Face à l’abrutissement généralisé qui frappe une masse énorme de nos contemporains, et, pour les autres, leur interdit de donner leur opinion, Daniel Pollett a hier, dans un excellent article http://resistancerepublicaine.com/2017/08/11/sommes-nous-empoisonnes-a-notre-insu/, cherché (et trouvé ?) de manière passionnante d’autres causes que celles de l’idéologie dominante.
Même si l’heure est plutôt à l’action qu’à la réflexion, il me semble que cette recherche des causes est essentielle, car comment pourrions-nous espérer vaincre un ennemi de cette nature sans le connaître, comment pourrions-nous espérer éradiquer une lèpre aussi tenace sans en découvrir les germes profonds ? L’armée immense des « formatés à la pensée unique », composée en première ligne des militants durs de durs mais dont les tièdes, les mous, les gentils, les utiles, les complaisants, les lâches forment le plus gros des troupes, a bien sûr ses codes. Attention ! La plupart des soldats de cette gigantesque supercherie dévastatrice les ignorent eux-mêmes : ils avancent, armés et casqués de « bonnes intentions » à sens unique, ravageant tout sur leur passage, dans une obscurité totale de la raison. C’est en quoi réside sans doute la force inouïe de cette armée : ses soldats ont perdu tout contact avec la réalité et, privés de lumière, ne peuvent désormais que chercher à en priver « les autres », par tous les moyens dont ils croient disposer encore. C’est d’ailleurs le mot d’ordre général : ÉGALITÉ.
Les formatés n’ont-ils donc aucune chance de sortir de leur asservissement consenti à la pensée unique ? C’est la question que je me pose tous les jours avec effarement.
Daniel Pollet écrit : « Le gauchisme pratiquant l’entrisme depuis Mai-68 et la déliquescence des mœurs liée au consumérisme à outrance ne sauraient être assez performants pour arriver à un tel résultat : avoir provoqué la perte de l’honneur, de l’estime de soi, de la conscience professionnelle, du sens du devoir et de la famille, du sentiment d’appartenance et du patriotisme, tous éléments ayant fait la grandeur de notre peuple durant deux millénaires. Une idéologie de pacotille et un relâchement de la discipline personnelle et sociale sont insuffisants à transformer en si peu de temps un peuple civilisé, patriote et responsable. »
Eh bien, à la réflexion je ne suis pas si sûr, justement, qu’un « consumérisme à outrance » associé à une « idéologie de pacotille » soient « insuffisants à transformer en si peu de temps un peuple civilisé, patriote et responsable »… à partir du moment où une frénésie d’ÉGALITÉ envahit la totalité de la société et imprime sa marque dans tous ses rouages.
À commencer par la culture (ou du moins ce qu’on appelle « culture » aujourd’hui).
Car, dans ce domaine, TOUT se vaut, paraît-il.
La Légende des Siècles de Victor Hugo et un torchon de Marlène Schiappa = littérature.
Les Nymphéas de Monet et une toile entièrement noire d’Ad Reinhardt = peinture.
Le Penseur de Rodin et le Vagin de la Reine = sculpture.
La Flûte enchantée de Mozart et « Nique la France » = musique.
Etc.
Tout se vaut. Et ce qui n’entre plus dans les repères habituels, déjà entièrement pervertis, est baptisé du joli nom de « performance » ; et gare à nous si nous osons émettre ce qu’ils nomment avec dégoût un « jugement de valeur ». Affirmer simplement qu’on a plus de considération pour une symphonie de Beethoven que pour une chanson de Madonna nous condamne à être taxés, irrémédiablement, « d’élitisme ».
Tout ça est déjà grave, très grave, tragique. Mais la pieuvre de l’égalité a jeté ses tentacules sur la société toute entière : puisque tout jugement de valeur est banni, seule une prétendue pensée conforme à la valorisation de tout et n’importe quoi, jusqu’au néant (culturel ou autre) est autorisée. Cette valorisation est non-négociable, à aucun niveau.
