Au Pakistan, la vie devient impossible pour les chrétiens

Les craintes des chrétiens du Pakistan matérialisées avec l’attentat de Pâques
Par AFP , publié le 28/03/2016 à 15:33 , mis à jour à 15:33
Des chrétiens pakistanais pleurent un des leurs victime de l’attentat suicide de Lahore, le 28 mars 2016.
Islamabad – Les pires craintes des chrétiens du Pakistan se sont matérialisées avec l’attentat qui a ensanglanté un parc de Lahore le jour de Pâques, estiment des militants qui s’attendaient à un retour de bâton après l’exécution d’un assassin islamiste.
Une faction dure du mouvement des talibans pakistanais a revendiqué l’attaque qui a fait 72 morts dimanche, assurant que sa cible était les chrétiens, et menaçant d’autres attentats à l’avenir.
Des représentants de la communauté chrétienne ont fait part du mauvais pressentiment qui les habitait depuis que le gouvernement avait pendu Mumtaz Qadri, un islamiste radical ayant tué Salman Taseer, un homme politique favorable à une réforme de la loi controversée sur le blasphème.
« La communauté chrétienne s’attendait à un retour de bâton après l’exécution de Qadri, surtout à l’occasion de fêtes religieuses telles que Pâques », estime Shamoon Gill, militant chrétien et porte-parole d’une organisation de défense des minorités. « Nous craignions que quelque chose n’arrive ».
Ces craintes n’ont fait qu’augmenter lorsque les islamistes ont organisé le jour de Pâques des prières commémoratives pour Mumtaz Qadri, pendu le 29 février et salué comme un héros par une frange conservatrice de la société.
Dans leur revendication, les talibans n’ont pas mentionné l’extrémiste pendu.
Mais l’attentat est intervenu au moment même où des heurts opposaient la police à des milliers de partisans de Qadri à Islamabad, réclamant l’application de la loi sur le blasphème et l’exécution d’une chrétienne justement condamnée pour de tels faits, Asia Bibi.
« Des manifestants réclament qu’un assassin (Qadri, NDLR) soit considéré comme un héros de la nation, et le gouvernement les laisse s’exprimer », s’est insurgé Cecil Shane Chaudhry, directeur de la Commission nationale Justice et Paix, une ONG chrétienne, accusant les autorités de « s’agenouiller devant les extrémistes ».
Le pape François a demandé lundi aux autorités du Pakistan de tout faire pour assurer la sécurité de la population et en particulier de la minorité chrétienne, qualifiant l’attentat d' »exécrable ».
– Persécutions et discrimination –
L’attaque de Pâques est la dernière en date « d’une longue série de persécutions des chrétiens dans le pays », déplore le défenseur des droits de l’Homme Hussain Naqi.
Les chrétiens sont régulièrement pris pour cible par des extrémistes, notamment en 2013 à Peshawar, quand un double attentat-suicide dans une église avait fait 82 morts.
Ils subissent également une discrimination quotidienne dans le monde du travail, et vivent sous la menace d’être accusés de blasphème, un chef d’accusation souvent détourné pour régler des comptes personnels, selon les défenseurs des droits de l’Homme.
Le blasphème est passible jusqu’à la peine de mort au Pakistan, République islamique de 200 millions d’habitants, dont 1,6% à 2% sont des chrétiens.
De simples accusations peuvent déclencher des lynchages.
« Nous transmettons à nos enfants une histoire déformée, ou plutôt fausse, dans laquelle le mollah est pieux et les minorités sont mauvaises, et c’est une tendance très dangereuse », a souligné M. Naqi.
« Ce n’est pas seulement un problème pour les chrétiens, c’est la même chose pour les Hindous et les Ahmadis, et c’est pourquoi ils font tout ce qu’ils peuvent — que cela soit légal ou non — pour quitter le pays ».
Une opinion partagée par Mr Chaudhry.
« Il y a un sentiment d’insécurité grandissant au Pakistan, et quiconque n’est pas musulman n’est pas en sécurité dans ce pays », a-t-il ajouté.
Des militants ont déploré que les autorités cherchent selon eux à sous-estimer les menaces visant la communauté chrétienne.
« La cible n’était pas les chrétiens en particulier », a ainsi affirmé à l’AFP un haut responsable de la police, Haider Ashraf, soulignant que beaucoup de victimes de l’attaque de dimanche étaient musulmanes.
M. Naqi a accusé le gouvernement d’être dans le déni au sujet des menaces, et d' »essayer de minimiser l’attaque, pour dissimuler sa propre incapacité à protéger les chrétiens et les minorités ».
Lundi, environ 3.000 partisans de Mumtaz Qadri étaient toujours rassemblés à proximité des principales institutions pakistanaises dans la capitale.
Ils réclament notamment la pendaison d’Asia Bibi, une chrétienne mère de cinq enfants qui est dans le couloir de la mort depuis sa condamnation pour blasphème en 2010.
Sources :
http://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/les-craintes-des-chretiens-du-pakistan-materialisees-avec-l-attentat-de-paques_1777269.html

