Tous les Turcs ne sont pas d’accord avec Erdogan, mais comme dans toute dictature la véritable opposition est muselée.
Victimes directes des purges ou marginalisées de fait par l’union sacrée autour du chef de l’Etat, les voix dissidentes sont muselées.
Face à l’Erdoganomania, l’opposition réduite au silence
La célébration fusionnelle des foules sous le drapeau rouge et blanc national emporte tout. L’Erdoganomania est la seule face visible et audible de la Turquie aujourd’hui. Face à l’irrésistible emballement populaire, toute voix critique ou réservée sur les excès du discours de la grande Turquie citadelle assiégée se trouve marginalisée. Quand elle n’a pas été étouffée. Ou supprimée. Intellectuels et opposants turcs de différentes tendances blâment tous les jours davantage les putschistes pour «l’énorme service qu’ils ont rendu à Erdogan», dit l’écrivain et journaliste Ahmet Insel, installé en France. Comme d’autres, il rappelle que le coup d’Etat avorté a permis «une escalade de l’autoritarisme rampant du président turc et la répression des libertés déjà menacées».
Certes, les purges avaient commencé en 2013. Elles marquaient alors le début de la confrontation avec le mouvement guléniste. Des mesures contre la liberté d’expression s’étaient multipliées après la répression d’«Occupy Gezy», le mouvement de contestation des jeunes à Istanbul.«Depuis, les intellectuels démocrates sont pratiquement hors jeu en Turquie», estime Atila Özer, philosophe et écrivain franco-turc. Mais la chape de plomb qui s’est abattue il y a trois ans est pourtant sans comparaison avec la gigantesque machine à épurer, à limoger, à suspendre, à arrêter et à emprisonner qui touche depuis le 15 juillet des dizaines de milliers de fonctionnaires, militaires, policiers, magistrats, enseignants, journalistes et universitaires. La traque implacable a instauré la peur et la méfiance chez un grand nombre de cadres et intellectuels turcs, qui observent le silence. Beaucoup cherchent à fuir le pays avant d’être frappés par une mesure d’interdiction de sortie du territoire. Installée à New York, l’organisation Scholars at Risk, qui vient en aide aux universitaires menacés, rapporte que 102 chercheurs turcs se sont adressés à son réseau pour tenter de trouver un poste à l’étranger.
«Chasse aux sorcières»
Les journalistes, déjà sous forte pression, sont massivement visés. Outre les dizaines de médias fermés, accusés d’être proches du mouvement Gülen, intimidations et accusations pleuvent toujours un mois après le pustch manqué, dirigées contre les rédacteurs de plusieurs autres journaux, radios et télévisions. Pas moins de 99 journalistes sont en prison, selon la Fédération européenne des journalistes.«Je ne parlerais pas de répression systématique ou tous azimuts en dehors des réseaux Gülen», tempère toutefois Ahmet Insel. Dans ses articles publiés deux fois par semaine par le quotidien d’opposition Cumhuriyet, l’écrivain assure n’avoir jamais été censuré. «Je continue de critiquer fortement Erdogan. J’ai utilisé l’expression « chasse aux sorcières » pour condamner les purges et c’est passé.» Le chroniqueur reconnaît toutefois la faible diffusion du quotidien, à peine 60 000 exemplaires dans un pays qui n’est pas épargné par la crise de la presse écrite. «Le plus important, c’est l’audiovisuel. Or, il est complètement verrouillé par le pouvoir et sert de machine de propagande très efficace, confirme Erol Önderoglu, représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie. Face à la puissance des chaînes d’information en continu mobilisées dans le soutien au pouvoir et la dénonciation des conspirateurs, les opposants confinés aux petits médias ou aux réseaux sociaux pèsent peu. Même la chaîne CNN Türk, restée professionnelle jusque-là, coule une lune de miel avec Erdogan. Le soir du putsch, ce dernier a appelé la présentatrice sur son portable pour s’adresser en direct sur Facetime à la population turque», rappelle le journaliste franco-turc. Ecartées de force ou marginalisées de fait, les voix dissidentes doivent s’effacer face à «un unanimisme malsain qui a saisi toute la société turque», selon les mots de Jean Marcou, spécialiste de la Turquie à Sciences-Po Grenoble, dans le Monde.
