Voici le fichier audio intégral de l’interview Entrevue Père Boulad Résistance républicaine
En complément, la transcription de cette interview qui présente des passages phares comme ceux-ci :
« La question du nombre ne joue plus, parce que l’on peut être modéré aujourd’hui et radical demain en fonction de la mosquée d’à côté et du prêche du vendredi. Nous savons tous que ce sont les minorités qui font l’histoire et certains individus déterminés qui marquent les tournants radicaux.
Dire que la majorité des musulmans n’est pas radicale, je dis oui, mais pratiquement, elle se laisse manipuler.
C’est pour ça qu’il ne faut pas uniquement parler du nombre, car la plupart des musulmans que nous connaissons sont sympathiques et très gentils, mais ce courant fondamentaliste radical qui est actuellement représenté par les frères musulmans prend le dessus.
Le concept de démocratie et d’élections doit être revisité et revu, parce que l’élu qui a fait des promesses et ne les tient pas, alors le peuple a le droit de retirer sa confiance
Les Frères musulmans sont aux commandes à la Maison Blanche »….
TRANSCRIPTION DE L’INTERVIEW
Alexander:
Bonjour Père Boulad.
Au nom de notre présidente Christine Tasin, des membres et des lecteurs de Résistance Républicaine, je tiens à vous remercier de nous accorder cette entrevue.
Père Boulad:
Merci.
Alexander:
Pouvez-vous rappeler brièvement aux lecteurs de Résistance Républicaine votre parcours et votre rôle en Egypte?
Père Boulad:
Mon parcours, si l’on est plongé dans l’histoire. Je suis d’origine syrienne, de Damas. En 1860, mon grand-père a fui Damas à la suite de persécutions qui ont abouti au massacre de 20 000 chrétiens. Il s’est réfugié à Alexandrie où je suis né. Quand j’avais 11 ans, nous avons pris la nationalité égyptienne, j’ai renoncé à la nationalité syrienne. J’ai adopté une autre nationalité, libanaise. Mes parents étaient de culture plutôt française, car ayant fréquenté les institutions françaises d’Égypte. Maman, papa étaient chez les frères des écoles chrétiennes, ainsi que moi-même. Nous avons donc acquis la langue française dès le plus jeune âge.
Puis à l’âge de 19 ans, j’ai décidé de me faire jésuite. J’ai fait deux années de formation au Liban, spirituelle, ce qu’on appelle le « noviciat ». Puis ensuite deux années à Laval en France, études littéraire, grec, latin, français, art. J’ai commencé l’art très tôt, à l’âge de huit ans. Puis, trois ans à Chantilly au nord de Paris, philosophie, j’ai donc une licence en philo. Je suis rentré en Égypte pour trois années de stage en éducation, soit dans le collège des jésuites du Caire, soit au séminaire copte catholique de Maadi. Puis, je suis allé au Liban pour théologie, quatre ans de théologie, j’ai ma licence en théologie. J’ai été ordonné prêtre en 1963. J’ai ensuite fait deux années aux États-Unis, une année de formation mystique et une autre année sur l’étude de la psychologie de l’éducation où j’ai obtenu un master de l’Université de Chicago. Ensuite, je suis rentré en Égypte, j’ai été pendant 8 ans responsable du cours préparatoire, c’est-à-dire des 11/13 ans et puis je suis venu à Alexandrie, supérieur de la maison avec des activités très diverses, puis j’ai été supérieur régional des jésuites en Égypte, pendant quelques années. Ensuite, j’ai été à Caritas pendant 12 ans, directeur. Et pendant ces douze ans, j’étais président Caritas du monde Arabe, depuis la Mauritanie jusqu’à l’Irak et de Chypre à la Somalie. Je suis ensuite revenu à Alexandrie, et j’ai été nommé au Caire recteur du collège (collège de la salle). Et depuis 4 ans, je suis directeur du centre culturel jésuite à Alexandrie, avec des activités, à la fois artistiques d’un côté, et intellectuelles de l’autre. Centre qui attire beaucoup de jeunes, moitié chrétiens, moitié musulmans, et qui permet un dialogue au niveau de la culture, de la réflexion, de l’art, de l’information, qui est très fructueux et qui crée un tissu social commun.
