FIGAROVOX/TRIBUNE – Le mouvement spontané des « gilets jaunes » pourrait intimider le gouvernement, en donnant la parole à la France périphérique oubliée des élites, estime Arnaud Benedetti.
Arnaud Benedetti est professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne. Il vient de publier Le coup de com’ permanent (éd. du Cerf, 2017) dans lequel il détaille les stratégies de communication d’Emmanuel Macron.
Les «gilets jaunes» ont tout compris de l’ancien et du nouveau monde.
Et ils sont à ce stade peut-être le plus grand péril auquel a été confronté le gouvernement.
La question qui soulève leur colère renvoie à cette «sociologie des profondeurs» que le nouveau monde, dans la fulgurance de sa réussite, avait sous-estimée par excès d’optimisme d’une part, et par méconnaissance, d’autre part.
C’est bien la France fracturée, marginalisée dans les représentations des élites, économiquement et socialement en lutte pour sa survie qui frappe ainsi à la porte du présent.
On la savait malade, fatiguée ; d’aucuns, plus cyniques, l’espéraient fataliste et résignée ; la voilà éruptive.
La surprise est d’autant plus intense que cette société des périphéries, des marches de la prospérité et de la mondialisation est in fine, nonobstant sa grogne latente, plutôt légitimiste et légaliste.
Elle peut s’adonner au vote «protestataire» mais retourne, entre deux élections, dans le sillon de la patience civique.
Ces gilets jaunes expriment une mobilisation subite dont les racines plongent dans une histoire de presque un demi-siècle de «désaménagement» et de déstructuration territoriaux.
L’un des mantras du macronisme consiste à agir en négatif: la France ne s’est pas transformée, il s’agit désormais de l’embarquer dans une «grande transformation» – les pauvres s’en porteront mieux, les périphéries aussi, les classes moyennes également.
L’injonction, dont le Président s’est encore fait l’apôtre dans un entretien accordé à l’Est Républicain, occulte tout ce que la société des «gilets jaunes» a subi comme électrochocs souvent destructifs depuis des décennies: désertification sociale et économique des campagnes, fermeture des services publics de proximité, effondrement des revenus agricoles, dévitalisation des villes moyennes et de leurs centres-villes, disparition des petits commerces, etc.
Cette France-là, dont on moque parfois l’inadaptation, a connu plus de régimes d’acculturation que bien des élites dirigeantes qui lui font la leçon en l’enfermant souvent dans la désignation explicitement dénonciatrice de «populiste».
En cette matière, le populisme n’est souvent que l’alibi conservateur du «progressisme».
Rien ne dit à l’heure actuelle si le mouvement de protestation qui s’auto-organise sur des modes «basistes» réussira son pari du bras de fer avec le gouvernement.
Sa force, il la tire d’une certaine forme d’imprévisibilité ; sa faiblesse réside peut-être dans son spontanéisme protestataire, limite potentiellement structurelle à son efficacité politique.
Pour autant, la bataille de la com’, nerf des mobilisations porteuses, tourne pour l’instant à l’avantage des «gilettistes».
Ils ont su jouer sur la viralité du digital pour accéder à l’existence médiatique et au nombre ; ils ont trouvé les arguments concrets qui répondent à un argumentaire gouvernemental dont l’incantation écologique apparaît peu sincère aux yeux de l’opinion ; ils ont mis le doigt sur les plaies contradictoires des éléments de langage du pouvoir, en ramenant la hausse des taxes sur les carburants à un jeu de bonneteau ; ils ont enfin profité de la communication déconnectée, mélange de mépris de classe et d’arrogance juvénile, du porte-parole du gouvernement!
Au trébuchet d’une conjoncture assombrie par des résultats macro-économiques médiocres qui interrogent inévitablement les Français sur le sens des efforts qu’on exige d’eux, ils bénéficient pour le moment des vents porteurs des opinions.
La semaine commémorative, marketée sous le vocable précieux d’ «itinérance mémorielle», s’érige, circonstance oblige, comme une tentative pour renouer un lien avec ce pays presque étranger aux yeux d’élites, soudainement confrontées à une colonie intérieure et à un «indigénat» social dont elles ne mesurent pas l’aspiration à la reconnaissance.
Sur Europe 1, le Président a dit entendre la colère de ce nouveau «tiers-État» territorial ; il a même, par une ingénierie technique, essayé d’y répondre en proposant des mesures potentiellement compensatrices à la hausse des carburants.
L’instant n’en demeure pas moins à la circonspection, nonobstant la volonté présidentielle de déminer une situation à risques.
Reste à savoir jusqu’où la com’ performative qui assure aux «gilets jaunes» une évidente visibilité médiatique, et les propulse dans une trajectoire apparemment dynamique, suffira à traduire un succès encore virtuel en mobilisation de terrain.
Quoi qu’il en soit, leur meilleur allié est sans doute l’imaginaire sur lequel ils bâtissent leur combat: le carburant reste pour 80% des actifs le lien à leur travail et en conséquence à une mobilité indissociable de liberté.
C’est dire si le pouvoir, en titillant un nerf aussi sensible, prend le risque à son corps défendant de créer les conditions d’une coagulation improbable voici encore quelques mois.
Les «gilettistes», avec leur seul ras-le-bol et la vélocité de leurs forces numériques , réussiront-ils là où les professionnels de la contestation – syndicats , insoumis , etc…- ont échoué?