«Les arguments d’Erdogan sur la Turquie seule au monde, détestée et jalousée pour sa gloire passée et son destin magnifique, portent réellement dans la population», observe le correspondant de RSF. «Erdogan monopolise la vox populi et se présente comme l’incarnation de la volonté populaire», confirme Ahmet Insel, qui trouve au président turc des accents à la Hugo Chávez, l’ancien leader vénézuélien. «Le discours anti-européen et anti-américain marche bien, surtout quand les Etats-Unis sont fustigés pour leur refus d’extrader le prédicateur Fethullah Gülen, considéré comme l’instigateur du putsch, estime encore l’écrivain. Car l’humeur anti-Gülen est très majoritaire, bien au-delà des cercles de l’AKP, y compris dans les milieux de gauche ou kurdes.»
«Erdogan ou Gülen, c’est la même chose, dit un autre journaliste d’opposition en attente d’être jugé en Turquie et qui doit garder l’anonymat. Ils sont tous les deux islamistes, antidémocrates et anti-Kurdes. Ils ont longtemps été alliés. Maintenant, c’est une lutte pour le pouvoir entre eux.» Erdogan profite de la situation pour mettre en avant l’union sacrée, face à la mouvance guléniste dont personne en Turquie ne prend la défense.
«Basculement»
La mise en avant systématique par Erdogan du «turquisme» et du sunnisme pousse le pays vers un ancrage moyen-oriental et musulman contre l’Europe «donneuse de leçons». Au grand dam des intellectuels pro-européens qui craignent «un basculement géostratégique de la Turquie vers un projet de société islamiste et opposée à l’Occident»,selon les termes d’Atila Özer. Le philosophe, qui dès le début de la répression appelait l’Union européenne, dans une tribune publiée dans Libération, «à exiger de la Turquie un retour à l’Etat de droit», confie son désarroi. Reconnaissant la «popularité incontestée et enracinée d’Erdogan dans la classe moyenne turque», il déplore «l’indifférence de l’Europe vis-à-vis de la Turquie depuis le début des années 2000»et croit possible une «vraie rupture avec l’UE». Le rapprochement avec la Russie de Poutine conforte ses craintes d’un divorce avec l’Otan. «Erdogan est toujours allé plus loin que ce que l’on pouvait imaginer», met en garde Özer. Le risque d’une «Turquie perdue pour l’Europe», comme l’affirmait il y a quelques jours son ministre des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, relève pourtant encore de la rhétorique et de la surenchère, estiment la plupart des experts.«L’ancrage dans l’Otan et le lien avec l’UE restent importants, y compris pour la classe moyenne urbaine qui est la base de l’électorat de l’AKP», juge Ahmet Insel. Mais sur cette question, comme tant d’autres, le débat démocratique entre intellectuels n’a pas sa place dans une Turquie en état d’urgence. «Il y a toujours eu deux Turquie, résume Özer. Mais aujourd’hui, celle opposée à Erdogan se tait.»
Et ses leaders poursuivis http://www.i24news.tv/fr/actu/international/moyen-orient/99607-160118-turquie-le-chef-de-l-opposition-poursuivi-pour-insulte-au-president-erdogan.
Depuis le monde libre soutenons ceux qui dénoncent un système qui se prétend « mystico-religieux » mais qui est en fait totalitaire.
560 total views, 1 views today
« Le détroit de Gibraltar se réduit chaque année du fait que le Maroc est placé tout près de l’Europe »
Ils sont forts ces islamistes, ils réussisent à réduire le détroit de Gibraltar pour pouvoir passer plus facilement! Quand on dit qu’ils sont bons à rien, alors c’est pas vrai? :))
Evitez la Turquie comme lieu de vacances et actuellement, c’est le cas. Mes voisins sont partis en Croatie par la route.
La Croatie est un pays magnifique à voir avec ses monuments, ses villages, ses villes portuaires et ses merveilles. Ils ont eu raison de privilégier des pays européens que d’aller trop loin.
Par contre, n’allez pas sur l’Italie (sauf sur la côte), car aujourd’hui, il y aurait 18 morts (voire dans les heures à venir cela va augmenter). 6,7 sur l’échelle de Richter. La plaque africaine est en train de remonter vers la plaque européenne et l’Italie en est l’épicentre.
