Lorsque j’étais enfant, mon père travaillait dans une tréfilerie à Montreuil-sous-Bois, non loin de la Porte de Montreuil. Depuis lors, les bois et les cultures ont disparu au profit de logements « sociaux » dans la « seconde ville du Mali ». Dans cette usine travaillaient de nombreux Algériens. L’un d’eux se nommait monsieur Maza. Il était déjà bien âgé, de physique frêle, avait un regard profond reflétant la sagesse du monde. Malgré son âge, il manutentionnait comme les autres de lourds rouleaux de fil de fer, pour un salaire dérisoire, pauvrement vêtu des surplus militaires. Il avait toujours un bonbon pour moi dans sa poche. Un jour ceux du FLN sont venus lui demander de cotiser. Il a refusé. Alors les tueurs sont venus l’attendre à la sortie de l’usine et l’ont assassiné devant tous les autres. Bien sûr personne n’a rien vu, rien entendu. Tout le monde avait peur.
On imagine le climat de suspicion et de rancune parmi le personnel de l’usine.
À la même époque, un attentat contre un café algérien dont le propriétaire avait sans doute fait le même refus a été détruit, et tout l’immeuble au dessus, par une explosion qui a réveillé tout le quartier et mon sommeil d’enfant innocent. Après quoi, des gendarmes mobiles avec l’étui à revolver ouvert et le doigt sur la détente de leur pistolet-mitrailleur montaient la garde sur le chemin de mon école, la rue Lebour entre la rue François Arago et l’école Robespierre. Je n’eus plus le droit de regarder le journal. Mes parents trouvèrent un prétexte médical pour m’envoyer dans un préventorium à Grasse. Aujourd’hui, un collège tout neuf remplace cette usine qui rouillait tout le quartier, mais moi je n’ai rien oublié. Je préfère évoquer cette histoire par écrit, car si je le fais oralement, je redeviens un enfant de dix ans. C’est dire si j’apprécie les propos de notre Président. Les victimes du FLN ont existé, elles avaient toutes un nom et il se trouvait des gens qui les aimaient. Mais lui, il aime qui?
Daniel
Mon père, mécanicien militaire engagé dans l’aéronaval, envoyé dans le sud Maroc dans les années 50, me racontait ce qu’il avait vécu. Envoyé en mission dans des zones rurales reculées, du coté d’Agadir, pour aller voir si des fermiers d’origine francaise allaient bien, et revenir avec des corps, dont un bébé, je dis bien un bébé, qu’il avait dû prendre de ses mains pour le désempaler des grilles du domaine et le ramener à la base. Je me souviens du regard de mon père lorsqu’il m’en a parlé, 50 ans après. j’avais l’impression qu’il le voyait et le vivait encore. Alors aujourd’hui lorsque je vois notre président s’excuser, ca me dégoûte. Lui s’excuse en notre nom, mais ne demande rien en échange, car des exactions ont eu lieu des 2 côtés. Personne ne doit s’excuser, c’est l’histoire, c’est une guerre parmi d’autres, et les guerres propres n’existent pas. Pour ma part je n’irais pas demander aux Allemands de s’excuser d’avoir déporté des membres de ma famille, le peuple allemand n’y est pour rien. M HOLLANDE, rentrez chez vous et foutez nous la paix.
Sylvain
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Quelle émotion en lisant ces témoignages ! De leur part…Et de la mienne.
La saloperie n’a pas de couleur particulière, n’est pas l’apanage d’une classe sociale plus que d’une autre, n’a pas de frontières, elle fait partie de l’essence humaine….
Ma grand-mère devenue veuve en 1941, son mari étant décédé des suites de la guerre 14 ( gazé ) élevait seule ses 4 filles ( 11- 10- 7- 2 ans ) et travaillait aux champs à ramasser des patates dans la campagne du Pas de Calais. C’est dire que les moyens étaient très réduits.
Sa maison au centre du village fut réquisitionnée par les Allemands, et si cette violation de territoire fut très déplaisante, elle fut néanmoins atténuée par la grande politesse des Allemands en question. Je décris les propos tels que ma grand -mère me les a rapportés.
Mon grand-père défunt était un grand chasseur de sorte qu’il avait un fusil. Ma grand-mère ne voulant pas s’en séparer le cachât dans les fagots de la remise.
Un jour, les Allemands se rendirent directement dans cette remise, enlevèrent fagot après fagot et , bien sûr, découvrirent le fusil en question. Le verdict ne tarda pas : « vous allez être transférée dans une prison en Allemagne ».
La pauvre femme, la mort dans l’âme , plaça chez l’un et chez l’autre chacune de ses 4 filles, et prépara son « balluchon » ( mot qui m’émeut toujours même s’il n’est plus guère employé de nos jours. ) La veille au soir, dans une maison au silence terrible, et après avoir s’être enfermée à triple tour, elle s’apprêtait à passer une nuit blanche quand quelques coups résonnèrent à la porte.
Un jeune Allemand ( tout juste 20 ans, se souvenait- elle encore 40 ans plus tard ) lui dit tout doucement dans un français impeccable, : » je me suis arrangé, vous ne partez pas, vous restez avec vos enfants. »
Elle apprit un peu plus tard qu’une femme du même village l’avait « dénoncée » dans l’espoir de voir revenir son fils parti au STO.
Même si il est difficile de juger du comportement de la dénonciatrice, surtout par une personne qui n’a rien connu des atrocités de la guerre, on peut néanmoins affirmer que la saloperie n’a pas de couleur, pas de religion, pas de milieu particulier.
Et, qu’en dépit du passé nazi des Allemands, il ne me vient jamais à l’esprit quand je les rencontre qu’ils puissent avoir quoi que ce soit à voir avec leurs aïeux. Il y a eu aussi des Allemands anti nazis.
Comme je l’ai lu il y a peu : on ne peut se sentir responsable de choses qu’on a pas faites envers des gens qui ne les ont pas subies.
Pour revenir plus directement au sujet du FLN, Hollande depuis son élection précipite encore plus les Français dans une repentance sans fin et injuste. Oui, je pense que la gauche doit se réjouir d’avoir mis en place un nul bien manipulable. Comme Harlem Désir au PS. Un si joli nom pour un si exécrable personnage !
Merci pour ce témoignage terriblement émouvant qui rappelle à ceux qui clament le contraire que l’humaniste est du côté des patriotes