Alexander :
Quel regard portez-vous sur l’islam?
Père Boulad:
Je pense qu’il y a deux islams, il y en a plus, j’en distingue six. Mais pour faire simple, mettons qu’il y en ait deux. Un islam ouvert et un islam fermé. En 1860, lorsque mon grand-père était menacé de mort, il était menacé de mort par les musulmans. Il a été accueilli par un musulman nommé Abdel Kader, qui était en résidence surveillée à Damas, et qui a ouvert les portes de son palais à tous les chrétiens menacés de mort. Il les a sauvés de la mort, donc c’est grâce à un musulman que je suis devant vous ce matin. Mais, c’était un homme, ce qu’on appelle un saint Simonien, c’est-à-dire ouvert à la modernité, à la réflexion, aux droits de l’homme, aux valeurs de la modernité. Il symbolise, d’une certaine manière tout ce courant modéré, ouvert, libéral dont je parlais tout à l’heure.
Il y a l’autre courant de ceux qui ont voulu massacrer mon grand-père et faire massacrer 20000 chrétiens, et qui aujourd’hui se cristallisent autour des frères musulmans et qui représentent un peu le fer de lance de cet islam intolérant et conquérant. Ces deux islams dont je parle, ont leurs racines dans la vie de Mahomet lui-même. Je dis souvent que Mahomet a commencé comme mystique et prophète et qu’il a terminé comme chef de guerre et chef d’état. Le tournant, la charnière, c’est 622 quand il a quitté la Mecque pour fonder sa cité. Alors, à partir de ce moment-là, il y a eu une dérive par rapport à la religion initiale, qui se voulait mystique, qui se voulait ouverte et tolérante. Il y a eu deux séries de versets, dans le Coran, les deux séries ont été consignées dans le Coran, juxtaposées, si on peut dire. Des versets disent que nos meilleurs amis sont les juifs et les chrétiens, il faut les aimer, pas de contrainte en religion, Dieu est plus proche de l’homme que sa veine jugulaire en d’autres termes, une union très mystique, intérieure et spirituelle de l’islam. Et puis avec les versets de Médine, nous avons exactement le contraire ; or les versets de Médine représentent les 2/3 ou les 3/4 du Coran. Au bout de quelques siècles, 2/3 siècles, les musulmans se sont rendus compte de cette contradiction entre les deux tendances, ils ont fini par prendre une décision de l’abrogeant et de l’abrogé, les versets médinois abrogeant les versets mecquois, malheureusement, si bien que, à partir de ce moment-là, l’islam s’est vu conforter dans cette direction conquérante, qui a d’ailleurs existé dès l’origine de l’islam.
Alexander:
L’islam majoritaire, c’est plutôt l’islam modéré ou l’autre?
Père Boulad:
Alors, il faut distinguer entre quantitativement, quantitativement, l’islam modéré l’emporte, car l’ensemble des musulmans ont plutôt cette tendance, n’est-ce pas, mais le peuple se laisse facilement mener ou noyauter par une minorité qui s’appelle, si vous vous voulez les frères musulmans qui sont très organisés, qui est une force structurée, déterminée à tout et de ce point de vue là, je dirais que la question du nombre ne joue plus, parce que l’on peut être modéré aujourd’hui et radical demain en fonction de la mosquée d’à côté et du prêche du vendredi. Donc, et nous savons tous que ce sont les minorités qui font l’histoire et certains individus déterminés qui marquent les tournants radicaux, l’histoire n’est pas menée par les masses en général, c’est le départ des groupes ou bien des individus qui ont une idée dans la tête et qui sont organisés et déterminés. Et donc, c’est pour ça, dire que la majorité des musulmans n’est pas radicale, je dis oui, mais pratiquement, elle se laisse manipuler. C’est un peu le cas partout en occident, où la masse des musulmans sont des gens très sympathiques, ouverts, mais ils se laissent dominer par ce courant radical qui fait la pluie et le beau temps et s’ils ne suivent pas, ils se font intimider, massacrer, rejeter. C’est pour ça qu’il ne faut pas uniquement parler du nombre, car la plupart des musulmans que nous connaissons sont sympathiques et très gentils, mais ce courant fondamentaliste radical qui est actuellement représenté par les frères musulmans prend le dessus.
