Parents, on vous ment !


Je conseille vivement aux parents et grands-parents de lire cet article de Jean Paul Brighelli dans Causeur.

Ils y apprendront ce que vaut “l’ Éducation Nationale” : c’est “Un système entièrement vérolé ” .

Ce que vaut son administration : “Un enseignant qui se risque, aujourd’hui, à noter en s’approchant de la valeur réelle se fait rappeler à l’ordre  par son administration” .

Ce que valent de plus en plus de profs : “On a accepté au CAPES de Maths (vous savez, les maths, cette matière dans laquelle nous brillons par défaut au niveau mondial) des postulants qui avaient glorieusement 4 / 20 de moyenne. 
Ce sont ces gens-là qui enseignent aujourd’hui à vos enfants.”

Tout est à l’avenant : il faut niveler par le bas et c’est parfaitement appliqué dans  les écoles, collèges et lycées de France.

“L’ Éducation nationale a accouché d’un système à deux vitesses, entre les parents informés, qui savent bien que le 18 au Bac de leur rejeton vaudra 6 dès le premier devoir en Maths-Sup , et parents peu au fait des réalités, qui ne comprennent pas que la prunelle de leurs yeux n’ait pas au moins 14 de moyenne pour célébrer son manque de travail, de bonne foi, de sens de l’effort et de goût de la compétition. ” 

(Brighelli est prof de Prépa )

Article intégral : 

La surévaluation des notes, une des tares du système éducatif français.


Une mauvaise cuisine éducative

Il est désormais établi que nombre de lycées ont mis en place une double comptabilité : les copies sont notées en valeur plus ou moins réelle, mais les bulletins, qui génèreront les livrets scolaires sur lesquels s’appuiera Parcoursup, sont remplis de notes fantaisistes et sur-évaluées.

Notez bien que les notes « réalistes », celles que MonChéri-MonCœur ramène à la maison, sont elles aussi augmentées, afin de ne pas froisser la susceptibilité des « géniteurs d’apprenants ». Un enseignant qui se risque, aujourd’hui, à noter en s’approchant de la valeur réelle se fait rappeler à l’ordre par les parents d’élèves via les boîtes de dialogue (en fait de surveillance et de pression) de ProNote, — et au besoin, s’il s’obstine, par son administration, qui cherche avant tout à minimiser les écarts être les nôtres attribuées et celles que l’on affichera glorieusement dans le récit officiel qu’est le livret scolaire.

C’est cela, le sale petit secret de la cuisine éducative. En Primaire, on ne note plus — on attribue des couleurs, c’est plus seyant, et le noir est exclu. On a proscrit les redoublements, donc on note de façon à ce que le passage paraisse mérité. Et on a fait du Bac une formalité de fin d’études. Et cela va, cahin-caha, jusqu’au moment (disons en troisième année de fac, ou dès la première année de prépas) où l’élève se heurte au mur de la réalité, et s’écrase gentiment dans des filières sans espoir qui enseigneront la meilleure façon de passer le temps dans une salle d’attente de Pôle-Emploi. Ou à patienter, assis sur son vélo Uber, entre deux pizzas et trois sushis à livrer.

Le nivellement par le bas

En 2015, j’ai été convoqué au ministère, reçu par Agathe Cagé, ex-élève de la CPGE où j’enseignais et conseillère de Vallaud-Belkacem. On m’a sondé pour savoir si je collaborerais à un projet de disparition totale des notes. J’en ris encore. Mais c’est pourtant ce qui s’est mis en place — sauf qu’au lieu de les faire disparaître, on les a gonflées. Dans une note donnée en collège ou en lycée, il y a aujourd’hui à parts égales du silicone et de la solution hydro-saline — comme dans les implants mammaires. C’est ainsi que l’on passe d’un honnête 85 B à un 85 E. C’est ainsi que l’on glisse de 6 à 14.

J’explique. Une dissertation de Lettres, en classe de Première, pompée pour l’essentiel sur le Net, mérite techniquement 2/20 (pour le papier et pour l’encre) ; elle est notée aujourd’hui autour de 10 — et l’élève ramassera finalement une moyenne de 13 sur son livret scolaire. C’est mieux que le monde merveilleux de Walt Disney.

