Du côté de chez Proust ou si Combray m’était conté…

DÉDIÉ À MES AMIS DE RÉSISTANCE RÉPUBLICAINE AVEC TOUTE MON AMITIÉ.

SAUF À EMMANUEL MACRON, LE NÉCROPHAGE QUI SE SERT DE NOS GLORIEUX AÎNÉS POUR SE REFAIRE UNE VIRGINITÉ ÉLECTORALE ET QUI TUE NOTRE CULTURE À PETIT FEU.

Dans son roman Du côté de chez Swann, premier volume  de la suite romanesque d’À la recherche du temps perdu — ce  roman étant  en réalité un triptyque,  dont les éléments sont :   Combray, Un amour de Swann et Noms de pays, Marcel Proust situe le cadre de la première partie de  son récit  dans la petite ville de Combray et de ses environs. Or ce toponyme a été imaginé par l’écrivain lui-même.  En réalité, il s’agit de la ville d’Illiers (Eure- et- Loir), rebaptisée Illiers-Combray en 1971 par décision du ministre de l’Intérieur pour le centenaire de la naissance de Proust.
Lorsqu’il n’avait que six ans, en 1877, le petit Marcel, ainsi que son frère Robert,  en compagnie de ses parents, passait ses vacances chez son oncle Jules Amiot et son épouse Élisabeth, née Proust, et ce jusqu’en 1880, date à laquelle il dut renoncer à séjourner à Illiers   suite à  des crises d’asthme. Proust souffrit toute sa vie de cette maladie, et ce fut une bronchite mal soignée qui l’emporta en 1922.  C’est cette tante Élisabeth qui lui inspira le personnage de Tante Léonie.  La tante Élisabeth, tout comme Tante Léonie, vivait en recluse. Elle avait refusé de quitter Illiers, puis sa maison, puis son lit. Elle ne se nourrissait que de tisanes,  d’eau de Vichy, et de petites madeleines, tout comme son homologue romanesque.
Quand on se rend à Illiers-Combray, il faut visiter la maison de Tante Léonie. On peut y voir la chambre de Marcel, celle de la tante Léonie (ou Élisabeth), la cuisine pittoresque, le salon oriental, la salle Nadar où sont exposées les reproductions des plaques photographiques originales de personnages qui ont pu inspirer notre illustre romancier, et le jardin fleuri. On peut aussi admirer le Pré- Catelan, un écrin de verdure créé par l’oncle de Proust, Jules Amiot, devenu le parc de Swann dans la première partie du roman,  intitulée Combray.
Quand on pénètre dans l’univers proustien, on entre dans un monde tridimensionnel, où le vécu, le présent, le futur des protagonistes s’entrechoquent, le tout habilement narré au passé. Il y a  plus de 200 personnages dans l’œuvre de Proust, tous dépeints avec minutie, sans cruauté excessive. On retrouve certains de ces personnages au travers des ouvrages de l’auteur, un peu comme un fil conducteur. Proust me fait penser un peu à Balzac par la précision de ses descriptions, mais plus détaché de son récit que le créateur de la Comédie humaine, un peu comme le spectateur de sa propre vie, du temps qui passe.
Proust est connu aussi et surtout par  certains pour avoir fait d’une innocente petite pâtisserie le phénomène déclencheur d’une impression de réminiscence, de la perception sensorielle  d’un fragment  de notre existence. Ce n’est pas une pâtisserie littéraire comme j’ai pu le lire, mais bien une réalité. Ainsi, l’odeur de la bergamote me rappelle les odeurs des armoires de mon arrière-grand-mère Catherine qui en parfumait son linge, le goût de la madeleine que je fais ramollir dans une infusion de fleur d’oranger, que je préfère au thé ou au tilleul de Proust, me transporte  au temps où ma bisaïeule  Catherine faisait de même le soir avant d’aller dormir. À La vue d’un paysage familier je me   remémore certains épisodes de ma vie, le son d’une mélodie fait que je me souviens de la première fois où je l’ai entendue, le toucher enfin, lorsque je palpe certaines étoffes comme le velours qui me ramène dans le salon de mes parents où le canapé et les fauteuils étaient recouverts de ce tissu. Nos cinq sens participent à notre mémoire.
