Boualem Sansal: «La pandémie est une opportunité rare pour l’islamisme et le calife Erdogan»

La meilleure façon d’encourager l’islamisme c’est de lui céder. L’islamiste est un vrai macho, il respecte le courageux et méprise le lâche qui le supplie et lui lèche les babouches.

L’homme n’est pas fait pour les religions.

Boualem Sansal

Boualem Sansal vient en quelque sorte d’exprimer le même sentiment que celui que j’ai exprimé moult fois ( je suis pas médecin mais ….  )

 

Il dit :

L’incroyable hystérie qui s’est emparée de la France face à la pandémie, qui a littéralement tourné à l’émeute civile, pour ne pas dire guerre civile, à propos de tout : l’hydroxychloroquine, le trio Raoult-Péronne-Toussaint, le confinement versus les libertés… les inconvénients probables et les avantages supposés de la vaccination.”

 

 

 

 

 

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – L’écrivain algérien revient sur une année marquée par la pandémie, mais aussi, en France, par une nouvelle vague d’attentats islamistes. Notre pays en 2020 lui fait penser à l’Algérie des années 80, juste avant la décennie noire des années 90.

En France, l’année 2020 a été marquée par la pandémie de Covid-19 mais également par une nouvelle vague d’attentats. Comment analysez-vous cette année 2020 si particulière?

 

Quatre choses m’ont frappé:

1- L’incroyable hystérie qui s’est emparée de la France face à la pandémie, qui a littéralement tournée à l’émeute civile, pour ne pas dire guerre civile, à propos de tout: l’hydroxychloroquine, le trio Raoult-Péronne-Toussaint, le confinement versus les libertés, les conséquences économiques, les inconvénients probables et les avantages supposés de la vaccination. Le moins qu’on puisse dire est que sur toutes ces questions le gouvernement a été en-dessous de tout. De quelle maladie souffre-t-il, le sait-on?

2- Le comportement des médias m’a choqué et inquiété. Il m’a rappelé l’Algérie des années 70-80, son parti unique, ses commissaires politiques, ses procès nocturnes, ses autodafés, ses journalistes qui exigent la mort des traitres.

3- L’attitude de la population. Prise en étau entre l’autorité politique et l’autorité médicale et leurs injonctions contradictoires, elle s’est ou cabrée ou soumise, dans les deux cas sans vraiment chercher à comprendre. C’est inquiétant comme les contradictions de l’autorité peuvent diviser la société. Les uns sont allés vers les ‘rebelles’, tels les professeurs Raoult, Péronne et Toussaint, les autres se sont fait les agents de l’autorité et ont pris à partie les ‘rebelles’, les ont dénoncés, parfois molestés. Avant de parler, les autorités devraient tourner sept fois la langue dans leur bouche. En se mettant au service des uns ou des autres, la presse y a ajouté un touche stalinienne.

4- L’attitude des islamistes qui ont profité de l’état de faiblesse et de division du pays pour tenter de l’achever, ce qu’ils ont toujours fait ailleurs, quand la bête est blessée, c’est la curée, ils accourent de partout. L’explication est qu’ils ont été fortement touchés par la pandémie dans leurs quartiers ou qu’ils ont choisi d’attendre que le fruit pourrisse et tombe tout seul, dans leur esprit la pandémie est une punition d’Allah, elle travaille donc pour eux. Patience, folie et machiavélisme sont les trois composantes de leur nature. Quoiqu’il en soit l’Europe et la France sont affaiblies pour longtemps. L’islamisme a de beaux jours devant lui.

Les attentats contre les juifs vont connaître une recrudescence, il faut s’en inquiéter.

Boualem Sansal

En France mais aussi ailleurs dans le monde, notamment en Algérie, quelle lecture les islamistes font-ils de la pandémie? Y-voient-il une opportunité de faire avancer leur cause?

Pour les islamistes tout est opportunité pour avancer dans leur plan mais ils savent aussi attendre, reculer pour mieux sauter, faire silence pour installer le suspens puis surprendre et terroriser, ils savent aussi perdre et changer de stratégie au pied levé. Tout l’art de la guerre est là. La pandémie les arrange, elle tue, elle mine la société et le gouvernement. Mais au-delà, je crois que les islamistes se trouvent aujourd’hui dans une situation inédite qui les oblige à repenser leur plan. Il y a en premier le processus de normalisation des pays arabes avec Israël. Il les déroute, iIs ne savent trop s’il est pour eux une nakba ou une formidable opportunité. Ils savent qu’ils seront durement réprimés dans les pays arabes qui pactisent avec Israël et que celui-ci va s’empresser de leur fournir la technologie pour les combattre, mais c’est aussi une formidable opportunité car l’islamisme radical va exploser dans ces pays. Au Maroc, les manifestations contre la nakba ont commencé, elles vont s’amplifier et se répandre dans le monde arabe et se connecter sur de nouvelles bases aux banlieues françaises. Les attentats contre les juifs vont connaître une recrudescence, il faut s’en inquiéter. La France laïque, amie d’Israël et du Maroc sera spécialement ciblée. L’autre phénomène qui les fait réfléchir est la nouvelle démarche de la Turquie qui passe de l’islam politique à l’islam militaire tous azimuts, en Arménie, en Libye, en Syrie, en Méditerranée. C’est le rêve des islamistes purs et durs, sortir du prêchi-prêcha clandestin et du terrorisme artisanal, pour mobiliser la oumma et passer au djihad sous la bannière d’un grand calife. Sans la oumma et un calife pour la conduire dans le djihad, l’islam est orphelin, il ne peut pas vaincre, c’es un credo de base. L’état de fragilité dans lequel se trouvent le monde arabe, l’Europe, l’Amérique et l’Iran chiite est une opportunité rare, l’islamisme et le calife Erdogan ne peuvent pas ne pas en profiter.

