Réponse à Bat Ye’Or : les Romains ont préféré la laïcité au judaïsme et au christianisme

Bat Ye’Or, dans sa réponse à Pascal Hilout (voir article de Riposte laïque du deux avril) , fait un sort aux païens qui me semble rapide et erroné quand elle affirme « Je ne partage pas la vision idyllique de Hilout sur les civilisations païennes et polythéistes. Certes ces peuples nous laissèrent d’admirables chefs-d’œuvre mais ils étaient eux-mêmes assujettis à des religions et des rites barbares fondés sur l’esclavage, le mépris de la vie humaine, les sacrifices humains, l’immersion collective dans des cuves de sang, le massacre des enfants, etc. César ne tolérait pas le refus de son origine divine et le manifestait par les piquets qui hérissaient la Judée où agonisaient, crucifiés, des milliers de juifs rebelles ainsi que par les massacres des chrétiens livrés aux bêtes féroces des jeux du cirque« .  D’abord, massacre des enfants et immersion collective dans des cuves de sang n’ont jamais eu droit de cité ni dans l’Antiquité grecque ni dans l’Antiquité romaine, qui n’utilisaient la religion que comme cadre de la vie sociale ;  les dieux étant supposés préférer certains jours pour les élections, pour les campagnes guerrières, demandant à être consultés ( par les auspices, ou observation du vol des oiseaux) pour le choix d’un roi… Bref rien que de très anodin, les Dieux étant les garants du vivre ensemble et de la vie en société. Liberté de conscience absolue. Liberté d’expression absolue. Que chacun, en son âme et conscience, croie ou pas en ces Dieux n’intéressait personne, la seule chose qui comptait était que par quelques rites, quelques cérémonies, on assurait la cohésion de la nation, l’attachement à la patrie voulue par un héros fondateur et quelques divinités et la nécessité du bien commun avant le bien de l’individu.

Dans ce contexte, les Romains ont été le peuple le plus tolérant et le plus ouvert de la terre vis-à vis de toutes les autres religions   de la terre, qu’ils ont laissé s’installer chez eux, des autres Dieux qu’ils ont adoptés en favorisant les syncrétismes entre Dieux ou entre religions , faisant par exemple du Toutatis Gaulois l’équivalent du Mercure Romain…

Or, au milieu de cette liberté absolue de culte, de religion, de conscience, voilà que juifs et chrétiens, au sein de l’Empire, donc soumis au système politique de l’Empire,  refusent   le SYSTEME POLITIQUE romain, un « princeps » (le premier des citoyens) qui règne avec le Sénat. Ce « César, surnommé Imperator (général en chef puis empereur), pour ancrer la patrie dans une  continuité, est relié à l’ancêtre fondateur, le troyen  Enée, fils  de Vénus, celle qui donne la victoire à la guerre (« Vénus victrix » était le mot d’ordre de Jules César, descendant du mythique Enée, et lui-même ancêtre d’Auguste, le premier empereur).

Si les juifs et les chrétiens refusent ce qui est la norme à Rome, la divinisation de l’empereur, au nom de leur croyance religieuse, ils font du communautarisme, ils refusent la loi du plus grand nombre au nom de leurs intérêts particuliers et ils mettent donc en danger Rome et son système. Ils doivent donc être punis, voire exterminés, d’où les quelques crucifixions, les quelques jeux du cirque où les chrétiens seront sacrifiés, mais bien moins nombreux que ce que l’histoire et la tradition voudrait nous le faire croire !

C’est parce qu’ils n’ont pas respecté la loi de leur pays en voulant imposer leur croyance religieuse (il n’y a qu’un Dieu… ) que juifs et chrétiens sont morts. C’est parce qu’ils ont fini par l’emporter que l’islam est né des décombres de ces deux religions du Livre. C’est parce que le système romain, protecteur de toutes les religions mais ne reconnaissant que l’intérêt de la patrie, de l’empire romain, est moribond que nous luttons, aujourd’hui, contre le totalitarisme musulman.

Alors je ne peux donner raison à Bat Ye’Or sur ce point, même si j’ai une immense admiration pour son œuvre.

