Lettre ouverte à l’illettrée qui nous sert de Ministre de l’Education nationale

Madame le Ministre,

Apparemment vous n’aimez pas notre civilisation, ni nos auteurs, ni notre langue, ni le latin et le grec. Je viens ici vous dire quels bienfaits vous refusez à nos enfants en évoquant ma petite expérience personnelle sur le latin et le grec…

J’ai passé un bac littéraire avec comme matière principale le latin. J’étais le seul dans ma ville (taille moyenne) dans cette catégorie, et le grec ancien en option à l’oral.

Si vous saviez comme cela a pu me former à voir le monde autrement…

Dix ans après, même après avoir fait d’autres études, je continue à lire des ouvrages de Vernant ou de Jacqueline de Romilly. Les enseignants qui m’ont le plus marqué sont les professeurs de lettres classiques… Ces cours à 4 ou 5 entre midi et deux, après avoir mangé en vitesse parce que déjà, le lycée ne faisait que nous tolérer, nous qui voulions apprendre ces langues « mortes » « qui ne servent à rien »…

Pourtant cela change la vie parce qu’enfin vous comprenez la langue que vous parlez,  vous n’avez plus peur d’apprendre de nouveaux mots, vous faites des liaisons entre vos savoirs, vous devenez sensibles à l’euphonie, à la beauté d’une langue.

J’ai très bien réussi mes études ensuite et je pense pouvoir dire que le latin et le grec ancien m’y ont beaucoup aidé car ils m’ont aidé à me passionner pour le travail intellectuel.

Cela m’a aidé à développer ce que l’on appelle « des facilités » et surtout à découvrir les origines de notre civilisation.

Mettre en perspective notre histoire, c’est accéder à quelque chose d’universel, sortir de ces vies étriquées, stressées, fermées sur soi-même que le monde d’aujourd’hui voudrait nous imposer… se connecter à ses racines. J’ai eu de bons professeurs, mais j’aurais bien aimé pouvoir compter aussi Christine Tasin parmi eux !

Oui il y a un aspect élitiste, mais pas parce que ce serait réservé à des gens privilégiés… L’option était ouverte à tout le monde, mais certains étaient plus courageux que d’autres qui ne voulaient pas sacrifier leur pause de midi ni s’encombrer du travail supplémentaire que cela impliquait… Aujourd’hui, quels que soient les milieux dont on pouvait venir (c’était dans l’enseignement public et je peux vous dire que le petit groupe qu’on formait était d’origine modeste), nous ne regrettons pas l’effort…

Sans hésiter, notre civilisation est belle !

Maxime

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19 Comments

  1. Le témoignage de Maxime me touche car moi aussi, j’ai suivi une filière littéraire avec latin de la 6eme a la terminale. Je me souviens qu’à la fin des années 70, déjà sous l’influence du sinistre Haby qui initiait le processus destructeur, notre professeur de Français nous avait timidement proposé, à titre facultatif, une « initiation » au latin. Elle nous avait expliqué que la discipline n’était plus au programme, sauf pour les volontaires dont les parents devaient donner expressément leur accord. J’ai compris plus tard que si pour nous, c’était optionnel, pour notre professeur, c’était du bénévolat, aujourd’hui, je dirais un engagement, une abnégation, un don de soi hors du commun. Mes parents, modestes ouvriers immigrés, ont signé oui sans hésiter. C’est par le Latin que j’ai appris et acquis la pratique des subtilités de la langue française, c’est grâce au Latin que nous avons assimilé le système des déclinaisons de l’Allemand, 1ère langue vivante. Le Latin et l’étude de la civilisation latine m’ont sensiblement aidé dans mes études de droit, discipline débordante de références latines. Mille mercis à mes professeurs dont le souvenir reste intact et ma gratitude immense.

    • Merci à toi aussi Dideau pour ce témoignage. Je suppose que si Bel Kacem nous lisait cela accroîtrait sa haine du latin

  2. J’ai fait sur le tard des études de philosophie pour le plaisir et ai été obligée dans ce cadre de refaire du latin. Au début c’était un peu dur, j’avais tout oublié. Puis mon latin m’est revenu, la prof ouvrait la bouche et la règle clignotait en même temps dans ma tête. Je pense que nous avons tous des réserves en mémoire et il suffit de les activer. Ce qui au début avait été un peu une corvée est devenu un vrai plaisir. Le latin est une source de culture, et en même temps c’est la meilleure « gym cerveau » : pour faire une version ou un thème, placer les mots dans le bon ordre est une sorte de jeu, logique et exigeant. On en retire pas mal de satisfaction intellectuelle.