En France, certains observateurs continuent de pointer comme responsable notre modèle républicain et laïque. Qu’en pensez-vous?

Je dis qu’ils se trompent. L’islam ne vient pas dans un pays pour souffrir de ses codes et se soumettre, il vient pour prêcher et convertir, avec la volonté affichée d’un faire un pays musulman, telle est sa nature et c’est la nature de toute religion, toute idéologie. Il prend de ce pays ce qui lui convient, la liberté d’expression, la liberté d’entreprendre, etc, s’accommode de ce qui lui déplait ou le rejette et cherche par tous les moyens de le modifier à son avantage. S’il n’y parvient pas, il s’en va ou il crée autour de lui une communauté islamique fermée au monde.

Ce sont les islamistes qui dénoncent la république et la laïcité, pas les musulmans. Nous n’avons pas à faire droit à leurs exigences, nous avons à les convertir à la république, à la laïcité, au respect de la loi nationale, et à les combattre en cas de refus d’obtempérer.

La meilleure façon d’encourager l’islamisme c’est de lui céder.

Boualem Sansal

Si nous renoncions aux caricature aurions-nous une chance, si non de faire reculer l’islamisme violent, au moins de faciliter l’intégration des musulmans?

Comme on ne peut pas demander à un Corse de vivre comme un Alsacien, un catholique de vivre comme un protestant ou un juif, on ne peut pas demander à un musulman de vivre comme un athée ou un chrétien. Ce qu’on peut demander à tous et le rappeler en cas d’oubli c’est de se conformer au modèle national défini par la loi. Voilà la voie pour l’intégration des musulmans, ce que beaucoup d’entre eux acceptent volontiers, et qui a ses adeptes jusque dans les pays musulmans, y compris les plus orthodoxes. La Liberté de conscience, la liberté d’expression, la liberté de critiquer, de blasphémer font partie du modèle français, que partagent de très nombreux pays dans le monde. Mais la meilleure intégration est celle que le musulman réalise de lui-même, volontairement ; l’intégration imposée le pousse dans la taqiya et la taqiya le pousse vers le communautarisme, l’islamisme et le séparatisme. Le modèle national n’est pas un prêt-à-porter, il est l’âme profonde du pays, son ADN, le fil d’argent qui lie ses habitants par-delà les différences. Gare aux apprentis sorciers qui voudraient y toucher.

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9 Commentaires

    • Il n’est pas toujours facile d’être lucide dans une société d’aveugles!

  1. Il lisant cet article je me suis souvenu des musulmans venus travailler dans les années 50, ils ne ressemblaient pas du tout à ce qu’on rencontre aujourd’hui. A cette époque la bicylette restée dehors ne se volatilisait pas radicalement. L’islam n’est plus une religion. C’est une organisation militaire mafieuse rendant son totalitarisme irrévocable grâce à l’interpolation du coran. Un bonne partie desdits croyants sont rattachés à la secte par calcul ou par communautarisme. L’erreur commencée par Giscard avec son regroupement familial est devenue un séisme sous Macron, aves sa mondialisation, Ce con, sans doute, se prend pour une réussite, il est la ruine de la France.

    • Oui mais, ça c’était avant… le temps béni où ils vivaient dans les foyers, et pour la vidange, allaient voir les professionnelles ou attendaient de rentrer au pays, en vacances…

    • C’est juste que, dans les années 50, ils n’étaient pas assez nombreux pour imposer leur idéologie par la force. Ça fait partie de la tactique du djihad. Aujourd’hui, les agresseurs sont assez nombreux et les agressés suffisamment soumis pour déclencher le djihad militaire.

    • Bonjour Yvank,
      Vous avez raison. En 1957 je vivais à Alès (30) ville où il y avait beaucoup d’Algériens en raison des mines alentour.
      Leurs femmes ne portaient pas le foulard, elles accompagnaient leurs gamines qui ne le portaient pas non plus. Aucune tension dans la population. Celle-ci est arrivée avec la guerre d’ Algérie et des fusillades dans les cafés tenus par les Algériens qui ne voulaient pas payer la dîme au F.L.N.
      Le foulard a été le premier signe de la politisation et c’est les étudiants et étudiantes qui l’ont lancé.
      Sur Montpellier c’était flagrant. Du jour au lendemain, les I.U.T., FAC, etc… avaient leurs chamelles voilées.

  2. Il a grandement raison, il fallait le dire, en avoir le courage ! Bravo !
    Petit bémol pour moi: la distinction entre les “islamistes” et les” musulmans”, n’a pas lieu d’être, car il faut partir du principe que tout bon musulman est un islamiste, pas forcément un terroriste, mais un islamiste pour qui la foi et la loi sont exactement la même chose.

    • Exact :”islam” et “islamisme” ont très longtemps signifié rigoureusement la même chose, et c’est seulement au tout commencement des années 80 que “islamisme” a été chargé d’une connotation péjorative, ce qui laissait entendre que l'”islam”, lui, était mignon ,gentil, loukoum et sirop d’orgeat.
      Et surtout , “pas d’amalgame” !

      • Les coupeurs de têtes ne sont-ils pas des islamistes?
        L’islamisme n’est-il pas issu de l’Islam? C’est ce que les journaputes et collabos voudraient nous inculquer.

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