Alexander:
Comment avez-vous vécu les derniers évènements en Égypte?
Père Boulad:
Les tout derniers, avec une grande espérance. Quand je suis rentré du Liban le 03 juillet dernier, j’ai dû essayer de venir de l’aéroport à Falquala au centre ville, mais j’en ai été empêché par une foule en liesse qui célébrait la victoire sur les frères musulmans, et quand j’ai découvert qu’il ne s’agissait pas de quelques millions mais de 33 millions qui ont déferlé dans la rues à ce moment-là et que le mouvement Tamarood avait rassemblé 22 millions de signatures pour éjecter Morsi qui n’avait été élu que par 15 millions de voix, je me suis rendu compte qu’il y avait un tournant radical de pris entre le 30 juin et le 03 juillet. Pendant ces trois jours-là le peuple a décidé et l’armée n’a fait que protéger cette décision du peuple en accédant à son désir, car jusqu’à présent elle s’était voulue neutre, mais quand elle a vu que le peuple rejetait un pouvoir insupportable, elle a pris fait et cause pour lui et a défendu cette révolution. Nous avons là, je pense, un modèle de révolution unique dans l’histoire, c’est pour ça que je pense que le concept de démocratie et d’élections doit être revisité et revu, parce que l’élu qui a fait des promesses et ne les tient pas, alors le peuple a le droit de retirer sa confiance. Je donne souvent la comparaison suivante, quand vous achetez une boite de caviar norvégien au supermarché et il y a écrit sur l’étiquette que c’est le meilleur caviar au monde et une fois que vous l’ouvrez vous la trouvez pourri. A ce moment-là, qu’est-ce que vous faites? Vous la mangez ou vous la jetez? Vous la jetez bien évidemment, alors l’étiquette ne correspond pas au contenu et le contenu ne correspond pas à l’étiquette. Avec les frères musulmans, c’était ça. Ils nous ont promis monts et merveilles et quand on a ouvert la boite, on s’est aperçu que tout était pourri. Ils se sont discrédités eux-mêmes, en d’autres termes, c’est eux qui se sont exclus. Ayant finalement accédé au pouvoir après 85 ans d’attente et de ruse, ils n’ont pas su garder ce pouvoir, ils n’ont pas su gérer l’Égypte. Ce sont des politicards de haute voltige mais ils ne sont pas des gestionnaires et nommer des ministres aux postes clés parce qu’ils sont frères musulmans sans tenir compte de leurs compétences et de leurs capacités à gérer les ministères qu’on leur confie est une sottise monstrueuse. C’est eux qui ont préparé leur chute et ils n’ont qu’à se plaindre envers eux-mêmes.
Alexander:
Comment voyez-vous l’avenir du pays?
Père Boulad:
Il y a deux options, très simples, optimiste ou pessimiste. Moi, je suis de nature optimiste, non seulement parce que j’ai des gênes et un tempérament optimiste, mais parce que j’ai la foi et l’espérance. Et je crois que finalement, le bien l’emportera. Je crois en l’homme, je crois que l’homme finalement… surtout quand c’est un peuple tout entier, sent où est la bonne direction et là, je dirais que ce qui s’est passé en Égypte est unique, donc je suis plutôt optimiste, d’autant que jusqu’à présent Sissi semble un type honnête, correct, fort et compétent, sans ambition personnelle et qu’il a mis en place un gouvernement provisoire qui gère correctement le pays et qui marque une rupture par rapport à la gestion catastrophique que nous avons connue pendant un an. Et donc, je suis plutôt optimiste.
