L’écriture inclusive, la nouvelle fabrique des crétin·e·s

En matière de sexisme, tout a-t-il déjà été dénoncé ? Arriverions-nous trop tard ? Non ! Il reste la langue. On la savait sexiste, surtout le français qui ne connaît pas le neutre et pour lequel le masculin l’emporte sur le féminin. Mais on n’avait encore rien entrepris là-contre.
Alors voici l’écriture inclusive. On avait bien essayé les formulations épicènes (usage de mot désignant aussi bien le masculin que le féminin), et d’autres moyens, comme de préciser « le ou la », etc. Mais l’objectif n’était alors que d’ajouter une précision sans trop alourdir les phrases. Car il peut se trouver nécessaire de marquer dans le langage le genre auquel on fait allusion, par exemple pour éviter les malentendus. C’est souvent le cas des contrats et plus généralement des textes juridiques où la clarté doit l’emporter sur toute autre considération.

L’exclusion à portée de clavier

Si, dans le langage parlé, il est aisé de préciser les genres sans alourdir l’expression, dans l’expression écrite, il en va tout autrement. D’où l’invention d’une écriture spéciale dite inclusive qui ajoute à l’écriture des mots des terminaisons nouvelles, séparées par un point médian (à mi-hauteur, alt-0183 ‘‘·’’).

Il est inutile de répéter ici ce qu’ont très bien dit Raphaël Enthoven, Alain Finkielkraut, Alain Bentolila et bien d’autres et les féministes, dont nous sommes, n’ont rien à gagner à ce petit jeu, risible, de démolition de la langue écrite. Et l’échec est assuré, même si les pétroleuses (qui ne sont pas des pétroleurs au féminin) du féminisme réussissent à institutionnaliser l’écriture inclusive, conformément aux directives du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes. L’échec est assuré, car la langue, y compris la langue écrite, qui n’est nullement un simple redoublement de la langue orale, est une réalité vivante qui n’évolue que selon ses propres lois et non par décret. Lui ajouter, de l’extérieur, des sophistications alambiquées est impossible.

Déjà une réalité…

Mais voici que cette écriture entre à l’école, par la voie d’un grand éditeur, Hatier, dont un manuel destiné au CE2 a décidé d’adopter les conventions du Manuel d’écriture inclusivedu Haut Conseil cité plus haut. On peut se demander quelles sont les motivations de cet éditeur… Ce manuel aura du mal à se vendre, car il s’agit d’un ouvrage militant et non d’un simple ouvrage scolaire.

À supposer, cependant, que cette écriture devienne obligatoire, les erreurs seraient-elles des « fautes » d’orthographe ou des délits passibles de la correctionnelle pour incitation à la haine sexiste ? À quand des élèves de CE2 au tribunal des mineurs pour délit orthographiques ?

Manipulation des masses

Alors, puisqu’il s’agit d’école où des enfants se verraient imposer des options partisanes, plusieurs remarques sont à formuler.

1. Les enfants des écoles sont de plus en plus, sous couvert d’égalité, une masse de manœuvres pour des intérêts partisans particuliers et spécifiques. On a déjà vu les ABCD de l’égalité derrière laquelle pouvait se lire cette fameuse théorie du genre qui n’existe pas. On a vu la promotion de la famille homoparentale et il n’y a pas jusqu’aux rythmes scolaires qui, sous couvert de respecter les rythmes naturels font entrer des associations un peu particulières dans les écoles. L’écriture inclusive est une tentative de même nature.

2. Pédagogiquement, pourtant l’écriture inclusive rend la lecture particulièrement difficile à un âge où beaucoup d’enfants lisent encore très mal et l’idée que c’est seulement une petite habitude à prendre ne vaut que pour les lecteurs confirmés et nullement pour les enfants qui apprennent à lire.

— Elle rend la lecture particulièrement difficile notamment pour ceux qui, à cet âge, et ils sont nombreux, continuent d’oraliser intérieurement dans leur lecture silencieuse.

— Elle rend la lecture à haute voix totalement chaotique. Exemple : l’élève doit deviner que « agriculteur·rice·s » se lit agriculteurs agricultrices et non agriculteurrice.

— Elle embrouille l’orthographe. Exemple, pris dans ce manuel, « Les artisan·e·s ». Il devra d’abord apprendre la fonction particulière du point médian qui fait que le s s’ajoute au masculin comme au féminin. Il n’en reste pas moins que l’élève voit écrit « les artisan » sans le s. C’est de la cacographie. Et ici, le coup des « moutonsssss » ne pourra pas fonctionner même avec le talent de Louis Jouvet.

3. Ce manuel, qui initie aux sciences et notamment à l’histoire (histoire de nulle part) avoue benoîtement avoir faussé les choses pour qu’il y ait parité. Autant d’hommes que de femmes. Il faut réécrire l’histoire.

4. Toutes les subtilités orthographiques (accord avec le substantif le plus proche) sont totalement hors de portée des élèves et l’effet de contribution « à une éducation à l’égalité entre tous » risque fort de n’être pas très visible.

