Mai 68 et les Gilets jaunes, c’est le même esprit : l’aspiration à respirer plus large

Intéressant article de notre amie Anne Zelensky, figure historique de la Ligue du Droit des femmes fondée avec Simone de Beauvoir, paru sur Causeur.

Certes, elle y insiste sur les femmes, ce qui n’est pas notre propos, à nous qui ne connaissons que des citoyens, indépendamment de leur sexe et autres caractéristiques et, j’avoue, moi qui ne supporte ni les féministes actuelles ni le féminisme tout court, en bonne républicaine que je suis. Mais elle rappelle les points communs entre le mouvement né il y a  3 mois et celui de mai 68, avant qu’il ne soit récupéré et instrumentalisé par un certain nombre de pourris, dont Cohn Bendit.

On n’entend guère les féministes actuelles, aveuglées par leurs œillères de gauche, défendre les revendications des gilets jaunes. Pourtant, dans l’esprit de mai 68, un vent émancipateur souffle sur toutes ces femmes aujourd’hui précarisées.


En mai 2018, on a célébré mai 1968. En novembre 2018, a commencé la révolte des gilets jaunes. Hasard ou correspondances souterraines ? Il y a un lien invisible indéniablement. Les féministes que nous sommes, « intello » et classées « bourge », ont retrouvé, cinq décennies après, le même esprit. Peu importe les divergences grossies à dessin par les médias. Nous avons ressenti le même élan, le même enthousiasme qu’il y a cinq décennies. Nous avons respiré plus large, nous avons dit bye bye à la résignation ordinaire qui nous plombe tous.

Le souffle de 68

L’esprit de mai 68, ce n’est pas celui des caciques gauchistes auto-proclamés, qui aujourd’hui paradent sur les plateaux télé et prennent de haut ce mouvement populaire. L’essentiel de 68, il faut le chercher dans les coins, en dehors des projecteurs. Alors quoi de commun entre 68 et les gilets jaunes ? Le même souffle, la même aspiration à un monde meilleur, oui n’ayons pas peur des mots. Un monde meilleur. Penser par soi-même, rejeter les diktats venus d’en haut, inventer des modes nouveaux d’intervention, occuper et subvertir des lieux morts qu’ils revivifient. Qui aurait pu imaginer que les mornes et moches ronds-points deviendraient des lieux de rencontre et de solidarité, où l’on mange ensemble, où l’on se parle, où l’on imagine le monde autrement. Là est le génie du « peuple » : redonner vie aux déserts imposés. Mai 68 venait « d’en haut », les gilets jaunes plutôt « d’en bas ». Il n’y a pas d’antinomie. Ce qui avait été commencé se continue sous d’autres formes. Les étudiants d’alors avaient ouvert la voie, une partie de la population avait suivi. Aujourd’hui, les gilets jaunes reprennent l’initiative en partant aussi d’eux-mêmes. Partir de soi, maître-mot de tous les mouvements de libération.
L’insupportable solitude de notre monde mondialisé et déshumanisé recule. Quel bonheur de renouer avec le bon sens tant décrié par nos « experts » !

Et les féministes là-dedans ? 

De dire enfin les choses telles qu’elles sont, et non telles qu’elles devraient être ! Loin des contorsions langagières et des dénis mortifères. Ces gens-là ne se racontent pas d’histoire. Ils nous remettent les pieds sur terre. Grâce à eux, il n’y a pas de fatalité à la résignation, à la morosité, au malheur. Y aurait-il un avenir autre que le CAC 40, le déferlement migratoire et l’apocalypse climatique ? Rêvons-un peu.

 

Et les féministes là-dedans ? On ne les entend guère, pas plus que la gauche dans son ensemble. Or, la majorité des néo-féministes déclarées sont toujours marquées à gauche, cette gauche qui s’est détournée de ses idéaux. Cela les a amenées à donner la priorité à certaines luttes, au détriment d’autres : un antiracisme obsessionnel, la défense des nouveaux opprimés venus d’ailleurs, la promotion du multiculturalisme. La gauche, on le sait, a abandonné les siens pour privilégier « l’Autre ». De ce fait, elle a tourné le dos à son universalisme fondateur par souci du respect des cultures. Or le féminisme, dans son essence, est universaliste et libertaire. Rappelons que mai 68 a permis sa renaissance. En cela la question des gilets jaunes le concerne. 40% des gilets jaunes seraient des femmes. Elles sont à l’initiative du mouvement. Sur leurs épaules pèsent la précarité et la monoparentalité. Il s’agit dans les deux cas d’un combat de libération, d’une aspiration à plus de justice.