D’ailleurs, c’est ce qu’il aura au Bac — vu que les notes y sont tout aussi fictives. Les correcteurs ont des instructions pour ne pas noter en dessous de 8 — et tout enseignant faisant preuve de mauvais esprit est dégagé, et ses notes sont corrigées en commission, afin que le centre d’examen où il a sévi se retrouve à parité avec les autres (les comparaisons arrivent en temps réel, on sait donc sur quoi se baser pour noter). Car on sait, statistiquement, qu’un centre d’examen qui note trop bas menace la fiction des 95% de réussite chère aux parents, aux institutionnels, et aux enseignants qui pour rien au monde ne consentiraient à revoir, l’année suivante, les mêmes têtes de lard face à eux.

À lire aussi, Corinne Berger: Fabrique du crétin, mode d’emploi

Précisons, tant qu’à faire, que le correcteur qui obéit à la contrainte du groupe a lui-même, s’il a le CAPES depuis moins de dix ans, bénéficié d’une notation très optimiste lorsqu’il a passé son concours de recrutement. Les jurys peinent à remplir tous les postes que le ministère met en jeu — au grand dam des syndicats qui voudraient que tous les admissibles, et non admis, de l’année dernière soient promus « reçus » séance tenante. C’est avec ce type de raisonnement que l’on a accepté, au CAPES de Maths il y a quelques années (vous savez, les maths, cette matière dans laquelle nous brillons par défaut au niveau mondial) des postulants qui avaient glorieusement 4 / 20 de moyenne. Ce sont ces gens-là qui enseignent aujourd’hui à vos enfants.

Un système entièrement vérolé 

Il y a deux ans, lorsque des syndicats ont accouché de l’idée absurde de faire la grève des copies du Bac, j’ai suggéré plutôt de noter les performances des candidats pour ce qu’elles valaient — quitte à laisser un Inspecteur reprendre patiemment, à la main, toutes ces moyennes méritées, donc impossibles. Personne, dans le monde syndical, n’a cru bon de faire écho à cette suggestion rationnelle — peut-être par manque de correcteurs capables d’évaluer exactement ce que vaut une copie. C’est plus facile de faire la grève des notes que d’en mettre de mauvaises, toute justifiées soient-elles.

L’ensemble du système est vérolé. Et là aussi, l’Éducation nationale a accouché d’un système à deux vitesses, entre les parents informés, qui savent bien que le 18 au Bac de leur rejeton vaudra 6 dès le premier devoir en Maths-Sup (ceux-là ne disent rien, et paient des cours particuliers), et parents peu au fait des réalités, qui ne comprennent pas que la prunelle de leurs yeux n’aient pas au moins 14 de moyenne pour célébrer son manque de travail, de bonne foi, de sens de l’effort et de goût de la compétition.

Vous voulez que votre progéniture soit bien notée ? Faites-la bosser ! Supprimez la télé, les portables, les jeux vidéos, les soirées à papoter dans le vide avec d’autres crétins dans leur genre. Mettez-les au travail. Offrez-leur des livres — des vrais, sans images. Ne les lâchez pas. Faites-leur la guerre.

Ce que vous acceptez de sportifs de haut niveau, la compétition impitoyable, les entraînements éreintants, les matches qui se succèdent à un  rythme effréné, il faut l’imposer pour le travail scolaire. Dire « Ils ne seront pas prêts pour les épreuves anticipées du Bac », c’est refuser l’obstacle : il y a une épreuve, à une date donnée, on se débrouille pour travailler afin d’être prêt au jour J. Et c’est tout.