5. En revanche le conflit avec la majorité des parents – ils ne sont pas tous boboïsés – risque bien d’être frontal et l’exode vers l’enseignement privé relancé.

Histoire d’en rire…

Faire payer à la langue d’avoir une histoire n’est pas sans conséquence. La féminisation des mots ne rend pas toujours service aux femmes. Lorsqu’on dit écrivaine, on signale plus la femme que l’écrivain. Sans compter que les amoureux de la langue ne peuvent manquer de trouver le mot écrivaine assez laid et de connotation discutable, appelant, par assonance, une vaine écrivaine. Sans compter les hautes fonctions qui résistent à la féminisation et optent pour le neutre écrit au masculin. On dit Mme la Directrice de l’école maternelle, mais Mme le Directeur des enseignements supérieurs (si c’est le cas). Mme la Maire et non Mme la mairesse…

Et puisqu’il s’agit d’école, il faut faire attention aux glissements de sens dans les reformulations épicènes. Les droits humains, par exemple, ne sont pas la même chose que les Droits de l’homme dont la formulation épicène serait plutôt droits naturels. « Droits humains », est un anglicisme dont on peut se demander s’il ne serait pas une manière de faire oublier les droits de l’homme.

Revenons à l’école. Au lieu d’introduire des écritures disruptives, on serait plus efficace d’expliquer que notre langue a une histoire, que le masculin ne l’emporte sur le féminin que dans la grammaire et que ce ne doit pas être le cas dans les domaines sociaux, que le genre neutre n’existe pas en français, qu’une pierre est de genre féminin, mais un caillou masculin. En outre, homo, ce n’est pas vir. Et, pour les plus grands, qu’une péripatéticienne, si elle peut être l’amie d’un péripatéticien, n’en est pas pour autant philosophe.

Car au final, il vaut mieux en sourire et faire le gros dos en attendant que ça passe.

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25 Commentaires

  1. Et bientôt le grand remplacement des professeurs par des postes de télévision pour griller définitivement les neurones des enfants de la plèbe .
    Plus tôt ils s’en prennent aux gamins , et plus ça en fera des adultes soumis .
    Il faut tuer dans l’œuf toute tentative de rébellion contre l’islamo-gôôôchisme , il ne faudrait quand même pas que le populo pense par lui même, le goulag c’est pour bientôt.

  2. En fait, il s’agit bien d’écriture inclusive stricto sensu puisque c’est de l’arabe, et pas n’importe lequel : le charabia.

  3. J’avais “posté” hier soir le commentaire qui suit, mais ça n’a pas dû marcher. Je récidive donc :

    • cher Jean ça a marché mais je l’ai transformé en article publié voici pourquoi je l’ai supprimé comme commentaire

      • Alors, MERCI chère Christine pour avoir fait ce que j’aurais dû faire !

  4. L’écriture inclusive condamne tout notre passé littéraire à une forme d’obsolescence.
    Elle réduit la langue française à servir uniquement à des courriers assez brefs tant la lecture est fatigante sous cette forme.
    Actuellement, elle sert de marqueur idéologique entre sympathisants gauchistes, extrémistes dans leur rejet des traditions françaises, afin de se reconnaître entre eux dans tous les domaines de l’existence, ce qui crée un communautarisme hors sujet, de la même façon que sont communautaristes ceux qui adoptent d’autres marqueurs identitaires “hors sujet” comme le voile au travail, à l’hôpital, à l’université etc.
    C’est donc bien la même dérive que l’on constate, un même recul de l’universel, une même tendance à catégoriser avant d’englober dans un tout, un ciment républicain, un même mélange de sphères normalement séparées : privée, publique, politique, professionnelle… Les mêmes pulsions destructrices sont à l’oeuvre dans cette manifestation de l’islamogauchisme.

  5. L’objectif de plus en plus clair des pouvoirs publics consiste en l’organisation de l’acculturation et de l’inculture des futures générations afin qu’elles stagnent dans l’attentisme et l’apathie et qu’elles subissent sans mot dire.
    En cela l’armée mammouth d’une cohorte formatée d’individus non correctement formes dont l.objectif unique est les vacances toujours plus…est le bras armé du pouvoir détracteur qui vise à nous anéantir socialement et…

  6. Après la méthode globale altérant les capacités de raisonnement, la théorie du genre déstabilisant l’intégration du moi, l’Histoire revisitée et falsifiée afin de nous culpabiliser, voici l’écriture inclusive pour compléter leur processus de fabrication des crétins–les plus chers du monde– !!!…
    Tout cela va bien dans le sens de l’inversion des valeurs imposée par la gôchiasse pseudo progressiste depuis une cinquantaine d’années…
    Après, notamment, les crétins au tableau d’honneur et sur les plateaux radio/tv, on nous impose la dictature des cancres et des incapables qui va jusqu’à nous obliger à importer, en continue, de nouveaux allocataires, lesquels se déclarent pourtant ouvertement ennemis de notre civilisation…
    Mr Blanquer, est-ce bien le but à atteindre par l’éducation dite “nationale”?…

  7. Cet article est optimiste :ça ne passera pas. Ils vont nous inventer quelque chose de pire. Quand plus personne ne saura plus ni lire ni ecrire le Français on imposera l’Arabe. A ce propos pourquoi nimpose t-on pas l’écriture inclusive à l’arabe? Posez vous la question …. ce qui est fait est la destruction de la langue qui est un des fondements de notre identité qu’ils veulent détruire pour la remplacer

  8. je remarque que toutes ces innovations commencent à perturber sérieusement nos journalistes télé et les divers intervenants,
    beaucoup de femmes en parlant d’elles-mêmes n’osent plus accorder l’adjectif au féminin,
    on entendra “je suis surpris” au lieu de” surprise”,
    ou autre omission de cet ordre,
    affligeant….