    • Merci Sandrine pour ce témoignage très vivant montrant l’actualité du latin, plus que jamais nécessaire !

  3. Nous sommes tous d’accord sur la valeur de ces deux langues anciennes, mais dans deux ans ne pouvons nous pas espérer une réhabilitation de notre enseignement classique ? Soyons optimistes !!!

    • Nous pouvons l’espérer car la levée de boucliers provoquée par cette réforme imbécile est telle que nous pouvons légitimement augurer d’une remise à l’honneur des langues anciennes.

      • Notre seul salut, un changement politique en 2017 ou une révolution !

  4. je reviens vers vous Christine, le reportage sur internet :
    BFMTV le 28/08/2015 à 11h45…
    image du début du reportage : magrébine blonde enseignant le code
    le FN de Sarreguemines s’oppose aux cours trilingues pour les cours du permis de conduire

    • Merci Jacqueline un de nos lecteurs m’a envoyé le lien j’a i préparé un post pour demain

  5. Chére Christine,
    Tôt, ce matin sur une chaine de télévision , ITELE ou BFMTV, rubrique d’un journal télévisé de nuit.
    Une des 3 femmes parlait correctement le français avec le journaleux …

  6. Tout à fait d’accord avec vous. Le grec ancien et le latin sont très formateurs. Je les ai pour ma part appris à la maison avec mon père entre 8 et 11 ans car on ne les enseignait pas à l’école primaire. Mon père avait trouvé cette solution pour diminuer mon budget bouquins : il fallait m’acheter des livres tous les week-ends tellement je lisais vite tandis qu’avec ses anciens livres de grec et de latin, cela coûtait moins cher tout en satisfaisant mon goût pour la lecture. Au CES, il n’y avait qu’une vague initiation au latin en cinquième et des cours en quatrième et troisième et rien pour le grec ancien. Au lycée, impossible de faire du latin si on était en section économique et sociale ce qui était absurde car c’était la section prisée par les historiens. Cela fait déjà longtemps que les langues anciennes sont le parent pauvre de l’éducation nationale mais la réforme imposée par le diktat de Belkacem signe l’arrêt de mort de notre civilisation et de notre culture. Je suis d’accord également avec vous pour dire que ce ne sont pas des langues élitistes car de nombreuses personnes très modestes les apprennent même à un âge avancé. Il y a parmi elles des ouvriers à la retraite comme d’anciens fonctionnaires… Il y a des associations qui se sont créées pour leur permettre de les apprendre.

    • Vous avez eu une chance inouïe, Agnès, qui me rappelle Montaigne… Grâce à votre père nous avons la chance de vous avoir parmi nous parce que je ne doute pas que c’est en partie grâce à cet appétit de savoir et à ce bain dans la culture antique que vous avez ouvert les yeux

      • Ce bain dans la culture antique et le goût pour le savoir ne m’ont pas ouvert les yeux, ils m’ont empêchée de les fermer. J’ai toujours été vigilante sur les atteintes intolérables à la liberté et à la civilisation. Dès les années 80, je m’insurgeais contre l’esprit de conquête de l’Islam et de ses vassaux que nous nommons aujourd’hui islamocollabos. Mais tout le monde se foutait de ma gueule. On a toujours tort d’avoir raison trop tôt. L’avantage du savoir et de la culture antique est qu’ils sous-tendent l’esprit de révolte. On dit souvent des jésuites qu’ils sont d’excellents éducateurs et que les éducations qu’ils ont les mieux réussies sont celles des enfants qu’ils ont poussés à la révolte. Mon père, homme très intelligent et très cultivé, m’a poussée à la révolte par son caractère impossible contre lequel je m’insurgeais et par sa culture qu’il me transmettait et qui constituait le ferment intellectuel de cette révolte. Je serai rebelle toute ma vie. Et paradoxalement j’aime l’ordre. Mais si on lit les historiens grecs et latins, on s’aperçoit que les sociétés anciennes ont eu leurs révoltes et des armées très disciplinées et ordonnées donc vous avez raison, je suis un produit de cette culture antique dans laquelle j’aimerais tant avoir le temps de me replonger.

  7. ce matin, je découvre que dans certaines auto-écoles de FRANCE, les cours du code sont donnés en arabe par une femme à des femmes déguisées en moukére…il parait qu’elles réussissent leur permis …l’inspecteur parle aussi arabe ??
    le FN intervient pour dénoncer ce état de fait …aussitôt les merdias se sont emparées de la discrimination …des questions me sont venues :
    déguisées de la sorte , elles ne travaillent certainement pas, qui leur paient ce permis ?? …
    Quelle est la langue officielle de la FRANCE ?