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10 Commentaires

  1. Le fait que la majorité des victimes de l’islamisme soient musulmanes, loin d’être une circonstance atténuante, est une éclatante confirmation de ce que nous affirmons: quand une « religion » qui aspire à gérer le monde entier n’est même pas capable d’assurer la paix à ses propres croyants, alors on ne peut qu’en déduire que c’est une « bête immonde » à détruire de toute urgence !

  2. Quelle miraculeuse coïncidence !
    A Pâques, au palais du Vatican, François lèche les pieds des musulmans
    Au même moment, pour le remercier, des musulmans pakistanais assassinent des enfants et des femmes chrétiens.
    Comme dirait l’autre: merci pour ce moment, François.

  3. Je suggère de lire l’article de ce monsieur : http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/03/29/31001-20160329ARTFIG00092-lahore-le-deni-d-un-massacre-antichretien.php
    Il dit une chose vraie : les chrétiens sont méprisés car leur religion est celle de l’ordre établi. Que veulent les élites ? Un chaos, afin de mieux pouvoir régner et se gaver sur notre dos. Les chrétiens, les « affreux chrétiens » qui ont colonisés des pays (apportant par là même la civilisation, le progrès, celui qui permet aux gens de mieux vivre) ne peuvent pas être des victimes. Aussi lors de cette attaque, il y en a qui se sont même empressés de rappeler que les musulmans restent les premières victimes d’attentats au Pakistan. Qu’ils prennent garde, tous. Nous n’avons pas dit notre dernier mot, et à la fin, ce ne sont pas eux qui riront les derniers.

  4. C’est en effet très inquiétant quant au sort de Asia Bibi que nous suivons et défendons depuis le tout début de cette sinistre affaire de blasphème à son encontre (malgré de nombreuses pressions exercées pour la libération de Asia Bibi)

    • En effet cher Antiislam, , l’islam se pose toujours en victime. Encore une façon détournée de se faire accepter. La sempiternelle chanson : « Le terrorisme fait plus de victimes musulmanes ! » La victimisation est une de leur spécialité. Quand bien même elle ferait des victimes musulmanes, en quoi cela excuse l’islam ? – car je déplore les victimes quelque soit leur religion ou origine – mais ces attentats ne viennent ni des Bouddhistes ni des chrétiens ni des juifs. Ils viennent de l’islam. Donc c’est leur problème et ils n’ont qu’à le résoudre. Quant à dire qu’il y a plus de victimes chez les musulmans, c’est insulter toutes les autres victimes non musulmanes, principalement chrétiennes depuis 14 siècles, sans oublier les vagues de chrétiens assassinés par l’idéologie criminelle qu’est l’islam – dans tout le Levant et en Europe. Remarquez comment les musulmans doivent toujours innocenter leur religion- qui incite à la haine du non musulman ! – Ils s’en font un devoir…

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