Maintenant, il y a évidemment des enjeux capitaux dans la nouvelle constitution que l’on est en train de préparer et qui doit être ratifiée en novembre prochain, donc dans un mois, c’est très important, aboutira-t-on à une constitution laïque qui sépare le religieux du civil, je l’espère mais j’en doute, parce que la société a été tellement islamisée depuis une trentaine d’année, supprimer certains articles risque d’indisposer ou bien d’amener des réactions contraires. Peut-être que l’on arrivera à un compromis, bon la constitution est un enjeu capital.
L’économie, je suis plutôt optimiste, puisque la région du Golfe a promis 13 milliards de dollars à l’Égypte et que les investissements représentent à peu près autant avec la stabilité et la sécurité qui commencent à s’installer en Égypte, donc on peut s’attendre à un boum économique dans les années à venir, les mois à venir étant donné cette injection massive de fonds dans une économie qui est normalement saine. L’économie égyptienne est une économie saine, alors à ce moment-là, il y aura aussi le retour du tourisme qui est un apport essentiel, donc les investissements, le tourisme, le canal de Suez et puis l’économie intérieure qui peut redémarrer sans problème avec tous ces atouts que je mentionne là. Maintenant, les USA semblent ne pas vouloir entrer dans la combine et ce que j’admire dans Sissi et dans le gouvernement actuel, c’est la distance qu’ils prennent vis-à-vis des USA, qui va retirer une partie de ses fonds, qui représente quoi, un milliard , c’est misérable, s’ils pensent pouvoir nous mener par le bout du nez avec leur milliard, qu’il le gardent, on le leur a dit et répété, ils ont opté pour les frères musulmans et bien qu’ils continuent ainsi, d’autant que les frères musulmans sont aux commandes à la Maison Blanche actuellement avec des tas de conseillers supérieurs d’Obama, au point qu’on doute même qu’Obama soit pas lui-même frère musulman.
Alexander:
Quel regard portez-vous sur les pays occidentaux à la lumière de ce qui se passe en Égypte?
Père Boulad:
Les pays occidentaux devraient tirer les leçons de ce que nous avons vécu et de ce que nous vivons plutôt que de s’agripper à des positions éculées et qui sont avérées fausses. Les pays occidentaux ont vécu dans le mensonge, je parle notamment de trois pays en particulier, les USA, la France et l’Angleterre, n’est-ce pas, ils continuent et s’obstinent dans des prises de positions qui sont démenties par les faits, sans se rendre compte qu’en soutenant les frères musulmans, c’est un genre de sabordage qu’ils opèrent dans leur propre pays où les frères musulmans sont en voie de prendre le pouvoir, ils sont plus que présents et actifs.
Il y a en occident, notamment les pays de l’OTAN, une naïveté, une complicité ou les deux, ou une inconscience aussi qui fait que je suis très inquiet, très très inquiet par rapport à cette lente infiltration de l’occident par l’islam. J’appelle ce que font les frères musulmans en occident un travail de termite, c’est-à-dire, l’apparence du bois est intacte et ils travaillent en dessous et quand on vient ouvrir la porte de l’armoire, elle tombe en poussière. L’occident actuellement est en train d’être sapé, un travail de sape, en dessous de la maison, à l’intérieur du bois, des poutres, ils s’infiltrent partout et comme ils sont maîtres dans l’art de la stratégie, de la technique du double langage et que celle-ci est justifiée par la « taquiya » qui est leur principe du droit de tromper pour le bien de l’islam. Ils prennent les postes clés, ils s’infiltrent dans les lieux stratégiques, ils changent lentement les législations, les constitutions et donc ce long travail de sape va aboutir dans un futur qui n’est pas lointain à un effondrement de l’occident, parce que l’occident en même temps refuse de voir les choses en face au nom du politiquement correct, de l’islamophobie, et de la condamnation de toute résistance et de tout langage clair par rapport à ce qui se passe. Alors, vous êtes en train de brader vos valeurs, vos principes, vos lois elles-mêmes qui ne sont pas appliquées. Quand la police veut intervenir pour régler une situation conflictuelle dans la rue et bien on l’empêche pour ne pas avoir d’histoire, mais les histoires vous les accumulez finalement et vous les aurez un jour toutes d’un seul coup sur la tête. Il est grand temps que l’occident se réveille parce qu’il complètement en dehors de la plaque. Je pense à un pays comme le japon qui a interdit complètement l’islam de pénétrer, parce que en voyant ce qui se passe, il dit ce n’est pas le peine d’introduire le loup dans la bergerie, la Russie est beaucoup plus lucide.