D’autres séismes vont se reproduire prochainement en Méditerranée ou en Afrique du Nord. Le détroit de Gibraltar se réduit chaque année du fait que le Maroc est placé tout près de l’Europe. Dans un millier d’années, la Méditerranée sera une mer fermée et il n’y aura plus d’eau. Des îles vont disparaître comme la Corse, les Baléares, la Sardaigne, Malte, Lampedousa et celles de la mer Egée. Ce sera une nouvelle Atlantide ?
Et tout çà grâce à qui, les dirigeants américains et l’union européenne, encore des victimes de plus, et toujours par les mêmes.
Ils font vraiment tout l’inverse pour défendre la liberté les dirigeants, ils laissent condamner, s’ils le font pas d’eux mêmes, tous ceux qui se battent pour la liberté et encourage tous les dictateurs et dictatures pourris, qui prend de plus en plus de place.
Détruit toutes nos colonies, qui pouvaient encore apporter la civilisation, l’ émancipation de cette horreur Islam de merde, qui n’a apporté que malheurs et destruction dans les pays d’Orients et qui commence chez nous.
Mais là, c’est terminé bande de crapules, vous n’allez pas continuer votre merde.
A méditer pour ceux que l’idée d’un putsch démange…
Je reste persuadé qu’il est l’origine de se putsch manqué c’est.trop flagrant .
Dans »Le Pendule de Foucault », Umberto Éco écrivait : « Si vous craignez un complot, organisez-le » ainsi ceux qui voulaient le faire s’y engouffrent et tombent sous votre contrôle …..
oui moi aussi je suis certain! Mais il va tomber de haut bientot!!!
Je ne pense ne versons pas dans le complotisme. Is se contente d’instrumentaliser à son profit et dans une dérive autoritaire cette tentative de putsch qui a échoué.
Monsieur Hala Kodmani, cette Turquie opposée à Erdogan, a contribué à le porter au pouvoir.
Souvenons nous de ces élites stambouliotes européanisées (habitants d’Istanbul) et notamment de ces milieux universitaires qui avaient accueilli avec bienveillance l’arrivée au pouvoir de l’AKP , allant même jusqu’à comparer ce parti, au parti chrétien démocrate allemand largement sécularisé. Cette classe moyenne intellectuele et ces milieux d’affaires voyaient d’autant plus avec plaisir l’arrivée au pouvoir de l’AKP qu’à leurs yeux cela mettait à bas le nationalisme intransigeant des forces kémalistes à l’époque en 2002 encore très présente au sein de la magistrature et de l’armée , nationalisme kémaliste présenté comme un obstacle à l’intégration européenne de ce pays. L’AKP a aussi a bénéficié du soutien des institutions européennes de nombreux hommes politiques européens , mais aussi de nombreux universitaires et spécialistes de ce pays , de gauche, ou du centre droit libéraux et atlantistes, n’appréhendant la Turquie que comme pilier de l’OTAN et comme étant un des rares pays du Moyen-Orient (avec l’Egypte et la Jordanie) a entretenir des relations diplomatiques avec Israël . Tous ces gens là on cédé à la pensée magique et ont voulu croire à l’émergence d’une Turquie débarrassée de l’emprise de l’armée qui était une sorte d’état dans l’état pour devenir une grande démocratie moderne s’appuyant sur un parti musulman conservateur modéré ne voulant pas voir que pour les dirigeants de l’AKP , l’islam restait le marqueur principal et que la transformation de la Turquie en état réellement démocratique n’a jamais été le projet politique de ce parti islamiste dit modéré, mais juste un outils , un faire semblant pour obtenir le soutien, en interne, des milieux économiques et entrepreneuriale turcs favorable à ce rapprochement avec l’Europe et faire espérer à la population turque modeste une amélioration de son niveau de vie. Sur le plan extérieur les pays européens ont vu dans le rapprochement entre la Turquie et Israël après l’arrivée au pouvoir d’Erdogan, le signe du maintien d’un ancrage de la politique turc dans le « camps occidental »
et ne voulant pas voir en contrepartie les liens forts que les nouveaux dirigeants turcs entretenaient avec les pays arabes les plus rétrogrades et les plus porteurs d’un islam fondamentaliste comme notamment l’Arabie saoudite et le Soudan.
l’image de Herr Dogan du texte me fait penser qu’il salut dans un bain de sang d’être humains et c’est ce qu’il a fait cet assassins ! il a tuer beaucoup d’êtres humains et mérite comme sentence la peine de mort cet assassins islamiste