L’Éducation nationale est un parc d’attractions où chaque détail a été pesé afin de satisfaire et d’illusionner le plus grand nombre

Et s’il vous plaît, laissez les enseignants enseigner. Vous n’allez pas expliquer à votre boulanger comment on fait le pain, vous ne vous risquez pas à contester le traitement que vous ordonne votre médecin. C’est pareil : votre compétence, en matière d’enseignement, est nulle. Autant vous y faire. Parce que des démagogues ont inventé il y a quelques années la notion creuse de « co-éducation », vous vous croyez autorisés à intervenir dans le champ scolaire — alors que vous n’avez rien à y faire, ni pour juger les notes, ni pour juger les contenus.

L’Éducation nationale est un parc d’attractions où chaque détail a été pesé afin de satisfaire et d’illusionner le plus grand nombre — pour que les gogos patientent jusqu’à ce que tombe le couperet. Mais alors, il sera trop tard.


https://www.causeur.fr/parents-on-vous-ment-188473

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8 Commentaires

  1. @Vent d’est,…
    C’est ainsi que je notais mes élèves du temps que j’enseignais. Mais j’ai quitté l’enseignement en 1978,soit neuf ans après le Capes.
    Comment des professeurs , qui eux-mêmes ont “réussi” au Capes avec 4/20 de moyenne seraient-ils capables de fournir un enseignement de qualité ?Et d’ailleurs combien de professeurs n’ont même pas le Capes, et seraient infoutus de le passer ?
    Lors des dernières années où j’ai enseigné, j’ai vu des professeurs de français commettre de monstrueuses fautes …de français. Alors, il ne faut pas s’étonner de la nullité de nos gamins.
    Il n’est que de parcourir les ouvrages scolaires mis à la disposition des “apprenants”: c’est consternant.

    • Ci joint l’invitation par Bercoff de cette ancienne prof; Claude Meunier-Berthelot qui dénonce le système et la supercherie Blanquer, qui a un discours qui ne correspond pas du tout à ce qu’il applique dans la réalité . Il est juste là pour achever ce que d’autres , ses amis de gauche, ont contribué à miner de l’intérieur et à pourrir , tout en tranquillisant le brave peuple en faisant croire qu’il aurait la fibre Républicaine !
      Elle le dit la dame; l’école publique c’est foutu!!!! https://youtu.be/6kYc6F_HROg

    • De tout temps les écoles n’ont pas eu un niveau égal entre elles . Je me rappelle qu’en collège en 1971 dans un quartier populaire de banlieue de la petite ceinture , j’avais des résultats plus qu’honorables , je suivais parfaitement l’ensemble de la classe et lorsqu’il a fallu déménager , patatra! je me suis retrouvé largué. Pourquoi? Parce que j’avais choisi des options , Allemand en seconde langue et latin car mes résultats et le niveau de la classe me permettaient à l’époque de suivre de concert les matières générales et celles optionnelles .
      Quand je suis arrivé dans mon nouveau collège , il se trouve que ceux qui avaient choisis ces options formaient une classe où l’on mettait les meilleurs en tout ! Et là ce n’était plus la même chanson . Soit, j’abandonnais mes options, soit, je me trouvait en perdition dans toutes les matières en les conservant .
      Pour dire qu’il n’y a jamais eu d’homogénéité de niveau entre les établissements . Mais je pense que les profs ne nous faisaient pas de l’éducation au rabais pour cela, simplement ils s’adaptaient au niveau général de la classe où il est vrai, ils passaient beaucoup de temps à expliquer . Après il y avait le choix cornélien de prendre le parti des meilleurs ou d’attendre les moins bons !
      Mais on est à des années lumières de l’état général en vigueur dans l’EN, aujourd’hui!! Ils ont tous démissionné ou capitulé!

  2. 80% des licences aujourd’hui n’ont aucune valeur dans le travail et seulement 10 % de ces étudiants sont capables d’intégrer un emploi non pas grâce à leur licence mais grâce à leur propre intelligence qui a compensé la médiocrité de leur enseignement. L’immigration massive a joué un rôle fondamental dans cette baisse de valeur.

  3. ah j’en ai connus de ces “arnaqués de la fillière”, en BEP ou BAC pro pour lesquels on leur promettait “des débouchés nombreux et épanouissants!” tu parles!
    Plus l’appellation est pompeuse plus c’est CREUX!

