Algérie : Tebboune veut tuer le quotidien francophone El Watan

Le prestigieux quotidien francophone El Watan, poil à gratter du gouvernement algérien, s’inquiète pour son avenir. Un groupe d’actionnaires s’est réuni le jeudi 17 juillet pour tenter de le sauver de la débâcle financière.  Fateh Guidoum / AP
Le caractériel Tebboune s’acharne contre le quotidien francophone El Watan sur le point d’asphyxier et dont-il aura la peau in fine dans sa lutte contre la francité en Algérie.
Je fus longtemps lecteur de ce journal qui ne me transmet plus rien depuis 2022 et qui, quand je le consulte, lui si caustique et libre, est devenu méconnaissable !
Sic transit lingua gallica…De profundis clamavi…(ainsi passe la langue gauloise, depuis l’abîme, je crie vers toi, raduction C.Tasin)
Juvénal
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En Algérie, le quotidien francophone El Watan au bord du dépôt de bilan : « Ils » nous demandent de faire de la « propagande » !

Ali Ouakli, correspondant à Alger
Publié le 17 juillet 2025
Le prestigieux quotidien francophone El Watan, poil à gratter du gouvernement algérien, s’inquiète pour son avenir. Un groupe d’actionnaires s’est réuni le jeudi 17 juillet pour tenter de le sauver de la débâcle financière.  Fateh Guidoum / AP
Étranglé par une crise financière aiguë, le titre francophone, réputé pour ses enquêtes corrosives, se trouve dans l’impasse. En cause, le retrait des annonceurs sous la pression des autorités, qui ne tolèrent aucun article critique.
Dans un contraste saisissant avec le soleil radieux du ciel algérois, l’ambiance se fait lugubre en cette fin de matinée de la mi-juillet au siège du quotidien francophone El Watan (« le pays »), dans le quartier Mohamed-Belouizdad (ex-Belcourt). Les couloirs, jadis grouillants de vie à l’heure de la conférence de rédaction, sont tristement vides. Alors qu’ils étaient hier des dizaines à y assister, seuls trois journalistes occupent d’immenses pièces meublées de vieux bureaux où reposent des ordinateurs poussiéreux. Certains ont déjà pris le chemin des vacances, mais d’autres ne viennent tout simplement plus à la rédaction.
En cause : la mort lente du titre, jadis la publication algérienne la plus prestigieuse et désormais réduit au statut de canard qui végète, incapable de payer ses employés« Notre dernière paie remonte à plus d’un mois et demi, et nous cumulons cinq mois de salaires impayés », témoigne Madjid Makedhi, journaliste politique. Derrière des lunettes qui encadrent son visage, ce quadragénaire à l’allure sportive fait figure de « vétéran » d’El Watan, où il travaille depuis une vingtaine d’années. Il est aussi, désormais, l’un des derniers à y écrire des articles. La rédaction centrale, qui rassemblait une centaine de membres avant le mouvement populaire du hirak, en 2019, n’en compte plus qu’une vingtaine désormais. 

Fin des recettes publicitaires et bras de fer avec les salariés

Le déclin, qui paraît aujourd’hui inexorable, a commencé en septembre 2020. Depuis, les obstacles se sont multipliés pour le titre, qui tirait encore à 150 000 exemplaires il y a une dizaine d’années, contre 20 000 ces derniers mois. À la crise de la presse papier se sont ajoutées les représailles des autorités algériennes lui reprochant la publication, en une, d’un article révélant la fortune douteuse des enfants de l’ancien chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, décédé en décembre 2019. Le journal n’a dès lors plus accueilli de publicité, les annonceurs respectant les injonctions venues d’en haut de ne pas faire affaire avec lui. De quoi voir diminuer son confortable matelas financier, aujourd’hui réduit à peau de chagrin. 
Dans le même temps, les journalistes d’El Watan ont engagé un bras de fer avec la direction en vue d’obtenir une revalorisation des salaires, gelés depuis 2012. Devant le refus de l’administration, qui arguait des difficultés financières, une grève de plusieurs semaines, en 2022, a empêché de nombreuses parutions, créant un important manque à gagner. Sans compter que l’archaïsme du système bancaire algérien, qui ne permet pas le paiement sur Internet, prive le journal de ressources potentielles liées aux abonnements électroniques.
Un SOS du journal resté sans réaction

L’ajustement du journal, autrefois réputé pour ses enquêtes corrosives sur la classe dirigeante et pour être l’un des porte-parole de l’opposition, sur la ligne officielle du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n’a pas permis un renflouement des caisses. Lundi 14 juillet dernier, ses actionnaires ont publié une lettre alertant sur le risque de disparition du quotidien, faute de ressources. Ils y accusent les autorités du retrait « brutal » de la publicité étatique malgré un contrat avec la régie publique. 

Un SOS resté sans réponse.
« Nous n’ avons encore aucune réaction » se désolait Ali Guissam, le directeur d’ El Watan; mercredi 16 juillet. Une impasse qui pourrait conduire la société à déposer le bilan à l’ issue d’ une réunion. « Aucun article, enquête ou reportage mettant en cause la gestion des affaires publiques n’ est toléré.

« Il faut mettre en avant le côté positif, les efforts du Président de la République » ne cesse de répéter   le ministre de la communication Mohamed Meziane. Soit le contraire du métier d’ informer, comme le résume ce journaliste indigné :

« Ils nous demandent de faire de la propagande ».

https://www.la-croix.com/culture/ils-nous-demandent-de-faire-de-la-propagande-en-algerie-le-quotidien-el-watan-au-bord-du-depot-du-bilan-20250717?    

Historique du journal :

Trente-cinq ans d’existence

• 1990 : El Watan voit le jour à Alger alors que la loi sur l’information permet l’ouverture de la presse écrite à l’initiative privée. Il est fondé par une vingtaine de journalistes du titre gouvernemental El Moudjahid.

• 2002 : En s’alliant avec le quotidien en langue arabe El KhabarEl Watan achète sa propre presse rotative.

• 2010 : Le journal tire à 150 000 exemplaires.

• 2019 : Son directeur historique, Omar Belhouchet, démissionne. Condamné plusieurs fois à de la prison et victime d’un attentat, il a reçu de nombreux prix à l’étranger.

Juvénal de Lyon

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5 Commentaires

  1. Faut voir du côté de « journalistes sans frontières  » . Vont-ils abaiser le rang dans la classification des nations contrôlées ? Evoquer le cas Boualem. S au niveau international ?pas sûr !

  2. De toute façon, la presse papier est en général amenée à disparaitre un peu partout dans le monde. En Algérie, il faut rajouter le fait qu’il y a de moins en moins de lecteurs francophones et que les articles du quotidien « El Watan » ne sont accessibles que contre un abonnement payant contrairement aux autres quotidiens comme « Le Quotidien d’Oran », « TSA », « Observ Algérie », « l’Expression », etc.

  3. Même les archives du journal ne sont plus accessibles ! Les déclarations de l’ex-recteur de la Gde mosquée de Paris Dalil Boubakeur à El Watan sur l’étourdissement préalable avant l’égorgement des animaux halal ne sont plus disponibles !!!
    De même sa déclaration : « il n’y a pas d’ « islam de France, l’ islam est le même partout » !
    Un musulman modéré n’est que modétément musulman !