Alexander:
Elle commence à prendre des mesures.
Père Boulad:
Draconiennes. L’Australie est très claire. Mais il y a une mollesse du côté de l’occident bien pensant qui est le début d’un effondrement. Quand on étudie la chute des civilisations, comme Arnold Joseph Toynbee, le grand historien des civilisations, qui a fait neuf tomes sur l’histoire de l’humanité et bien il a constaté que la plupart, pour ne pas dire toutes les civilisations ne se sont pas effondrées par suite d’agressions extérieures, mais de l’intérieur. Elles se sont effondrées par, je dirais, une perte de ses fondements, de ses valeurs, et voilà. Et donc actuellement, l’occident qui paraît en pleine santé est un peu attaqué par l’intérieur et moi je suis très très inquiet. Cela fait une trentaine d’année que je tire la sonnette d’alarme pour mettre en garde l’occident. J’ai écrit articles sur articles, j’ai fait conférences sur conférences, interviews sur interviews, ma voix est souvent contestée qu’on trouve trop tolérante, mais il faut avoir le courage de parler, or beaucoup n’ont pas ce courage. Ils se font museler par des considérations qui ne tiennent pas debout.
Alexander:
Est-ce que la destitution des frères musulmans en Égypte pourrait être un frein à l’islamisation de la France?
Père Boulad:
Oui, je pense. A condition que la France fasse ce qu’a fait l’Égypte. Mais ça ne va pas venir automatiquement. L’Égypte a payé le prix et la France doit payer le prix. Si bien que croire automatiquement ce qui s’est fait en Égypte va agir sur la France, non, ni sur l’Europe, non. En d’autres termes, tirez les leçons et prenez les mesures et faites ce qu’il faut faire. En constatant que ceux qui ont rejeté les frères musulmans ce sont massivement des musulmans, n’est-ce pas. Et je suis surpris qu’un pays comme la France, qui est le pays de la raison, de la rationalité, de Descartes, bon, n’arrive pas à faire certaines distinctions élémentaires et que tout soit mis dans le même panier et que finalement, prendre certaines mesures contre un islam conquérant, agressif, intolérant, est mal vu, car on est censé à ce moment-là être contre l’islam, or quand on voit que ce sont des musulmans qui ont rejeté les frères musulmans en Égypte… Écoutez, entrez en classe de sixième, et puis réfléchissez un peu, ce sont de telles évidences qui crèvent les yeux, qu’on se demande comment vous vous êtes laissés piéger et vous continuez à le faire. Et en tout premier lieu, l’église de France qui joue le jeu du dialogue, de la conciliation, de la tolérance en emboitant le pas à Massignon qui a été un peu à l’origine de ces textes de Vatican 2. Mais il y a là un discernement qui est à faire mais qui n’est pas fait, soit au niveau des pays ou des politiques soit au niveau de l’église.
Alexander:
La situation en Égypte peut-elle donner des idées à la population française?
Père Boulad:
Absolument! Je suis heureux de constater que le peuple français commence à se réveiller et à s’organiser un peu comme en 44. Vous avez eu ce qu’on appelle la résistance et bien, il y a eu le maquis, des groupes organisés. Je crois que vous allez actuellement entrer en résistance, et que c’est en train de se faire, à travers les blogs, à travers des groupes, à travers des sites, à travers des réunions, des manifestations.