Comment des esprits focalisés en permanence sur une consommation effrénée, sur un accès indifférencié à la « culture », aux jouissances du confort, de « l’entertainment », aux profonds mystères de la création (!!!) soudain mis à la portée de n’importe quel gamin armé d’un appareil photo ou d’un « artiste » mettant sa merde en boîte (https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cyj5Rgr/r5p4gqz) et surtout la vendant 70.000 €, focalisés en permanence sur la valorisation du moindre de leurs actes, de la moindre de leurs opinions, de la plus insignifiante de leurs « créations », comment ces esprits résisteraient-ils à tant de considération ?
Comment n’auraient-ils pas, instinctivement, le désir de s’associer à un mouvement si peu exigeant en regard des avantages qu’il procure à tous, de manière si « démocratique » !?
Et si on parvient, de surcroît, à leur infuser le sentiment que, par leur adhésion, ils sont du bon côté de l’humanité, ils sont dans le camp du Bien, du Bon, du Vrai…
Comment n’auraient-ils pas, instinctivement, le désir de s’associer à leurs « élites », sachant qu’il leur suffit de se ranger du côté du plus grand nombre ?
Et puis, une fois le pas franchi, c’est tellement plus simple de garder les yeux fermés, d’avancer dans l’obscurité – mais en masse -, de répéter indéfiniment les mêmes imbécilités – mais en chœur.
Alors oui, je crois décidément qu’une « idéologie de pacotille » est très capable, dans une société ayant atteint ou conquis de haute lutte un niveau de culture et de pensée aussi élevé que la nôtre, d’anéantir peu à peu les bases mêmes de cette société.
Et il semble que nous n’ayons pas de solution à proposer, voilà le hic.
N.B. Il y a beaucoup de guillemets dans cet article, et je vous prie de m’en excuser. Mais c’est bien le signe qu’il devient quasiment impossible, aujourd’hui, d’utiliser purement et simplement un concept pour ce qu’il valait avant d’avoir subi les dégradations sémantiques auxquelles se livrent les artisans de la pensée unique.
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En complément : quelques extraits de « De la démocratie en Amérique », d’Alexis de Tocqueville.
« Quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l’oeil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent.
« C’est pour cela que le désir de l’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande. Chez les peuples démocratiques, les hommes obtiennent aisément une certaine égalité ; ils ne sauraient atteindre celle qu’ils désirent. Celle-ci recule chaque jour devant eux, mais sans jamais se dérober à leurs regards, et, en se retirant, elle les attire à sa poursuite. »
*
« L’homme des siècles démocratiques n’obéit qu’avec une extrême répugnance à son voisin qui est son égal ; il refuse de reconnaître à celui-ci des lumières supérieures aux siennes ; il se défie de sa justice et voit avec jalousie son pouvoir ; il le craint et le méprise ; il aime à lui faire sentir à chaque instant la commune dépendance où ils sont tous les deux du même maître.
« Toute puissance centrale qui suit ces instincts naturels aime l’égalité et la favorise ; car l’égalité facilite singulièrement l’action d’une semblable puissance, l’étend et l’assure.
« Et tout gouvernement central adore l’uniformité. L’uniformité lui évite l’examen d’une infinité de détails dont il devrait s’occuper, s’il fallait faire la règle pour les hommes, au lieu de faire passer indistinctement tous les hommes sous la même règle. »
*
« L’amour du bien-être chez les peuples démocratiques s’y montre une passion tenace, exclusive, universelle, mais contenue. Il n’est pas question d’y bâtir de vastes palais, d’y vaincre ou d’y tromper la nature, d’épuiser l’univers, pour mieux assouvir les passions d’un homme.
« Non, il s’agit d’ajouter quelques toises à ses champs, de planter un verger, d’agrandir une demeure, de rendre à chaque instant la vie plus aisée et plus commode, de prévenir la gêne et de satisfaire les moindres besoins sans efforts et presque sans frais.
« Ces objets sont petits mais l’âme s’y attache : elle les considère tous les jours et de fort près ; ils finissent par lui cacher le reste du monde.
