La défense de l’Occident s’invite dans les facs australiennes
Un nouveau cursus de l’université de Wollongong, près de Sydney, fait polémique. En cause, sa vocation, chargée de promouvoir la civilisation occidentale, est jugée conservatrice par de nombreux universitaires.
A l’heure où l’Australie regarde de plus en plus vers l’Asie, d’anciens responsables politiques conservateurs, dont l’ex-premier ministre Tony Abbott, sont entrés en résistance. Persuadés que toutes les cultures ne se valent pas, ils ont décidé de créer un diplôme universitaire en civilisation occidentale pour que les futures générations de leaders redécouvrent la valeur de leur « propre héritage civilisationnel » et apprennent à le défendre. Grâce au soutien financier posthume du milliardaire Paul Ramsay, qui a légué une bonne partie de sa fortune pour la mise en œuvre de ce projet, ils ont fondé, en novembre 2017, le Centre Ramsay pour la civilisation occidentale et offert des dizaines de millions d’euros aux universités qui accepteraient de proposer leur nouvelle licence.
Le 16 décembre 2018, un premier établissement d’enseignement supérieur, l’université publique de Wollongong, située à 80 kilomètres au sud de Sydney, a signé un accord de partenariat avec le centre sous les sifflets d’une partie du monde académique australien. « Ce diplôme en arts libéraux fournira un enseignement de première classe », s’est immédiatement défendu un porte-parole de l’établissement. « Il a été conçu pour apprendre aux étudiants à penser, non pas quoi penser. »
Sur huit ans, l’université recevra 50 millions de dollars australiens (31 millions d’euros), destinés notamment à financer les salaires de dix professeurs et 150 bourses s’élevant chacune à plus de 1 400 euros mensuels. Dans des classes de moins d’une dizaine de personnes, les élèves « se plongeront dans les grandes œuvres littéraires, artistiques et intellectuelles de la civilisation occidentale », a expliqué le responsable.
Sur le papier, cette formation interdisciplinaire s’inspire des cursus en arts libéraux dispensés par certaines facultés américaines pour transmettre une vaste culture générale aux étudiants et développer leur capacité de raisonnement critique. Un projet qui, dans un premier temps, a séduit plusieurs établissements de l’île-continent, d’autant plus que, depuis fin 2017, le gouvernement fédéral a gelé ses financements destinés à l’enseignement supérieur. Et si le nom de l’homme d’affaires Paul Ramsay, soutien de toujours du Parti libéral, a provoqué quelques froncements de sourcils, les universités australiennes ont l’habitude de recevoir des dons d’individus, d’organisations ou encore d’Etats étrangers et les acceptent dès lors qu’ils ne menacent ni leur intégrité ni leur liberté académique.
« La clé pour comprendre ce qu’est le Centre Ramsay, c’est de savoir qu’il ne s’intéresse pas simplement à la civilisation occidentale mais qu’il la soutient. » Tony Abbott, membre du conseil directeur du Centre Ramsay
Mais, alors que des négociations avaient débuté avec l’une des plus prestigieuses institutions du pays – l’Université nationale australienne (ANU) –, un article de Tony Abbott, membre du conseil directeur du Centre Ramsay, publié le 24 mai dans le magazine Quadrant, a mis le feu aux poudres. L’élu conservateur y raconte ses longues conversations avec le milliardaire philanthrope. Leur regret commun que, dans les programmes éducatifs de leur pays, chaque élément doive « être imprégné d’un point de vue asiatique, aborigène et de développement durable » et que presque personne ne semble envisager que « toutes les cultures pourraient ne pas être égales et que la vérité pourrait ne pas être entièrement relative ». « La clé pour comprendre ce qu’est le Centre Ramsay, c’est de savoir qu’il ne s’intéresse pas simplement à la civilisation occidentale mais qu’il la soutient », écrit-il enfin.
Quelques jours plus tard, plus d’une centaine d’enseignants de l’université de Sydney ont signé une lettre ouverte dénonçant une « vision conservatrice, culturellement essentialiste et européocentriste ». Ils y affirment leur opposition à ce que leur établissement héberge la formation à visée politique, tout en soulignant que les grandes œuvres occidentales sont déjà largement étudiées entre leurs murs et que le centre aurait pu soutenir les cursus existants.
En réalité, le Centre Ramsay a d’autres ambitions que de se contenter d’un simple don. Il entend participer à la conception des programmes comme à la sélection des enseignants. Il insiste même pour que ses représentants puissent assister à des cours afin de vérifier que l’enseignement dispensé y est conforme à ses attentes. En juin, l’ANU a décidé d’interrompre toute négociation, car ces demandes sont « incompatibles avec l’autonomie académique de l’université ».
L’université de Wollongong, elle, a précisé que, dans l’accord conclu, le personnel du centre pourrait observer mais pas « évaluer » les classes. Les premiers étudiants devraient intégrer cette formation en trois ans début 2020.
Note de Gromago, ô combien pertinente :
Quand on pense qu’aujourd’hui il faut une Fondation spéciale et des budgets faramineux pour enseigner ce que l’école publique a toujours enseigné .
Une école au coin de la rue où à partir de la 6è on avait droit gratuitement au latin, au grec , au programme de littérature depuis la Chanson de Roland jusqu’à Sartre (après ,c’était l’université .Ms le programme était suffisamment copieux tout de même .
Tout cela gratuit,cadeau extraordinaire de l’école républicaine à tous et respectueuse de tous .
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Quand on pense qu’aujourd’hui il faut une Fondation spéciale et des budgets faramineux pour enseigner ce que l’école publique a toujours enseigné .
Une école au coin de la rue où à partir de la 6è on avait droit gratuitement au latin, au grec , au programme de littérature depuis la Chanson de Roland jusqu’à Sartre (après ,c’était l’université .Ms le programme était suffisamment copieux tout de même .
Tout cela gratuit,cadeau extraordinaire de l’école républicaine à tous et respectueuse de tous .
Merci pour cette remarque de bon sens que j’ajoute à l’article