Arte diffuse un documentaire de 2013 présentant Sainte-Sophie comme un « monument éternel » de 15 siècles…
https://www.arte.tv/fr/videos/047933-000-A/monuments-eternels-sainte-sophie-devoilee/ (visible en ligne jusqu’à fin août)
Transformer une église en mosquée, c’est comme, à rebours du talent du roi Midas, transformer l’or en plomb… L’opération de transformation est telle qu’elle empêche de reconnaître l’ancien derrière le nouveau.
Mais dans le fantasme idéologique d’Arte, c’est bien le même monument qui perdure « depuis 15 siècles », ce qui justifie même que ce soit le titre d’un documentaire de 88 minutes : un « monument éternel ».
Et pour nous en convaincre, l’émission fait le choix d’insister sur la pierre, la structure, la matière, les techniques pour les conserver, au détriment d’une approche davantage historique et culturelle de ce bâtiment.
Pire : le documentaire, daté de 2013, est diffusé en 2018, alors que des changements majeurs sont intervenus entre temps, sous l’influence d’Erdogan. L’héritage laïque est en danger en Turquie et Sainte-Sophie est l’emblème de cette évolution car si la Turquie laïque en avait fait un musée, dans un désir d’apaisement, il est projeté d’en faire à nouveau une mosquée.
https://www.lemonde.fr/europe/article/2013/12/12/sainte-sophie-fait-de-la-politique_4333435_3214.html
La manœuvre n’est pas inhabituelle : un bon documentaire pour attirer le chaland désireux de se cultiver devient le prétexte d’une propagande discrète. Le produit est d’autant plus frelaté qu’il paraît authentique.
Le chercheur Robert Ousterhout finit bien par dire à la minute 54 que si les restes de l’Eglise apparaissaient malgré tout dans la mosquée – les mosaïques de l’époque de Justinien en particulier – c’était pour souligner que l’église était devenue une mosquée et donc souligner la victoire réalisée par les musulmans qui avaient pris ce bâtiment dans des circonstances particulièrement peu pacifiques. http://resistancerepublicaine.com/2017/01/08/la-prise-de-constantinople-vue-par-stefan-zweig-en-1930/
Pendant presque une heure, le spectateur habitué à ingurgiter de la propagande dans les médias peut légitimement penser que c’était un signe de tolérance que de ne pas avoir détruit les signes de chrétienté dans Sainte-Sophie lors de la conquête de 1453. Il n’en est rien. D’ailleurs, les mosaïques ont fini par être recouvertes de plâtre pour complaire à Allah. Le documentaire nous montre longuement jusqu’à ce moment le détail de la construction des mosaïques… Il faut attendre une heure de documentaire pour que les différentes péripéties historiques qui ont mené à la restauration des mosaïques soient finalement exposées.
Et pour y parvenir, il faut de la volonté car le documentaire nous ennuie longuement avec les techniques mises en œuvre pour éviter l’effondrement du bâtiment, dans la mesure où « Aya Sophia » est placée sur une faille sismique.
La place accordée à cette question dans ce documentaire, à mon avis, est bien calculée : il s’agit de mettre en évidence les questions architecturales dans leur pure technique du bâtiment pour gommer l’arrière-plan historique, les conflits entre islam et chrétienté, les atténuer en somme.
De plus, il faut attendre quasiment la fin du documentaire pour apprendre que les mosaïques de l’époque byzantine (Justinien, 6ème siècle après Jésus-Christ) ont été en réalité recouvertes par les musulmans de l’Empire ottoman. Il a fallu attendre qu’après la première guerre mondiale, Atatürk accède au pouvoir pour que leur restauration soit entreprise. Ceux qui n’auraient pas eu le courage de regarder jusqu’au bout le documentaire repartiront donc avec l’idée que les mosaïques filmées ont éternellement été visibles dans la mosquée !
Sur ce point, il y a d’ailleurs une contradiction dans ce documentaire car il est dit d’une part que les musulmans avaient préservé les mosaïques malgré le commandement d’Allah de les détruire par admiration pour le passé préislamique et d’autre part, qu’ils les avaient laissées afin de rappeler que c’était une conquête. Les « calligraphies » islamiques géantes suspendues dans la mosquée devaient montrer ces deux stades par lesquels le bâtiment avait appartenu aux musulmans après avoir été chrétien.