Alexander:
Ces groupes sont souvent menacés ou poursuivis pour un mot qui n’est pas dans le politiquement correct.
Père Boulad:
C’est là que les frères musulmans sont très habiles, parce qu’ils ont des avocats payés très cher et qui ont discerné les failles de votre législation par lesquelles ils peuvent s’infiltrer et faire condamner tout propos jugé discriminatoire. C’est là qu’il ne faut pas tomber dans le piège. Il faut que nous développions des gens ultra compétents, plus compétents qu’eux qui puissent étudier la législation et voir où se situent les failles qui leur permettent de nous faire taire et de nous museler. Donc, je dirais, il faut que la France en particulier, l’occident en général entre dans un état de résistance, non seulement passive, mais active. Il est grand temps de Réagir. Or toute personne qui réagit en France est immédiatement taxée d’extrême droite, FN, lepéniste et raciste. C’est d’un simplisme affligeant, affligeant! N’est-ce pas? D’ailleurs, ces catégories de gauche et de droite sont absolument non pertinentes aujourd’hui, comme grille d’analyse, la gauche et la droite n’ont aucune pertinence pour juger une société. Et le seul fait d’avoir écarté le facteur religieux d’une analyse d’une société, notamment d’une société musulmane, fait que vous passez à côté de la plaque. C’est comme si vous vouliez peser quelqu’un avec un mètre ou bien le mesurer avec une balance, n’est-ce pas, le mètre c’est fait pour mesurer, la balance pour peser. Alors vous prenez les catégories qui sont celles que vous avez héritées du passé et qui pouvaient à une certaine époque être pertinentes, mais actuellement, elles ne le sont plus, si bien que l’on tombe dans le piège. Alors être de gauche, qu’est-ce que ça veut dire être de gauche? Si vous êtes de gauche, vous êtes donc pour les frères musulmans, qui sont contre les femmes, ah mais attention, si vous êtes de gauche, vous êtes pour les droits des femmes, vous êtes pour les droits des homosexuels et alors eux ils sont contre, c’est que votre grille d’analyse ne correspond pas à la réalité. Beaucoup ne veulent pas comprendre. Il y a une obstination quelquefois qui fait qu’on ne cherche pas la vérité, on cherche à défendre un point de vue, on s’agrippe à des positions. (Alexander: Dans la réalité d’aujourd’hui, c’était peut-être valable il y a 40 ans, mais maintenant, ça a beaucoup changé) Père Boulad: Absolument.
Alexander:
Pourquoi n’êtes-vous pas écouté par les dirigeants occidentaux?
Père Boulad:
J’ai été à l’Élysée, à Matignon, j’ai été à Paris plusieurs fois, aux plus hautes instances. J’ai été deux fois à Bruxelles au parlement européen. J’ai des textes, des déclarations que j’ai faits, bon. Ils me disent, on sait, on sait, on sait. Vous savez, très bien, mais vous ne semblez pas agir en conséquence. Alors, il y a actuellement, à mon avis une corruption telle au plus haut niveau de la politique que il ne s’agit plus de savoir ce qui est juste de ce qui est faux, il s’agit de savoir combien de millions je vais recevoir pour donner telle permission ou ouvrir telle porte ou changer telle…non. Vous n’êtes pas fidèles à vos constitutions et à vos législations, c’est un fait et vos politiciens, pas tous bien sûr, sont souvent des gens véreux, pourris, et le peuple en occident et en France en particulier peut prendre exemple sur l’Égypte. Quand on se voit trahi par ses dirigeants, on a non seulement le droit et le devoir de les attaquer et de les renverser (Alexander: je cite l’article 35 de la constitution de 1793: » Article 35. – Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs« . Je me suis trompé sur la date lors de l’entrevue). Appeler à l’insurrection, je dirais que quand trois millions de Français descendront dans les rues et bien je vous garantis que les choses