Une occasion en or

Ne serait-ce pas l’occasion pour les féministes, au-delà de leurs divergences, d’élargir leur champ politique ? Le féminisme officiel est occupé ailleurs, dans ses propres chapelles, à juste titre. Mais le combat des femmes va bien au-delà du catégoriel. Le féminisme a de vastes ambitions. Il ne se limite pas à la simple égalité entre les sexes. Il prétend bouleverser la donne des relations hommes-femmes, et partant, de la relation humaine. Les gilets jaunes sont un symbole de la domination qu’exercent les uns sur les autres, en l’occurrence les riches sur les pauvres. Elle est source d’une souffrance qui a éclaté au grand jour.

Il importe d’insister sur cette dimension méconnue du féminisme : la prétention à rendre la vie plus douce entre les gens. Voilà qui permet de mieux comprendre les correspondances entre nous et les gilets jaunes.

Anne Zelensky

https://www.causeur.fr/gilets-jaunes-feminisme-mai-68-158066

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7 Commentaires

  1. Ce n’est pas étonnant ! Ils n’ont pas la meilleure place, entre le marteau et l’enclume…. Et les salopards du gouvernement le savent : ils font tout pour les maintenir sous leur pogne !
    FORCES DE L’ORDRE N’OUBLIEZ PAS QUE L’ARGENT QUE VOUS GAGNEZ
    EST CELUI DES GILETS JAUNES SUR QUI MAC CON ET SES SBIRES VOUS DEMANDENT DE COGNER !!!
    REJOIGNEZ NOUS ! CES GENS-LA SE CROIENT AU DESSUS DE TOUT ET DE TOUS ! NE VOUS LAISSEZ PAS MANIPULER !!! VOUS N’ ETES QUE DES PIONS QU’ILS CONSIDERENT A LEUR SERVICE ET UNIQUEMENT A LEUR SERVICE !!!
    NE VOUS BATTEZ PAS CONTRE VOS COMPATRIOTES MAIS REJOIGNEZ-LES !

    • 9 suicides de policiers depuis le début de l’année, autant que les agriculteurs,

      les trois syndicats de police , touts corrompus

  2. Enfin une personnalité qui aborde le sujet des Gilets jaunes avec une certaine bienveillance et même une empathie pour le mouvement . C’est tellement rare de voir des gens de qualité descendre de leur piédestal de peur de se voir jeter l’opprobre par la caste des biens pensant tout en analysant les choses sans a priori .
    j’ai particulièrement aimé quand elle parle des rond points enchantés par les Gilets Jaunes qui font de lieux froids et impersonnels des endroits de discussions, de convivialité, et même de fraternité retrouvée.
    A opposer à ce que les Européistes totalitaires veulent imposer que j’assimilerais aux autoroutes, sécurisées certes mais froides et déshumanisées et à la finale dangereuses car on s’y endort!!

  3. Le RÉFÉRENDUM des GILETS JAUNES avec Fly Rider, Etienne Chouard, Yvan Bachaud et Léo Girod
    :::: https://www.youtube.com/watch?v=rPKZKvQzhik
    DURÉE : 2h 35mn 47s
    #Démocratie #GiletsJaunes #EtienneChouard

    Le référendum d’initiative citoyenne doit devenir la revendication principale de toutes les mobilisations pour instaurer une véritable démocratie en France.

  4. Autre vérité fondamentale qu’il faudra remettre sur la table « On peut être de gauche et raciste (si si) l’étranger naturalisé en ai le parfait exemple. et même des « de souche » d’ailleurs Hitler était de gauche (bon on parle ici de l’Allemagne pourtant c’est un bon exemple pour démontrer qu’on peut-être de gauche et raciste ou fasciste)

    Tout comme on peut être de droite et favorable à l’accueil des étrangers (tant que ça ne tombe pas dans l’extrême et que ça nous empêche pas de vivre librement et en sécurité).

    Donc une immigration régularisée et non pas sénile et incontrôlable comme c’est le cas aujourd’hui.

  5. Ma chère Christine le « combat des femmes » que vous décriez tant a commencé pendant la résistance de 39-44.

    C’est de là qu’on a octroyé le droit de vote aux femmes et le long chemin vers la parité homme-femme.

    Ensuite pour en revenir à mai 68 c’est nullement un mouvement populaire mais un mouvement de bobos gauchiasses que vous refusez de voir et pourtant tellement évident.

    Ces mêmes bobos gauchiasses qui ont conduit De Gaulle vers la sortie et à installer la gauche collabo au pouvoir de manière légitime ils n’ont plus besoin d’agir en cachette comme en 39 même si ils le font toujours.

    et « faire appel à l’étranger pour régler des problèmes économiques ou sociétaux a toujours été une prédilection de gauche.

    Donc de quelle gauche que vous soutenez parlez vous celle du social? de la culture? du communautaire? de l’humanitaire?

    On voit bien que les valeurs de gauche font appel à l’étranger c’est dans leurs fondamentaux.

    Et puis dorénavant il faudra balayer tous ces clivages gauche droite qui divise plus qu’autre chose entendons nous sur des valeurs et des idées communes pas sur une appartenance à un parti politique ou un autre.

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