D’ailleurs, ces calligraphies sont terriblement laides par rapport à la subtilité des mosaïques. On voit bien la différence d’approche entre l’islam et le christianisme, ainsi que le paganisme de l’Antiquité. L’islam ne représente pas d’être humain, ce n’est pas un humanisme, alors que la culture antique d’Occident oriente vers l’humanisme. Mais le documentaire se gardera bien de le dire pour éviter de froisser certains !
Par ailleurs, ce n’est pas un hasard si Atatürk est arrivé après la première guerre mondiale. Il a été installé avec le soutien des puissances occidentales au moment où l’Empire ottoman périclitait (il était déjà surnommé au XIXème siècle « l’homme malade de l’Europe »).
Comme aucun autre pays musulman n’est laïc et comme la laïcité en Turquie a beaucoup reculé ces dernières années (par exemple http://resistancerepublicaine.com/2016/04/09/des-alevis-gagnent-contre-erdogan-ils-refusent-lenseignement-obligatoire-de-lislam-dans-les-ecoles/), on peut penser que sans cette intervention, le soi-disant « monument éternel » cacherait encore soigneusement ses mosaïques originelles.
Surtout, Sainte-Sophie pourrait ne plus demeurer le musée qu’elle était mais redevenir une mosquée. Ce projet se heurte cependant à des résistances. Ces péripéties ont lieu depuis 2013. Naturellement, un documentaire paru en 2013 n’en fait pas état…
http://resistancerepublicaine.com/2016/05/30/erdogan-attaque-manifestation-pour-que-sainte-sophie-devienne-une-mosquee/
http://resistancerepublicaine.com/2015/12/03/poutine-demande-aux-turcs-de-rendre-sainte-sophie-a-leglise-orthodoxe/
http://resistancerepublicaine.com/2016/06/07/ramadan-en-turquie-ils-occupent-sainte-sophie-transformee-en-mosquee/
http://resistancerepublicaine.com/2015/04/12/a-istanbul-premiere-lecture-du-coran-dans-sainte-sophie-depuis-85-ans/
Dans un tel contexte, le diffuser tel quel en 2018 est pour le moins gênant.
Naturellement, aucun islamophobe revendiqué ne prend la parole dans ce documentaire. On voit plutôt des islamo-béats qui expliquent que la « calligraphie » islamique, c’est bôôôô (sauf que ça ne l’est pas du tout de mon point de vue, car derrière ce souci de l’écriture, il y a une négation de l’humanisme ; de ce point de vue, le terme de « calligraphie » devrait être récusé, il faudrait parler de « cacographie musulmane »).
Est d’ailleurs interrogé un « grand maître » de la ci-devant « calligraphie » qui déclare qu’il connaît un chrétien qui ne se débrouille pas trop mal, mais que pour être un bon calligraphe, c’est l’exception qui confirme la règle car il vaut mieux être musulman (sans doute parce qu’à ses yeux, la « oumma » est la « meilleure communauté »…).
Sauf que son boulot, c’est de l’artisanat, pas de l’art.
Enfin c’est vraiment à partir d’une 1 h 10 de documentaire sur 1 h 30 que sont abordées les difficultés de la restauration liées au conflit entre chrétienté et islam, qui est en vérité l’âme de Sainte-Sophie.
Une spécialiste est interrogée qui finit par reconnaître qu’il est difficile de restaurer ce bâtiment devant la difficulté de choisir quelle couche de son histoire doit être mise en évidence.
En effet, certaines mosaïques restent encore dissimulées sous le décor musulman, et toute la question est de savoir si la surface doit être éliminée pour faire émerger ce qu’elle recouvre.
Comme leur localisation précise est ignorée, il faudrait détruire tout ce qui correspond à la restauration ottomane pour retrouver ces chefs d’œuvre artistiques…
Pour ne pas froisser les mamamouchis ni les ayatollahs, et comme on peut penser que de l’argent international intervient dans cette affaire (le bâtiment est classé à l’Unesco, ce qui complique sûrement la remise en cause de la restauration entreprise au XXème siècle), un expert japonais est chargé à l’aide d’un scanner d’identifier les mosaïques derrière le décor ottoman et les reconstituer… virtuellement !
Il est chargé de détecter le métal qui peut se trouver derrière du plâtre dans un bâtiment de 5500 m² et 56 m de hauteur ! Ce qui n’a donné aucun résultat car pour découvrir les mosaïques, il faudrait en réalité effacer toutes les traces de l’époque ottomane…
Cette pseudo conciliation aboutit finalement à faire prévaloir la période ottomane sur la période byzantine puisque les mosaïques byzantines ne seront pas réellement restaurées. Ce n’est pas étonnant dans le contexte actuel (http://resistancerepublicaine.com/2016/10/14/unesco-la-plus-basse-officine-de-la-subversion-musulmane/).
