Pour ne pas être un abruti, des racines, un enseignement digne de ce nom, et l’exemple de Simone Weil

Illustration : jeunes abrutis du Meilleur des Mondes.

En complément à mes deux derniers articles :

http://resistancerepublicaine.com/2017/08/10/comment-sont-ils-tous-devenus-des-abrutis/

http://resistancerepublicaine.com/2017/08/11/bande-dabrutis-jai-vecu-dans-votre-futur/

« Ce qu’on appelle aujourd’hui instruire les masses… »

Simone Weill est décédée à 34 ans, en… 1943.

Et, déjà à cette époque, elle osait écrire, dans «  L’Enracinement » :

« L’enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine. C’est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. Participation naturelle, c’est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l’entourage. Chaque être humain a besoin d’avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l’intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie. »

« Ce qu’on appelle aujourd’hui instruire les masses, c’est prendre cette culture moderne, élaborée dans un milieu tellement fermé, tellement taré, tellement indifférent à la vérité, en ôter tout ce qu’elle peut encore contenir d’or pur, opération qu’on nomme vulgarisation, et enfourner le résidu tel quel dans la mémoire des malheureux qui désirent apprendre, comme on donne la becquée à des oiseaux. »

On imagine ce qu’elle écrirait en 2017.

Article publié sur Sos Education :

http://e.soseducation.org/a/?F=agymqyn76n2fy2ahrcjx6gwr8zlkdbp4gz5k65fxl965s2xg3ac3kmz-8679342

Note de Christine Tasin

Pour ceux qui ignoreraient qui est Simone Weil ( le W la distingue de la femme politique décédée il y a peu ) qui n’est plus évoquée nulle part, même en cours de philo…

Extraits de sa fiche wikipedia

Simone Adolphine Weil est une philosophe, humaniste, écrivaine et militante politique française,

[…]

Née à Paris le et morte à Ashford (Angleterre) le .

Bien qu’elle n’ait jamais adhéré explicitement par le baptême au catholicisme malgré une profonde vie spirituelleNote 1, elle est reconnue et se considérait comme une mystiquechrétienne1. Elle est également une brillante helléniste, commentatrice de Platon et des grands textes littéraires, philosophiques et religieux grecs, mais aussi des écritures sacrées hindoues. Ses écrits, où la raison se mêle aux intuitions religieuses et aux éléments scientifiques et politiques, malgré leur caractère apparemment disparate, forment un tout d’une exceptionnelle unité et parfaitement cohérent2,3. Le fil directeur de cette pensée, que caractérise un constant approfondissement, sans changement de direction ni reniement, est à chercher dans son amour impérieux de la vérité, philosophiquement reconnue comme une et universelle4, et qu’elle a définie comme le besoin de l’âme humaine le plus sacré.

[…]

En 1924-1925, elle suit les cours du philosophe René Le Senne au lycée Victor-Duruy, à Paris, et obtient, au mois de juin 1925, le baccalauréat de philosophie (selon la dénomination en vigueur à cette époque-là) à seize ans.

En octobre 1925, elle entre en classes préparatoires littéraires au lycée Henri-IV, où elle passe trois ans. Elle a pour professeur de philosophie le philosophe Alain, qui demeure son maître9. Simone de Beauvoir, d’un an son aînée, qui croise son chemin en 1926 dans la cour de la Sorbonne, accompagnée d’une « bande d’anciens élèves d’Alain », avec dans la poche de sa vareuse un numéro des Libres propos et L’Humanité, témoigne de la petite notoriété dont elle bénéficiait déjà : « Elle m’intriguait, à cause de sa réputation d’intelligence et de son accoutrement bizarre… Une grande famine venait de dévaster la Chine, et l’on m’avait raconté qu’en apprenant cette nouvelle, elle avait sangloté : ces larmes forcèrent mon respect plus encore que ses dons philosophiques10. »

Elle entre à l’École normale supérieure en 1928, à 19 ans. Son mémoire de Diplôme d’Études Supérieures en 1930 porte sur Science et Perception dans Descartes11. Elle obtient son agrégation de philosophie en 1931, à 22 ans, et commence une carrière de professeur dans divers lycées de province.

[…]

Au cours de l’hiver 1932-1933, au Puy, elle est solidaire des syndicats ouvriers, elle se joint au mouvement de grève contre le chômage et les baisses de salaire, ce qui provoque un scandale. Décidée à vivre avec cinq francs par jour, comme les chômeurs du Puy, elle sacrifie tout le reste de ses émoluments de professeur à la Caisse de Solidarité des mineurs12.

[…]

 

Elle passe quelques semaines en Allemagne, au cours de l’été 1932, dans le but de comprendre les raisons de la montée en puissance du nazisme. À son retour, avec beaucoup de lucidité, elle exprime dans plusieurs articles, entre autres dans La Révolution prolétarienne, l‘inévitable victoire de Hitler qui risque de survenir. Ayant obtenu un congé d’une année pour études personnelles, elle abandonne provisoirement sa carrière de professeur, à partir de septembre 1934 ; elle décide de prendre, dans toute sa dureté, la condition d’ouvrière, non pas à titre de simple expérience, mais comme incarnation totale, afin d’avoir une conscience parfaite du malheur : dès le 4 décembre, elle est ouvrière sur presse chez Alsthom dans le 15e arrondissement de Paris13, devenue depuis Alstom, puis elle travaille à la chaîne aux Forges de Basse-Indre, à Boulogne-Billancourt, et enfin, jusqu’au mois d’août 1935, comme fraiseur chez Renault. Elle connaît la faim, la fatigue, les rebuffades, l’oppression du travail à la chaîne sur un rythme forcené, l’angoisse du chômage et le licenciement14,15. Elle note ses impressions dans son Journal d’usine.