« Dans les sociétés démocratiques, la sensualité du public a pris une certaine allure modérée et tranquille, à laquelle toutes les âmes sont tenues de se conformer. »
*
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Bravo, Ulysse, pour cet excellent article. Oui, peut-être les poisons physiques omniprésents ne sont-ils qu’un auxiliaire de cette entreprise dévastatrice inspirée du gauchisme banal. Au nom de l’égalité, on a prétendu supprimer les différences. On a ainsi fait disparaître la galanterie, sublimé le droit au détriment du devoir, accordé le bac à presque tout le monde, effacé la notion d’étranger… L’élitisme social, existant aussi dans la nature, est rejeté au profit du nivellement par le bas. Le jugement de valeur, si permanent pourtant dans la vie affective, sociale et particulièrement professionnelle est considéré comme une faute alors même qu’il est intrinsèque aux rapports entre les humains ; une attirance -ou une aversion- affective, qu’elle soit amoureuse ou amicale, procède naturellement d’un jugement de valeur, bien que non édicté en ce terme et non prononcé par un tribunal. Une promotion professionnelle est par définition un jugement de valeur (sauf exceptions de circonstances et les « promotions-canapé ») Moi aussi je revendique l’égalité mais dans la reconnaissance de la différence, et aussi l’élitisme puisque naturel et le jugement de valeur que j’utilise au quotidien, comme tout le monde.
Comment voulez vous que les populations soient cultivées quand on voit que l’EN pratique l’égalitarisme à fond. Dans un passé pas si lointain que ça j’étais à l’école, en primaire on nous faisait lire Jules Verne, Jack london…. au collège malgré que nos profs de musique et dessin étaient avant tout profs d’anglais ou de français, ils nous faisaient découvrir Beethoven, Bach, un peu de Beatles et on pouvait amener nos 45 tours de Trust ou ACDC le dernier cours avant les vacances seulement, en dessin on étudiait les peintres anciens on nous apprenait les perspectives, on nous mettait une oeuvre sous le nez et on essayait de la reproduire… maintenant au primaire j’ai vu mes gamins rentrer avec des livres de 22 pages maximum où il y avait plus (d’affreuses) illustrations que de texte…. au collège la musique a été remplacée par l’éducation musicale, chez nous avec une prof issue du conservatoire avec une salle remplie d’instruments auxquels les enfants n’ont même pas le droit de toucher et surprise, étude d’une chanson de stromaé, ‘un truc de rap, une chanson en espagnol de meccano (les germanistes de la classe ont apprécié d’être ignorés), et en arts plastiques (attention on ne dit surtout pas dessin), la seule fois où j’ai vu revenir une très bonne note c’est quand un des garçons a juste rendu un carré dans un rond pour se moquer du prof et de son art décalé.
Merci pour ce témoignage qui résume la catastrophe de ce qu’est devenue l’EN
Expérience personnelle : Au lycée lors de la première séance de TPE de l’année scolaire , nous nous mettons en groupe et nous devons choisir un sujet d’exposé .
Moi et ma camarade qui faisons équipe optons pour le thème suivant :
« La dictature et les régimes totalitaires dans la culture et la fiction . »
Il faut maintenant choisir quelles oeuvres nous allons présenter et citer pour illustrer le sujet .
Je commence par suggérer de parler de 1984 ( Orwell ) , la ferme des animaux ( Orwell ) , Fahrenheit 451 ( Bradbury ) , le meilleur des mondes
( Huxley ) , le film Brazil ( de Terry Gilliam ) le film Le Dictateur ( Chaplin ) mais aussi To Be or Not to be ( Lubitsch ) .
Puis je propose de terminer sur des anecdotes comme par exemple la passion de Hitler pour la peinture , la musique classique et l’opéra Allemand en passant par la sympathie de Mussolini pour les premiers longs métrages de Disney ( Steamboat Willie , Blanche neige et les sept nains . )
Ma camarade me regarde avec des yeux ronds sans rien dire , à la fin je lui demande ses idées .
Elle me répond : « Je pensais parler de Voldemort dans Harry Potter et du méchant dans Hunger Games … »
Elle ne connaissait malheureusement pas une seule des oeuvres dans la liste que je venais de lui proposer .
En filière littéraire au lycée elle n’avait pas lu un seul des ouvrages de Orwell , de Bradbury ou d’Aldous Huxley .
J’ai été vraiment surprise sur le coup .