vont changer. Or actuellement, vous êtes un petit peu anesthésiés par la sécurité sociale, les assurances médicales, les assurances vieillesses. Les gens se disent, au fond, on vit bien, pourquoi se révolter. Mais ce sont vos enfants qui en paieront le prix, c’est là qu’un réveil devrait se faire. Un réveil citoyen, ça vient, mais ça vient trop lentement, trop lentement, les gens ne sont pas encore motivés profondément, et ils préfèrent leur chez soi, leur fauteuil, leur télévision, tant qu’ils ont leur frigo plein, ils ne vont pas chercher ailleurs (Alexander: surtout tant que ça ne les touche pas) ça les touche pas. La force des frères musulmans, c’est qu’ils ont un plan, un plan d’attaque, un plan de conquête et c’est là leur force. Et la faiblesse de l’occident, d’une part le peuple s’est ramolli, d’autre part, le pays a perdu son système immunitaire, troisièmement les politiciens sont souvent vendus. Alors, avec ça je suis plutôt pessimiste pour l’Occident. Et on musèle ceux qui parlent. Les frères musulmans sont aux aguets et entament des procès contre toutes tentatives de les démasquer. (Alexander: même si ce ne sont pas eux qui le font directement, ils passent par des associations). Ils se sont bien organisés, partout. Donc si vous voulez, si les frères musulmans qui sont nés en Égypte, s’effondrent en Égypte, c’est un signe intéressant. (Alexander: ça peut faire une boule de neige.)
Alexander: Merci beaucoup Père Boulad.
Alexander, correspondant de Résistance républicaine en Egypte
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Le Père Henri Boulad a la clairvoyance que certains en France ont également, mais ceux là sont trainés en justice a la moindre critique, tout simplement parce que le pouvoir les soutient, dans le sens contraire i en serait tout autrement, autrement dit nous sommes trahis par nos élites et nos gouvernants qui refusent de voir la réalité, on s’insurge contre un islam radical qui revendique ses vélléités de conquête et d’islamisation, mais de l’autre on laisse entrer des centaines de milliers de personnes qui ne s’intègrent plus au nom de la tolérance, sans se rendre compte du danger qu’il représente pour le pays d’accueil.
Je suis ravie de lire cette entrevue, même si je ne suis pas d’accord avec une seule chose que dit le Père Boulad: l’idée qu’il y ait deux islams.
Je reviendrai sur ce point dans un autre post.
A part cela, je suis ravie de constater à nouveau que les religieux qui nous instruisent, dans nos écoles chrétiennes en Orient, sont très cultivés, parfois érudits.
Si je compare avec le niveau intellectuel des imams quasi-illettrés qui enseignent dans les écoles coraniques…Quelle misère !
Il vient de dire la pure vérité que les dirigeants français refusent sciemment de voir parce qu’ils sont égoïstes, ne pensent qu’à leurs propres intérêts et sont en train de vendre la France, ils sont eblouis par le petrodollar tout en bradant les valeurs et les principes ainsi que les lois de la republique qui ne sont pas appliqués…un jour ils seront jugés pour haute trahison par le peuple. La France est obligée de payer un prix pour qu’elle soit sauvée
on a beau commencer à en connaître un rayon sur l’islam et son vrai but, moi, je suis toujours scotchée par la lucidité du Père Boulad, sa clarté, ses arguments imparables et par dessus tout : son extraordinaire humanité.
mille fois merci Christine pour cette faveur à vos lecteurs !
(je viens de faire un article lacérant le connard que vous savez)
Oui Caroline, c’est vraiment un grand monsieur ! Lacérez, chère Caroline, lacérez, il en restera bien quelque chose ! Amitiés
Où peut-on lire votre article « lacérant » ?
Merci et bonne soirée !
Sur Riposte laïque mais je ne me souviens pas au moment où Caroline a écrit, de qui et de quoi elle parlait…