Sainte-Sophie n’est donc pas le « monument éternel » auquel Arte veut nous faire croire, c’est le symbole d’une collision entre deux mondes opposés et pour tout dire, un bâtiment monstrueux.
Contrairement à un historien très lisse qui intervient dans le documentaire, je ne trouve pas magnifique de voir apparaître une mosaïque byzantine entre deux panneaux de « calligraphies » (sic), plutôt de cacographies reproduisant des versets du Coran.
C’est comme si à la fin d’une tragédie classique, un acteur explosait de rire, ça fait tache.
On ne pourra jamais nous faire croire que cette coexistence des mosaïques et des panneaux de la ci-devant « calligraphie » (cacographie) islamique exprime une coexistence multiculturelle pacifique. Ce n’est pas vrai historiquement et ça l’est moins que jamais de nos jours.
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Si les vainqueurs de la Premiere Guerre Mondiale avaient rigoureusement veillé a ce que le traité de Sevres soit appliqué, la partie ouest de l’Anatolie et probablement Constantinople aussi seraient ajourd’hui entre les mains des Grecs et on célébrerait chaque dimanche la divine liturgie dans l’église de Sainte Sophie.
Voilà bien une piste à explorer,pour les amateurs d’histoire contemporaine ! Par contre, j’ai aimé ce documentaire , très bien fait ,selon moi, qui montre bien quels géniaux architectes ont conçu ce monument sublime et trois fois saint car, issu de la Sagesse platonicienne , célébrant la Sainte Trinité et son représentant sur Terre, l’empereur Justinien , détenteur du pouvoir spirituel et temporel, garant de l’unité de l’Empire,et ce, dans la continuité la plus stricte de tous les empereurs romains, depuis Auguste.
Par ailleurs, il serait bon de ne pas tomber dans la caricature grossière qui est faite,ici, en omettant de mentionner tous les dommages qu’à dû subir le monument , après que Constantinople fut tombée aux mains des »tres chrétiens » vénitiens !
Bonjour,
Mon rêve : que cette merveille retrouve sa destination première.
Et que les envahisseurs retrouvent, par la même occasion, leur Altaï d’origine …
L’abomination de 1204 reste, malheureusement, peu connue en Europe occidentale …
Vous avez aimé Philippe Bonn et le cimetière de Prinçay ? http://resistancerepublicaine.com/2017/12/01/la-croix-demeurera-sur-le-portail-du-cimetiere-de-princay-philippe-bonn-mis-k-o/
Alors vous aimerez Joseph Geantet et le blason de Moëslains…
voir tout l’article ici
http://collisiondegalaxies.over-blog.com/2018/07/caa-nancy-28-juin-2018-le-blason-de-moeslains-une-mauvaise-farce-etrillee-par-la-critique-judiciaire.html
Attention Maxime quand vous citez un article il faut donner ses sources je les ai trouvées par hasard. Je ne peux pas relayer le dit article qui à mon sens est abscons, la métaphore du début était incompréhensible si on commence par cela, et en plus l’histoire est incompréhensible, qui est ce monsieur B ? Quel rapport avec le Maire de la commune ???
Tout est dit :
Le fantasme idéologique d’Arte, et de ceux qui sont aux commandes.
On ne trouve PLUS QUE LA PROPAGANDE IDÉOLOGIQUE sur nos écrans et sur nos journaux !
Hitler passera bientôt pour un lamentable débutant …
C’est normal, Docteur ???
Ces merdias sont vraiment des taches
Comme toujours les merdias prennent faits et cause pour l’islam qui détruit les peuples chrétiens d’orient , qui transforme les cathédrales et les églises en mosquée.
L’islam ne respecte rien ni personne.
Il est de notre devoir de dénoncer autant que faire se peut cette fausse religion qui combat les droits de l’homme et qui condamne à morts les apostats, les homos, les athées, les agnostiques et , d’une manière générale tous ceux qui veulent penser librement et vivre librement.
Je souscris totalement, les individus ne sont que des clones islamiques gare à celui qui pense différemment.
J’ai vu cette émission sur arte. Choqué par le présentateur qui s’émerveille devant la cacographie musulmane comme une grosse tache pour tenter d’effacer les mosaïques byzantine car c’est leur pratique, l’effacement et la substitution comme ce que raconte Bat Yé’or dans son autobiographie politique à propos de la Sicile ( p199 )
Magnifique article, et plaidoyer imparable, bravo Maxime.