Pape, ministre ou légionnaire, 3 destins semblables au début, au début seulement… Par Philippe le Routier

Il faut réaliser un truc.
Être pape c’est comme être politique, d’ailleurs le pape est un chef d’État.

Moi à 18 ans je suis entré à l’armée, très vite j’ai progressé malgré la bouffe pas terrible, les conditions d’hébergement spartiate, les entraînements très durs…puis, les missions de plus en plus folles au fur et à mesure que je devenais bon.

Religieux ou politique c’est au départ un peu pareil, on y rentre jeune et au début on ne vis pas dans une chambre de bonne sous les combles, certes, mais on ne dors pas non plus dehors et on ne risque pas sa peau tant qu’on évite un diocèse en terre d’islam…

On nous rabat les oreilles sur le pape François, sur son humilité, sa proximité avec ses ouailles en Argentine etc etc mais n’oublions pas qu’il avait gîte et couvert assurés, j’ai un peu oublié le reste de la promo navré.
Ensuite, le politique ou le religieux prend de l’envergure, de mieux en mieux logés et nourris, beaucoup font mine de rester près du peuple, il y en a qui prennent le métro, d’autres qui roulent à vélo, MAIS, « étrangement » il y a toujours des caméras des appareils photos, un peu comme si ces métros, ces vélos, avaient un but très précis pour un usage futur (mais je suis sûrement mauvaise langue)

Moi, dans mon activité, les films et photos étaient interdits, on prévoyait une vie d’anonymes devant durer très très longtemps, et, plus je montais en responsabilités plus je risquais ma peau (bon ça c’était mon choix)
A contrario le politique ou le religieux, plus il monte plus il s’éloigne de ceux qu’il est censé servir et ce, malgré les photos qui montrent toujours un lieu de vie fort modeste et des reportages parlant de cohabitation avec d’autres par soucis d’économie.
(zut, je reste mauvaise langue)

Petit à petit, le religieux ou le politique prenant encore de l’envergure, commence à vivre dans des surfaces d’autant plus grandes et luxueuses que les appareils photo ou les caméras s’y perdent, et si d’aventure une image, un film très court filtre et montre ce qui est déjà du luxe, on s’empresse de justifier ceci par le véritable sacerdoce, les sacrifices faits à la vie privée pour servir le peuple ou les fidèles, tant d’altruisme mérite compensation.
(zut de zut je recommence)

Moi, mon privilège sur mes hommes c’était une chambre personnelle, le reste, douches, repas, entraînements, missions c’était moi avec eux et si un d’eux « merdait » c’était à moi que la hiérarchie venait casser les burnes et si par malheur (pour lui) mon état major voulait faire chier un de mes bons diables, j’étais toujours l’avocat du bon diable, surtout face à des « officiers » sortant de St Cyr avec zéro missions combat réelles, un chien de guerre protège ses chiots.
(c’est assez différent de la vie du politique ou du religieux en fait)

Petit à petit l’oiseau fait son nid…quand il est prêt le politique ou le religieux décide de se montrer, MAIS, il est tellement imprégné de sa vie fastueuse qu’il ne peux imaginer autre chose. Dès lors pape, ministre ou président, quand il débarque en terre pauvre il se demande ou sont les artistes, les maquilleurs, les spécialistes en décors pour que cette pauvreté ait l’air tellement VRAIE, il lis ce qu’on lui dit de lire, fait ce qu’on lui dit de faire et repart convaincu que cette pauvreté, forcément fausse, lui vaudra la générosité de ses mécènes et il est très content.

Moi sorti de l’armée, sorti de rééducation, sorti de l’hôpital, j’étais incapable de prendre plus de trois minutes par douche, choisir mon repas me semblait impossible et ne pas vider mon assiette carrément irrespectueux envers la chance que j’avais qu’elle fut pleine au départ et je reste incapable de traverser hors des clous ou de pas respecter un règlement.

Finalement le politique, le religieux, le Légionnaire ont un point commun, leur carrière les pousse hors du monde réel mais seul le troisième finira par apprendre un jour qu’il y a dans les rues de nos villes, dans les villes de nos pays, une réalité très éloignée de ce qu’il fut et de ce qui fût son monde, sa vie…Les deux autres vont vieillir persuadés que tout va bien dans un monde parfait et que les figurants du pauvre monde pauvre qu’on fait voir aux mécènes, méritent bien la retraite partout ou ils la désire.

Philippe le Routier 

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2 Commentaires

  1. C’est pourquoi j’ai le plus grand respect pour les personnes comme toi, Philippe. Et je ne suis pas la seule.

    • Ben ça c’est très gentil à toi merci, et crois moi que le respect est réciproque.

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