Tout Illiers nous parle de Combray, de Proust. Il y a toute une géographie de Combray. Les lieux, dont certains ont vu  leur  nom modifié par l’auteur,  sont les témoins muets mais toujours présents des randonnées  proustiennes.  Ainsi, Méséglise a été inspiré par le village de Méréglise, Guermantes serait en réalité le château de Villebon, situé à 13 Km d’Illiers,  celui de Tansonville,  qu’il désigne comme la propriété de Charles Swann, existe bel et bien. La rivière la Vivonne est en fait la Thironne, et il y a bien  d’autres lieux dont on retrouve les toponymes dans Combray,  comme Vieuvicq,   Roussainville, Montjouvin, ou encore le manoir de Mirougrain, propriété de la poétesse Juliette Joinville d’Artois qui devint Mlle  Vinteuil dans À la recherche du temps perdu, et qui était un des buts  préférés de promenade  du petit Marcel. La gare d’Illiers, aussi,  où la famille Proust descendait, ainsi qu’un établissement qui existait déjà du temps de notre écrivain, l’Hôtel de la Gare, aujourd’hui rebaptisé Hôtel-Restaurant les Aubépines.
Mon épouse est originaire du Perche, et ses parents et certains membres de sa famille sont inhumés dans une petite localité distante de 13 Km d’Illiers-Combray. Quand nous allons fleurir les tombes de nos défunts, ou que nous nous rendons à un repas de famille, nous passons par Illiers. Je n’utilise  jamais la route nationale qui passe par Chartres, mais j’emprunte les voies buissonnières qui, même si elles me font perdre un peu de temps, m’offrent un spectacle qui n’a rien à voir avec l’uniformité proposée par la voie rapide. Je traverse des villages pittoresques, des paysages,  que Marcel Proust n’aurait pas désavoués. La campagne autour d’Illiers-Combray  offre un panorama changeant selon les saisons :  à la Toussaint, les brumes qui stagnent au ras du sol, tel un tapis cotonneux, le givre qui transforme les affreux barbelés des clôtures et les toiles d’araignées en gracieuses dentelles, le printemps et ses chapelles d’aubépines, ses prairies renaissantes et ses arbres bourgeonnants, l’automne à l’époque des feuilles rougissantes et jaunissantes, avec ça et là les taches vertes des pins, et l’hiver quand le froid a tout figé.
Pour s’imprégner de l’œuvre de Proust, il faut mettre  ses pas dans les traces qu’a laissées  le petit Marcel; partir de la gare, se rendre chez tante Léonie, puis aller jusqu’à l’église Saint-Jacques, devenue l’église Saint-Hilaire dans le roman, et dont il aimait admirer la charpente en forme de navire renversé.  Puis visiter les lieux fréquentés par le petit Proust lors de ses promenades. Le passé n’est pas mort, et pour celui qui sait encore  entendre, il est parfois possible de percevoir l’écho d’une voix, le bruit des sabots d’un cheval, le halètement d’une locomotive à vapeur, l’avertisseur d’une voiture ancienne, des rires d’enfants, le murmure de conversations, mille bruits familiers et d’autrefois que le vent nous ramène, le même vent qui souffle sur l’histoire des hommes depuis la nuit des temps.

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5 Commentaires

  1. Article formidable, écrit avec le cœur ! Merci pour ce partage qui donne envie de se promener dans le secteur !
    ” Le passé n’est pas mort, et pour celui qui sait encore entendre…” : parfaitement !

    • Oui je suis d’accord superbe article qui montre ce qu’est la culture, c’est tout ce qui enchante les choses les plus simples par la réminiscence d’autres… On peut ne pas aimer Proust voire s’y emmerder comme Machin chose, tous les goûts sont dans la nature, mais c’est tout sauf des histoires de bourgeois qui s’ennuient c’est juste le spectacle de l’humanité avec ce qui n’est pas dit chez Balzac par exemple…

      • Oh oui proust a très bien décrit la comedie humaine ceux qui ne l aiment pas sont certainement ceux qui se sentent visés ou qui ne sont pas capables atteindre au sublime dans leurs genres des personnages.

  2. amais pu lire plus de deux pages de cette logorrhée ( un r ou deux r de ne pas se toucher ? ) consacrée a la vie de riches bourgeois qui s’ emmerdent , ou Dudule encule Bébert qui ne l’ aime plus…

    insupportable !!

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