  8. J’aurais aimé étudier ces langues… Mais j’étais un peu cancre et j’ai quitté l’école très tôt.

    Seulement je suis d’accord avec vous car j’ai cinq filles, plus douées que moi côté scolaire, et j’aimerais au moins qu’elles aient le choix, chose qu’elles n’auront plus avec les conneries de belkacem.

    Pour moi ça n’est guère gênant d’avoir arrêté l’école si tôt, pour devenir militaire puis routier il n’y a pas besoin d’un gros bagage, mais les temps ont changé, aujourd’hui pour espérer un bon avenir il est évident qu’il faut des diplômes, MAIS SURTOUT DES CONNAISSANCES (et certains diplômes ne valent plus autant qu’avant)

    Il faut s’instruire quoi ! Pas se contenter de ce que propose l’éducation nationale, comme vous l’avez fait !

    Seulement voilà, nos élus savent, comme l’ont su avant eux la noblesse française, que moins le peuple sera instruit, et plus il sera corvéable.

    Hors sujet rapide.
    Le dernier prototype de camion de Mercedes possède en plus du régulateur de vitesse un système qui repère les marquages au sol…
    … J’ai vu la vidéo de présentation, on peut lâcher le volant, le camion gardera sa trajectoire ! (il y a juste à surveiller en somme)

    À ce rythme, combien de temps faudra-t-il pour se passer du chauffeur ?
    Et combien d’emplois seront perdus ?

    L’état veux un peuple con et pauvre, car cela ferait le bonheur des multinationales, qui, économisant côté salaires verraient leurs bénéfices monter, et donc, paieraient plus d’impôts.

    • Oui combien de temps encore pour que l’homme ne soit plus qu’un outil… Je suis atterrée par ce que tu racontes

    • Bonjour,
      le format « lettre ouverte » est parfait ; merci Christine pour l’adaptation ! Je souscris !
      Dans notre groupe d’hellénistes, il y avait une fille dont la mère s’était suicidé en se jetant sous un tramway… elle vivait seule avec son père alcoolique et servait de mère de substitution à ses plus jeunes frères et soeurs.
      une autre était fille de routier, Philippe 😉
      Quant à moi, j’étais le premier de ma famille à faire des études… ni mes parents, ni mes grand parents n’en avaient fait… mais je voulais devenir prof de lettres donc on choix était plus rationnel.
      nous étions tous différents mais finalement si captivés par ces cours… bien sûr les premières années on ne comprend pas l’intérêt des déclinaisons latines, on s’arrache les cheveux sur les esprits rudes de la langue grecque… mais c’est la première étape pour ensuite pouvoir « entrer » dans la langue, faire des thèmes et des versions qui permettent vraiment de s’en imprégner.
      Aujourd’hui je suis le seul du groupe à pouvoir continuer à me servir de cette expérience dans le cadre de mon métier. Les autres se sont orientés vers des carrières plus courtes et il est vrai que je me sens un peu privilégié d’avoir eu un professeur pour 4 ou 5 et d’avoir pu accéder à ce parcours original dans l’Education nationale… mais je ne l’ai volé à personne, j’ai simplement pris une option qui était ouverte à cette époque, je ne le dois qu’à mon travail et mes choix d’études. Beaucoup ne sont pas intéressés par ces matières, mais j’entends souvent des gens dire qu’ils regrettent de ne pas l’avoir fait, une fois qu’ils sont dans des études ou mêmes sur le tard, à 35, 50 ou 60 ans ! Un ami qui vient de prendre sa retraite de cadre bancaire m’a demandé de lui prêter mes livres pour s’y mettre!
      à cette époque (cela fait dix ans, je le répète !), il n’y avait qu’une seule matière au lycée qui était aussi peu prisée : l’arabe. Je ne sais pas si c’est toujours ainsi…
      l’Education nationale continue-t-elle d’offrir une chance à des jeunes qui ont compris que pour s’ouvrir au monde, il faut d’abord se connecter à ses racines… et surtout peut-être à des jeunes qui ne sont pas « fils de profs » ?

      • Ravie Maxime que ma présentation vous convienne. Hélas la rentabilité fait aussi des ravages à l’EN et à présent vous ne pourriez plus faire de grec à 4 ou 5 ; en-dessous de 8 l’option est fermée… Il est vrai qu’on ne peut pas donner des milliards d’heures de soutien à des chances pour la france, soutien qu’ils boycottent et rendent ingérable et continuer à former une élite qui veut comprendre, savoir, évoluer…

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