Christine Tasin

 

 

 

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6 Commentaires

  1. Il ne s’agit pas d’idéaliser Rome, mais il faut rétablir la vérité historique et se libérer de l’histoire sainte. La civilisation romaine était une civilisation violente, mais comme toutes les civilisations antiques, où la vie comptait moins qu’aujourd’hui . Les persécutés ne l’ont jamais été pour leurs convictions, qui importaient peu aux Romains, mais pour les troubles à l’ordre public. Les adeptes des Bacchanales par exemple. Et jamais l’empereur n’a cru en sa divinité, ni même les habitants de l’Empire. Il était un principe fédérateur, une sorte de symbolique politique , comme la déesse Rome elle-même. Des études sérieuses abondent ( Paul Veyne par exemple) qu’il est hors de question de synthétiser dans une réponse.
    L’Empire chrétien a été beaucoup plus intolérant : destruction de monuments, interdictions des jeux et concours athlétiques, fermeture d’autres cultes.
    Il ne s’agit de chercher dans Rome un paradis (et quand d’ailleurs , sur tant de siècles ? ) , ou de copier , mais d’en retenir les principes essentiels. La croyance était partout , (« le monde est plein de dieux « ironisait Cicéron) mais la religion était libre pour chacun et sous contrôle de l’Etat pour les célébrations publiques, sans rapport avec la croyance , puisque même les Romains athées ou déistes les soutiennent en tant que symboles collectifs.
    On constate quand même une plus large propension des religions monothéistes à avoir raison pour l’humanité entière , l’Islam emportant aujourd’hui le pompon

    • Merci de ces compléments, qui traduisent parfaitement ma pensée

  2. PS suite de mon commentaire sur la « tolérance romaine » :

    Je parlais des « grands totalitarismes du XXe s. qui se sont érigés sur le culte de la Raison toute puissante. »
    — Or, ce culte de la RAISON absolue provient …des Lumières !! En se libérant de toute influence religieuse (ce qui était quelque part légitime), la RAISON a fini par s’idolâtrer elle-même ; jusque dans les grands totalitarismes.

    Merci encore

    p. J Benoit Casterman

    • Je ne pense pas que ce soit la Raison qui se soit idolâtrée elle-même au contraire, c’est la compassion et la compréhension des différences qui nous a conduits à notre perte ! Tout le contraire de la raisnon

  3. Chère Christine,
    malgré toute l’estime que je vous porte dans le combat contre l’islamisation (où je vous soutiens à fond !), permettez que je réagisse à votre article sur la « laïcité romaine ».

    Il me semble que vous idéalisez la religion laïque de Rome. « Les Romains ont été le peuple le plus tolérant et le plus ouvert de la terre… »

    De plus, il est carrément FAUX de dire que les chrétiens « ont refusé le SYSTÈME POLITIQUE romain » — d’où leur persécution.
    Les chrétiens ont été au contraire des citoyens exemplaires. Ils devaient même prier pour leurs autorités et s’y soumettre, en servir leur pays — ce qu’il s ont fait jusque dans l’armée !
    L’apôtre Paul est très clair : « J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, de requêtes, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté » (1e épitre à 1Timothée1,1-2 ; il y a d’autres textes semblables, avec de très beaux exemples dans la bible)

    Ils ne mettaient donc pas en danger la société romaine comme vous le prétendez. Ils ont été persécutés seulement parce qu’ils refusaient le culte idolâtrique à l’empereur et aux dieux. Où donc est la « liberté de conscience absolue, la liberté d’expression absolue. » dont vous parlez !?

    Nous sommes d’accord sur le génie romain (droit civil + pax romana) et son ingéniosité (constructions, armées…). Mais de grâce, n’idéalisons pas son « humanisme » : esclavage, combats de gladiateurs, conquêtes sanglantes, droit de vie et de mort du « pater familias »…
    Le christianisme fut une véritable « révolution de l’amour » dans ce monde cruel ; c’est entre autre ce qui explique son expansion.

    Pour finir, je préfère nettement l’analyse d’un R. Brague, qui montre comment l’Europe et la chrétienté se sont construites sur les trois génies : le génie grec (rationalité), le génie romain (droit) …et le génie chrétien (universanisme, charité).

    Inversément, reconnaissons, à la suite de beaucoup d’historiens, que les grands totalitarismes du XXe s. se sont érigés sur le culte de la Raison toute puissante, avec un idéalisme et un fanatisme que le christianisme, malgré ses divers dérapages, n’aurait jamais permis.
    Remarquons à ce propos comment les fascismes hitlérien et mussolinien se sont identifiés à la civilisation impérialiste romaine. Où est alors passée la suprême tolérance romaine ?

    Bien avec vous dans notre lutte au nom de la raison, du respect, et de l’amour.

    p. Jean-Benoit Casterman

    • Ma foi;il faut bien qu’il y ait parfois des désaccords entre amis ! Je persiste et signe c’est bien parce que les chrétiens refusainet la divinité impériale qu’ils mettaient en danger l’équilibre politique de la société de l’époque !!! Pour le reste ils avaient ocmme les autres relgions toute liberté de pratiquer leur culte !
      Ce n’est pas parce que Mussolini a dévoyé les fasces (faisceaux) , signe d’autorité des représentants de Rome que Rome doit être taxée par anachronisme de fascisme !!!!!!!!

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