L’épreuve surpasse ses forces. Sa mauvaise santé l’empêche de poursuivre le travail en usine. Simone Weil souffre en particulier de terribles maux de tête qui dureront toute sa vie. Elle reprend son métier de professeur de philosophie au lycée de Bourges, à l’automne 1935, et donne une grande partie de ses revenus à des personnes dans le besoin. Elle prend part aux grèves de 1936. Elle milite avec passion pour un pacifisme intransigeant entre États.

En août 1936, malgré son pacifisme mais fidèle à ses idéaux anarchistes16, elle prend le train pour Barcelone et s’engage dans la colonne Durruti au début de la guerre civile espagnole pour combattre le coup d’État fomenté par le général Franco le 1er octobre 193617.

[…]

Juive, lucide sur ce qui se passe en Europe, elle est sans illusion sur ce qui les menace, elle et sa famille, dès le début de la guerre.

[…]

 En juin 1941, le père Perrin écrit à Gustave Thibon pour lui demander d’accueillir Simone Weil dans sa ferme en Ardèche : « Elle est exclue de l’université par les nouvelles lois et désirerait travailler quelque temps à la campagne comme fille de ferme ». Après un premier mouvement de refus, Gustave Thibon accepte finalement25 ; elle est embauchée comme ouvrière agricole et mène une vie volontairement privée de tout confort durant plusieurs semaines, jeûnant et renonçant à la moitié de ses tickets d’alimentation au profit des résistants.

[…]

Elle participe à la Résistance en distribuant les Cahiers du Témoignage Chrétien, réseau de résistance organisé par les jésuites de Lyon.

[…]

Le , elle s’embarque avec ses parents pour les États-Unis mais, refusant de rester à New York, ville qu’elle ressent comme trop confortable en ces temps de guerre, elle fait tout pour se rendre en Grande-Bretagne où elle arrive en fin novembre 1942 ; elle travaille comme rédactrice dans les services de la France libre, et rédige plusieurs études sur la nécessaire réorganisation de la France une fois la guerre terminée, en particulier Note sur la suppression générale des partis politiques, Idées essentielles pour une nouvelle Constitution, et sa très importante Étude pour une déclaration des obligations envers l’être humain ; mais ce qu’elle souhaite par-dessus tout, c’est obtenir une mission pénible et dangereuse. Soucieuse de partager les conditions de vie de la France occupée, son intransigeance dérange. Elle démissionne de l’organisation du général de Gaulle en juillet 1943. Elle souhaitait rejoindre les réseaux de résistance sur le territoire français ; elle est déçue par le refus de l’entourage de de Gaulle (Maurice Schumann, Jean Cavaillès, André Philip) de la laisser rejoindre ces réseaux de la résistance intérieure. Elle y risquait en effet d’être rapidement capturée par la police française, identifiée comme juive et déportée.

Sa santé est de plus en plus défaillante, elle est déclarée tuberculeuse et admise à l’hôpital de Middlesex en avril 1943. Elle meurt au sanatorium d’Ashford, le 24 août 1943, à l’âge de 34 ans d’une crise cardiaque. Elle est enterrée au cimetière catholique d’Ashford29.

[…]

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6 Comments

  1. Vous souvenez de Anissa Khedher ( député  » LREM « , comme ils disent ) ?
    Non ?
    C’est pourtant celle ci :

    https://www.youtube.com/watch?v=F8iXtWtsSaQ

    qui vaut son pesant de cacahuètes !

    Eh bien figurez vous que :  » Élue députée LREM de la 7e circonscription du Rhône en juin dernier, Anissa Khedher a été nommée titulaire de la délégation française à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN. »

    ( https://www.lyonmag.com/article/89936/anissa-khedher-lrem-nommee-membre-de-la-delegation-francaise-de-l-assemblee-parlementaire-de-l-otan-les-moqueries-fusent )

    OTAN en emporte le vent !

  2. Cette grande âme mérite notre respect. Il n’y a pas de plus grande noblesse que de se sacrifier pour les autres comme Simone Weil l’a fait, humblement et volontairement. Son engagement et sa lucidité, sa vie doivent être des exemples pour nous. Chapeau bas!

  3. Merci pour cette présentation de Simone Weill avec un W.
    Je me demandais depuis longtemps quelle est sa pensée et encore une fois, grâce à Résistance républicaine j’améliore ma culture générale.
    Je me souviens avoir eu 16/20 au bac de philosophie, en ayant en réalité jamais lu le moindre philosophe autrement que par des extraits en cours au lycée.
    Mais comme je rédigeais bien et savais ordonner quelques idées traînant dans ma cervelle de moineau, je m’en suis bien sorti, en étant en réalité nul en philosophie…

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