L'évolution de la SNCF en 50 ans c'est l'évolution de l'humain à la société déshumanisée et mondialisée

NOUS AVONS ÉVOQUÉ UN AUTRE MONDE

Le lundi 19 septembre 1966, quarante jeunes gens entrèrent en apprentissage de mécanique au Dépôt SNCF de Noisy-le-Sec. Exactement cinquante ans après, le lundi 19 septembre 2016, nous fûmes huit à nous rassembler sur les lieux de notre apprentissage pour des retrouvailles émouvantes. Certains n’ont pas pu venir, la Camarde ayant déjà sévi parmi nous, et même Internet ne permet pas de retrouver tout le monde. Ce fut cependant une vraie fête, à la fois discrète et pleine de nostalgie.

L’endroit a bien changé. Il n’y a plus d’apprentissage, les ateliers de nos années valeureuses ont été transformés en entrepôts. Des installations modernes ont remplacé l’ancienne rotonde et divers bâtiments. On ne dit plus un « Dépôt », mais un « Technicentre ». Le logo multicolore de la SNCF a remplacé les lettres entrelacées au si bel effet. Il est difficile d’accéder à l’endroit, aussi bien administrativement que physiquement. Même le téléphone est sujet à d’efficaces barrages.

Autrefois, les entrées du Dépôt étaient surveillées par des gardiens davantage chargés de renseigner que de policer. Quiconque n’y avait rien à faire ne pénétrait pas dans les emprises du chemin de fer, ne serait-ce que par conscience du danger, par respect de la loi et du bien commun. Chaque cheminot ou apprenti savait où et par où il devait aller pour le travail, quelles précautions prendre pour traverser les voies, connaissait les dangers particuliers des différents endroits.

Aujourd’hui le Technicentre est barricadé et surveillé de façons telles que nous ne les aurions jamais imaginées dans les années de notre jeunesse : portail à tourniquet et carte d’accès, grillages omniprésents et barbelés autour de toutes les enceintes donnant sur l’extérieur, police ferroviaire et société de surveillance privée… La SNCF se protège comme elle peut, mais le coût de ces dispositions réduit les investissements dans ce qui devrait rester avant tout un grand service public.

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Aujourd’hui on entre par un portillon indiquant « passage interdit à toute personne étrangère au service », on a un accident avec un train et on porte plainte contre la SNCF parce-que le portillon n’était pas fermé à clef. On trouve des avocats et des juges sympathisant au syndicat du « Mur des Cons » et on gagne son procès, participant ainsi à faire de la SNCF l’un des titulaires des plus grands casiers judiciaires. Certains appellent cela « faire progresser le droit ». Mais pas le devoir.

Ces années de notre apprentissage se situaient dans ce qu’on appellera plus tard « Les Trente Glorieuses ». La France était gouvernée par des patriotes, on respectait le bien commun. Tout voyageur sans billet payait en silence à l’unique contrôleur titulaire d’une autorité reconnue. Les murs et les trains étaient exempts de tags. Nous avions le plus grand respect pour nos professeurs et nous obéissions au consignes. On réglait sa montre au passage du train. Tout cela était normal.

Aujourd’hui la mondialisation a transformé notre entreprise nationale, défait les trois grands Services qui la constituaient, la faisant fonctionner comme une société privée devant avant tout être rentable, ouvert nos voies ferrées à la concurrence… Elle a modifié les méthodes et l’organisation du travail, remplacé la considération d’usager par le terme de client, imposé des contraintes administratives inutiles et coûteuses, envoyé prématurément à la casse des matériels fiables.

Oui, en cette journée du 19 septembre 2016, nous avons vraiment évoqué un autre monde, celui riche, crédible et prometteur de nos jeunes années… C’était « avant »…

 

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8 Commentaires

  1. et oui mais la FRANCE n’était pas défigurée. Ceux qui y venaient pour fuir la misère (mon beau-père entre autres) respectaient ce pays qui leurs a permis de vivre la liberté disparue dans leur pays d’origine. Tous étaient fiers de dire: je suis Français. A l’école (1950) nous étions tous des Français et basta. Mais ça c’était avant. Signé: un fils de Résistant et fier de son père et des Résistants.

  2. Excellent article. Hé oui Daniel, c’était avant. Une autre époque, révolue.

  3. Oui je me souviens de cette belle époque , je n’aimes pas celle de maintenant , en effet si vous êtes contre ce système vous êtes un pestiférer un empêcheur de tourné rond .Même le monde de l’entreprise vous saque la gueule si vous êtes en opposition sur certains sujets concernant le travail,hé le management à la sauce américaine est là bien la ,si vous ramenez trop votre gueule , on cherche le moyen pour vous collez une faute lourde pour vous virer sans perte et fracas ,dans le monde de l’entreprise ils n’aiment pas les Patriotes les anti-islam et anti-migration ,et surtout ne comptez pas sur les collègues pour vous soutenir , c’est du chacun pour soi et ne parlons pas des syndicats collabos qui s’écrasent pour garder leurs petits boulots pénards , je suis comme les éléphants j’ai une très bonne mémoire et je saurai m’en rappeler le jour J , je n’oublierai et je ne pardonnerai pas !

  4. Eh oui tout fou le camp, sauf les parasites musuls qui sont de plus en plus nombreux. Je haïs cette époque, plus rien n’a de sens.

