Nous nageons dans le ” bonheur “, n’est-ce pas ? Pour le moment, nous appellerons bonheur le désespoir…


Et si on me demandait quelle est ma réaction après les résultats des municipales, à Paris, Lyon, Besançon, Tours, Lille, Bordeaux, Grenoble, Strasbourg …. et le reste….. ( à quelques rares exceptions près ) ?

Je dirais alors que je nage dans le bonheur :

Le désespoir est une forme supérieure de la critique.
Pour le moment, nous l’appellerons “bonheur”,
les mots que vous employez n´étant plus “les mots” mais une sorte de conduit à travers lequel les analphabètes se font bonne conscience.”

– Léo Ferré –
( c’est aussi un clin d’oeil à la rubrique musicale )


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La solitude

PAROLES ET MUSIQUE DE LÉO FERRÉ

 

Je suis d’un autre pays que le vôtre, d’une autre quartier, d’une autre solitude.
Je m’invente aujourd’hui des chemins de traverse. Je ne suis plus de chez vous.
J’attends des mutants. Biologiquement je m’arrange avec l’idée que je me fais de la biologie: je pisse, j’éjacule, je pleure. Il est de toute première instance que nous façonnions nos idées comme s’il s’agissait d’objets manufacturés.
Je suis prêt à vous procurer les moules. Mais…

la solitude…

Les moules sont d’une texture nouvelle, je vous avertis. Ils ont été coulés demain matin. Si vous n’avez pas, dès ce jour, le sentiment relatif de votre durée, il est inutile de vous transmettre, il est inutile de regarder devant vous car devant c’est derrière, la nuit c’est le jour. Et…

la solitude…

Il est de toute première instance que les laveries automatiques, au coin des rues, soient aussi imperturbables que les feux d’arrêt ou de voie libre. Les flics du détersif vous indiqueront la case où il vous sera loisible de laver ce que vous croyez être votre conscience et qui n’est qu’une dépendance de l’ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau. Et pourtant…

la solitude…

Le désespoir est une forme supérieure de la critique. Pour le moment, nous l’appellerons “bonheur”, les mots que vous employez n’étant plus ” les mots” mais une sorte de conduit à travers lequel les analphabètes se font bonne conscience. Mais…

la solitude…

Le Code civil nous en parlerons plus tard. Pour le moment, je voudrais codifier l’incodifiable. Je voudrais mesurer vos danaïdes démocraties.
Je voudrais m’insérer dans le vide absolu et devenir le non-dit, le non-avenu, le non-vierge par manque de lucidité. La lucidité se tient dans mon froc.

 

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Tous les mots ont changé de sens : ” écologie “, ” racisme “, ” antiracisme “, ” culture “, ” art “, ” beau “, ” utile “, ” vivre ensemble “, etc .

Tout ça, ça ne veut plus rien dire du tout …
Excepté le contraire du sens original du mot employé.

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4 Commentaires

  1. Il faut faire attention à ce que l’on Veux. Cela pourrait arriver. 🐖🔪

  2. Le personnage est très intéressant : il passera sa vie à fuir les autres, à refuser les chaînes, les contraintes, se retrouvant face à la solitude, avec ses animaux dans son îlot en Bretagne ou son château.
    Qui n’a pas pensé à ce choix pour soi-même, face aux horreurs du monde ? Il est allé jusqu’au bout de la logique. Avec l’inéluctable naufrage final (livre de sa belle fille Annie Butor).

    • ça serait intéressant que tu nous fasses un compte-rendu du livre si tu en as le temps et l’envie

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