu’un qui a des « c…les » pour les rétablir avec force même si c’est une femme, il faudra qu’elle se les greffe !!
Je ne sais pas ce qu’est le sionisme mais en tout cas Israël est pour moi un exemple , un modèle, une étoile dans le désert un oasis et les pays arabes mais pas que , la France aussi, au lieu de vouloir le détruire et le jalouser devraient s’en inspirer!
C’est normal que je souhaite longue vie à Israël puisque je suis nationaliste, souverainiste et Républicain proche du RN .
Le mondialisme c’est le chaos moral et institutionnel, la guerre !
Les défenseurs de cette catégorie se trouvent dans le même registre que l’Islam mondialiste, totalitaire et conquérant pour la destruction des cultures autochtones millénaires pour imposer leur doctrine!
La communauté islamique ne peut comprendre ça si vous voulez vivre il faut éliminer l’islam
Islam delenda est
« Pascal Bruckner: «La haine anti-juive prend plusieurs formes »
Peu importe des formes .
JE NE SUIS PAS D’ACCORD avec les actes contre les juifs et les synagogues (assassinés dans la rue, tagues de menaces sur les institutions )
JE NE SUIS PAS D’ACCORD avec des actes contre les chrétiens et les églises (égorges dans l’église et les tagues de menaces sur les églises)
JE NE SUIS PAS D’ACCORD avec des actes contre les chinois ( battu et tués dans la rue).
Etc, etc………
LA HAINE est UNE HAINE et elle doit être combattu par tout et à chaque instant! Tolérance 0 ! Et je ne parle pas de vivre ensemble, je parle de pouvoir vivre tout court!
La communauté islamique doit comprendre CA!
«La haine d’Israël est le principal aphrodisiaque du monde arabe»,
héhéhé!! dorénavant ils ne diront plus « l’ entité sioniste » …….mais « mon Viagra »
je préfèrerais dire du monde Musulman, juste pour faire le distingo
en Egypte il y a 10 millions de COPTES CHRETIENS, qui se sont toujours déclarés « arabes » alors que cette appellation ne concerne que les habitants de Arabie, Iraq, Syrie et dans une bien moindre proportion les descendants des criquets qui ravagèrent l’ afrique du nord
tout comme en Iran , il y a 79 millions de Persans musulmans, qui n’ ont rien a voir avec les Zarab … Jarab 😆
Tous ces musulmans non arabes d’un point de vue ethniques vont jusqu’à devenir plus royalistes que le roi ou plutôt plus mahométans que Mahomet lui-même, le « beau modèle », le résultat reste le même et se voit amplifié par de serviles égorgeurs , qui ne sont pas tous arabes, des taliban d’ethnies pachtounes , des berbères, majoritaires lors de la bataille de Poitiers, des convertis maghrébins , des convertis africains et européens jusque dans nos Balkans des Tchétchènes, convertis eux-mêmes par d’autres convertis ottomans ou persans.
Nous nous focalisons sur les peuples drogués de sermons, conditionnés , endoctrinés depuis des siècles et depuis l’enfance en oubliant le poison: l’islam.
Les juifs et chrétiens qui résistèrent à la conversion dans le monde arabo-musulman résistèrent au prix de l’impôt discriminatoire et de l’exil pour ne pas toucher à se calice, les hindous qui furent les plus grandes victimes de l’expansion de l’islam ne survécurent que du fait de leur nombre (car ils n’avaient même pas droit au statut de dhimmi mais de mécréants à occire).
Nous n’abattrons pas l’islam à coup de tirs d’artillerie ou de pilonnage, mais en allant à la source du problème: infliger le coup de grâce au seul islam qui est un ensemble de textes et de prescriptions destructrices qui ont conduit des peuples et des millions d’hommes et de femmes (surtout) vers plus de malheurs et d’échecs en économie, en éducation, en progrès scientifiques, sociaux, moraux.
D’accord avec Machinchose pour le distingo, l’islam inoculait l’antisémitisme bien avant la création de l’état d’Israël , parce que cette composante du poison était déjà dans sa formule il y 1440 ans, ce qui fait que même des maliens ou des indonésiens qui n’ont jamais rencontré de juifs de leurs vie sont aussi antisémites que le « beau modèles » qu’ils ont choisi d’imiter et le traduisent ensuite dans des actes.