  5. Je suis cheminot à la retraite, et je ont dire que c’est tout à fait ça, je passe souvent où je travailler dépôt sniff de, y va y sur seine et là c’est presque devenu une prison tout fermer grillagé impossibilité de rentrer.
    C’est vraiment des endroits desumanise
    Où est passé le temps où on renter voir nos anciens collègues en toute amitié on déjeuner ensemble le midi ils ont tout fait peurrrendre ces lieux de travail et de convivialité impossible

  6. Bonjour,
    Les grecs connaissaient les dieux, les hommes et les bêtes. Ils élevaient certains hommes au rang de demi dieu. Le libéralisme moderne ne connait qu’un seul dieu : l’argent , qu’une seule bête : le veau d’or. Au lieu d’élever les hommes à la raison le libéralisme les a abaissé à la bête au sens de Descartes .Les hommes sont devenus des esclaves au service de leurs instincts pour le ^plus grand bien des financiers. Il a rendu les hommes en “objet sauvages”. Ce qui nous caractérisait, votre article le montre bien, c’était le sens de la mutualité, de la reconnaissance d’autrui. de la réciprocité, de la solidarité. En un mot le sens du respect. Le libéralisme a fait de l’homme une matière première ! Un bétail à l’apparence humaine destiné à nourrir la grande machine à faire de l’argent. Comme pour les porcs tout est bon chez les “hommes-machines”, tout est exploitable désormais même les ventres se louent (GPA).
    L’heure est à la disparition des espèces. l’espèce humaine ne fait pas exception elle disparait aussi. L’homme devenu une nourriture pour la finance est sélectionné en nuisible et en domestique. Le nuisible a encore un cerveau. Il faut le contraindre en supprimant son territoire naturel : la pensée. Le domestique est islamisé. L’islam au service du grand projet d’asservissement libéral est un outil idéal. Il transforme les individus en ESPÈCE où tous les individus sont pareils. Avant, la société produisait des hommes, par l’homme pour l’homme. Aujourd’hui, le libéralisme ne veut que des hommes qui marchent sur les hommes . il se développe en détruisant la société. Il n’admet aucune contradiction. L’islam EST l’outil idéal : impossibilité de choisir librement même sa nourriture, disparition du monde subjectif, un espace intellectuel réduit à l’obscurantisme de l’imam, un dresseur qui ne voit dans l’homme qu’un captif de sa propre espèce… L’islam impose le principe du zoomorphisme dans le cirque libéral que les Clinton, ONU, Front Républicain en France, UE, Merkhel, et autres puissants et dominants de la terre organisent pour leur propre continuité.

  7. Merci de cette belle évocation! Je n’ai “que” 49 ans mais me rends compte que je suis assez vieux pour trouver un fort écho dans ce que vous dites.
    Je me souviens quand on pouvait arriver en gare de l’Est (ce que j’ai fait des centaines de fois) sans apercevoir un seul tag. D’ailleurs, on ne savait pas ce que c’était. Il y a avait bien quelques graffiti, mais du genre “Christophe aime Isabelle” ou “Libérez Machin”. On voyait des maisons à jardinets, des petits immeubles en brique, un univers à la René Fallet (dont le père était d’ailleurs cheminot à Villeneuve Saint-Georges, et je pense que ce n’est pas un hasard).
    Aujourd’hui, les tags font de ce paysage un véritable dégueuloir graphique à ciel ouvert. Ils couvrent le moindre bâtiment, la moindre infrastructure. Ils escaladent les étages des habitations. Je ne m’y ferai jamais. Les enfants de 2016 trouvent ça normal, ils n’ont jamais connu autre chose.
    On voyait aussi les Grands Moulins de Pantin, qui servaient effectivement de moulins. Ils ont été refilés en 2009 à la BNP Paribas, ça aussi c’est le progrès.
    Et en effet le train de 21h12 arrivait à 21h12.
    Et personne n’aurait eu l’idée d’agresser un contrôleur. Râler parfois, oui (on est en France, quand même…), mais l’agresser jamais. Et la seule fois où je me suis risqué à voyager sans billet (on n’est pas sérieux quand on a 20 ans et une amoureuse qui vous attend à Nancy) je me suis bien sûr fait choper, et je me suis pris, en plus du PV, une engueulade et du contrôleur et du paternel une fois à la maison. Et ils ont eu bien raison. Oui, une autre époque.
    Et je ne parle même pas des innombrables petites gares progressivement désaffectées partout en France, avec l’herbe qui pousse entre les rails. On en convertit certaines en aires à camping-cars… J’en suis malade.
    Bon, j’arrête. Enfin, faut s’adapter, n’est-ce pas. Téléchargez vos applis, et Uber pour tout le monde!

    • Bonjour,
      Vous avez parfaitement.
      Deux faits parallèles ont inauguré le triomphe de la Gôche:
      -L’interdiction de l’affichage politique “sauvage” (Rocard)
      -La généralisation des tags dans l’espace public (Lang)
      C’était la marque profonde de la dépolitisation de la Gauche et l’apparition de la Gôche avec toute sa marchandise de contrebande actuelle : multiculturalisme, antiracisme etc
      Au “tout est politique” (les affiches) a succédé “il n’y a plus de politique” mais il y a le rien, le niveau zéro de l’expression (le tag).

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