La leçon vaudrait alors non seulement pour l’actuelle majorité, mais aussi pour tous les acteurs institutionnels de l’intermédiation politique et sociale.
Note d’Antiislam
Il y a d’autres nombreux sujets, bien plus centraux, qui ne sont, « pudiquement », pas cités et sont très alarmants.
En premier lieu la destruction de la civilité française par une immigration folle, avec son corollaire effrayant l’islamisation.
Avec des élites qui, Macron en tête, refusent de traiter le sujet quand elles ne nient pas tout simplement son existence.
La destruction du système scolaire français par une administration lâche, des parents brutaux, des professeurs idéologues et des élèves voyous est aussi un de ces sujets.
Avec des élites reines du contournement de la carte scolaire.
Le niveau d’insécurité où les policiers n’ont aucun droit alors que les voyous ont tous les droits, un autre sujet.
Avec des élites qui habitent les quartiers protégés.
La dictature politiquement correct des médias avec la morgue de ses armées de journalistes, pourtant totalement sous perfusion du contribuable, n’est plus supportable.
Sans compter son complément , la censure d’Etat ou privée (Facebook etc) qui s’étend, toujours et toujours plus, sur les sujets les plus divers.
Avec des élites qui décident ce qui est dicible et ce qui ne l’est pas.
La dictature des juges, qui se permettent de se placer au-dessus de tous y compris des politiques (Fillon, Le Pen, Mélenchon), tout en s’éxonérant de toute responsabilité personnelle, est la cerise sur le gâteau.
Les juges, l’élite des élites : le premier pouvoir …
Bref le système que nous subissons est de nature totalement oligarchique: il n’est plus démocratique.
Tout cela dépasse de très loin le seul racket fiscal sur l’essence …
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Le rajout d’Antiislam est beaucoup plus parlant et bien plus complet,
Excellent !
L’ennui avec cette histoire des gilets jaunes, c’est qu’elle risque de s’éteindre rapidement, car elle ne concerne que le prix du gasoil,
d’un autre côté, elle exprime un ras le bol des Français rackettés à longueur d’année, et le reste , mentionné dans l’article, nous en sommes conscients sur ce site,
, mais les « récalcitrants » le ressentent confusément sans le comprendre, ils subissent, et arrive la goutte d’eau qui fait déborder le vase….
Bien sûr Anti-islam ! Accord à 100 % comme avec cette synthèse rappelée hier ici même et publiée sur le salon beige sur cette page :
https://www.lesalonbeige.fr/que-ce-soit-inorganise-est-la-meilleure-chance-que-le-17-novembre-soit-loccasion-dune-convergence-de-toutes-les-coleres/
Quelque chose de positif pourra-t-il sortir du mouvement du 17 novembre – appelons-le ainsi – souvenirs, souvenirs … pour les seniors oblige … – malgré toutes les fractures – qui semblent même parfois irréductibles au sein de la patriosphère et des » vents porteurs des opinions « , pour reprendre le vocabulaire de l’auteur ?
Je n’en sais rien ! Mais une chose est sûre, c’est l’heure ou jamais de la praxis et du passage à l’acte dans la vraie vie !
A chacun d’accomplir son devoir d’état, selon ses compétences et responsabilités … et plus si affinités …
Un synthèse très éclairante…
Rien à voir avec celles, ampoulées, qui concluaient les congrès des socialauds !…
Toujours aussi méticuleux Antiislam, chapeau !
Quant aux gilets jaunes, et au 17, étant donné qu’il n ‘y a pas d’élection avant le 26 Mai 2019, il faut quand bien faire savoir à chérubin que nous ne sommes pas d’accord avec sa taxe pour la transition ethnique qui nous amène à payer le carburant le plus cher du monde, ceci, afin de nous faire financer l’importation et l’entretien des pires racailles et abrutis islamisés de la planète !
Car, c’est bien ça sa taxe gas oïl = la taxe « migrants » !!!!
Alors, cela pourra paraître peut-être puéril à certains, moi j’arbore mon gilet jaune !
Je partage complètement votre combat mais par honnêteté, et justement pour ne pas que l’on nous taxe d’écrire des contre-vérités, nous ne sommes pas le pays où le carburant est le plus cher du monde …. Pour autant cela n’enlève rien à la légitimité de votre volte face.
Cordialement
Daniel
» nous sommes comme les noix nous devons être brisés pour être découverts » voici le message envoyé à macron et ses maitres par un peuple de braves gens excédés. Reste à espérer que la découverte sera autant amère pour ce méprisant que la lecture de Khalil GIBRAN peut être douce à l’esprit.
J’ai posé le mien dès la connaissance de ce « mouvement symbolique ». J’avais compris le sens et la portée de ce symbole né spontanément. On commence à en voir de plus en plus. je suis certain qu’on les fait compter à l’Enlisée…
OUI oui Antiislam vous avez tout dit ! quant aux gilets jaunes on verra ce que les veaux ont dans le pantalon ? car autour de moi je ne vois pas les choses bouger on attend pour voir j’espère être surpris positivement le 17 , je mouille ma chemise pour ça .
Les gilets jaunes c’est comme les fans de Johnny, c’est la France périphérique, celle qui souffre et proportionnellement il y aura moins de musulmans solidaires de ce mouvement que ce musulmans dans nos rues. Le réveil des sans dents a enfin lieu et ces de ce mouvement que devrait émerger un leader charismatique qui auraient j’en suis certain des chances de niquer macron et ses mignons en 2022.