Aujourd’hui avec le recul ça me parait très compréhensible …
Merci pour ce témoignage affligeant, c’est peu de le dire… Et elle était en filière littéraire…
Christine Tasin : Bonsoir .
Tout d’abord , désolée pour cette réponse tardive .
Pour en revenir à cette petite histoire :
Oui , elle était en filière littéraire et elle ne voyait pas le problème à n’avoir pour références que Harry Potter , Twilight ou Hunger Games .
(En passant je précise que je n’ai rien contre l’univers d’Harry Potter que je trouve d’ailleurs assez sympathique .)
Par contre ça devient un peu plus gênant lorsque l’on est au lycée en option littérature et que c’est la seule référence que maitrise votre coéquipière dans le cadre d’un travail qui comptera pour le bac …
Mais elle n’était pas la seule , loin de là .
Beaucoup d’élèves de ma classe n’hésitaient pas à expliquer en souriant qu’ils s’en fichaient pas mal de la littérature mais qu’ils choisissaient cette filière pour ne pas se retrouver en filière scientifique ou les mathématiques et les sciences physiques ont un coefficient très important .
Durant une heure d’option littérature anglaise , notre professeur avait essayé de nous faire visionner la version cinématographique de Macbeth par Orson Welles .
Mauvaise idée .
Tout le film à été entrecoupé de rigolades successives dans toute la classe .
Ce qui causait l’hilarité générale ?
Que le prof ait pu avoir l’idée de nous montrer un « film de vieux en noir et blanc . »
Le film à été coupé avant la moitié , tellement l’ambiance allait de l’indifférence à la moquerie flagrante .
Au CDI , il y avait beaucoup plus de monde autour des piles d’albums de Titeuf qu’autour de la section littérature .
L’histoire n’avait pas plus la cote et ne parlons même pas de la philosophie qui , selon une phrase répétée souvent et qui semblait faire l’unanimité au lycée , ne sert à rien .
Personnellement je me contentais d’emprunter , puis une fois la lecture terminée si le livre me plaisait vraiment j’utilisais mon argent pour me commander un exemplaire sur internet et le relire tranquillement en solitaire .
Je me suis toujours fait cette remarque :
Pour tenir un peuple en soumission , une arme à feu c’est très peu discret et ça fait peur , ça oblige la victime à réagir .
Alors que l’ignorance est invisible , subtile , sournoise , très rassurante et agréable .
PS : Mais malgré tout ça , je pense aussi à d’autres jeunes que j’ai rencontré qui aiment la culture .
Qui lisent , qui adorent l’histoire , qui sont fous de musique , qui sont intéressés sincèrement par la politique .
Même si ils se comptent sur les doigts de la main .
Oui heureusement il y a des fous de culture parmi la jeune génération, aussi… mais elle n’est plus majoritaire
» taxés, irrémédiablement, « d’élitisme ».
j’ accepte avec plaisir d’ être ainsi taxé!! et espère bien le mériter 😆
oui je suis élitiste, oui je hais ces pseudo « lumières » dont la luminosité s’ arrête a l’ interrupteur qui est devenu l’ ascenseur social de bons a riens!!
je hais …….. »ces espèces d’animaux cruels, les plus violents quand ils ont la supériorité et les plus traîtres quand ils ne peuvent triompher par la force……. »
Chateaubriand:… « Note sur la Grèce »…
pas besoin d’ un Hugo pour fustiger toutes ces conasses qu on nous inflige pour écrire une « Légende des Pestes »
y en a des buboniques « ta mère » , comme des « Noires »…..ce sont en général les mêmes 😆
au moyen âge, elles tueront 50% de la population européenne
au 21 eme siècle ce sera sans doute 95% …Et sans bateaux contaminés, ni lazarets, ni quarantaines ,
déjà, quand tu lis que la Nasique (variété de cercopithécidé) Anissa Khedder represente la France a l OTAN……t’ as une envie de te gratter le crâne assez inexplicable….démangeant ? dérangeant ??
Merci de m’avoir permis d’ajouter le mot « cercopithécidé » à mon vocabulaire, ou plutôt « cercopithecidae », mais bon, je ne vous jetterai pas l’anathème! ?
Preuve encore s’il en était besoin que le QI des français baisse, baisse, baisse …