  9. Le problème vient à mon sens de cette “chosification” des mots qui prend le mot détaché de son contexte et à la lettre, car, quand on est vraiment Français de souche avec la langue française comme langue maternelle, on reconnait le sens du mot en regard du contexte et cela ne pose pas problème.
    Cette “chosification” se retrouve dans les nombreux procès et crises de colère de certains illuminés qui sont incapables de saisir le sens profond d’une phrase prise dans son ensemble. A moins que ces sires aient pris un malin plaisir pour ne pas dire un plaisir malin (ce serait les reconnaître comme intelligents) à extraire, en l’isolant de son contexte, le mot incriminé.
    Ces imbécillités ne seront pas suivies d’effet…. Pour ma part, je n’ai et ne changerai jamais mon vocabulaire ni ma grammaire.

  10. il-elle-s n’y a d’autre-s d-ieu – éesse -x-s qu’ allah-a-s et mahomet-te-s
    est s-on-a-es prophète-sse-s.
    ( j’ai piqué l’idée à Renaud Camus )
    .le n’y a d’autre Dieu.éesse qu’Allah.a et Mahomet.te est son.a Prophéte.sse.

    • il faut virer la dernière ligne .
      c’est déjà dur à comprendre !
      alors, si en + je me trompe ……

        • Magnifique prière à laquelle je rajoute :
          “The future must not belong to th.ose.is.at.ey wh.o.ich slander.s the Prophet.ess of Islam”.
          Barak Hussein Obama

  11. Organisation de l’inculture et de l’acculturation des Français.Telle est le moyen ou arme de destruction massive dont nos dirigeants usent et abusent pour que nous acceptions l’inacceptable: infeodation et éradication par les nouveaux nazis ..

  12. Chère Christine Tasin… faisons tous le gros dos.. car c’est s’étirer avant l’action!. Excellent article, j’en ai profité pour revoir au passage la dictée de Topaze par Fernandel, bien plus délectable que Jouvet.

  13. Et moi je dis que le langage des cités est hautement inclusif : “sale tepu”, “nique ta mère”, “pêcho la meuf”, “t’es trop bonne”, ” j’kiffe ta race” intègrent assurément le féminin à un message, certes viril, mais intersectionnel…

    • “Pecho la meuf” est très intéressant intersectionnellement parlant : en effet, l’absence de sujet permet des combinaisons “inclusives”. Qui a pécho la meuf ?
      Il peut s’agir -au choix- de la meuf qui a pécho la meuf, du mec qui a pécho la meuf, du père de la meuf qui a pécho la meuf, mais aussi d’un couple qui dans un mouvement d’émancipation vers le trouple a lui.elle.s aussi pécho la meuf.
      C’est super cette cohabitation intersectionnelle de la langue officielle avec le Djeun’s tel qu’on le cause dans les chaumières.
      et le patois, pourrait-on le faire revivre en graphie arabe phonétique ? Un kenavo écrit avec les belles lettres de la calligraphie arabe, ce serait la plus belle preuve d’ouverture à l’autre non ?

    • Un génie de notre époque avait dit :
      “la vraie intégration , c’est quand des catholiques appelleront leurs enfants Mohamed”.
      Il avait raison, et je pense que les néo-féministes radicales doivent aller jusqu’au bout :
      la femme ne sera vraiment libre et égale que quand dans ce fichu pays machiste, les hommes porteront des culottes et les femmes des slips et vice-versa. Après la journée de la jupe, instaurons la journée du slip pour toutes suivie de la journée de la culotte pour tous et de la journée sans aucun des deux pour inclure les naturistes dans ce combat.
      Souvenons-nous de Denis Baupin avec d’autres députés de sexe masculin qui avait courageusement mis du rouge à lèvres pour lutter contre les discriminations.

        • Ah Christine, vous avez bien senti que j’étais chaud sur ce sujet 🙂
          Vous qui “avez des lettres” vous aurez peut-etre fait la relation entre cette écriture inclusive et les précieuses ridicules de Molière. J’ai le souvenir de mon prof de français qui nous disait qu’à l’époque, certains beaux esprits avaient décidé de modifier la langue pour en enlever toute disposition choquante, par exemple, un mot tel que “calculer” aurait été amputé de son horrible syllabe pour devenir “caller”.
          Bref, le “bel esprit” des précieuses ridicules avec ses combats d’arrière-garde est de retour…

          • à développer, cher Pikachu, je m’en lèche les babines à l’avance

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