  4. Surévaluation des notes… eh, ben, ce ne fut pas notre cas à mes copines et à moi en 4ème A, pour autant de ce que je m’en souvienne, où le seul prof homme de français-latin du collège de Jeunes Filles de Sceaux nous pénalisait durement selon la gravité des fautes commises selon ses critères, et les points sont retirés de la façon suivante : oubli ou mauvaise ponctuation : 2 points (lorsqu’il a commencé à nous dicter un texte sans les énoncer mais suffisamment clairement pour nous donner les pistes) ; majuscule ou minuscule erronée ou omise : 2 points ; mot / sujet / verbe / adjectif mal accordés ou omis volontairement ou involontairement, chaque mot mal orthographié : 4 points… en 1969/1970.
    Parfois, il nous arrivait de maudire sa sévérité; aujourd’hui je lui en remercie.

  5. Voilà pourquoi on s’écroule , on a encore quelques bon ingénieurs ,, mais plus personne de qualifié en dessous ,,,et on a les plus gros impôts et prestations sociales du monde,, pas étonnant que l’on perde toute notre industrie…….encore ce matin sur BFM busines un économiste expliquait qu’avec le scindement d’EDF en 3 entités différentes ça allait être tellement le bordel ,que les meilleurs ingénieurs vont partir a l’étranger ,,,,une autre chronique expliquait pourquoi on ne fabrique presque plus de voitures en France et que les dernières allaient partir dans les pays de l’EST Voir ci-dessous l’usine Renault de Flins … annoncé ce matin , on devient juste bon a démonter les vieilles voitures
    Renault a confirmé, mercredi 25 novembre, son intention d’arrêter l’assemblage de véhicules neufs dans son usine de Flins, dans les Yvelines, et de fermer son site de recyclage d’organes mécaniques de Choisy-le-Roi, dans le Val-de-Marne, créant à la place la première usine européenne d’économie circulaire dans le domaine de la mobilité.
    La grande usine des Yvelines, qui produira la Zoé jusqu’en 2024, sera renommée « Re-Factory » et cessera de produire des véhicules neufs. Elle sera consacrée au reconditionnement de véhicules d’occasion, au recyclage de véhicules hors d’usage, à la réparation et à la réutilisation de batteries, ainsi qu’à la recherche, a précisé le groupe dans un communiqué.
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/11/25/renault-confirme-la-fermeture-de-la-chaine-d-assemblage-de-son-site-de-flins-pour-en-faire-une-usine-dediee-a-l-economie-circulaire_6061108_3234.html

  6. on leur ment tout au long du cycle scolaire, et la vérité éclate quand ils arrivent dans la réalité du commerce ou de l’industrie. Ils croient tout savoir, mais leur niveau ne leur permet même pas de savoir qu’ils ne savent rien. Quelques uns échappent en passant par le privé , mais l’enseignement de la masse s’effondre pour ne pas discriminer les Allogènes
    EXEMPLE ; L’EPR de Flamanville devait être construit en 5 ans pour 3,3 milliards,,,et ce serra 19 a 20 milliards en 22 ans
    En Chine les 2 EPR ont été construits en 9 ans pour un total de 12 milliards , avec les plans , les ingénieurs d’EDF …et les mêmes règles de sécurité
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/24/epr-de-flamanville-visualisez-comment-le-cout-et-la-duree-du-chantier-ont-triple-depuis-2007_5480745_4355770.html
    https://www.capital.fr/economie-politique/epr-pourquoi-les-chinois-y-arrivent-et-pas-nous-1361531
    Ici le classement des écoles françaises d’ingénieurs dans le monde ,,,c’est l’effondrement ,,comme notre économie
    https://grandes-ecoles.studyrama.com/ecoles-d-ingenieurs/choisir-son-ecole/classements/classement-de-shangai/les-grandes-ecoles-francaises-d-ingenieurs-dans-le-classement-de-shangai-2019-8106.html Ecoles d’ingénieurs : le classement de Shangai 2019 – Studyrama Grandes Ecoles

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